L’audit systémique, un nouvel outil au service du risk management

 Typologie et évaluation des risques bancaires

Il est d’usage de dire que le métier de banquier est le métier du risque. Les risques sont inhérents à l’activité bancaire. L’absence ou l’insuffisance de leur maîtrise provoque inévitablement des pertes qui affectent la rentabilité et les fonds propres. L’identification des risques est sans doute l’étape la plus importante et surtout la plus difficile à apprivoiser dans le processus de management des risques. Le risque peut se définir comme « tout événement ou toute situation, interne ou externe, pouvant compromettre la réalisation d’un objectif de la Banque ». Il s’agit d’un incident éventuel plus ou moins prévisible. La caractéristique propre du risque est donc l’incertitude temporelle d’un évènement ayant une certaine probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque. Le risque inhérent au secteur bancaire se distingue par sa multiplicité et par son caractère multidimensionnel ne pouvant être mesuré par un seul indicateur. Les risques eux mêmes sont multiples par leur nombre et leur probabilité. Ils sont parfois difficiles à cerner aussi bien en terme d’intensité que de fréquence, mais on s’accorde souvent de les répertorier sous des catégories communément admises afin de faciliter la définition de modèles ou scénarii unifiés de gestion et de management des risques. En dépit de la diversité et du degré de complexité des risques auxquels les établissements de crédit peuvent être amenés à faire face, leur solidité et leur bonne santé financière est avant tout une responsabilité qui incombe en premier lieu au management de la banque. Position partagée également par les organes de régulation qui s’accordent désormais d’une façon unanime à attribuer plus de responsabilités au management et aux organes délibérants des banques dans la gestion et la prévention des risques. Ces divers aspects seront développés par référence aux trois questions clefs suivantes :
• Quels risques doivent être couverts par le risk management ?
• Quels critères peuvent être affectés à leur identification et à leur évaluation ?
• Quelles en sont les pratiques pour le système bancaire marocain ?

Typologie des risques bancaires

Le métier de la banque comme toute activité à but lucratif implique la prise de positions risquées. L’inventaire des risques associés à l’activité bancaire fait état d’une variété de risques considérable. Des divergences existent néanmoins sur leur nature et leur étendue. Toutefois, au delà des diversités d’appréciation, du périmètre restreint ou étendu que l’on entend donner à chaque type de risque, une tendance se dégage . La première phase de toutes les démarches actuelles de gestion et de suivi des risques bancaires consiste dans la délimitation précise de ces derniers et dans une définition claire de ces risques, commune et applicable à l’ensemble d’un établissement bancaire. Toute activité bancaire expose l’établissement à des risques stratégiques, des risques réputationnels, des risques financiers et des risques opérationnels. Afin d’apprécier et d’analyser chaque risque, le risk manager et/ou l’auditeur bancaire procède à une estimation des risques inhérents  à chaque domaine d’activité. Ces risques peuvent être classés en trois catégories :
• Les risques financiers découlant du marché (impact de la variation des prix), du défaut des contreparties (crédit) et de la liquidité (difficulté de la banque d’honorer ses engagements);
• Les risques opérationnels qui ont leur source dans les risques que l’organisation, ses acteurs et l’environnement externe font courir à la banque. Ils intègrent les risques liés aux systèmes d’information, aux procédures, aux personnes et à l’environnement externe.
• Le risque de réputation découlant de tout événement susceptible d’entacher la réputation de la Banque ou de porter atteinte à la confiance qu‘elle doit inspirer au public. Il se manifeste suite à une publicité ou un événement négatif ou à des erreurs de communication externe.

