L’attitude personnaliste comme attitude propre a la personne

 La personne comme type de sujet particulier : l’ego spirituel 

La personne et la chose matérielle

Je ne suis précisément pas une chose

Le « je » en question ici est bien un « je » personnel. Ainsi, Husserl l’annonce très clairement, la personne doit être définie négativement par rapport à la chose. Dans son livre, Le monde social chez Husserl, Laurent Perreau, qui traite, comme le titre l’indique, de l’approche phénoménologique husserlienne du monde social, en vient, au sein de cette entreprise, à la question de l’intersubjectivité personnelle. Plus précisément, dans le chapitre 7, il développe ce qu’il nomme les « problèmes et difficultés d’une théorie de la personne dans les Ideen II », et se livre pour cela à une présentation de la définition de la personne, telle qu’elle est conçue dans cet  ouvrage. La première détermination qu’il donne à cet effet est la suivante : « la personne n’est pas une chose ». On peut alors s’interroger sur les caractéristiques de cette dernière, qui fait l’objet de l’ensemble de la première section des Ideen II, intitulée « La constitution de la nature matérielle ». Nous nous appuierons ici principalement sur le second chapitre de celle-ci. Laurent Perreau lui donne pour caractéristiques la matérialité (et, par extension, les propriétés sensibles et causales), ainsi que la spatialité et la temporalité.

Le portrait que l’on peut dresser de la chose matérielle selon ces trois déterminations est donc le suivant : elle se caractérise tout d’abord par la matérialité conçue comme son « trait eidétique le plus englobant» qui renvoie au fait que la chose est « purement et simplement corporelle », donc qu’elle est un corps avec des déterminations géométriques (elle est grande ou petite, elle a tel poids, elle est ronde). Elle a ainsi des propriétés sensibles, (elle est rouge, elle est lisse, elle est rugueuse, elle est froide), aussi appelées « remplissement qualitatif », ainsi que des propriétés causales : elle réagit de façon similaire dans des circonstances similaires. Elle est ensuite caractérisée par la spatialité : elle a une localisation dans l’espace, (elle est ici ou là-bas), ainsi que par la temporalité : elle a une détermination temporelle donc possède une étendue et une durée dans le temps objectif. En un sens, la chose est donc toujours un état de chose selon les circonstances. La chose matérielle est par exemple un ressort noir, petit, lisse, léger, qui a la propriété d’élasticité (lorsqu’on le frappe, il s’écarte et subit une certaine oscillation).

Ainsi, la personne se distingue tout d’abord de la chose matérielle, qui, avec les propriété  qui sont les siennes, entretient avec le monde, des rapports d’un ordre distinct, de celui des rapports entretenus par la personne avec le monde. La chose entretient en effet des rapports d’ordre real, alors que la personne entretient des rapports d’ordre intentionnel. Nous verrons dans les chapitres suivants que le monde avec lequel la personne est en rapport est un monde bien spécifique, puisqu’il s’agit du monde environnant, un type de monde qui relève de la région de l’esprit, et non de la région de la nature. Cette première distinction permet de montrer que la personne n’est pas une réalité matérielle, mais bien un sujet. Il y a cependant différentes formes de subjectivités (qui font néanmoins partie intégrante du schéma structurel fondamental de tout ego personnel), et desquelles il convient de distinguer la subjectivité propre à l’ego personnel.

La personne et les autres formes de la subjectivité

L’ego pur
L’ego pur est défini par Husserl selon une loi d’essence qui est la suivante : Il appartient, en tant qu’un tel ego identique, numériquement un, à « son » propre flux de vécu qui se constitue en tant qu’une unité du temps immanent infini .

L’ego pur est considéré comme le pôle intentionnel au sein duquel sont unifiés les différents actes de conscience (perception, imagination, désir, jugement, souvenir, etc.), corrélés à leur temporalisation phénoménologique, et aux différents objets qu’ils visent. On peut toujours employer la métaphore husserlienne du flux de vécus, mais il faut considérer que celui-ci jaillit d’un pôle égologique. Il est donc nécessairement impliqué dans les différents types de sujets et peut recevoir la fonction de socle fondamental de la subjectivité.

L’ego pur est cependant un ego abstrait, qui n’a pas de correspondance effective dans le monde, comme indiqué au début du chapitre qui lui est dédié, sa représentation requiert en effet que « nous fassions abstraction du corps propre ». Il ne doit pour autant pas être identifié à l’ego personnel, entendu comme ego spirituel. S’il est impliqué en tant que socle fondamental dans l’ego personnel, il reste insuffisant pour rendre compte de la richesse de sa vie de conscience. Emmanuel Housset l’écrit donc très justement : « Husserl n’a jamais confondu le moi pur avec la personne ».

