L’architecture internationale de la conservation de la biodiversité

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L’analyse de la construction scientifique de l’expertise

Cette analyse (chapitre III) doit beaucoup au projet que j’avais initialement développé en 2009 avec le secrétariat GRASP du PNUE, lorsque j’étais le directeur international de la Fondation PanEco. Le développement d’un rapport scientifique sur l’orang-outan et le bien-être humain était au cœur de ce projet, publié par le PNUE en 2011 sous le titre « Les orangs-outans et l’économie de la gestion durable des forêts à Sumatra »73.
La version initiale de ce rapport a été réalisée sous ma direction. Ceci m’a conduit à mobiliser une équipe de trois cartographes pour élaborer les cartes digitales qui décrivent la valeur de l’écosystème de l’habitat forestier de l’orang-outan de Sumatra, ainsi que les menaces pesant sur cet écosystème. Certaines de ces cartes sont présentées dans le chapitre III. Ce rapport m’a aussi conduit à coordonner les primatologues occidentaux reconnus pour leur expertise sur l’orang-outan de Sumatra, afin qu’ils contribuent à l’élaboration du texte scientifique. Ce travail m’a amené à questionner la science élaborée sur l’orang-outan de Sumatra et sur son habitat. Ces interrogations initiales sur chaque type d’expertise scientifique ont alors été analysées dans cette thèse en reprenant systématiquement tous les articles scientifiques disponibles et en les analysant selon une grille pour chaque indicateur clef. Les publications des primatologues sont relativement faciles d’accès sur le site Internet de l’IUCN ou dans les revues scientifiques traitant de la conservation (Biological Conservation, Biodiversity Conservation, The Association for Tropical Biology Conservation, Molecular, Biology Conservation, Oryx, le journal Fauna & Flora International, Plosone, un journal libre d’accès en ligne en note).

L’analyse du système d’acteur pour l’application du droit

L’analyse du développement et de la mise en œuvre des politiques et du droit liés à la préservation de l’orang-outan de Sumatra et de son habitat (chapitre IV) relève de l’étude des WICH S. et al. (Eds.) Orangutans and the Economics of Sustainable Forest Management …op.cit. jeux d’acteurs décrivant un système organisé au niveau du territoire des orangs-outans de Sumatra, c’est-à-dire les province d’Aceh et de Nord Sumatra.
En tant que directeur international de la Fondation PanEco, je m’y suis rendu entre deux et quatre mois par an, de 2007 à 2011 inclus, pour rencontrer les différentes parties prenantes liées au conflit de l’allocation du territoire de l’orang-outan de Sumatra à des concessions de palmiers à huile. Ceci concerne en particulier la forêt tourbeuse de Tripa, qui abrite les plus grandes densités d’orangs-outans au monde et qui est menacée par l’extension de grandes concessions de palmier à huile de plusieurs milliers d’hectares chacune. Cette expérience m’a permis d’élaborer la cartographie des ressources (information, finances, projets, accès aux médias, lien avec d’autres acteurs), contraintes (règles plus au moins formelles) pour chaque acteur dans ce système. Cette analyse a été doublée par des entretiens avec les principaux acteurs de chaque catégorie, soit un total de 22 institutions74.
Les positions des organisations de conservation sur la sauvegarde de l’orang-outan de Sumatra et de son habitat sont aussi souvent reprises sur leur site Internet et par les médias, qui sont ainsi deux sources importantes pour comprendre la rationalité de cet acteur. Pour les médias, les principales sources d’information sont en Indonésie, comme Kompas (en indonésien), Jakarta Globe et The Jakarta Post (les deux en anglais). En Grande-Bretagne, il s’agit par exemple de The Guardian, The Independent, Daily Mail. Ces travaux sont aussi souvent repris et analysés dans les journaux électroniques REDD-Monitor et Mongabay.

L’analyse de l’opérationnalisation de la RSPO

Pour analyser la contribution des organisations de conservation dans la RSPO (chapitre IV) à travers l’application des trois indicateurs-clefs que sont la participation, la transparence et la conservation de la biodiversité (principe 5), cette étude bénéficie tout d’abord de ma participation aux réunions annuelles de la RSPO et à ses assemblées générales entre 2006 et 2011, où je représentais la Fondation PanEco. A ce titre, en 2008, j’ai soumis à l’assemblée générale une proposition (resolution) pour stopper la destruction de la forêt tourbeuse de Tripa par les exploitions de palmiers à huile. Cette décision fut entérinée. Mon rôle m’a permis d’obtenir les informations détaillées sur les différentes formes d’engagement des organisations de conservation ainsi que d’analyser les relations entre les différentes catégories d’acteurs sur la chaine d’approvisionnement de l’huile de palme. J’ai aussi pu directement observer l’institutionnalisation de la RSPO, en particulier l’élaboration du système permettant une plus grande transparence, et l’évolution des différents groupes de travail liés à la conservation de la biodiversité, participant d’ailleurs directement à certains d’entre eux.
Lors des 49 entretiens semi-directifs, j’ai inclus une section qui traitait directement de la RSPO, que l’organisation soit membre ou non, car même les non membres peuvent être engagés avec la RSPO. De plus, certaines de ces enquêtes75 se sont déroulées en raison de leur intérêt spécifique pour l’étude de la RSPO dans cette thèse.
Ces informations ont été replacées dans un contexte plus général par une analyse quantitative détaillée de l’évolution historique de chaque catégorie d’acteurs disponible sur le site de la RSPO et par une analyse de l’évolution des tonnages et des surfaces plantées en Indonésie. Cette analyse quantitative offre l’avantage de dépolitiser le débat et de présenter les informations sur la participation, la transparence et l’impact dans un contexte objectif plus général, une perspective qui, jusqu’à présent, n’avait pas été abordée dans la littérature disponible.

