L’ARMEE AU PRISME DU POUVOIR POLITIQUE D’ALBERT BERNARD BONGO : 1968-1990

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Démarches pour entrer au terrain militaire

Dans le domaine militaire, lieu de la restriction, du commandement, du respect et donc des exigences, tout porte à croire que nul n’y entre s’il n’est militaire et s’il n’appartient à la classe politique des privilégiés appelés à participer au “secret défense”27. Le domaine militaire est ainsi l’un des terrains les plus difficiles et les plus sensibles à pénétrer au Gabon en raison de ses logiques de sélection et du secret défense. Cela explique les inquiétudes bien réelles exprimées par bon nombre de concitoyens s’interrogeant sur nos ‘’chances‘’ d’avoir accès aux sources d’informations fiables, mais aussi sur notre destin professionnel à la fin de nos études. En ces termes, s’interrogent-ils: «Tu travailles sur les armées gabonaises où trouveras-tu les informations?»28. «Tu fais un doctorat sur les armées gabonaises pour enseigner dans quelle école et dans quelle université au Gabon, à l’Université Omar Bongo (UOB) on n’enseigne pas la défense est-ce dire que tu deviendras militaire après ton doctorat? Et qui t’acceptera ?»29.
La première interrogation souligne la difficulté du chercheur à accéder aux sources d’informations et aux archives de l’armée. La deuxième interrogation insiste sur les possibilités d’insertion professionnelle après une thèse de doctorat en politique de Sécurité et de Défense.
Sans insister davantage sur l’opacité de ce domaine sensible, disons qu’il faut s’armer de courage, de patience, de ruse, utiliser de bons concepts et de bonnes méthodes pour y pénétrer. Aussi, il faut avoir une bonne connaissance de la sociologie militaire, du milieu ou encore de la culture militaire pour gagner la confiance des autorités militaires à tous les niveaux de la hiérarchie. Il nous a donc fallu au-delà des lectures faites sur la sociologie militaire, observer et comprendre pendant un mois le fonctionnement du milieu. En effet, ce mois d’observation a permis de savoir comment s’y prendre pour s’y faire accepter sans rejet encore moins de soupçons. L’humilité et la patience sont des vertus à cultiver en terrain militaire. La première, c’est-à-dire l’humilité permet d’annihiler ses connaissances au détriments de celles de l’informateur averti ou pas. La seconde vertu (la patience) en revanche, permet de se soumettre aux agendas des cibles (personnalités) à interroger. Nous avons débuté notre terrain le 25 août pour finir le 25 décembre 2012, soit quatre mois de terrain consécutifs.
L’avantage que nous avons eu c’est de travailler sur un sujet qui fait l’actualité dans le monde politique et militaire au Gabon. C’est ce qu’affirme le Contre-amiral Sossa-Simawango Marc alors Directeur de cabinet du ministre de la Défense Nationale.
Le 24 septembre 2012, après une demande d’audience31 au cabinet du Directeur de cabinet du ministre de la Défense Nationale, le contre-amiral Sossa Simawango Marc, j’ai été appelé trois jours plus tard par sa secrétaire qui m’annonçait, disait-elle, une bonne nouvelle car la plupart des demandes d’audience adressées au ministre pour une autorisation de circuler à l’intérieur du patrimoine militaire et d’utiliser les informations relatives à cette institution sont généralement refusées. Nous eûmes été reçus par le ministre, puis par son Directeur de cabinet militaire (voir en annexe 2 le Message porte32 délivré par le directeur de cabinet militaire). L’interrogatoire portait sur mon choix de travailler sur l’armée, mes motivations et ma compréhension de la politique de la professionnalisation de l’armée.
-Qu’est-ce que la professionnalisation de l’armée pour vous ? Cette question revenait dans tous les entretiens que nous eûmes eu avec le ministre, son directeur de cabinet et à l’état-major général des FAG.
-Nous eûmes répondu : c’est une politique de rationalisation de l’institution militaire en vue d’accroitre son efficacité.
-Au ministre d’ajouter : effectivement, le président de la République, Chef de l’Etat et Chef suprême des armées invite toutes les composantes de la société à devenir des acteurs de développement. Les armées ne doivent pas être en reste au regard de la place qu’elles occupent dans la société. Notre ambition est de moderniser l’armée gabonaise(…) c’est pourquoi le président a soumis l’armée à la professionnalisation afin qu’elle soit efficace et bien organisée (…), mon directeur de cabinet va te faire un document pour rencontrer d’autres autorités, notamment celles de l’état-major. J’attire cependant votre attention sur l’exploitation des informations militaires qui te seront donnés. C’est un domaine entretenu par le secret défense.
A l’état-major, la question fut la même et la réponse presque identique. Mais pour gagner la confiance du chef d’état-major, il fallait préciser que : la professionnalisation au-delà de son esprit de rationalisation est une réflexion et un moyen de remise en cause des anciennes logiques organisationnelles, structurelles et professionnelles. Cette précision suscita de l’engouement chez le chef d’état-major qui nous invita à passer un petit stage à l’état-major.