Les risques financiers

Le risque de crédit 

Le risque de crédit est défini comme étant « la perte potentielle consécutive à l’incapacité par un débiteur d’honorer ses engagements. Cet engagement peut être de rembourser des fonds empruntés, cas le plus classique et le plus courant, risque enregistré dans le bilan. Cet engagement peut être aussi de livrer des fonds ou des titres à l’occasion d’une opération à terme ou d’une caution ou garantie donnée; risque enregistré dans le hors bilan  »  . La notion de risque de crédit est immédiatement associée au risque de contrepartie, pour un dossier donné, il est en effet clair que le risque premier réside dans la volonté, mais aussi dans la capacité de l’emprunteur de faire face à ses engagements. Les risques que l’on pourrait qualifier d’additionnels ou de connexes au risque de contrepartie doivent également être maîtrisés et donc préalablement évalués. Au nombre de huit, ils prennent naissance lors de l’initiation des transactions et le plus souvent perdurent jusqu’à l’échéance finale. On distingue alors :
◆ Le risque de garantie : la banque peut devoir supporter une perte si elle ne peut exercer la garantie attachée à un prêt en défaut ou si le produit de cette action s’avère insuffisant pour couvrir les engagements accumulés par le débiteur.
◆ Le risque de concentration : une diversification insuffisante du portefeuille de concours en termes de secteurs économiques, de régions géographiques, ou de taille d’emprunteur peut provoquer des pertes importantes.
◆ Le risque pays : bien connu des grands établissements, il se manifeste lorsqu’un pays étranger ne dispose plus de réserves suffisantes pour faire face aux engagements en monnaie étrangère de ses ressortissants.
◆ Le risque de change : il naît chaque fois que l’établissement accorde un crédit dans une monnaie qui n’est pas celle de l’expression de ses capitaux propres; si les ressources utilisées pour financer cet emploi sont libellées dans la même devise, le risque ne porte que sur la marge de l’opération; dans le cas contraire, le montant en principal est également exposé.
◆ Le risque de fraudes : multiforme, il peut s’agir par exemple de concours consentis à de faux clients, donc, bien évidemment irrécouvrables.
◆ Le risque d’initiés : il s’agit de concours accordés à des conditions hors marché, ou selon des procédures exceptionnelles à des dirigeants de la banque, à des entreprises dans lesquelles ils ont des intérêts ou à des sociétés liées à des actionnaires importants de l’établissement.
◆ Le risque légal et réglementaire : l’activité de crédit est étroitement réglementée et le non-respect de nombreuses dispositions peut conduire l’établissement à supporter des pertes soit directement, soit en raison de l’impossibilité de mettre en œuvre une garantie.
◆ Le risque opérationnel : cette notion recouvre toutes les erreurs de traitement qui peuvent survenir au cours de la vie d’un dossier tels que déblocage des fonds avant que toute la documentation requise n’ait été réunie, saisie erronée des conditions de crédit dans les systèmes de gestion, mauvaise identification des concours compromis…

Le risque de crédit classique reste toujours la cause principale des problèmes bancaires. Les pertes consécutives aux défaillances des clients sont malheureusement inévitables et inhérentes au métier de banquier. Les problèmes de risque de crédit sont souvent liés à des imperfections dans l’audit interne et le risque management. Il y a un peu plus de cinq ans, le sous-comité Bancaire de Surveillance de l’Institut Monétaire Européen a mené une enquête sur les causes principales des pertes supportées par des banques en difficulté dans l’Union Européenne. La première analyse des 68 établissements de crédit confrontés à des problèmes financiers a clairement mis en évidence que le risque de crédit était dans 75% des cas la principale cause des situations graves vécues par le secteur bancaire. Par conséquent, ce facteur était prépondérant comparé aux autres sources de risques, comme par exemple les pertes sur les opérations de marché, les problèmes de liquidité et la mauvaise gestion. L’évidence de ce constat a été par ailleurs parfaitement illustrée au Maroc à travers les déboires de certains établissements financiers publics, sur lesquels le gouvernement avait pourtant beaucoup misé pour appuyer plusieurs secteurs économiquement et socialement très sensibles. En effet, le poids des créances en souffrance s’est hissé à 19,4% en 2004, contre 18,7% en 2003 et 17,7% en 2002. (Compte non tenu des banques spécialisées, ce taux est respectivement de 12,4% en 2004, contre 12,3% en 2003 et 11,2% en 2002) du portefeuille global des engagements des banques. Cette situation est inhérente principalement à l’aggravation des créances malsaines dans les secteurs agricoles et immobiliers fortement représentatifs de l’encours global des engagements bancaires tous secteurs confondus. L’on observe également depuis quelques années un accroissement sans précédent des crédits individuels, en particuliers ceux assortis de gages hypothécaires au détriment des crédits aux entreprises ou aux professionnels. Ces changements traduisent de temps en temps un renouveau de négligences sur des standards élémentaires de prudence. Cela a été parfaitement illustré par la baisse progressive des taux d’intérêt sur certaines opérations de crédit en comparaison avec ce qui était pratiqué il y a deux à quatre ans. De plus, nul ne peut ignorer les facilités qui ont accompagnées l’octroi des crédits et la constitution de garanties. Dans ce contexte, BAM n’a pas hésité à exprimer publiquement son souci et a rappelé toute la profession bancaire à la raison suite à des baisses successives de taux d’intérêt sur des crédits hypothéqués pratiqués par certaines grandes banques de la place. En définitive, le risque de crédit demeure la première cause des difficultés et des faillites des banques. Les cas douloureux des situations difficiles vécues par certains établissements bancaires spécialisés du secteur bancaire marocain en sont une parfaite illustration.

Les risques de marché 

On entend par risques de marché, les risques pouvant résulter, pour un établissement de crédit, d’une évolution défavorable des données de marché ou de leur volatilité. Ce sont les risques de pertes qui peuvent résulter des fluctuations des prix des instruments financiers qui composent le portefeuille de négociation ou des positions susceptibles d’engendrer un risque de change, notamment les opérations de change à terme et au comptant.