L’avènement d’un référentiel de gestion des services écosystémiques au niveau international depuis 2010

La COP10 de Nagoya en 2010 a été l’occasion de tirer un bilan sévère de l’impact des efforts de la communauté mondiale pour conserver les espèces et leur espace sur la première décennie du XXIème siècle. Elle a aussi été l’opportunité de comprendre les causes du dysfonctionnement et de proposer un nouveau modèle international de conservation.
Les objectifs globaux de conservation n’auraient pas été atteints pour deux raisons complémentaires. En premier lieu, les agents (secteur privé, gouvernements, communautés locales) de la destruction et les secteurs liés directement (par exemple agricole, forestier, pêche) ou indirectement (par exemple énergie, industrie, tourisme, transport et finance)144 à cette perte en espèces et en espaces n’ont pas été pris en compte dans les programmes d’action. Le bilan considère que la contribution de la biodiversité à l’économie n’a pas été appréciée à sa juste valeur, les services écosystémiques qu’ils fournissent ont été considérés comme sans valeur économique ou financière.
En second lieu, les moyens ont été insuffisants pour atteindre les objectifs affichés. Comme l’explique un fonctionnaire international, les aires protégées sont la dernière chose pour laquelle les pays receveurs d’aide débloquent des fonds. « le business model des aires protégées est en totale faillite »145.
Les efforts à réaliser ont donc implicitement été laissés aux organisations de conservation et aux Etats donateurs. Mais, la logique du don de bienfaisance (Charities) associée à la rhétorique de l’urgence146 pour sensibiliser le public au nord147 et capter leurs fonds a montré ses limites. Comme l’explique une des associations de conservation « un des problèmes de fond est que nous avons des cycles médiatiques très courts aux USA ou en Europe ou en Australie ou partout ailleurs, donc, si vous ne pouvez pas fixer l’attention sur une question, les gens s’en lassent. C’est très difficile de continuer à encourager les gens à y adhérer et à la soutenir »148. Il s’est avéré impossible de mobiliser des crédits suffisants et un soutien politique nécessaire pour s’opposer durablement à la logique capitaliste d’exploitation des ressources.
Prenant acte de ces déficiences, les Etats membres de la CDB se sont mis d’accord sur un nouveau plan stratégique pour la période 2011-2020 à la COP10 de Nagoya. Ils ont fixé les 20 objectifs d’Aichi »149 et ont mis l’accent sur les moyens nécessaires pour atteindre cette ambition qui ont été inclus comme des objectifs à part entière : la réactualisation des plans nationaux (Objectif 17), la prise en compte des communautés locales (objectif 18), le renforcement de la base scientifique de décision (Objectif 19) et la mobilisation de nouvelles ressources financières (objectif 20)150. Plusieurs de ces objectifs concernent directement la conservation de la forêt tropicale151. De manière cohérente avec ce plan, le référentiel de « conservation radicale », qui avait dominé la conservation depuis ses origines, s’est vu remplacé au niveau global par un référentiel de « gestion des services écosystémiques » composé d’une triple dimension : cognitive avec l’idée d’un développement durable basé sur une économie verte, normative avec la mise à prix de la biodiversité (commodification) et instrumentale avec des plans de gestion appuyés sur une approche scientifique. Ce nouveau référentiel peut être qualifié de (néo)libéral » pour deux raisons : d’abord, au niveau institutionnel, il s’inscrit dans la mise en place d’un ordre mondial de marché qui implique la transformation des modes d’action et des institutions publiques152, ensuite, au niveau individuel, il impose la logique de marché comme la seule réalité concevable dont la population devrait intégrer la norme153. L’éducation du public est d’ailleurs le premier objectif du nouveau plan stratégique.
Ce référentiel de gestion des services écosystémiques entérine une vision utilitaire de la conservation. La diversité biologique est le fondement du fonctionnement des écosystèmes qui délivre des services essentiels au bien être humain. Il s’agit donc de prendre des mesures politiques afin d’assurer la résilience des écosystèmes, ce qui garantirait la pérennité des services écosystémiques.
Deux types d’instruments complémentaires visent à transcrire ce référentiel en programme d’action et de gestion : la quantification économique des services fournis par la biodiversité et la connaissance scientifique pour justifier la rationalité des décisions adoptées.