Au commencement était la Gendarmerie coloniale

Le Gabon devient indépendant en 1960. Pourtant avant qu’il ne le soit, il disposait déjà une politique de défense et de sécurité mise en place par l’administration coloniale dans le cadre de la défense et de la sécurité des territoires regroupés dans l’Afrique Equatoriale Française (AEF). A l’instar des autres territoires de l’AEF, il65 fut affecter au Gabon, notamment en 1929 un détachement de la gendarmerie coloniale composé d’un « ensemble de matériels civils et militaires, de méthodes d’emploi, de règles opérationnelles adapter [à l’environnement] compte tenu de son environnement stratégique, de son développement économique et social »66. Cette gendarmerie est restée jusqu’en 1960 la seule force de sécurité et de défense au service du territoire.
Quant à ses missions, elles furent complexes et non exhaustives. Elles s’étendent du maintien de l’ordre à la sécurité publique, l’escorte des autorités, la garde de bâtiments publics mais aussi la surveillance des établissements pénitentiaires. Elle assurait
la fois et presque toutes les missions de défense et de sécurité à travers le territoire qu’elle contrôlait grâce à ses nombreuses antennes ou relais présents presque partout dans le territoire. Cette présence à travers le territoire justifie l’autre appellation de la gendarmerie coloniale : Garde territoriale. Cette garde territoriale s’articulait en unités territoriales organisées en compagnies et en brigades. Aussi, pouvait-t-elle compter les unités mobiles qui elles se fondaient sur des escadrons et des pelotons mobiles d’intervention et d’exécution. A cette époque, le Gabon comptait quatre légions : la légion de l’estuaire, celle du nord qui couvrait les provinces du Woleu-Ntem et de l’Ogooué Ivindo, celle du sud prenant en compte les provinces de la Ngounié, de la Nyanga, de l’Ogooué Maritime et le Moyen-Ogooué. Quant à la dernière, c’est-à-die la légion est, elle couvrait le Haut-Ogooué et l’Ogooué Lolo.

De la Gendarmerie coloniale à l’armée gabonaise

L’indépendance que le Gabon acquit en 1960 posait en filigrane les problèmes de la croissance économique, de la défense et de la sécurité de l’Etat. En effet, l’Etat naissant afin de répondre à ses nouveaux besoins de sécurité, de défense, de développement économique, politique et social devait se munir non seulement des institutions politiques fiables et souveraines, mais aussi d’un appareil de défense et de sécurité au service de sa souveraineté. Ainsi, en raison de son ancien statut de territoire français, « réservoir d’hommes» et « colonie d’exploitation»67, le Gabon signa un certain Ces accords de défense et d’assistance militaire technique, furent signés le 17 aout 1960 en même temps que ceux relatifs à l’indépendance. S’agissant des accords sur l’indépendance, ils furent signés entre Léon Mba et le général de Gaulle, les seconds par contre (les accords de défense et d’assistance technique) furent signés par Léon Mba et Jean Foyer68 représentant le général de Gaulle. Un fait mérite attention ici, il s’agit de la signature simultanée de l’indépendance et les accords de défense et d’assistance militaire technique. En effet, la signature simultanée de l’indépendance et des accords de défense et d’assistance militaire technique relève non seulement de l’indissociabilité de l’armée et de l’Etat indépendant, il permet aussi de comprendre qu’au Gabon, l’armée est la première et la seule institution née avec l’indépendance de la nation. Dans la chronologie historique de la naissance des institutions nationales, l’armée est la première institution devant la présidence de la République qui elle prit effet avec la prestation de serment de Léon Mba devenu officiellement chef d’Etat en 1961. Or, ainsi que démontré plus haut, avant même de prêter serment et par conséquent donner une certaine légitimité à la présidence de la de République, il l’institution militaire existait déjà tant du point de vue organique que physique. Cette prééminence de l’armée, permet de comprendre qu’au Gabon, l’armée et l’Etat sont donc indissociables. Pour cette raison, « elle est le cœur et l’axe du pouvoir de l’Etat »69. L’institution militaire occupe une place prépondérante au sein de l’Etat gabonais par le rôle qu’il est appelé à jouer dans l’indépendance et la souveraineté de l’Etat. Réforme de l’Etat et réforme de l’armée sont indissociables au Gabon.