Le portefeuille de négociation susvisé comprend :
◆ les titres acquis, dès l’origine, avec l’intention de les revendre à brève échéance en vue de tirer bénéfice des écarts entre les prix d’achat et de vente, et ce dans le cadre d’une activité de marché, y compris les titres à livrer ou à recevoir,
◆ les titres à recevoir et à livrer dans le cadre de transactions sur le marché primaire ou le marché gris,
◆ les produits dérivés destinés à maintenir des positions ouvertes isolées pour tirer avantage de l’évolution des prix ou à couvrir les risques de marché encourus sur les instruments visés aux tirets précédents.

Même si sur le plan local, les activités de marché ont été relativement moins ouvertes sur les innovations caractérisant les nouveaux marchés avec notamment la création de nouveaux instruments financiers, elles demeurent toutefois un enjeu qui préserve toute son importance pour les établissements de crédit marocains, et ceci pour au moins deux raisons :
◆ les marges sur les opérations de placement et de trésorerie devraient voir leur contribution dans le PNB augmenter dans les années à venir et compenser ainsi la baisse prévisible des revenus tirés de l’activité de crédit;
◆ les imbrications de plus en plus fortes entre les activités de marché et celles de crédit et de liquidité.

Dans ce contexte, de nouvelles entités appelées  » salle des marchés  » ont ainsi été créées pour répondre justement à cette contrainte croissante des risques de marché. Les activités traditionnelles et les activités nouvelles ont été réunies dans cette nouvelle entité qui regroupe désormais l’ensemble des activités financières ;
◆ Marché des changes;
◆ Marché monétaire;
◆ Marché des titres et fonds;
◆ Marché obligataire.

Un aspect spécial de gestion de risque est le contrôle des activités de marché. Les évènements fortement médiatisés impliquant Bankers Trust, Barings et Daiwa Banks ainsi que les pratiques douteuses sont venues pour rappeler à cet égard l’enjeu grandissant sur les questions du professionnalisme et d’intégrité. En réalité, ces événements constituent une parfaite illustration des pertes importantes qui pourraient résulter de négligences dans la gestion et la couverture des risques au sein de la banque. Les causes de ces accidents convergent généralement vers les mêmes faiblesses : la confusion du front office et du back office, des marges de manœuvre excessives et non contrôlées entre les mains de certains commerciaux combinée à une approche bénigne du management n’ayant aucune vue sur les positions risquées engagées par les commerciaux et leur adéquation par rapport à la politique de risque retenue par l’établissement de crédit.

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Table des matières

Partie introductive
Introduction
Problématique générale
Intérêt du sujet
Hypothèse centrale
Propos méthodologiques
Chapitre préliminaire : Le système bancaire marocain : vue d’ensemble
Première partie : L’audit interne dans le système bancaire marocain : des pratiques limitées aux fonctions classiques.
Chapitre 1 : Typologie et évaluation des risques bancaires
Section 1 : Typologie des risques bancaires
Section 2 : Critères d’évaluation et dispositifs de contrôle
Chapitre 2 : Spécificités de l’audit bancaire
Section1 : Principes d’audit en général
Section2 : Particularités de l’audit bancaire
Chapitre 3 : Les systèmes d’audit interne bancaire marocain
et leur efficience : enquête sur le terrain
Section 1 : Le guide d’entretien
Section 2 : les conclusions de l’enquête
Partie II : L’audit systémique, un nouvel outil au service du risk management pour maîtriser davantage les risques des métiers
Chapitre 1 : Les particularités de l’approche d’audit systémique
Section 1 : L’audit du système de contrôle interne global
Section 2 : L’approche par les risques
Section 3 : L’approche systémique
Chapitre 2 : Mission d’audit de la Direction des Systèmes d’Information.
Section 1 : Organisation et management
Section 2 : Sécurité
Section 3 : Etudes et développements
Section 4 : Exploitation informatique
Chapitre 3 : Mission d’audit de la Salle des Marchés
Section 1 : Front-Office Trading & ventes
Section 2 : Middle-Office
Section 3 : Back Office
Section 4 : Risque de contrepartie
Section 5 : Risque Juridique
Section 6 : Sécurité Physique
Chapitre 4 : Mission d’audit de la Direction des Ressources Humaines
Section 1 : Organisation générale de la fonction RH
Section 2 : Administration
Section 3 : Gestion des carrières
Section 4 : Recrutement
Section 5 : Formation
Section 6 : Relations et activités sociales
Chapitre 5 : Mission d’audit de la Direction Comptable
Section1 : Audit systémique du service comptable
Section 2 : Les reportings réglementaires
Section 3 : Risques fiscaux
Section 4 : Consolidation
Conclusion générale
Annexes
Bibliographie

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