L’apprentissage du système orthographique

L’apprentissage du système orthographique

 Quelques définitions de l’orthographe

L’orthographe est une notion assez récente. Le mot se rattache à deux mots grecs : le premier signifie « écrire » et le second « correctement ». L’orthographe a longtemps été considérée « comme une discipline autonome, définie par ses leçons et ses exercices, ses règles et ses exceptions, sa dictée et ses corrections. Aujourd’hui, elle est considérée comme une composante nécessaire à la communication écrite »1. Selon le dictionnaire Le Larousse, l’orthographe est « un ensemble de règles et d’usages définis comme norme pour écrire les mots d’une langue donnée (on distingue l’orthographe d’accord, fondée sur les règles de la grammaire, et l’orthographe d’usage, qui n’obéit pas à des règles précises). Il s’agit également de la maîtrise, de la connaissance de ces règles et de ces usages ; il s’agit de la manière d’écrire les mots (orthographe phonétique) et de la graphie correcte d’un mot »2. D’après Nina CATACH, l’orthographe « n’est pas seulement un code ou une institution sociale, mais un ensemble complexe de signes linguistiques »3. Selon elle, il s’agit de « la manière d’écrire les sons ou les mots d’une langue, en conformité, d’une part, avec le système de transcription graphique adopté à une époque donnée, d’autre part, suivant certains rapports établis avec les autres sous-systèmes de langues (morphologie, syntaxe, lexique). Plus ces rapports secondaires sont complexes, plus le rôle de l’orthographe grandit, car un tissu d’antagonismes se crée entre les relations phonie-graphie et les autres considérations entrant en ligne de compte. L’orthographe est un choix entre ces diverses considérations, plus ou moins réglé par des lois ou des conventions diverses »4. Danièle COGIS, quant à elle, définit l’orthographe comme « la norme dans une langue donnée : foto est correct en espagnol, pas en français qui exige photo »5.

Enfin, pour Michel FAYOL et Jean-Pierre JAFFRE, l’orthographe est « la manière dont s’écrivent les mots dans une société donnée, elle intervient donc en lecture comme en production »6. 1.2. Aperçu historique et évolution de l’orthographe Un retour en arrière est nécessaire pour comprendre le système orthographique français d’aujourd’hui. En effet, l’histoire de l’orthographe nous permet de comprendre une grande partie des difficultés de l’usage actuel et explique les choix qui ont été effectués depuis plusieurs années. Le texte « Les Serments de Strasbourg » de 842 représente l’un des tout premiers textes écrits que nous possédons de la langue française. Il témoigne de l’association, de la symbiose qui existait entre le français et le latin. En effet, « ils étaient sentis comme une seule et même langue : on lisait le latin à la française, on écrivait le français à la latine »7. C’est au Moyen-âge que l’on voit apparaître une grande variété d’orthographes du français, où deux traditions vont se distinguer : celle d’une orthographe savante, latinisante largement utilisée par les prêtres au Xe siècle et une orthographe plus proche de l’oral, employée par les copistes des chansons de geste à cette même époque. Ainsi, une graphie proprement française se met en place.

L’orthographe « suivait l’évolution de la prononciation (de rei à roi par exemple) et s’adaptait à la variation dialectale du pays, reflétant une mosaïque de dialectes »8. Au XIIIe une nouvelle période voit le jour grâce à la propagation des écrits, notamment dans le domaine de l’administration et plus particulièrement judiciaire. L’orthographe va alors évoluer : on ajoute des lettres pour éviter les confusions entre homonymes (saint, sain, etc.) ; on multiplie les lettres calligraphiques comme y par exemple (roy, luy, etc.), qui est nettement plus identifiable que le i final. Toutefois, « cette orthographe étymologisante, calquée sur le latin et abusant de « fausses lettres étymologiques »»9 se révèle extrêmement complexe : l’ensemble du pays ne pouvant pas l’utiliser. Cette orthographe va donc être remise en question à la Renaissance.

