L’argent : la nouvelle valeur de l’ère des indépendances

L’argent : la nouvelle valeur de l’ère des indépendances

Qu’est ce qu’un roman historique ?

Le roman historique est un genre qui ne se laisse pas facilement cerner. On a longtemps tenté de le définir sans parvenir à lui trouver une définition fixe. Le grand dictionnaire du XIXème siècle de Pierre LAROUSSE le définit comme tel : « Roman historique, celui dont les personnages et les principaux faits sont empruntés à l’histoire et dont les détails sont inventés ».
Selon cette définition nous comprenons que le roman historique est un roman avec une intrigue fictive qui est rendue vraisemblable par son ancrage dans un espace et un temps réels. Le roman historique retrace donc non pas l’Histoire comme elle s’est réellement passée, au détail près, mais telle qu’elle aurait pu se passer. Il nous offre à voir les différentes possibilités de l’Histoire .En ce sens les Goncourt définissent l’histoire comme « le roman qui a été et le roman comme l’histoire qui aurait pu être »
L’Histoire est une discipline qui se charge de retracer le passé ; au moment même où elle l’écrit elle le classe, comme étant fini, mort. Le côté fictif du roman historique offre à ce passé historisé une vie au présent et même au futur .Sa capacité vivifiante lui donne la possibilité d’être plus vrai qu’un document historique. LUCAS dans Le roman historique résume bien cela « donner une vie poétique à des forces historiques qui au cours d’une longue évolution ont fait de notre vie actuelle ce qu’elle est ».

Roman et vérité historique 

Pour tenter de répondre à cette question nous allons donner une définition de ce genre par Albert CAMUS dans l’Homme révolté : Qu’est ce que le roman en effet si non cet univers où l’action trouve sa forme ,ou les mots de la fin sont prononcés .Le monde romanesque n’est pas la correction de ce monde-ci. Il s’agit bien du même monde(…)les héros ont notre langage, nos forces,nos faiblesses .Leur univers n’est ni plus beau ,ni plus édifiant que le notre, mais eux au moins courent jusqu’au bout de leur destin ,ils finissent ce que nous n’achevons jamais.
Romancer donc l’histoire c’est lui donner une issue, c’est mettre un point final pour pouvoir tirer des conclusions .La fiction donne un cadre à l’Histoire et nous donne une vue d’ensemble sur elle .De la sorte nous pouvons mieux la comprendre, nous pouvons en tirer une morale.
Le recours au roman pour écrire l’histoire suppose aussi que l’Histoire n’est plus objective. l’Histoire écrite par les historiens admet rarement la divergence. Les historiens choisissent parmi les versions racontées concernant le déroulement d’un fait celle qui leur paraît le plus se rapprocher de la réalité .Ils s’entendent sur une version , il la diffusent et l’inscrivent dans les archives de l’histoire officielle . Celle-ci sera racontée, écrite, étudiée longtemps .De simple version elle devient une vérité incontestable, une réalité absolue .Mais alors quel serait l’intérêt de consacrer des études à une telle histoire ? Une étude inclut des questions, des doutes, une remise en question. L’histoire dite objective est une histoire fermée, qui refuse le doute et le questionnement.

Rites de passages et la construction d’une identité sociale et culturelle 

Pour Fabrice Hervieu-Wane : Les rites de passage ont toujours été, dans les sociétés du sud, comme d’ailleurs dans les sociétés occidentales, un mode de transmission pour faire grandir la jeunesse et la faire passer à l’âge adulte. A côté de l’éducation offerte par les familles et de l’instruction donnée par l’école, le rite de passage représente un mode de transmission originale fondé sur l’expérientiel, sur la traversée d’une expérience .
Le rite de passage est une expérience difficile, qui vise à faire grandir l’enfant et à le préparer au monde des adultes. ces adultes constituent la communauté .Réussir son rite de passage c’est avoir le droit d’adhérer à ce cercle et avoir ainsi une appartenance sociale, une identité plurielle.
Ainsi notre héros est confronté à un rite de passage, de jeune adolescent, il va passer à l’âge adulte .Il aura enfin son mot à dire et une place dans la djemaa. Son avenir au sein de la société dépend de la réussite de sa quête « sacrée ». Cette expérience va en effet faire grandir le garçon , puisqu’il découvre le monde dans son étendue, il voit autre chose que son village au « frontières invisibles ».Ce rite de passage va faire bien plus que mener le héros d’un âge un autre ,il va carrément l’amener de l’état de vie à celui de mort. Il dit dans l’excipit du livre :« Je suis certain que le plus mort d’entre nous n‘est pas le squelette de mon frère qui cliquette dans le sac avec une allégresse non feinte.