Recours à la valorisation économique de la biodiversité

L’idée d’une appréciation de la valeur de la biodiversité pour l’être humain est une préoccupation de longue haleine des Nations Unies. En 2000, son Secrétaire général commandite « l’Evaluation des écosystèmes du millénaire » (Millenium Ecosystem Assessment)154. Réunissant 1000 experts des domaines socio-économiques et environnementaux d’une cinquantaine de pays, le rapport est publié en 2005. Il démontre que les écosystèmes fournissent trois grandes catégories de services fondamentaux au bien être humain : les services de provision,155 de régulation156et les services culturels157.
Outil pédagogique qualitatif, cette évaluation ne rencontre cependant que peu d’écho internationalement. La raison principale serait le désintérêt des décideurs politiques en raison de l’absence d’un argumentaire économique. En 2006, le nouveau Directeur du PNUE, Achim Steiner, un économiste Allemand précédemment Directeur général de l’UICN reprend ce travail et établit le programme « Economie des écosystèmes et de la biodiversité » (The Economics of Ecosystems and Biodiversity – TEEB) au sein de la « Branche service économie et commerce » (Economics and Trade Branch). Financé initialement par l’Allemagne, ce programme a comme objectif de montrer les bénéfices économiques globaux de la biodiversité et des services des écosystèmes associés. Pour apprécier plus justement la valeur de la biodiversité, il s’agirait de développer de nouveaux marchés liés à celle-ci lorsque c’est possible, en appliquant le concept de Payement pour services écosystémiques » (Payement for Ecosystem services). Le concept de « commodification » rend compte de cette démarche considérant « l’expansion du marché dans des domaines où il n’était pas présent avant, et le traitement de n’importe quel objet ou processus comme s’il était une commodité “échangeable”. La commodification implique la transformation conceptuelle et le traitement opérationnel de biens et de services dans des objets qui peuvent être négociables. La commodification des services écosystémiques désigne l’inclusion de nouvelles fonctions de l’écosystème en des systèmes de prix et des relations de marché »158.
Le programme TEEB est placé sous le leadership de Pavan Skhudev, le responsable des marchés internationaux à la Deutsche Bank qui prend un congé sabbatique pour assurer cette mission. L’Allemagne a présenté les résultats intérimaires de TEEB à la COP9 en 2008 qu’elle a organisée à Bonn. Si les premières évaluations économiques de la biodiversité datent de 1973159, c’est la première fois que ce concept est porté au sommet d’une institution internationale.
TEEB reçoit un écho très positif en démontrant que le maintien des écosystèmes et de la biodiversité seraient l’option la moins onéreuse pour maintenir le bien être humain160. Cette approche économique permet de rationaliser les décisions liées à la biodiversité. Achim Steiner résume cette pensée : « Un certain nombre d’ONG disent quelque chose comme plus d’écologie et moins d’économie. Emotionnellement, je sympathiserais avec cela. Mais, rationnellement, je dirais plus d’écologie et plus d’économie, c’est ce que nous devrions chercher…nous ne devrions plus accepter cette idée que nous devons détruire la planète pour être une société de bien-être »161. Les autres grands pays donateurs en matière de conservation rejoignent l’Allemagne162. L’édition globale finale de TEEB est présentée à la COP10 de Nagoya, puis déclinée sous différentes formes pour chaque public-cible : le secteur privé163, le pouvoir politique national164, le pouvoir politique local165 et même le citoyen166. TEEB devient également une référence pour les travaux du PNUE sur « l’ Economie verte » (Green economy) entrepris par la même branche peu après avec des donateurs similaires. Pour le PNUE, « l’Economie verte»
est une économie qui entraine une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. Sous sa forme la plus simple, elle se caractérise par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle et l’inclusion sociale »167.