Le XVIe siècle est marqué par un évènement qui va fortement modifier l’orthographe : il s’agit du développement de la production imprimée. Les imprimeurs français rejettent les caractères gothiques et adoptent les caractères romains et italiques, ce qui simplifie et améliore la lisibilité des textes : introduction d’une ponctuation régulière, bonne séparation des mots, apparition d’accents (cédille, trémas, etc.). C’est au XVIIe siècle que l’orthographe française va connaître une grande modernisation. « Notre langue centrale achève de devenir elle-même »10. Les livres hollandais réimportent l’orthographe réformée de Ronsard (les distinctions entre i et j acquises dans les imprimés de 1665) et les libraires parisiens renouent avec des usages modernisés. L’écrivain Pierre Corneille et des mouvements comme Port-Royal ou la Préciosité soutiennent l’orthographe nouvelle qui connaît de nombreuses modernisations : « généralisation des distinctions modernes i/j (jouer, ivoire) et u/v (pouvoir), introduction progressive des trois accents sur e, etc. »11. Toutefois, l’ancienne orthographe est toujours présente puisque l’Académie Française, créée en 1635 par Richelieu, choisit la tradition ancienne représentée par Robert Estienne pour la première édition de son Dictionnaire (1694).

Le XVIIIe siècle marque le début de la normalisation de l’orthographe. Les philosophes (Montesquieu, Voltaire, etc.) entrent à l’Académie Française. Ils se mettent donc à l’oeuvre pour aboutir à la seule réforme orthographique de grande ampleur réalisée en France : le Dictionnaire de l’Académie de 1740. Ce dernier modernise plus d’un mot sur quatre, il généralise le nouveau système d’accentuation (l’accent circonflexe remplace le « s » marquant la longueur : hospital s’écrit hôpital), les consonnes doubles sont irrégulièrement supprimées et le « y » non étymologique est remplacé par un i final (roi, mai). C’est au XIXe siècle que l’orthographe du français s’est solidement normalisée (tout écart par rapport au modèle était sanctionné). Dès lors, l’Académie renonce à réformer l’orthographe et défend l’usage qui est mis en place. De 1878 à 1935, aucun changement important n’a eu lieu dans les éditions de son Dictionnaire. Le 6 décembre 1990, le Conseil Supérieur de la langue Française a proposé des Rectifications de l’orthographe dans le Journal officiel de la Républicaine française. Ces dernières ne sont pas insignifiantes : invariabilité du participe passé de laisser suivi d’un infinitif (elle s’est laissé mourir) ; alignement du pluriel des mots composés sur la règle des mots simples (un pèse-personne, des pèse-personnes), etc. Même si ces rectifications ont été fortement critiquées, elles permettent « d’améliorer l’enseignement du français et son rayonnement dans le monde »12 et figurent depuis peu dans les programmes de l’école primaire (2007 et 2008). Aujourd’hui, l’édition de l’Académie est remplacée par les dictionnaires usuels (Le Petit Robert, le Larousse, etc.) qui sont régulièrement mis à jour. Selon plusieurs études, un quart de notre vocabulaire environ changerait de forme, de nature ou de sens tous les dix à quinze ans. En conclusion, plusieurs siècles ont été nécessaires pour que l’orthographe ait sa forme actuelle. Sa mise en place a été longue et complexe, et de nombreuses hésitations, avancées mais aussi des retours en arrière l’ont fait évoluer.

Le système orthographique français 2.1.

Le fonctionnement du système orthographique Pour comprendre le système orthographique français, Nina CATACH et son équipe de linguistes et d’historiens de la langue l’ont défini en quatre grands ensembles appelés « plurisystème » du français : les phonogrammes, les morphogrammes, les logogrammes et les lettres étymologiques ou historiques. Pour Danièle COGIS, le fait que le système orthographique soit classé ainsi montre « la résultante de la coexistence non pacifique des deux principes antagonistes que sont le principe phonographique (notation de la dimension sonore) et le principe sémiographique (notation de la dimension sémantique) »13.