Des organes gouvernementaux

Le projet de la fondation d’un Etat souverain passe par la mise en place des organes politiques de concertation et de gestion. Ces organes considérés aussi comme des mécanismes de régulations permettent à l’Etat de mieux décentraliser son pouvoir et articuler entre ces derniers les liens administratifs, ceci en vue d’une meilleure efficacité de son action. Le Gabon qui se doit en effet d’assumer son destin, doit procéder à la création des différentes institutions et organes de gestions et de concertation politique, économique et sécuritaire. Indépendamment des rôles assignés à chaque organe, ils sont avant tout membres d’un même système. Ce système qui est la République naissante, exige une meilleure communication et une parfaite combinaison des différents mécanismes institutionnels mis en place pour son développement. Dans ce sens, outre la présidence de la République, la Primature et les autres organes gouvernementaux (le Secrétaire d’Etat à la Défense nationale et le Ministre de l’intérieur) mis en place, d’autres mécanismes institutionnels ont été mis en place et directement associés à la défense. Tous ces mécanismes interconnectés travailleront de connivence pour un meilleur rendement et une meilleure protection de la nation et de l’Etat.
Mais pour mieux affirmer sa supériorité et exercer son pouvoir sans contestation, Léon Mba procédera de force au vote d’une Constitution, celle de 1961 consacrant l’avènement d’un régime présidentiel. Conformément à ce régime, le président de la République en tant que garant de la souveraineté de l’Etat et du respect des différents accords, a le pouvoir et la responsabilité de prendre les grandes décisions de la défense. Entre autres décisions : fixer les grandes orientations, les buts atteindre et dans le cas échéant il peut décider de la conduite de guerre85. « Lorsque les circonstances l’exigent, après délibération du Conseil des ministres et consultation du bureau de l’Assemblée nationale, [il peut] proclamer par décret l’état d’urgence ou l’état d’alerte »86. Tous ces pouvoirs et prérogatives lui accorde des pouvoirs spéciaux et font de lui le chef suprême des armées, des forces de sécurité et de défense. Autant dire qu’il a la dernière décision sur toutes les forces de défense et de sécurité mises à sa disposition pour sa sécurité, celle de la nation et ainsi que sa souveraineté. Mais bien qu’autorité suprême et souveraine, Léon Mba travail de connivence avec son Premier ministre investi lui aussi de pouvoirs exceptionnels en tant chef de l’administration générale ou publique. En effet, il est responsable de la Défense nationale et de la mise en œuvre par le gouvernement des décisions prises en Conseil de ministres. Face aux crises et lorsque la situation l’exige, il est habilité, après délibération du Conseil de ministres (…) à proclamer par arrêté, l’état de mise en garde ou l’état d’alerte87.
On parle de la mise en garde ou d’un état d’alerte soit en cas de présomptions graves qui peuvent constituer une menace pour l’ordre public ou en cas d’événements qui présentent par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique88. Toutefois, le Premier ministre s’appuie respectivement sur le ministre de l’intérieur et le secrétaire d’Etat à la Défense nationale pour s’informer des éventuelles menaces ou des évènements d’extrême urgence.
Le Ministère de l’Intérieure enjeu stratégique de la sécurité intérieure était assuré par M. Albert Yambangoye. Il avait pour mission de collecter l’information sur les milieux d’affaires dans l’ensemble du pays, les «Matitis»89en milieu urbain, les villages, les cantons et les regroupements, en milieu rural. Il pouvait s’appuyer sur ce qu’il convient d’appeler des relais administratifs selon le milieu. Au niveau provincial, les gouverneurs de province hautes autorités administratives étaient chargés de filtrer les informations reçues des autorités préfectorales chargées de collecter les informations auprès des auxiliaires de commandements composés des chefs de villages, chefs de regroupements et chefs de cantons. En effet, pour mener à bien leur mission ces autorités provinciales et les gouverneurs notamment, pouvaient user des moyens de coercition prévus dans le décret n° 129/PR-DNFA du 13 mai 1962, article 5, autorisant l’utilisation d’une opération militaire au cas où venaient à être constaté les poches de résistance dans leurs circonscriptions politico- administratives. Si les missions décrites ici sont presque les mêmes dans tous les pays d’Afrique noire, il faut noter qu’au Gabon entre 1961 et 1980 la non existence d’un ministère de la Défense Nationale renforçait les prérogatives du ministre de l’intérieur. Il avait un droit de regard sur les recrutements dans l’armée, rédigeait des procès verbaux sur les militaires et notamment les quelques officiers nationaux soupçonnés d’intelligence avec l’extérieur (idéologie soviétique). « Il était le ministre le plus écouté du président de la République dans les questions de sécurité et de Défense nationale »90. Cette grande audience au près du chef de l’Etat lui conférait des prérogatives au-dessus du ministre de la Défense Nationale. Pourtant, les missions assignées au secrétaire d’Etat à la Défense Nationale n’étaient pas moindre.
Assuré par M. Joseph Ngoua, le secrétaire d’État à la Défense Nationale était rattaché directement à la présidence de la République par les décrets n° 151/PR du 22 juin 1962 et n° 131/PR du 24 mai 1964. Il avait pour rôle de coordonner l’action politique du gouvernement en matière de politique de défense et de sécurité même si au fond, sa principale mission demeurera la planification des effectifs militaires par les différents recrutements, les affectations des agents et autres tâches subsidiaires. Le fait même que la défense soit gérer par un secrétaire d’Etat rattaché à la présidence de la République confirme l’emprise Léon Mba sur ce domaine qu’il considérait d’ailleurs comme le cœur de son pouvoir. Il déclare dans ce sens : pour notre jeune nation, il nous faut encore mieux organiser le secteur de la défense(…), il joue un rôle important dans l’application des grandes décisions politiques qui engagent la vie de la nation. Je travail avec le secrétaire d’Etat, il est rattaché à la présidence de la République pour qu’il m’informe de tout ce qui se passe dans l’armée mais aussi pour qu’il soit informé des grandes lignes de ma politique nationale que l’armée doit accompagner partout dans la nation (…)91.
Justifiant son emprise sur la Défense Nationale, ce propos de Léon Mba évoque deux grandes raisons. Dans un premier temps, il explique que c’est pour des raisons de réforme que le secrétaire d’Etat à la Défense Nationale est resté directement attaché à la présidence de la République. Dans un second temps, Léon entend travailler au plus près avec ce dernier pour l’application et la mise en pratique de ses décisions politiques. Cette dernière raison est intéressante, elle permet non seulement de mesurer l’attachement de Léon Mba à l’armée, mais aussi de comprendre l’implication de cette institution dans le pouvoir qu’il exerce dans la nation et la société. On peut le dire, si l’armée par essence est une institution fondée sur l’autorité et que cette autorité repose sur la force qu’elle incarne, s’appuyer sur l’armée pour le respect et l’applicabilité des différentes politiques et décisions aussi nationales qu’elles soient, revient à utiliser la force comme moyen de légitimité de son action politique et par conséquent de son pouvoir. Le fait qu’il n’eut été crée un ministère de la Défense Nationale autonome placé sous la tutelle du Premier ministre chef du gouvernement à l’époque de Léon Mba (1961-1964), augurait quelque part l’avènement d’un pouvoir présidentialiste centralisateur faisant de la force, de l’autorité et de la violence ses moyens de légitimé. Les exigences d’un tel pouvoir se manifesteront plus tard par le conflit de pouvoirs et/ou la guerre des chefs entre l’exécutif et le législatif sur la Défense Nationale.
Le Parlement n’était pas en reste au titre des organes et institutions associés à la Défense nationale. Il s’occupait de l’élaboration et du vote des lois concernant la Défense Nationale et fixait le cadre dans lequel doivent se dérouler les recrutements dans l’armée ainsi que le budget de fonctionnement alloué à cette dernière. Tout ceci dans le cadre de la loi de programmation fixant de façon générale les différentes dépenses inter sectoriel de l’Etat. En général, l’Assemblée Nationale gabonaise avait les mêmes prérogatives que partout ailleurs et notamment en France où tout fut à quelques exceptions près calqué. Seulement, dans ses rapports avec l’exécutif, notamment sur les questions de défense il n’y eut pas de consensus au point qu’elle s’est vue écartée et même exclue des questions touchant à la Défense Nationale.
Ainsi écarté, Léon Mba va confier les questions défense aux différents organes de gestion, de régulation et de concertation politique et militaire qu’il mit en place. Examinons ces différents organes de concertation politico-militaire mis en place pour l’efficacité de l’armée mais en réalité pour un meilleur contrôle et une meilleure appropriation de l’institution militaire.

