L’apprentissage pluriannuel

Selon l’enquête PISA de 2012, la France est le 5ème pays de l’OCDE qui fait le plus redoubler ses élèves : 28% des élèves français de 15 ans déclarent avoir déjà redoublé au moins une fois. Malgré une baisse du taux de redoublement, comparé à 2009 (enquête PISA : 38% en 2009), la France reste fidèle à cette pratique historique. En effet, elle est peu contraignante au niveau réglementaire avec des critères de décision flous et une place essentielle est laissée à la famille dans la prise de décision. Le redoublement est souvent, pour l’élève et la famille, un outil stratégique pour s’assurer d’une bonne orientation. Pour les enseignants, le redoublement représente parfois, une pression sur leurs élèves, un levier sur l’image d’eux donnée à leurs collègues. Ceci conduit le redoublement à perdre tous ses objectifs pédagogiques orientés sur la réussite scolaire des élèves et à n’être plus qu’une stratégie utilisée à mauvais escient. (Rapport CNESCO, Conférence de Consensus, Lutter contre les difficultés scolaires : le redoublement et ses alternatives) .

Afin de tirer les conséquences de la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République qui a posé le principe d’une école qui ne stigmatise pas les difficultés mais accompagne tous les élèves dans leur parcours scolaire, le décret du 18 novembre 2014 modifie le code de l’éducation et proscrit le maintien en maternelle, et limite drastiquement son usage en élémentaire et au collège. Cependant, il faut donc prévoir des alternatives. Des études menées dans les différents pays de l’OCDE ayant peu recours au redoublement, ont permis de dégager différentes pistes : le looping, quand l’enseignant suit ses élèves plusieurs années ; des classes à effectif réduit ; des groupes de besoins ; des rattrapages en fin d’année, des écoles d’été…

Une autre alternative est sérieusement étudiée en France : l’organisation pluriannuelle des programmes scolaires. La loi n°89-486 du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation va déjà dans ce sens : la scolarité est organisée en cycles pour lesquels sont définis des objectifs et des programmes nationaux de formation comportant une progression annuelle ainsi que des critères d’évaluation. Pour assurer l’égalité et la réussite des élèves, l’enseignement est adapté à leur diversité par une continuité éducative au cours de chaque cycle et tout au long de la scolarité. Les cycles d’apprentissage ont ensuite été réformés et réorganisés en 4 cycles de 3 ans, par la loi de programmation et de refondation de l’Ecole de la République du 8 juillet 2013.

Les programmes de l’Education Nationale étant toujours organisés autour de cycles d’apprentissage de trois ans, cette alternative ne semble pas avoir été abandonnée. De nombreux scientifiques (psychologie, sciences de l’éducation, pédagogie…) s’accordent à dire qu’un apprentissage sur plusieurs années serait bénéfique à l’élève qui apprendrait à son rythme et cela avec moins de pression d’échéance, et une réduction des inégalités. Cependant, on peut voir, dans les études plus récentes citées ci-dessus, que la France n’est pas un bon élève : les chiffres du redoublement restent très élevés.