La science comme moyen d’arbitrage au service du politique

Parallèlement au développement de son programme économique, le PNUE a cherché à renforcer ses bases scientifiques dans le domaine biologique avec l’idée de rationaliser les décisions politiques. Après cinq ans de négociations intergouvernementales, le PNUE a ainsi créé en 2012 la « Plate-forme intergouvernementale pour la biodiversité et les services des écosystèmes » (Intergovernmental Plateform on Biodiversity and Ecosystem Services – IPBES) sur le modèle du « Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques » ou GIEC (Intergovernmental Panel on Climate Change – IPCC), le bras scientifique des négociations climatiques créé en 1988.
Son objectif consiste à générer une information scientifique utile pour les décideurs politiques. Cette « information scientifique crédible et indépendante qui tient compte des relations complexes entre la biodiversité, les services écosystémiques et les êtres humains »168 vise à aider les donneurs d’ordre (à l’échelle internationale, nationale et locale) à adopter et à faire appliquer les politiques publiques adéquates169. Cette plate-forme vise également à structurer la communauté scientifique pour mieux comprendre les attentes de ces donneurs d’ordre et « leur fournir une information pertinente »170.
IPBES a établi son siège à Bonn171 consacrant le rôle de l’Allemagne dans sa création.172. Son mécanisme de financement est un fonds d’affectation spécial qui est alimenté par des capitaux venant des Etats membres et des autres parties prenantes, comme les fondations et le secteur privé. Les experts nommés par la centaine d’Etats qui ont jusqu’à présent signé la résolution entérinant IPBES prennent les décisions par consensus. Les autres parties prenantes, en particulier les institutions intergouvernementales et les organisations de conservation, participent en tant qu’observateurs.
L’UICN et International Council for Science173 facilitent l’engagement des acteurs non gouvernementaux. A l’invitation des gouvernements, ils ont développé « une stratégie d’engagement des parties prenantes »174 et l’UICN facilite un forum de discussion sur IPBES dont le but est de comprendre « le rôle que peut jouer la société civile pour façonner IPBES et définir ses objectifs ».175 Plus généralement, l’UICN s’investit fortement dans le développement d’IPBES. Il facilite la participation des membres de son réseau,176 pour que leurs perspectives soient prises en compte. Il offre aussi directement son assistance à IPBES pour générer « les produits » dont il aurait besoin et propose d’y jouer « un rôle significatif »177 en générant la connaissance nécessaire, en évaluant, en développant les compétences et en soutenant ces structures178.
IPBES présente en effet une opportunité, mais aussi une menace pour l’UICN en raison du parallélisme frappant179 entre ces deux institutions, et donc de leur compétition probable. La différence la plus notable réside dans le fait que l’UICN est un réseau d’organisations de conservation avec un épicentre occidental. Au contraire, le réseau d’experts d’IPBES est composé des représentants de chaque Etat membre des Nations Unies, il est donc dominé par les Etats du Sud possédant les espèces charismatiques qui sont l’enjeu de la conservation.

Facteurs et acteurs de l’émergence de GRASP

Ian Redmond comme catalyseur

Il est toujours délicat d’attribuer l’origine d’un programme à une personne. Ce sont en effet souvent des échanges entre des acteurs concernés par un même enjeu qui constituent le préalable à la naissance d’actions organisées dont l’opportunité du moment est déterminante. Dans le cas de GRASP, on peut voir en Ian Redmond l’agent catalyseur de la naissance de GRASP.
Ian Redmond est un Anglais qui dispose d’une trentaine d’années d’expérience en Afrique équatoriale, et tout particulièrement pour la conservation des gorilles. Il est le fondateur et le président d’Ape Alliance, une « coalition internationale d’organisations et d’individus qui travaillent pour la conservation et le bien être des grands singes »184, soit une trentaine d’associations, essentiellement britanniques.
Pour comprendre les fondamentaux de cette coalition, il faut remonter à ses origines. En 1996, un groupe de conservationnistes décida d’établir une plate-forme de revendication pour arrêter le trafic international de la viande sauvage, le bush meat trade, qui venait d’Afrique à destination de l’Europe. Ce sujet venait de capter l’attention de différentes organisations de conservation après la diffusion du documentaire à sensation de Karl Ammann qui montrait des gorilles dépecés au Cameroun. Ce documentaire reçut le prix Dolly Green aux Genesis Awards en 1997, décerné par la Humane Society of the United States, la plus importante organisation mondiale de bien-être animal avec un budget annuel de près de 200 millions de dollars185.
Initialement appelé le UK Ape Group, suivant le modèle de deux groupes de lobbies thématiques similaires pour la conservation des éléphants (UK Elephant group) et des rhinocéros (UK Rhino Group), ce collectif changea son nom en Ape Alliance dans l’espoir de devenir une coalition d’envergure mondiale. On peut distinguer deux types d’organisations de conservation constituant Ape Alliance : certaines liées au bien-être animal et d’autres liées à la conservation des grands singes.
Le premier type d’organisations186 dénonce l’utilisation d’animaux sous toute forme, comme l’expérimentation ou l’utilisation pour les loisirs, qui pourrait avoir un impact sur l’intégrité physique ou mentale de l’animal. Leurs principaux soutiens sont le public de l’hémisphère nord et elles ne réalisent que peu de projets dans les pays en développement. Ces organisations, par leurs principes fondateurs, se heurtent de front au référentiel dominant, où la gestion de la biodiversité est centrée sur les besoins de l’homme, comme l’illustre l’International Fund For Animal Welfare (IFAW), une organisation mondiale pour le bien-être animal187. Au début du XXIème siècle, IFAW a mené avec succès une campagne qui a conduit à l’interdiction de la chasse à courre en Grande-Bretagne. Cependant, suite à cette action, les membres d’UICN réunis en Assemblée générale en 2008188 votèrent contre son intégration considérant que sa mission ne s’alignait pas sur les objectifs d’UICN en termes de défense des droits des peuples autochtones à la chasse et des politiques de gestion durable des ressources.
Le second type d’organisations se préoccupe de la conservation des grands singes189 et de la biodiversité en général dans les pays où ils existent à l’état sauvage. Ces organisations se trouvent confrontées aux réalités du terrain et au discours sur la gestion durable de la biodiversité qui prédomine dans ces pays. Ils ont donc un discours beaucoup moins radical que la première faction composant Ape Alliance.
Bien que différentes, ces deux catégories d’organisations convergent autour du même référentiel de « conservation radicale » et entretiennent des relations également ambivalentes avec les questions du bien être animal et de l’anthropocentrisme. En effet, différentes organisations de conservation liées à Ape Alliance sont dirigées par des primatologues eux-mêmes liés à différents centres universitaires consacrés à l’anthropologie. Ils financent des études sur les grands singes en présumant que leur étude comparée permettrait de comprendre l’origine de certaines caractéristiques (par exemple sociabilité, sexualité, aptitudes cognitives) chez l’être humain. C’est par exemple le cas des centres d’anthropologie de Harvard, de Leipzig et de l’ETH à Zurich tous dirigés par des primatologues qui ont des liens étroits avec des associations membres d’Ape Alliance, respectivement le Great Ape World Heritage Species Project, le Wild Chimpanzee Foundation et la Fondation PanEco.