L’ego animal
La nature matérielle n’est pas le tout de la nature. Husserl voit en effet en elle « une nature au sens premier, étroit, au sens inférieur » qu’il distingue d’une « nature au sens second, plus large », qui renvoie à la nature animale. C’est donc ensuite au tour de celle-ci de faire l’objet d’une section qui lui est consacrée, et qui a pour titre « La constitution de la nature animale ». Le sujet qui relève d’une telle sphère doit être distingué de la chose, mais aussi de l’ego pur. Tandis que ce dernier est privé de corps, l’ego animal est le sujet qui a un corps, mais qui ne doit pas être ramené à la chose pour autant. Il est en effet ontologiquement différent puisque, contrairement à la chose, qui n’est qu’un corps, il a un corps avec une âme. Ce corps est ce que Husserl nomme un Leib, traduit par le terme de corps vivant ou corps propre. La traduction permet de marquer la différence entre l’inertie du Körper et l’animation, la vie du Leib. La racine anima dans ego animal et la racine psyché dans ego psychique ne doivent pas nous pousser à assimiler l’ego animal à l’âme. Husserl précise bien que : « le concept proprement dit de l’âme […] ne coïncide en aucune manière avec le concept du vécu et du flux de vécus ». Si l’ego animal a bien une âme, celle-ci doit en effet toujours être pensée conjointement au corps propre. Ainsi, l’ego animal, en tant que Leib, doit être conçu comme l’unité formée par l’enchevêtrement du corps propre et de l’âme, deux concepts que nous devons définir.

L’âme est définie comme suit :
L’âme est support d’une vie psychique dotée de son « avoir » subjectif et […] elle «agit » au sein de la Physis, de la part de laquelle elle subit aussi des actions .

Elle doit donc être comprise comme le type de réalité qui porte les vécus de manière persistante et qui anime de part en part la nature matérielle grâce à son union avec le corps propre. Celuici est défini de la façon suivante : Il est le moyen de toute perception ; il est l’organe de perception, il est nécessairement en cause dans toute perception.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PERSONNE ET SUJET : QUEL TYPE DE SUJET EST LA PERSONNE ?
CHAPITRE 1 : LA PERSONNE COMME TYPE DE SUJET PARTICULIER : L’EGO SPIRITUEL
1. La personne et la chose matérielle
2. La personne et les autres formes de la subjectivité
a. L’Ego pur
b. L’Ego animal
c. L’Ego-homme
3. Ébauche de définition positive de la personne
CHAPITRE 2 : L’ATTITUDE PERSONNALISTE COMME ATTITUDE PROPRE A LA PERSONNE
1. L’attitude personnaliste comme attitude du sujet personnel et du scientifique de l’esprit : l’attitude personnaliste par rapport à l’attitude naturaliste
2. L’attitude personnaliste comme attitude d’un sujet au sein d’une collectivité : attitude pratique et attitude mythico-religieuse
CHAPITRE 3 : LA PERSONNE DANS LA DISTINCTION NATURE-ESPRIT : LE RAPPORT DE LA PERSONNE AVEC LE MONDE DE LA NATURE
1. Double rapport de subordination entre attitude personnaliste et attitude naturaliste
2. Hypothèse et refus du parallélisme
3. La nature comme soubassement obscur qui conditionne la vie de la personne par la médiation du Leib
SECONDE PARTIE : CONSTITUTION DE LA PERSONNE : UN EGO EN DEVENIR AU SEIN D’UN MONDE ENVIRONNANT ET UNIFIE PAR LA LOI DE MOTIVATION
CHAPITRE 4 : LA PERSONNE AU CENTRE DE SON MONDE ENVIRONNANT
1. Définition négative et positive du monde environnant
2. Les composantes du monde environnant
3. Constitution réciproque entre la personne et le monde environnant
CHAPITRE 5 : LA MOTIVATION : LA LOI STRUCTURALE DE LA VIE DE LA PERSONNE
1. Spécificité de la motivation : étude comparée à la causalité naturelle
2. Que veut dire motiver ?
CHAPITRE 6 : L’UNITE DE LA PERSONNE
1. Un développement permanent : la personne au sein d’une histoire
2. La machinerie des vécus unifiée par le fil directeur de la motivation
3. Personnalité, typique et caractère
4. Habitualité, habitus et habitude
5. La liberté de la personne
TROISIEME PARTIE : CONDITION DE LA CONSTITUTION DE LA PERSONNE : LA PERSONNE ET L’AUTRE
CHAPITRE 7 : L’AUTRE PERSONNE
1. Un solipsisme est-il envisageable ?
2. Constitution réciproque entre personnes
3. Reconnaissance de l’autre comme personne
CHAPITRE 8 : LA COMPREHENSION COMME CONDITION DE TOUTE COMMUNAUTE DE PERSONNES.
1. Compréhension, expression et communication
2. Compréhension et unité somato-spirituelle : le corps comme médiateur de l’expression
3. La communication comme condition et signe de l’intersubjectivité personnelle
4. Distinction entre le monde environnant de communication et le monde environnant commun
CHAPITRE 9 : LA PERSONNE DE DEGRE SUPERIEUR : LES COMMUNAUTES DE PERSONNES
1. Distinction entre collectivité et communauté de personnes
2. Du « je » au « nous » : La constitution intersubjective d’un monde socioculturel
3. Un exemple de personne d’ordre supérieur : l’Europe
CONCLUSION

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