L’appréhension de la chute chez la personne âgée

Au cours de ma formation, j’ai eu l’occasion d’effectuer plusieurs stages dans des services qui accueillent des personnes âgées. J’ai ainsi eu la possibilité de prendre en soins plusieurs personnes qui se retrouvaient hospitalisées après une chute. J’ai été surprise de voir qu’une chute n’ayant entraîné aucun traumatisme physique pouvait être à l’origine d’une diminution importante des activités de la vie quotidienne et des capacités de la personne. J’ai été interpellée par la différence qui existait entre ces situations vécues en stage et celles vécues lors de la pratique de mon sport, le judo.

En effet, lors de mes entraînements de judo, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs personnes retraitées qui pratiquaient ce sport. Je me souviens plus particulièrement d’un homme de 75 ans qui combattait et chutait, comme tous les autres judokas, plus jeunes que lui, présents sur le tatami. À la fin de chacun de ses combats, cette personne demandait à son adversaire quel âge il lui donnait. Toutes les personnes interrogées lui ont donné un âge inférieur à son âge réel.

Le judo est un sport qui nécessite un apprentissage codifié de la chute, le but étant de permettre aux judokas de pratiquer sans se blesser. Il est surprenant de voir que cet homme a vraisemblablement une condition physique supérieure à celle des gens de son âge. Mais ce qui est le plus intrigant, c’est de voir qu’il ne présente aucune appréhension lors de la chute. Cette situation peut engendrer un questionnement sur l’intérêt de l’activité physique chez la personne âgée, et plus particulièrement sur le lien qu’il peut y avoir entre la pratique du judo et le rapport affectif à la chute.

La chute chez la personne âgée

La personne âgée

Il n’existe pas une unique définition de la personne âgée. Il en existe plusieurs et elles tendent à évoluer dans les prochaines années du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé. Ainsi, pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une personne ayant 65 ans ou plus est considérée comme une personne âgée ; tandis que pour les démographes ce sont les personnes âgées de 60 ans ou plus. Pour le reste de ce travail, la définition retenue est celle de l’OMS car c’est elle qui est le plus souvent utilisée dans la littérature médicale. Elle fait consensus et prévaut dans les pays occidentaux.

D’après les données de l’INSEE publiées en 2016, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 18,8% des 66,6 millions d’habitants en France, soit 12,5 millions de personnes (3). D’après cette même source, il y a eu un important vieillissement de la population sur les 20 dernières années. En effet, la part de personnes âgées de plus de 65 ans dans la population française a augmenté de 3,7 points sur cette période. L’INSEE estime qu’en 2060 il y aura 23,6 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus dans la population française. Ce vieillissement de la population est également visible en Europe : les chiffres prédits par Eurostat avancent une population européenne composée de 517 millions de personnes d’ici à 2060, dont 151 millions de personnes âgées d’au moins 65 ans (3).

La chute

D’une manière générale la chute peut se définir comme « le fait d’être entraîné à terre, vers le bas» , c’est-à-dire une perte d’équilibre et une attirance vers le sol due à l’effet de la pesanteur. Dans le domaine médical, la définition de la chute retenue par Hauer et al. en 2006 semble être la plus utilisée à ce jour : « perte brutale et totalement accidentelle de l’équilibre postural lors de la marche ou de la réalisation de toute autre activité et faisant tomber la personne sur le sol ou sur toute surface plus basse que celle où elle se trouvait » (4). Il existe également une notion de chutes à répétition. D’après les données du baromètre santé publié par Guilbert et al. en 2005, cela concerne les personnes qui ont chuté deux fois ou plus sur une période de douze mois (5).

Épidémiologie

Selon les données de l’OMS, les personnes âgées de plus de 65 ans sont celles qui font le plus de chutes mortelles . Par ailleurs, les données du baromètre santé de 2005 indiquent que chaque année en France près de 9 000 décès sont causés par des chutes (5). Chaque année s’ajoutent à cela environ 450 000 entrées aux urgences hospitalières suite à une chute chez les plus de 65 ans. Dans 37% des cas, ces personnes sont ensuite hospitalisées dans un service de court séjour (2).