Un écho favorable auprès du PNUE

En avril 2000, en marge de la réunion de la COP11191 de la CITES qui s’est tenue à Nairobi, au siège du PNUE, Ian Redmond soumet l’idée de GRASP à Klaus Töpfer le Directeur exécutif du PNUE. La stratégie initiale de GRASP prévoit de mobiliser des « Envoyés spéciaux des Nations Unies pour la survie des Grands singes » (UN Special Envoy for Great Apes). Il s’agit d’utiliser des figures publiques pour sensibiliser le public au sort des grands singes, mobiliser de l’argent du Nord et exécuter des programmes de conservation dans le Sud. Cette démarche reproduirait celle des envoyés spéciaux des Nations Unies pour la sensibilisation du public au sort des rhinocéros192 au début des années 1990 lorsque leur nombre avait décliné de manière catastrophique193.
Klaus Töpfer se révèle enthousiaste et lance un an plus tard, en mai 2001, le Projet pour la Survie des grands singes, le Great Apes Survival Programme194 – GRASP, un mot fort en anglais puisqu’il signifie « saisir », dans le sens de comprendre. Le PNUE crée une unité GRASP au siège du PNUE à Nairobi. L’unité dépend de la Division des conventions environnementales, une des huit divisions dont l’ensemble forme la structure opérationnelle du PNUE (voir illustration 6).
En terme de moyens pour cette unité, Mélanie Virtue, une des rares primatologues travaillant aux Nations Unies est nommée à sa direction. Son poste est financé via le budget général des Nations Unies, ce qui lui assure la stabilité du poste quel que soit la situation financière du PNUE. Cette unité va s’auto-constituer comme secrétariat du partenariat (nommé donc secrétariat GRASP/PNUE ultérieurement).

Le rôle décisif de la communauté des primatologues

Le terme « primatologue » dans cette thèse désigne des scientifiques, plus exactement des biologistes, qui tirent leur moyen d’existence de l’étude ou de la conservation des grands singes. Ces scientifiques ont une formation académique plus ou moins similaire, puisée dans un nombre réduit de centres universitaires occidentaux, et consacrent leur vie aux grands singes à l’état sauvage. Les primatologues forment une organisation informelle basée sur des liens interpersonnels, sur des collaborations souvent anciennes et unies autour d’un même objectif de conservation des espèces de grands singes.
Les primatologues ont établi des réseaux transversaux entre leurs organisations pour des actions de plaidoyer (à travers Ape Alliance) et pour l’expertise scientifique (à travers le groupe de spécialistes des primates d’UICN, en tant que membres de la Société internationale de primatologie ou à travers la recherche inter-universitaire). Même si elle est peu structurée formellement, la communauté des primatologues est très puissante, car très soudée et ses membres occupent des positions stratégiques : ils dirigent la plupart des organisations liées à la conservation de grands singes199, des laboratoires de recherche scientifique sur les grands singes200 et assurent le secrétariat GRASP/PNUE. Cette situation est vécue comme une exclusion pour les autres acteurs qui ne font pas partie de cette communauté de primatologues. Comme l’explique ce conservationniste de terrain basé en Indonésie avec plus de 30 ans d’expérience : Les scientifiques [les primatologues] ont le monopole. Même s’il sort de l’école, on va écouter un scientifique qui a un doctorat. L’idée reçue est que la conservation doit être gérée par des scientifiques qui ont un Phd [doctorat]. C’est l’impression que j’ai eue. On n’écoute jamais ce que je dis…. Je ne suis pas dans le cercle. Je ne fais pas partie du club »201.