Des organes de concertation politicomilitaire

Il existait deux organes de concertation à l’époque de Léon Mba : le Conseil Supérieur de la Défense nationale (C.S.D.N) et le Comité de Défense.
Le Conseil Supérieur de la Défense Nationale
Crée un an après le coup d’État militaire de 1964, par décret n°33/PR-DN du 22 février 1965, le C.S.D.N. est chargé d’étudier les questions relatives à la Défense Nationale qui lui sont soumises par le gouvernement selon les termes contenus dans le même décret. Il s’agit par exemple de l’utilisation et la protection des ressources de la nation en vue d’assurer sa sécurité, aussi bien sur le plan endogène qu’exogène. Ainsi, se chargera-t-il de l’arrêt des mesures visant à planifier les opérations de recrutement propres à couvrir les besoins des forces armées en personnel92. Ce conseil, précise Owaye, se réunit deux fois par an, au début de janvier et de juillet. En son sein siègent les membres du Comité de la Défense, le chef d’état-major des armées, les commandants en chef de la Gendarmerie et de la police, le secrétaire général du ministère de la Défense, le chef du Centre de coordination du renseignement93.
Le Comité de Défense
Présidé par le président la République, c’est l’un des organes consultatifs qui traite des problèmes cruciaux de la Défense94. Y siègent, le président, le Premier ministre chef du gouvernement, les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances. Un fait mérite mention ici, il s’agit de la présence du ministre des Affaires étrangères dans le Comité de Défense. Au Gabon, depuis Léon Mba, le ministre des Affaires étrangères est partie intégrante des problèmes de la défense. En tant que vitrine de la nation tournée vers l’extérieure, le ministère des Affaires étrangères se présente comme une sorte de miroir reflétant à la fois l’image du pays à l’extérieur et l’image des autres États à l’intérieur de l’État. Il est comme un rein épurateur entre des politiques de défense caduques et celles en vigueur dans le monde. Outre cette fonction, elle s’occupe des protocoles d’accords de défense entre le Gabon et les autres pays. C’est pourquoi, dans chaque représentation diplomatique gabonaise aujourd’hui, il y a un attaché militaire et même un bureau de la coopération militaire. De même, au ministère des Affaires Etrangères du Gabon, on retrouve une direction de la coopération militaire chargé des relations entre le Gabon et les États étrangers en matière de défense et de sécurité et notamment de la réalisation des accords de coopération militaire. Dans ce cadre, elle coordonne les activités des attachés militaires et des missions diplomatiques.
Toutefois, Jean Hilaire Obame, alors ministre des Affaires Etrangères de Léon Mba (gouvernement de 1961), était en même temps l’un des opposants gabonais les plus redoutables. A ce titre, et compte tenu de son esprit critique, «il n’avait jamais été invité à prendre part aux assises du Comité de Défense. Disait le président Léon Mba, le ministre des Affaires étrangères à d’autres préoccupations plus importantes que les questions touchant à la Défense (…)»95. L’on comprend mieux par cette affirmation la volonté du chef de l’Etat à écarter ses adversaires politiques à la gestion de la Défense Nationale. Malgré les dispositions juridiques qui invitent le ministre des Affaires Etrangères à prendre part aux assises du Conseil de la Défense, ce dernier fut complètement écarté par Léon Mba au motif qu’il avait d’autres préoccupations plus importantes. Cette raison politicienne constitue un alibi de plus au-delà de l’absence d’une administration de la Défense Nationale autonome et souveraine pour s’accaparer d’une institution républicaine. Par de tels faits, Léon Mba cherchait véritablement à assoir son régime présidentiel. Outre les réformes des institutions, il engagea les réformes militaires.

