Le Brésil, un pays inégalitaire à plusieurs niveaux

 Le Brésil, un pays inégalitaire à plusieurs niveaux 

Depuis la colonisation menée par les peuples européens et en particulier les portugais à partir de l’an 1500 avec l’explorateur Pedro Alvares Cabral, le Brésil a toujours été une terre de contrastes et d’inégalités, marquée par l’esclavage et le colonialisme. Parler d’une société unie dans ce pays continent serait illusoire. C’est ainsi que plus de vingt-cinq années après le retour de la démocratie (après plus de vingt années de dictature militaire), les inégalités sont une des caractéristiques principales de la nation auriverde. Malgré un IDH de 0,73 en 2012 à l’échelle du pays, le faisant entrer dans la classe « développement humain élevé » (PNDU, 2012), le coefficient de GINI , indiquant lui les inégalités au sein de la population d’un état, est très élevé pour le Brésil. Ceci en fait un des états les plus inégalitaires du monde : l’ancienne colonie portugaise reçoit un score de 0,52 en 2012 quand la France a elle un coefficient à hauteur de 0,29 (World Fact Book, 2014 & INSEE 2010).

Si le PIB par ville donne une idée de l’importance économique des villes et souligne le déséquilibre entre les agglomérations du Sudeste du Brésil et celles du Nordeste, le PIB par habitant montre quant à lui la richesse moyenne produite individuellement. Il est avec ce graphique clair qu’en moyenne, la richesse produite par un habitant de la ville de Salvador est très inférieure à celle produite dans des villes telles que São Paulo ou Rio de Janeiro. L’Indice de développement humain montre des différences assez grandes entre les différentes villes brésiliennes.

Le territoire brésilien apparaît donc comme étant hétérogène. A l’échelle des villes, les inégalités sont également particulièrement présentes (Valladares, 2006 ; Chétry, 2010 ; Carrière & De la Moura, 2012). Les écarts de revenus entre les différentes classes sociales sont marquants, la ségrégation montre les stigmates de la colonisation au sein des villes (Dabrowski-Sangodeyi, 2002). Plus de cent années après la fin de l’esclavage, les populations descendantes des esclaves, essentiellement noires et métisses, ne parviennent pas à surmonter cette logique de ségrégation. Les classes sociales les plus défavorisées paraissent avoir de grandes difficultés pour s’élever dans la société. L’organisation spatiale de la population s’opère en fonction des revenus. En effet, la population brésilienne semble se répartir dans les types d’habitats caractéristiques de leurs différents modes de vie. Les populations pauvres seraient donc destinées à vivre dans des favelas, et les plus riches dans les condominios, enclaves résidentielles présentes dans les villes brésiliennes (Le Guirrec, 2008 ; Mager & Matthey, 2012).

Dans une dynamique de développement, le Brésil accueille des évènements internationaux

Malgré une croissance un peu plus faible que lors de la dernière décennie due à la crise de 2008 (Le monde | 28.02.2014), le Brésil est actuellement économiquement plus dynamique que les vieilles puissances. Ce membre du BRICS , s’est lancé dans l’organisation d’évènements à envergure mondiale, le premier étant la conférence du climat de Rio de Janeiro en 1992. L’enchainement de Rio+20 en 2012, de la Coupe des confédérations et des Journées Mondiales de la Jeunesse en 2013, de la Coupe du monde de football 2014 puis des Jeux Olympiques en 2016 marque la volonté qu’a la 7ème économie mondiale (CIA, 2014) de développer sa présence à l’international. Cela se traduit également par la prise accrue de positions sur les questions internationales par le gouvernement brésilien (Vidal, 2012).

L’organisation de ces évènements a pour but d’une part d’accroitre la visibilité de l’ancienne colonie portugaise, mais également de doper la croissance économique du pays, en investissant massivement dans des grands travaux pour aménager les infrastructures nécessaires au  déroulement des évènements ainsi que pour accueillir le public. La culture des grands évènements festifs est importante au Brésil. La tradition du carnaval est indéniablement un des éléments majeurs de la culture brésilienne, en particulier à Salvador, où il est considéré comme étant un des événements de rue les plus importants au monde. Lors de ces festivités, des jours fériés sont instaurés sur le territoire, ainsi une grande partie de la population brésilienne peut se consacrer à l’événement. En fonction de la popularité du carnaval, un grand nombre de touristes venant des différentes régions du pays et de l’international se déplacent, à Salvador, plus de 400 000 touristes atterrissent spécialement à l’aéroport chaque année (Curta carnaval, 2014). L’importante arrivée de population couplée à la mise en place d’aménagements temporaires pour l’événement donne à la ville de Salvador un deuxième visage. La transformation effectuée pour cette occasion montre le savoir-faire acquis par les autorités pour organiser et gérer des événements de grande ampleur. Cependant, l’organisation de la Coupe du Monde 2014 dans les 12 villes hôtes a été une opportunité de projet de développement urbain plus ou moins important en fonction de la ville. Ce projet doit s’insérer dans le contexte singulier des grandes villes brésiliennes dont l’espace est caractérisé par la séparation physique entre ses différents quartiers, créant des enclaves au sein de ces agglomérations.