Chez les sujets de plus de 65 ans, une personne sur trois chute chaque année ; ce chiffre monte à une personne sur deux pour les plus de 80 ans (2). Il faut cependant relativiser ces données : il y a un risque de sous-estimation car les personnes âgées ont tendance à oublier leurs chutes, d’autant plus lorsque celles-ci n’ont pas eu de conséquences sérieuses.

Dans un article publié en 2012, Elbouz et al. indiquent que chez les personnes âgées, une chute sur dix provoque une blessure, et une chute sur vingt est à l’origine d’une ou plusieurs fractures (6). L’incidence de chutes avec traumatisme physique augmente avec l’âge, elle est aussi plus importante chez les femmes que chez les hommes (2). Une liste de facteurs qui prédisposent à la chute a été établie par la Haute Autorité de Santé (HAS) :
• être âgé de 80 ans ou plus ;
• suivre une poly-médication ;
• avoir un antécédent de chute ;
• présence d’un trouble de la marche et/ou de l’équilibre ;
• diminution de la force et/ou de la puissance des muscles des membres inférieurs ;
• anomalie au niveau des pieds ;
• troubles de la sensibilité des membres inférieurs ;
• diminution de l’acuité visuelle ;
• état dépressif ;
• déclin cognitif.

De plus, en 1999 Suzuki et al. ont démontré que chez la personne âgée, une diminution de la vitesse de marche et une chute dans les 12 mois précédents sont prédictifs de nouvelles chutes (7).

Les causes de la chute

La chute de la personne âgée peut avoir différentes origines, mais en réalité elle résulte souvent de l’association de plusieurs facteurs. On distingue d’un côté les facteurs intrinsèques, liés à la personne, et de l’autre les facteurs extrinsèques, liés à l’environnement.

Dans leur article publié en 2009, Bernard-Demanze et al expliquent qu’il faut prendre en compte le vieillissement physiologique de la personne. En effet, il va s’accompagner d’une altération des structures au niveau spinal et cortical ; les informations sensorielles sont donc traitées moins rapidement chez la personne âgée. À cela s’ajoute un allongement du temps de réponse musculaire responsable d’une diminution du contrôle de la posture et de l’équilibre chez la personne âgée, ce qui explique l’important risque de chute (8).

Le vieillissement physiologique inclut également celui des fonctions cognitives. Or, une diminution de la capacité attentionnelle est liée à un risque de chute plus élevé et à un nombre de chutes plus important (8). Le modèle de « posture first » a d’ailleurs été décrit par Shumway-Cook et al. en 1997, il met en avant une modification de la stratégie d’équilibration lors d’une double-tâche, responsable d’une peur de la chute chez la personne âgée (9).

Le vieillissement physiologique va donc entraîner une diminution des capacités sensorielles, motrices et cognitives chez la personne âgée. Ces déficits sont à l’origine d’un stress qui peut entraîner une peur de la chute rien qu’à l’idée de se déplacer.

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Table des matières

1 Introduction
2 Revue non systématique de la littérature
2.1 La chute chez la personne âgée
2.1.1 Définitions
2.1.2 Épidémiologie
2.1.3 Les causes de la chute
2.1.4 Conséquences
2.2 L’appréhension de la chute chez la personne âgée
2.2.1 Définition et épidémiologie
2.2.2 Causes et conséquences
2.2.3 Prise en charge
2.2.4 Les méthodes d’évaluation
2.3 Activité physique et prévention
2.3.1 Définition
2.3.2 Intérêt de l’activité physique
2.3.3 Spécificités de l’activité physique chez la personne âgée
2.4 Les recommandations d’activité physique pour la personne âgée
2.5 Le judo et le sujet âgé
2.5.1 Les spécificités du judo
2.5.2 Les programmes existants
2.6 Explication de la problématique
3 Le projet de recherche
3.1 Le cadre conceptuel
3.2 Matériel et méthodes
3.2.1 Définition de l’étude
3.2.2 Population étudiée
3.2.3 L’outil utilisé (cf annexe I)
3.2.4 Collecte, gestion et analyse des données
3.3 Résultats
3.3.1 Inclusions et répartition
3.3.2 Description de la population
3.3.3 Les résultats du score FES-I
3.4 Discussion
3.4.1 Comparaison avec les données de la littérature
3.4.2 Exploration des limites de l’étude
3.4.3 Quel intérêt dans la pratique du MKDE ?
3.4.4 Quelle perspective donner à cette étude ?
4 Conclusion
Bibliographie

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