La mise en place d’un état-major général

Indépendamment des organes gouvernementaux et de concertation, il fut crée en 1962, deux ans après la naissance de l’armée un état major des Forces Armées (EMFA). Cette création dira-t-on tardive pose à priori le problème de management militaire étant donné que dans une armée, le management des forces, la programmation des missions, la rationalisation et la préparation des effectifs militaires sont autant de missions assignées à un état major. A postériori, ce problème n’en est pas un si l’on tient compte du contexte dans lequel les réformes sont envisagées et amorcées. Ici, le contexte est celui de la pose des fondements de l’institution militaire ; contexte qui centralisait toutes les questions militaires techniques dans les mains des assistants militaires techniques regroupés dans le cabinet militaire de Léon Mba dont le lieutenant-colonel Royer dirigeait. Ce cabinet jouait presque le rôle d’un état major.
La création effective d’un état major s’inscrit en effet dans le processus de décentralisation de l’administration militaire et d’autonomisation de ses questions techniques. Ce qui veut dire en réalité qu’à cette époque, l’avènement d’un état-major symbolisait au fond la séparation de la hiérarchie politique à la hiérarchie militaire restée trop proche et même confuse à la politique. En tant qu’instance de commandement militaire la plus haute aux missions diverses, le nouvel état major assurera diverses missions : «la préparation des délibérations des Conseils de ministres et développer des négociations internationales qui intéressent la Défense, prendre part aux réunions inter alliées96», la conception et l’arbitrage.
Pourtant que la création de cet état major laisse penser à la mise en place d’une hiérarchie militaire indépendante de la hiérarchie politique, son commandement assuré par le lieutenant-colonel Royer97 ancien directeur de cabinet militaire du président Léon Mba crée encore la proximité entre la classe politique et la classe stratégique. La nomination du lieutenant-colonel Royer au poste de chef d’état major des Forces Armées Gabonaises justifie non seulement l’attachement de Léon Mba à ce dernier, mais aussi la confiance qu’il porte en lui au regard de leur entente. Si le poste est crée, la distance technique et politique qu’il est supposé gardé entre la classe politique et militaire est restée presqu’inexistante. Outre sa mutation (de directeur de cabinet militaire au chef d’état major), le chef d’état major assurait par ailleurs la fonction de conseiller du gouvernement et du président de la République dans les questions techniques militaires. Indépendamment de ses deux fonctions, il était aussi l’un des membres de droit du Comité mixte où il siégeait aux côtés de Léon Mba. Dans tous les cas, l’état major aussi est resté contrôlé et proche de Léon Mba.
De façon horizontale, fut créé un Bureau chargé du personnel, du Budget et de la logistique. Outre ce bureau, le Bureau opérationnel en charge de l’Organisation, du Renseignement, de l’instruction et de l’emploi. A ces deux bureaux ajoutons deux autres : le Bureau de garnison de Libreville et le Bureau territorial du recrutement et de Réserves. Toute cette organisation consacre en réalité l’avènement d’une organisation militaire propre.
En même temps, il a été crée au niveau de la Gendarmerie le poste de Commandant Supérieur de la Gendarmerie dont l’AT Haulin (AT) fut le premier responsable. Enfin, sous l’autorité du ministère de l’Intérieur sera créé le poste de Directeur des services de police dont M. Léon Mebiame fut le premier directeur. Précisons toutefois que cette organisation à l’échelle EMFA dépendait directement du cabinet militaire du président de la République, dont Albert Bernard Bongo fut le directeur de cabinet remplaçant à ce poste le lieutenant-colonel Royer. Albert Bernard Bongo est quant
lui, l’un des fidèles collaborateurs de Léon Mba, son homme de l’ombre et son dauphin politique. En lui confiant le cabinet politique et militaire mais aussi la gestion des services de renseignements assurés par les services de police, Léon Mba se donne tous les moyens pour contrôler tous les services de défense et d’information. Jusqu’en 1962, la haute hiérarchie militaire était directement attachée à la présidence de la République ainsi que nous pouvons le constater ci-dessous.