L’UNESCO enrôlé pour son statut d’organisation internationale

En 2002, l’UNESCO rejoint GRASP. Le PNUE et l’UNESCO forment ainsi conjointement le Secrétariat » de GRASP. La présence de l’UNESCO permet de renforcer la visibilité internationale de GRASP et d’en élargir le champ des raisons justifiant la nécessité de son existence. La conservation des grands singes est également présentée comme une nécessité pour l’humanité. Le discours de GRASP évolue en ce sens : « Les habitats des grands singes sont vitaux pour l’être humain, comme source de nourriture, d’eau, de médicament, de bois, et comme régulateur de notre climat changeant. Les grands singes jouent un rôle clef pour maintenir la santé et la diversité des forêts tropicales, en dispersant les semences, en créant des trouées dans la canopée forestière qui permet aux plantules de grandir et de s’épanouir»202. Dans ce nouveau contexte, GRASP se fixe en 2002 « comme objectif immédiat d’enlever la menace imminente d’extinction qui pèse sur les bonobos et les gorilles, ainsi que les menaces sérieuses sur les chimpanzés et les orangs-outans. Ensuite, notre mission est de conserver des populations sauvages viables de chaque espèce de grands singes, et de s’assurer que leur interaction avec les humains est à la fois mutuellement positive et durable».203
Cette approche universelle donne une nouvelle stature à GRASP, qui est reconnu comme Partenariat du Type II » lors du Sommet mondial sur le développement durable (SMDD) de Johannesburg de 2002, ce qui signifie qu’il est reconnu mondialement comme un moyen pratique pour contribuer aux « Objectifs de développement du millénaire »204. Comme l’explique un des directeurs du PNUE, l’UNESCO constitue une caution forte pour renforcer la légitimé de GRASP :
L’originalité de GRASP, c’est que l’UNESCO et le PNUE constituent un secrétariat conjoint. […] Politiquement, nous les gardons au secrétariat [de GRASP], parce que cela fait bien »205.
Le second intérêt d’enrôler l’UNESCO est que cette organisation dispose d’une implantation dans chaque pays, ce qui constitue un atout de taille dans les pays possédant des populations naturelles de grands singes et où l’accès aux institutions est parfois difficile206. Dans ce contexte, la connaissance interpersonnelle des décideurs politiques nationaux est une ressource précieuse. La République démocratique du Congo (RDC) en est un bon exemple. Elle possède cinq sites inscrits à la Convention du patrimoine mondial207 qui abritent des populations de grands singes. L’UNESCO est parvenu à maintenir des contacts étroits avec le gouvernement, en dépit des guerres, grâce à une présence dans ce pays et des relations interpersonnelles de longue date avec le personnel du siège de l’UNESCO à Paris.
Le troisième intérêt est que l’UNESCO a établi depuis longtemps des liens stratégiques avec certains pays donateurs. En effet, la presque intégralité du financement de l’UNESCO pour la protection des sites de la Convention du patrimoine et des réserves de biosphères émane de l’aide bilatérale venant d’un nombre réduit de pays, en particulier de l’Espagne. Ces donations sont souvent accordées sans critère prédéterminé, en fonction des liens historiques établis et selon des besoins du moment propres à chaque site. L’allocation des fonds privilégie donc les négociations interpersonnelles de confiance, ce qui favorise potentiellement une sorte de clientélisme. Un directeur de l’UNESCO résume ainsi la situation :
Je sais, ces choses [l’accès au fond] ne semblent pas très bien coordonnées, mais c’est la vie réelle des relations internationales parce que les organisations du système des Nations Unies ont le pouvoir de réunir [les parties prenantes] et ils l’usent pour créer un cadre de coopération. Mais les moyens financiers, les moyens financiers techniques et parfois même les humains qui sont nécessaires pour mobiliser efficacement ou opérationnaliser ce partenariat sont chez le donateur, ou au sein de groupes comme l’Union européenne ou la Banque mondiale. Donc, ces moyens peuvent ou pas passer par les Nations Unies »208.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1: LA GOUVERNANCE INTERNATIONALE DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ
1. L’architecture internationale de la conservation de la biodiversité
1.1. Les Conventions internationales sur la biodiversité
1.2. Le fonctionnement formel des conventions internationales sur la biodiversité
1.3. Le rôle de la Convention sur la diversité biologique et le fonctionnement formel de la gouvernance internationale de la conservation des espèces
2. Le fonctionnement pratique de l’édifice international de la conservation de la biodiversité jusqu’en 2010
2.1. Historique du mouvement de conservation des espèces et ses conséquences contemporaines
2.2. Le fonctionnement pratique de la conservation des espèces
3. L’avènement d’un référentiel de gestion des services écosystémiques au niveau international depuis 2010
3.1. Recours à la valorisation économique de la biodiversité