Le rôle de la mémoire collective dans la préservation de l’Histoire 

Le héros /narrateur ,tend à apporter sa contribution pour éveiller la mémoire collective, en effet le roman raconte le présent, c’est-à-dire la période postcoloniale, mais cela non sans opérer un retour vers le passé,(la révolution ).Le narrateur se souvient de son frère ,des comportements des gens durant la guerre .Il confronte l’Histoire en cours d’écriture à ses souvenirs purs d’enfance. Ses souvenirs lui permettent de voir clairement les changements majeurs qu’il y a eu entre ces deux périodes pourtant très rapprochées dans le temps .
Le narrateur use donc de sa mémoire individuelle pour reconstituer le passé et convoque ainsi la mémoire collective ;il sait que la vérité ne peut être instaurée que si la mémoire collective est reconstituée
Pour CANDAU Joël, dans Anthropologie de la mémoire, l’Histoire et la mémoire ont un but en commun ; elles veulent préserver le passé de l’oubli. Mais elles sont différentes sur quelques points: l’Histoire est objective, elle met le passé à distance afin de pouvoir l’étudier . La mémoire est subjective, elle se fusionne avec le passé et fond en lui. l’Histoire c’est ce qui est écrit par les historiens :des personnes détachées de l’événement, donc qui n’en sont pas des témoins .Leurs seuls appuis sont les faits approuvés par tous, et souvent admis par le camp qui est sorti vainqueur. Ne dit-t-on pas que l’histoire est écrite par le vainqueur ?

Une fusion de l’imaginaire et de la réalité

Le roman est un mélange entre des éléments fictifs et réels .Les meilleurs romans sont ceux qui réussissent un mélange subtil entre ces deux composantes.
Les chercheurs d’os est un mélange entre fiction et Histoire. C’est « la mise en intrigue » de la réalité. Il emprunte au réel un cadre spatio-temporel. En effet l’histoire se déroule dans un village, en Algérie .L’espace temporel est celui des années postindépendance. Ce roman retrace l’impasse dans laquelle s’est trouvé plongé le pays au lendemain de la guerre de libération .Durant cette période il y a eu une rupture avec les principes révolutionnaires, ils ont été enterrés avec les martyres de la guerre, pour laisser place à la rapine ,à la falsification de papiers ,aux prêches de faux dévots et aux discours de faux patriotes. Les documents historiques de l’époque en témoignent .Moustapha LACHERAF en parle dans Algérie Nation et Société :« De compromis en compromis, nous en sommes arrivés là, de déviation en déviation, nous avons laissé loin derrière nous les principes de la révolution qui sont aujourd’hui lourdement hypothéqués par le fait même que les clientèles politiques »
Les événements sont d’inspiration historique , mais ils sont romancés .Pour être un discours historique ce roman manque de précision ,de détails : on a pas la date exacte du déroulement des événements, on sait qu’ils appartiennent aux premières années de l’indépendance ,mais on ne sait pas exactement quand ils ont eu lieu.

 

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Entre mémoire, Histoire et fiction : repères et cadrage théorique
Introduction
Chapitre I : Du roman historique à l’écriture de l’Histoire
1. Qu’est ce que le roman historique ?
2.Roman et vérité historique
Chapitre II : Identité sociale et mémoire collective
1.Rites de passage et la construction d’une identité sociale et culturelle
2.Le rôle de la mémoire collective dans la préservation de l’Histoire
Chapitre III : Une fusion de l’imaginaire et de la réalité
Conclusion
Deuxième partie : Etude narratologique
Introduction
Chapitre I :Le rapport des personnages à l’Histoire
1. Le personnage /narrateur et le poids du souvenir
2. Le frère du narrateur : l’incarnation des valeurs révolutionnaires
3. Rabah Ouali : symbole de l’ère des indépendances
Chapitre II : Le temps : pour une circularité temporelle
1. Linéarité et analepses
2. L’ellipse entre le dit et le non dit
3. Le temps figé ou l’expression de l’impasse
Chapitre III : L’espace : entre libération et aliénation
1. Le village comme espace d’incarcération
2. La mémoire comme espace de liberté
Conclusion
Troisième partie : investissement thématique et procédé d’écriture
Introduction
Chapitre I : L’ironie : entre le dit et le sous-entendu
1. L’ironie de la situation
2. L’ironie verbale
Chapitre II : L’argent : la nouvelle valeur de l’ère des indépendances
1. La mort : un commerce rentable
2. L’instrumentalisation de la religion
Chapitre III : Le soleil comme actant
1. un présent aride
2. une douceur d’antan
Conclusion
Conclusion générale

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