Le recrutement des personnels féminins

L’arrivée des personnels féminins dans l’armée gabonaise est un fait remarquable dans les armées africaines d’expression francophone. En Afrique Subsaharienne, le Gabon fut parmi l’un des premiers pays à compter officiellement parmi ses rangs un personnel féminin. Jadis réduite à des tâches subsidiaires (notamment ménagères et familiales), la femme gabonaise a été recrutée dans les armées en 1962 par Léon Mba. Ce n’est que quatre ans plus tard sous le décret n°00220/PR/MDM du 15 juillet 1966 qu’elle bénéficiera d’un statu juridique. Ce cadre juridique s’inspire en grande partie de la Constitution française du 27 octobre 1946, auquel se réfère la Constitution du 4 octobre 1958. Mutatis mutandis, le décret n°00220/PR/MDM du 15 juillet 1966 dispose en effet que: «la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme». Aussi, la loi 72-662 du 13 juillet 1972 supprime toute discrimination statutaire entre les hommes et les femmes s’engageant dans les armées. Par ce statut militaire, les femmes militaires obéissent aux mêmes règles que leurs homologues masculins. Elles ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cette politique d’intégration des femmes dans l’armée, outre le cadre juridique français dont elle s’inspire doit aussi à un voyage effectué par Léon Mba en Israël où il vit et apprécia la présence des femmes dans l’armée. De retour de son voyage et de manière spontanée, il prit la décision de recruter la femme gabonaise dans l’armée.
Sous le statut d’auxiliaire féminin, «Nze Antoinette98, Nsourou Anne Marie; Simbou Marie Joséphine; Sounda Marianne; Tsouka Henriette; Minkoué Emilie; Malamba Christine; Mbikino Géneviève; N’kama Cécile »99 verront ce dernier amélioré suite au décret n°00220/PR/MDM du 15 juillet 1966 portant création en droit des auxiliaires féminines qui seront regroupées en un «détachement autonome dépendant directement du chef d’état-major armées gabonaises »100. Aussi, elles exerceront à l’intérieur des spécialités considérées à cette époque comme féminines, dactylographe, secrétaire; transmissions, opératrice de saisie; régulatrice ou centraliste; infirmière; assistance sociale, gérante de foyer ou du Cercle et même technicienne de surface.
S’agissant de l’avancement, le Colonel Nyngomanda souligne qu’elles étaient limitées au grade de lieutenant-colonel101. Il reste toutefois à savoir dans quel corps? Mais, si l’on réfère aux différentes dates d’intégration des premières femmes engagées dans les Services de Santé Militaire (1970), dans la Gendarmerie (1973) tout porte à croire qu’elles furent recrutées au compte de l’armée de Terre, la Marine nationale ou l’armée de l’Air. Aussi à cette époque (1962), parlait-on de détachement des Auxiliaires Féminins des Forces Armées Gabonaises (AFFAG). L’intégration de la femme
fut un grand évènement dans l’armée, à chaque fois que Léon Mba parlait des réformes dans l’armée et la société, il s’arrêtait sur cette réforme (…). Nous les opposants de l’époque considérons cette intégration non pas comme une réforme mais comme une politique d’intégration et d’insertion professionnelle. Les vraies réformes souhaitées n’étaient pas faites, l’armée était bien contrôlée malgré la volonté de quelques soldats à démocratiser et à réformer cette institution à cheval entre le commandement étranger et les exigences trop prononcées d’un pouvoir présidentialiste (…).