3.2. La science comme moyen d’arbitrage au service du politique
4. Conclusion sur l’architecture internationale de la conservation de la biodiversité
CHAPITRE 2 : UNE INITIATIVE STRATÉGIQUE DES ORGANISATIONS POUR LA PROTECTION DES GRANDS SINGES, LE GRASP – GREAT APES SURVIVAL PARTNERSHIP
1. GRASP comme accord international au service des organisations de conservation
1.1. Facteurs et acteurs de l’émergence de GRASP
1.1.1. Ian Redmond comme catalyseur
1.1.2. Un écho favorable auprès du PNUE
1.1.3. Le rôle décisif de la communauté des primatologues
1.1.4. L’UNESCO enrôlé pour son statut d’organisation internationale
1.1.5. L’enrôlement des pays donateurs
1.1.6. L’association ambigüe des pays de l’aire de répartition
1.2. L’organisation de GRASP au bénéfice des organisations de conservation
1.2.1. La création du comité exécutif intérimaire
1.2.2. La caution d’une commission scientifique
1.2.3. Le travail d’institutionnalisation de GRASP en un accord international
1.2.4. Une dynamique politique privilégiant une cooptation interpersonnelle
1.2.5. Un contrôle des flux financiers et de faibles gains additionnels
1.2.6. Le développement d’une argumentation scientifique
1.2.7. La dynamique communicationnelle et le rapport aux médias
1.2.8. Conclusion : dans sa première phase, GRASP comme garant du référentiel de « conservation radicale »
2. GRASP II : vers une conversion des organisations de conservation au référentiel de « gestion des services écosystémiques »
2.1. Une réappropriation stratégique du référentiel de « gestion des services écosystémiques »
2.2. GRASP comme expression d’une domination gestionnaire : la réécriture d’un rapport sur l’économie forestière
2.3. Les acteurs exclus de GRASP
2.3.1. Exclusion des acteurs des pays de l’aire de répartition
2.3.2. L’adaptation stratégique des acteurs de pays de l’aire de répartition
3. Conclusion : le rôle des organisations de conservation dans le fonctionnement de GRASP
CHAPITRE III : LES ENJEUX DE PROTECTION DES ORANGS-OUTANS COMME UN CONSTRUIT SOCIAL
Introduction
1. Les orangs-outans de Sumatra et leur territoire
1.1. Les orangs-outans de Sumatra
1.1.1. La proximité de l’orang‐outan et de l’humain
1.1.2. La population historique et la situation actuelle
1.1.3. La biologie et la vulnérabilité
1.1.4. Le rôle de l’orang‐outan dans l’écosystème
1.2. Le territoire actuel de l’orang-outan de Sumatra
1.2.1. Le territoire naturel : géographie, géologie et climat
1.2.2. Le territoire actuel résulte de la combinaison de facteurs naturels et anthropiques
1.2.3. Une biodiversité exceptionnelle sur le territoire de l’orang‐outan de Sumatra
1.2.4. La faune partageant l’aire de répartition de l’orang‐outan de Sumatra
1.2.5. La flore partageant l’aire de répartition de l’orang‐outan de Sumatra
2. Construction sociale de l’espèce « orang-outan de Sumatra », du comptage des individus, de leur aire de répartition et des sites prioritaires à protéger
2.1. Le réseau des primatologues dans la construction de la connaissance
2.2. La construction sociale du comptage des individus et de l’aire de répartition
2.2.1. Le calcul de l’évolution historique du nombre d’individus
2.2.2. Deux variables de l’indicateur de comptage difficiles à établir : la densité et l’aire de répartition
2.2.3. Les cartes digitales comme outils à la fin du XXe siècle
2.2.4. La modélisation des populations comme outil du XXIe siècle
2.2.5. Le déclin de la population d’orangs‐outans de Sumatra
2.2.6. Conclusion sur le comptage des individus et de leur aire de répartition
2.3. La construction sociale de la liste des sites prioritaires à protéger comme enjeu pour la conservation
2.3.1. L’établissement de la liste des sites prioritaires
2.3.2. Les conservationnistes pris au piège de la désignation des sites
2.4. La construction sociale de l’espèce « orang-outan de Sumatra »
2.5. La construction sociale du statut « En danger critique d’extinction »
2.5.1. L’analyse du statut « En danger critique d’extinction » sur la Liste rouge de l’UICN
2.5.2. Comment interpréter l’inscription de l’orang‐outan de Sumatra dans la liste exclusive des primates en danger
2.6. L’orang-outan de Sumatra comme indicateur de la biodiversité
2.6.1. La conservation de la biodiversité comme un concept sans prise sur la réalité
2.6.2. L’orang‐outan de Sumatra comme bio‐indicateur de la santé de la forêt tropicale
2.7. Conclusion sur les effets d’imposition des indicateurs clefs définissant l’orang-outan de Sumatra
CHAPITRE IV : LES ORGANISATIONS DE CONSERVATION ET L’IMPLEMENTATION DU DROIT AU NIVEAU INDONESIEN
Introduction
1. Le fonctionnement de l’Etat indonésien dans le secteur forestier
1.1. Le fonctionnement institutionnel de l’Etat
1.1.1. Le pouvoir exécutif indonésien : un régime hyper présidentiel et des velléités séparatistes de la province d’Aceh
1.1.2. Les instruments de l’action publique
1.2. L’essor de la « forêt d’Etat » indonésienne
1.2.1. Les catégories de la « forêt d’Etat » indonésienne