Les phonogrammes (graphèmes chargés de transcrire des phonèmes, donc les sons) correspondent « au stock de graphèmes correspondant directement à nos phonèmes »14. En effet, le français écrit repose sur un système alphabétique : des correspondances systématiques existent entre des lettres ou graphèmes (G) et les phonèmes (P). Un graphème correspond à « une forme maximale stable du phonème ou du morphème, en opposition d’une part aux variantes combinatoires par rapport au groupe de mots, au mot, à la syllabe, à l’entourage immédiat, d’autre part aux sous-graphèmes et aux exceptions »15. En somme, un graphème représente « la plus petite unité de la langue écrite ayant une référence phonique et/ou sémique dans la langue parlée. Cette unité peut être composée d’une lettre ou d’un groupe de lettres (digrammes, trigrammes)»16.Un graphème a pour fonction de noter, de transcrire un phonème, donc de transcrire un son (ex : dans le mot b/é/b/é, 4 graphèmes codent 4 phonèmes (bébé)). Un phonème est « la plus petite unité distinctive de la chaîne orale »17.

Il s’agit de la plus petite unité distinctive non dotée de sens que l’on puisse isoler dans le discours. Contrairement au son, « le phonème peut se combiner avec d’autres phonèmes pour former des unités de première articulation dotées de sens. En français, trente-six (souvent réduits à trente-trois) phonèmes suffisent à rendre compte de l’infinité des phrases potentielles de notre langue »18. L’Alphabet Phonétique International (API) est le code indispensable dès qu’il s’agit de passer de l’oral à l’écrit. Dans un système idéal, un phonème se transcrirait par une seule et même lettre (graphème). Ainsi, ce modèle parfait comporterait un nombre égal de lettres et de phonèmes en correspondance biunivoque. Si certains systèmes s’en rapprochent comme par exemple l’espagnol et l’italien, il n’en est pas ainsi pour le système orthographique français qui « varie selon que l’on va des graphèmes (de l’orthographe) vers les phonèmes (GP : en lecture) ou inversement, de la phonologie vers les graphèmes (en production : PG). En lecture, les relations GP sont élevées : la plupart des lettres ou graphèmes se lisent toujours de la même manière : par exemple eau > /o/ ; oi > / wa / mais s, se lit tantôt / s / et tantôt / z / »19.

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Table des matières

Remerciements
Table des matières
Introduction
I/ Le cadre théorique
1.Définitions et histoire de l’orthographe française
1.1. Quelques définitions de l’orthographe
1.2. Aperçu historique et évolution de l’orthographe
2.Le système orthographique français
2.1. Le fonctionnement du système orthographique
2.2. L’apprentissage du système orthographique
2.3. Les difficultés liées à l’orthographe
3.L’orthographe : un outil indispensable pour la maîtrise de la langue 4.L’orthographe selon les textes officiels
5.Comment enseigner l’orthographe
II/ Méthodologie
1.Dispositifs pédagogiques
1.1. Approches précoces de l’orthographe
1.2. L’origine des orthographes approchées
1.3. Problématique
2.Méthodologie
2.1. Le rituel du mot du jour
2.2. La construction du jeu pour les ateliers d’orthographes approchées
2.2.1. Les participants
2.2.2. L’outil méthodologique
2.2.3. Le déroulement des ateliers d’orthographes approchées
2.3. Ma planification
2.3.1. Appropriation du jeu pour travailler les orthographes approchées
2.3.2. L’évaluation initiale
2.3.3. La mise en place des ateliers en orthographes approchées
2.3.4. L’évaluation finale
3.Analyse et discussion
3.1. Comparaison évaluation initiale et évaluation finale
3.2. Constatations suite aux ateliers en orthographes approchées
3.3. Discussion : les apports des orthographes approchées
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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