La fragmentation socio-spatiale : une notion sur laquelle de nombreux chercheurs ont travaillé 

L’état de séparation physique des populations dans certaines villes brésiliennes est identifié par la littérature comme étant un phénomène de fragmentation socio-spatiale de la ville. Puisque d’une part, les classes sociales sont séparées du fait de l’organisation de la société, et que des frontières physiques sont également présentes, il est possible de dire qu’il s’agisse d’une double séparation : spatiale et sociale (Navez-Bouchanine, 2002 ; Vidal Rojas, 2002 ; Carrière, 2012) Le terme utilisé est celui de fragmentation, car l’espace urbain de ces villes est caractérisé par un morcèlement des différents types d’habitats sur leur territoire. La carte de l’occupation urbaine de la ville de Salvador (figure 5) montre cet état de fait présent dans un grand nombre de métropoles de l’ancienne colonie portugaise.

Plusieurs auteurs se sont penchés sur la question de la fragmentation urbaine. Pour NavezBouchanine, auteure faisant figure de référence sur l’étude du phénomène de fragmentation, celleci peut se définir de la manière qui suit : «La fragmentation est un processus de désagrégation ou désaffiliation collective qui conduirait au regroupement, par assignation ou par action volontaire, d’individus formant des collectivités, de type variable, mais porteuses d’une identité commune reconnue, quelle que soit par ailleurs l’origine de cette dernière – sociale, culturelle, ethnique, religieuse… – dans ces espaces appropriés de manière exclusive, espaces où s’exprimerait dès lors l’absence de référence à la société urbaine comme globalité » (Navez-Bouchanine, 2002) .

Les travaux de Vidal Rojas cherchent également à caractériser ce phénomène dans le but d’en expliquer le sens, l’origine ainsi que l’intérêt qu’il représente pour la ville d’aujourd’hui (Vidal Rojas, 2002). Chétry va lui montrer qu’associer les villes brésiliennes à la notion de fragmentation laisse paraître une ségrégation entre les classes plus forte qu’elle ne l’est vraiment (Chétry, 2013). La fragmentation socio spatiale est un terme qui est aujourd’hui beaucoup utilisé pour caractériser l’espace urbain des cités auriverde. Celle-ci est parfois vue d’un mauvais œil par les pouvoirs publics, étant jugée en grande partie responsable des problèmes d’insécurités dans les centres villes.