Les causes politiques du putsch militaire de 1964

Deux faits méritent l’attention s’agissant des causes politiques du putsch de 1964. Dans un premier temps, l’isolement et même la non-implication du ministre des Affaires Etrangères dans les questions de sécurité-défense. Dans un second temps, la faible implication du législatif dans l’élaboration des politiques de Défense Nationale. L’un et l’autre sont juridiquement habilités à participer à l’élaboration des politiques de défense. Par politique de défense, nous entendons «la perception et l’action des autorités publiques, ainsi que ses conséquences internes, continentales et même internationales, en matière de programmation»103 des lois, des budgets, des recrutements, de gestion du personnel, la rémunération, des équipements, la formation et la préparation aussi bien physique qu’intellectuelle, le tout couronné par l’affirmation des principes et normes juridiques sensés encadrés toutes ces politiques. Autant dire que l’Assemblée Nationale, le ministère des Affaires Etrangères aussi bien le chef de l’État sont des pièces essentielles des politiques de défense ou de «la sécurité nationale»104.
Notons que l’exclusion du ministre des Affaires Etrangères en la personne de Jean Hilaire Obame dans les questions de défense apparaît comme un fait curieux dans la politique Défense Nationale. En tant que premier responsable du volet diplomatique des questions de défense à l’étranger, Jean Hilaire Obame était inévitable dans les politiques de défense. Outre la gestion des dossiers de carrières des militaires admis en stage à l’étranger, le reste des missions de coopération d’assistance militaire technique et le déroulement des formations et carrières des cadres militaires et civiles gabonais à l’étranger revenaient au ministre des Affaires Etrangères. Il était de droit l’un des responsables directs associés à la défense.
Et pourtant, bien que responsable des politiques de coopération militaire, Jean Hilaire Obame fut exclut de tout projet concernant la Défense Nationale. La raison de cette éviction reste aussi bien stratégique que politique. Stratégiques dans le sens où la défense depuis les indépendances constitue l’un des secteurs protecteurs des intérêts du pouvoir. Politique, par le climat délétère entre le président du gouvernement et le ministre des Affaires Etrangères qu’il fut. Rappelons-le, la nomination de Jean Hilaire Obame au poste de Ministre des Affaires Etrangères105 survient au lendemain de la formation du Vannesson (P.), «La Défense objet: Objet de sciences politique» gouvernement de l’Union Nationale compromis politique entre les leaders de l’opposition et ceux du pouvoir après les luttes politiques et l’adoption presque à l’unanimité de la Constitution de 1961 dont l’esprit et la lettre marquent le triomphe d’un pouvoir présidentialiste.
Ironie, ce gouvernement de l’Union Nationale avait pour objectif de plaire à l’opposition et de bénéficier de sa confiance. Il fut en effet formé selon la logique du partage des départements ministériels, stratégie toujours vouée à l’échec dans les négociations des Affaires politiques endogènes en vue de réconcilier l’élite politique nationale. Ce gouvernement de l’UN écarta cyniquement les membres les plus influents de l’opposition de la scène politique nationale et laissa des «bidons-vides» à ceux dont la critique contre le pouvoir frisait l’insolence. En ce sens, si la nomination de Jean Hilaire Obame au poste de Ministre des Affaires Etrangères et dont les honneurs liés au département ministériel lui avaient bien été attribués, les prérogatives liées à sa fonction ne lui avaient pas été totalement transmises. Pour preuve, il fut isolé dans les questions de sécurité et de la défense volet prioritaire des politiques diplomatiques qui lui avaient été en apparence confiées. Cette situation reste imagée dans le jargon gabonais par le mot de «bidon-vide». Il gérait donc un bidon-vide, la forme y était pendant que le fond était totalement vide. Cette politique des apparences, véritable humiliation fut très mal vécue par Jean Hilaire Obame dont l’entrée au sein du gouvernement de l’Union Nationale annonça la fin d’une opposition réputée pour sa critique mais sans véritable action concrète.
Même sort pour les autres ministres de l’opposition et le Parlement mis de côté dans les questions de Défense Nationale. Pourtant, la Constitution gabonaise de 1961 fait du Parlement the House of Commons, c’est-à-dire, la chambre haute du Parlement. N’acceptant aucune contestation, en 1964 Léon Mba prit la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale au prétexte qu’elle ne correspondait plus à rien. Il affirme : L’Assemblée doit s’occuper des problèmes politiques et non des problèmes de Défense. Le domaine de la Défense ne doit souffrir d’aucune contestation politique, c’est un domaine sensible, il en va de la sécurité des peuples et de la nation. Seul le président avec ses collaborateurs doivent décider et non le contraire.106
L’Assemblée Nationale ne doit pas se mêler des questions touchant à la Défense Nationale. Pire, les questions de défense n’étant pas des questions politiques le parlement en tant qu’institution politique doit se mettre à l’écart de toutes politiques de sécurité et de défense. En admettant cette logique, comment expliquer que pendant que le pouvoir Législatif se voyait écarté de la gestion de la défense au motif qu’elle était politique, l’Exécutif s’emparait de ces questions? Est-ce donc dire que le Législatif était plus politique que l’Exécutif, ou que l’Exécutif le fut moins que le Législatif? Ces interrogations dévoilent au fond les dysfonctionnements «d’un régime [présidentiel] qui laisse la portion congrue au parlement et encore plus au gouvernement (…). L’exécutif est monosépale et détenu par le président. Le gouvernement apparaît comme super-cabinet du président».107 On peut l’affirmer, c’est en raison de son emprise et des liens personnalisés avec les membres de son «super cabinet-gouvernemental» que Léon Mba résolut de traiter les questions de défense dans un cadre clos composé de certains membres du gouvernement et de son cabinet, et parce que «la Constitution de 1961 fait du président de la République le détenteur exclusif du pouvoir exécutif, administratif et militaire»108. Le sort dont réservé au parlement semble de facto s’inscrire dans cette farce constitutionnelle modelée selon les aspirations de l’Exécutif.