La question des cycles d’apprentissage pluriannuels est le sujet de prédilection de Philippe Perrenoud, docteur en sociologie et anthropologie, spécialiste des pratiques pédagogiques. Lorsque l’on se penche sur le sujet, on note très rapidement qu’il est sûrement l’auteur le plus prolifique sur le sujet et cela depuis de nombreuses années. Nous nous pencherons sur la postface de son ouvrage de 2005, Les cycles d’apprentissage. Vers une nouvelle organisation au service des élèves. Dans cette postface, intitulée « « Laisser du temps au temps » Une vision simpliste des cycles d’apprentissage pluriannuels. », Philippe Perrenoud fait une mise au point sur la définition de ces cycles d’apprentissage pluriannuels en tentant de casser les idées reçues sur le sujet. Il débute par un rappel de la finalité première de la mise en place de cette organisation pédagogique : mieux lutter contre l’échec scolaire. Selon lui, aucune « définition canonique » de cette notion de cycles pluriannuels ne fait l’unanimité. Sur un ton humoristique, Perrenoud se « gausse » des nombreuses personnes toujours attachées à une unité de base étant l’année scolaire et considérant les cycles pluriannuels comme un simple « empilement d’années ». De plus, il est conscient que l’allongement du temps d’apprentissage est vécu par certains comme un « danger, celui de se risquer dans une étendue sans horizon, en perdant tout repère ». Il s’attache aussi à démonter l’idée que les cycles « laisseraient du temps au temps » et permettraient aux élèves « d’avancer à leur rythme ». Selon lui, les cycles d’apprentissage pluriannuels permettraient d’appréhender au mieux le « processus souterrain […] qui rendra l’élève disponible pour apprendre, franchir une nouvelle étape », plutôt que de créer des blocages chez l’élève par un acharnement pédagogique. Pour Perrenoud, il est important de ne pas considérer cette organisation comme un simple éloignement des échéances, car si elle n’était que cela, elle aurait pour conséquences d’accroître les inégalités. Selon lui, s’adapter intégralement au rythme de chaque élève « accentuerait les écarts entre eux ». Les cycles sont, pour Perrenoud, une possibilité de « souplesse » si l’élève a besoin d’une « maturation » avant d’aborder d’autres notions. Perrenoud insiste sur le fait que les cycles pluriannuels ne sont pas qu’un simple allongement du temps mais sont aussi une amélioration de « la qualité et l’intensité de la prise en charge pédagogique ». Le but étant d’« oser différencier ouvertement et fortement les actions en fonction de la distance qui sépare chaque élève des objectifs de fin de cycle ».

Jean Archambault, docteur en psychopédagogie au Canada, tente d’agrémenter cette définition dans son article « L’organisation de l’école primaire en cycles d’apprentissage au Québec : un concept à préciser », extrait de Revue des Sciences de l’éducation, n° 34, publié en 2008. Dans une partie de cet article, Archambault nous fait état des différentes définitions et précisions données par les principaux théoriciens s’étant penchés sur le sujet, dont Perrenoud bien sûr. Perraudeau définit le cycle comme « un regroupement d’apprenants répondant à des attentes et des besoins intellectuels communs ». Pour Tardif, « les cycles ne constituent pas une juxtaposition d’années scolaires, mais ils deviennent un outil pour l’action pédagogique, susceptible de favoriser l’apprentissage des élèves » .

Dans son avis au Ministre de l’éducation du Québec de Novembre 2002, la Commission de l’enseignement primaire définit le cycle d’apprentissage, dans le premier chapitre « Comprendre les cycles d’apprentissage », comme « une structuration pluriannuelle du parcours scolaire des élèves qui met l’apprentissage au centre de toute action pédagogique et didactique ».

Perrenoud ayant brisé les idées reçues sur les cycles d’apprentissage pluriannuels et après l’étude des différentes définitions données par les spécialistes en la matière, on peut noter que les définitions sont très similaires. En effet, pour résumer, les cycles d’apprentissages semblent être pour tous, non pas un simple allongement du temps, mais davantage un outil pédagogique fort pour parvenir à une différenciation des situations d’apprentissage qui permettrait une meilleure réussite scolaire des élèves. Nous allons donc, maintenant, nous pencher sur les éléments essentiels au bon fonctionnement et à l’efficacité de cette nouvelle organisation scolaire.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Apports scientifiques
1- Définition des cycles d’apprentissage pluriannuels
2- Les facteurs de réussite d’un enseignement pluriannuel
3- Les obstacles
a- Une réforme floue
b- Des enseignants peu écoutés
Deuxième partie : Protocole d’expérimentation
Expérimentation en classe
I- Constat
II – Le décloisonnement en groupes de niveaux
1- Définition des groupes
a- L’évaluation diagnostique
b- La notation
c- Les résultats
2- Séquence d’enseignement
a- Séance 1
b- Séance 2
c- Séance 3
d- Séance 4
3- L’évaluation sommative
Questionnaire aux enseignants en poste
1- L’échantillon
2- Les attitudes et comportements des enseignants vis-à-vis du maintien
dans le niveau
3- Les alternatives au maintien dans le niveau
4- Un enseignement par niveau et non par âge
Troisième partie : Un enseignement pluriannuel par niveau favorise-t-il la réussite scolaire ?
1- Pour les élèves
2- Selon les enseignants
3- Selon les scientifiques
Conclusion

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