1.2.2. L’établissement de la « forêt d’Etat » au coeur de la fabrication de l’Etat indonésien
1.3. L’essor économique contemporain basé sur les plantations de palmier à huile à large échelle
1.3.1. La production de l’huile de palme comme priorité politique de l’Etat indonésien
1.3.2. L’extension des surfaces en palmier à huile comme entreprise capitalistique
1.3.3. Le développement du palmier à huile sur papier encadré institutionnellement
1.3.4. L’expansion des surfaces en palmier à huile : un capitalisme moderne
1.3.5. Le détournement dans la mise en application du droit environnemental
1.3.6. Les populations locales incorporées dans le système capitalistique
1.4. Conclusion: conséquences pour l’action des organisations de conservation
2. La protection de l’orang-outan de Sumatra : les individus et leur habitat
2.1. Institutionnalisation de la protection de chaque « individu » de l’orang-outan de Sumatra
2.1.1. Les organisations de conservation soutiennent l’Etat pour qu’il applique le droit
2.1.2. Les organisations de conservation soucieuses du bien‐être de l’orang‐outan de Sumatra
2.1.3. Un référentiel de « conservation radicale » sous couvert du bien‐être animal
2.1.4. L’absence d’évaluation de la réintroduction au service du dogme conservationniste radical
2.1.5. Un référentiel de « conservation radicale » s’opposant au référentiel « d’exploitation » touristique de l’orang‐outan
2.2. La protection de l’orang-outan de Sumatra comme « espace d’habitat » à protéger
2.2.1. La protection de l’habitat de l’orang‐outan de Sumatra : période coloniale et postcoloniale
2.2.2. Le coup de génie du concept « écosystème Leuser » comme tentative de réconcilier les référentiels de « conservation radicale » et de « gestion des services écosystémiques »
2.2.3. La cooptation du pouvoir exécutif provincial dans le cadre de la décentralisation
2.2.4. Une légitimité limitée des institutions créées pour gérer l’écosystème Leuser résultant en une organisation très peu hiérarchisée
2.2.5. Les organisations de conservation soutenant l’Etat pour appliquer le droit
2.2.6. Les programmes de développement local comme contrepartie à la conservation du territoire
3. Conclusion sur la protection de l’orang-outan de Sumatra et de son territoire
3.1. L’impact limité des organisations de conservation sur la protection de l’orang-outan de Sumatra et de son territoire
3.2. L’analyse des limites de l’impact des organisations de conservation
3.3. Les accords volontaires pour dépasser la dichotomie : conservation radicale contre exploitation
CHAPITRE V : LES ORGANISATIONS DE CONSERVATION ET LES ACCORDS VOLONTAIRES DE LA RSPO
Introduction
1. Originalité de cette étude sur la RSPO
2. La participation des acteurs au sein du RSPO
2.1. La RSPO comme l’initiative de multinationales anglo-saxonnes soutenue par WWF
2.2. Des méthodes de traçabilité de l’huile de palme privilégiant le statu quo pour les multinationales en aval de la filière
2.3. La RSPO : une association contrôlée par les multinationales en aval de la production
2.3.1. Les multinationales en aval de la production
2.3.2. Les planteurs
2.3.3. Les ONG environnementales
2.3.3. Les ONG sociales
2.3.4. Les banquiers/ investisseurs
2.4. L’institutionnalisation de la RSPO
2.5. La construction de la doctrine WWF/RSPO
2.6. Conclusion et perspectives sur la participation au sein de la RSPO
3. L’Evaluation de l’opérationnalisation du principe 1 sur la transparence
3.1. Exclusivité et contrôle dans l’organe de décision : le bureau exécutif
3.2. La transparence comme principe d’action affiché
3.2.1. Une base de données en ligne permettant d’accéder au profil de chaque membre de la RSPO
3.2.2. Un accès à la consultation des permis d’exploitation
3.2.3. La transparence pour un accès au système de réclamation et de plainte
3.2.4. Effet des trois piliers du système de plaintes sur les pratiques des acteurs
3.3. Conclusion : vices et vertus de la transparence
4. L’opérationnalisation du principe 5 sur la conservation de la biodiversité
4.1. Migros précurseur d’une huile de palme durable et des principes de la RSPO
4.2. Le critère de conservation des zones de haute valeur de conservation
4.2.1. La négociation sur la définition de la biodiversité à conserver
4.2.2. L’implémentation de la conservation des zones de « Haute valeur de conservation »
4.3. Le critère d’interdiction de convertir la forêt primaire après 2005
4.4. Le critère de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, comme nouvel argument avancé par les ONG environnementales
5. Conclusion sur le rôle des organisations de conservation dans l’implémentation de la RSPO
5.1. Les failles de la RSPO liées à la conservation de la forêt et des orangs-outans
5.2. Le rôle des organisations de conservation dans la RSPO
CONCLUSION
Les organisations de conservation face à leurs contradictions
La gouvernance de la conservation de la biodiversité à un tournant
Quel avenir pour la conservation de l’orang-outan de Sumatra ?
BIBLIOGRAPHIE

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