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Table des matières

INTRODUCTION
Le Brésil, un pays inégalitaire à plusieurs niveaux
Dans une dynamique de développement, le Brésil accueille des évènements internationaux
La fragmentation socio-spatiale : une notion sur laquelle de nombreux chercheurs ont travaillé
La fragmentation socio-spatiale est-elle impactée par les aménagements liés à la coupe du monde ?
La méthodologie que nous avons adopté pour aborder notre sujet d’étude
I. LA NOTION DE FRAGMENTATION SOCIO-SPATIALE EST CENTRALE DANS L’ETUDE DE L’ORGANISATION DES GRANDES VILLES BRESILIENNES.
A. Définition générale de la notion de fragmentation socio-spatiale.
1. L’état de l’art de la notion de Fragmentation socio-spatiale.
a. La lien entre dualité et fragmentation
b. Le lien à la ségrégation
c. La fragmentation apporte une dimension spatiale à la lecture de la ville
2. La fragmentation un concept clef de lecture de la ville qui comporte un certain nombre de limites
B. Comment caractériser l’organisation des grandes villes brésiliennes et dans quel processus de
développement s’inscrivent-elles?
1. Les Favelas
a. Les définitions utilisées pour caractériser les favelas
b. La notion d’habitat spontané
c. Histoire et conditions de vie dans les favelas
i. Bref historique des favelas
ii. L’évolution des conditions de vie des favelas et l’apparition des équipements publics
d. Les favelas, des quartiers réduits à leur condition d’objets urbains typiques
i. La spécificité des favelas
ii. La marginalité des favelas
iii. La non différenciation des favelas
2. Les Condominios.
a. Un phénomène présent à l’échelle mondiale ayant quelques caractéristiques emblématiques
b. Expliquer le phénomène de développement des condominios dans les villes brésiliennes en
l’imputant à la peur de l’insécurité ne paraît pas suffisant
c. Une hétérogénéité dans les modes de fonctionnement
3. L’organisation socio-spatiale des métropoles brésiliennes.
a. Un espace urbain longtemps considéré comme dual : entre favelas et condominios.
b. Les pratiques des habitants des favelas qui tendent à homogénéiser l’espace urbain
II. QUELLES REPONSES PROPOSE LE GOUVERNEMENT BRESILIEN AU PHENOMENE DE FRAGMENTATION SOCIO-SPATIALE ?
A. Les problèmes liés au phénomène de fragmentation socio-spatiale.
1. Une insécurité très présente
a. La main mise des narcotrafiquants sur les favelas
b. Un manque d’efficacité des pouvoirs publics
2. Une dégradation de l’environnement.
B. La politique du logement est déterminante pour l’évolution du processus de fragmentation socio-spatial
1. La politique de l’habitat au Brésil : des orientations qui marquent les périodes de l’histoire
2. Le programme minha casa minha vida, une initiative qui laisse de côté les classes les plus défavorisées
3. Après une réduction du déficit de logements pour la période 2004-2008, cette dynamique ne persiste
pas dans la ville de Salvador
a. L’évolution du déficit de logements à Salvador
b. L’actuelle politique du logement met en avant le fait qu’elle correspond aux réalités du terrain
4. Les outils urbanistiques dont dispose Salvador
a. Le PDDU détermine les orientations que prend le développement de la ville
b. Les ZEIS, considérées par la communauté scientifique comme étant une piste pour intégrer dans
l’aménagement de la ville les favelas
c. Le droit à la ville, une notion qui donne aux populations les plus démunies la possibilité de faire face
aux grands projets de rénovation urbaine
C. L’organisation socio-spatiale de la ville de Salvador : une ville marquée par les séparations
sociales
1. Le développement d’une ville historiquement importante pour le Brésil
a. Salvador de Bahia : Ville emblématique du Brésil, première capitale de la colonie portugaise du
Brésil
b. Après avoir vu son importance décliner au fil du temps, la ville de Salvador retrouve une vitalité
économique
Salvador est une ville ayant une forte croissance démographique
2. La fragmentation socio-spatiale dans la capitale de l’Etat de Bahia
a. Le développement de la ville de Salvador : une ville historiquement marquée par la ségrégation socio-spatiale
b. Le panorama urbain actuel de la capitale Bahianaise
c. La mobilité dans la capitale bahianaise, le problème de l’offre de transports
D. Le processus de métropolisation des villes brésiliennes
1. Le concept de métropolisation
2. Les favelas laissées pour compte du processus de métropolisation ?
III. LA REALITE DE LA FRAGMENTATION SOCIO SPATIALE EST PEU ALTEREE PAR LA COPA A SALVADOR DE BAHIA.
A. Le paradoxe de la Coupe du Monde FIFA : un événement générant des milliards organisé par
une association à but non-lucratif.
1. L’instance organisatrice et le choix du Brésil.
2. Les intérêts de la FIFA
3. L’expérience sud-africaine : un coût élevé pour le pays hôte et de forts gains pour la FIFA
4. Les points de tensions de l’organisation de la Copa 2014
a. « Lei geral da Copa » : une loi controversée.
b. Quelles responsabilités et pour qui ?
B. Les aménagements urbains n’impactent que très peu directement la fragmentation sociospatiale à Salvador
1. De fortes sommes engagées par les pouvoirs publics
2. Présentation du lien entre les différentes opérations urbaines liées à la Coupe du Monde et la réalité
de la fragmentation socio-spatiale à Salvador
a. Démolition et reconstruction de l’Arena Fonte Nova : un projet en vase clos
b. La rénovation de l’aéroport : une nécessité pour répondre aux normes internationales
c. La construction du complexe portuaire touristique de Salvador
d. Les projets de mobilité urbaine se traduisent par la construction de voies rapides créant de nouvelles frontières physiques
e. Les aménagements touristiques
4. La rénovation urbaine du centre historique de la ville de Salvador illustre les mécanismes qui impactent la réalité de la fragmentation socio-spatiale
a. Les programmes de réhabilitation urbaine sont un moyen pour les villes d’accroitre leur attractivité
b. Le Pelourinho est un quartier au fort potentiel touristique qui a subi un délabrement progressif
c. Le Pelourinho fait depuis 1985 l’objet d’une politique de réhabilitation de la part des différentes
administrations
d. Suite aux programmes de réhabilitation urbaine, une gentrification s’est effectué dans les zones impactées
C. La Copa 2014 est la cause de forts mouvements contestataires
1. Un sentiment de désappropriation vis à vis de la Copa
a. Les matchs de la coupe du monde ne paraissent pas être dédiés à la population brésilienne
b. L’Arena Fonte Nova n’a pas vocation à un usage populaire
2. La population majoritairement contre la Copa
a. Des manifestations et émeutes menées en réaction à l’organisation de la Copa
b. Les pouvoirs publics face à ces mouvements citoyens.
3. La population de Salvador se mobilise face à l’organisation de la Coupe du Monde
a. Les mouvements sociaux à Salvador
b. Le Comitê Popular da Copa se positionne comme opposant face aux projets menés pour permettre
l’organisation de la Coupe du Monde
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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