Le putsch militaire de 1964 et décentralisation militaire au Gabon

Il est question de rappeler que le phénomène de décentralisation que nous analysons en rapport avec l’administration militaire s’inscrit dans le prolongement des politiques de décentralisation de l’État amorcé par l’administration coloniale bien avant 1960. Ainsi que l’écrit le professeur Kombila Iboanga alors professeur de droit public,
le Gabon connut une première expérience de décentralisation sous la colonisation française avec la loi française de 1955 relative à la réorganisation municipale en Afrique équatoriale française, au Togo, au Cameroun et à Madagascar. Colonie française, le Gabon fait alors partie de l’ensemble colonial AEF. Cette loi érige les localités de Libreville et Port Gentil en commune de plein exercice153.
Quatre ans plus tard, à la veille des indépendances des pays d’Afrique noire sous l’emprise française, la France signe la loi n°26/59 du 22 juin 1959 portant création des collectivités rurales154. En dehors des collectivités rurales qu’elle crée, cette loi détermine aussi les règles de fonctionnement desdites collectivités. Tout ce dispositif juridique renforcé par l’ordonnance n°24/PR-MI-TC du 6 avril 1963 sur la création des communes permit au Gabon postindépendance de créer les communes de plein exercice, c’est-à-dire ayant leurs propres élus et représentants mais aussi détenant des systèmes de gestion autonome.
Lire Fidèle Kombila Ibouanga, « l’influence de la Constitution française de 1958 en matière de territoire en Afrique : l’exemple de la politique de décentralisation au Gabon », article publié en 2008, disponible à la bibliothèque de la faculté de droit et science économique, rayon mémoires et archives.
Toutefois, malgré les différents efforts consentis par l’administration coloniale et poursuivis par Léon Mba, ce projet est resté inachevé155 ; l’équilibre régional156 n’a pas été atteint. Le sous développement que les peuples et les responsables politiques considèrent comme autant de manques semble aussi se traduire par l’isolement de certaines localités du point de vue politico-militaire. Ainsi, pour lutter contre tout éventuel déséquilibre militaro-administrative et assurer la sécurité à tous les citoyens, compte non tenu de leur situation géographique «l’encadrement militaire rentrait indéniablement dans le cadre de la politique générale d’aménagement du territoire qui vise le rééquilibrage de l’État et l’atténuation des aspérités régionales»157. La «conséquence de ce choix est que le pouvoir de décision [sera] réparti entre de multiples personnes morales autonomes dotées d’organes propres pour mettre en œuvre les compétences qui leur sont reconnues pour la gestion des affaires publiques»158. Du point de vue administratif, ce projet a connu un essor considérable avec la création de plusieurs circonscriptions administratives dotées d’une certaine autonomie. Cependant, en raison des manquements liés à l’absence totale de l’administration militaire dans certaines localités, l’autonomie acquise par ces dernières heurtait à l’insécurité et aux autres actes de vandalismes mettant en mal la sécurité de la région et la quiétude des populations. Cette insécurité liée à l’absence de l’administration militaire dans toutes les localités du pays, atteint son paroxysme le jour où Léon Mba fut renversé du pouvoir et entrainé dans la province du moyen-Ogooué, notamment à Lambaréné loin de toute base militaire. Il comprit la nécessité de décentraliser l’administration militaire à travers le territoire. Cette décision de doter chaque localité d’une administration militaire s’inscrit à la suite de ce putsch militaire considéré ici comme un événement catalyseur des politiques de décentralisation militaire restées inachevées. Ce projet de décentralisation de l’administration militaire est au cœur des nouvelles politiques de réforme mises en place par la professionnalisation de l’armée.

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Table des matières

EMERCIEMENT
DEDICACE
INTRODUCTION
1. Aperçu sur le Gabon et son armée
2. Professionnalisation de l’armée au Gabon : origines et débats
3. Problématique-Démarches-Terrain
Approches
PREMIERE PARTIE: NAISSANCE DE L’ARMEE GABONAISE ET PREMICES DES REFORMES ET DE LA PROFESSIONNALISATION DE l’ARMEE PRESENTATION DE LA PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : NAISSANCE DE L’ARMEE GABONAISE
CHAPITRE II: ORGANES ET MECANISMES DE STRUCTURATION POLITIQUE ET MILITAIRE
CHAPITRE III : LE PUTSCH MILITAIRE DE 1964 ET REFORMES MILITAIRES
CHAPITRE IV: L’ARMEE AU PRISME DU POUVOIR POLITIQUE D’ALBERT BERNARD BONGO : 1968-1990
CHAPITRE V:7 IMAGE DE L’INSTITUTION MILITAIRE PENDANT LE MONOPARTISME
SECONDE PARTIE: IMPACTS DE LA PROFESSIONNALISATION DE L’ARMEE SUR L’ARMEE ET CONSEQUENCES SUR LA SOCIETE ET LA NATION PRESENTATION DE LA SECONDE PARTIE
CHAPITRE VI: DYNAMIQUE DE CHANGEMENT ET DE RESTRUCTURATION DE L’ARMEE
CHAPITRE VII : DYNAMIQUE DES MOYENS OPERATIONNELS ET REAMENAGEMENTCOMPOSANTES A L’ECHELLE NATIONALE
CHAPITRE VIII: LE ROLE SOCIAL DE L’ARMEE
CHAPITRE IX : EMERGENCE D’UNE NOUVELLE DOCTRINE ET CULTURE MILITAIRE
CHAPITRE X : LIENS ARMEE-SOCIETE ET ARMEE-NATION
Conclusion

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