L’application des principes de la deditio dans les guerres étrangères

Fonctionnement et principes de la deditio

   L’un des éléments sur lesquels il faut s’arrêter, c’est la position de Rome. En effet, l’Urbs ne peut qu’être vainqueur, si on se fie aux propos de J. F. THOMAS. En effet, il a fait une présentation des différentes formes de paix et par là, nous pouvons voir comment Rome ne peut en aucun cas changer de position sinon occuper celle du vainqueur. Selon lui, en cas de défaite de Rome, la guerre doit continuer même quand un général romain se rend, (on parlera de sponsio : une décision privée), l’exemple des Fourches Caudines est le plus célèbre sur ce genre de fait. Dans leur croisade avec les Samnites, à son acte deux, un fait rare s’est produit. Postimius, le général ayant mené les troupes romaines lors de cet affrontement s’était rendu au chef samnite. D. PORTE nous expose la scène de la remise des fautifs aux Samnites en ces termes : « Á Cornelius Arvina, Fetial, parla ainsi : puisque ses hommes, sans ordre du peuple romain des Quirites, ont promis qu’un traité serait conclu, et, pour cette raison, sont coupables d’une faute, afin que le peuple romain soit déchargé du crime d’impiété, je vous livre ses hommes ».  Ceci dit donc, la position de Rome est immuable, inchangeable, c’est celui du vainqueur, c’est elle qui reçoit donc les redditions. Les principes de la deditio sont donc romains, c’est de leur côté qu’il faut les situer. C’est elle qui reçoit, réduit, puis affranchit. Il est donc temps d’identifier le vaincu. Qui est-ce ? Il peut être n’importe quel peuple, c’est celui qui est tombé sous les armes romaines. Mais est-ce que tous les dediticii ont été vaincus par Rome ? Si tel est le cas parlera-t-on de deditio spontanée ? Le peuple qui se soumet de manière délibérée n’est pas tombé sous les armes de Rome. Dans ce cas, le peuple qui se rend est donc un État reconnu comme tel par la cité latine. Qu’il soit soumis par les armes ou qu’il vienne se livrer de son plein gré, l’essentiel est qu’un peuple se soumet à celui de Rome. Nous n’avons nullement vu une deditio venant d’individus qui mènent des activités que les Romains considèrent comme du brigandage, comme ce fut le cas des Pirates vaincus par Pompée en av. J.-C.55 et les esclaves dirigés par Spartacus et vaincus par Crassus en 71 av. J.-C.56. Autrement dit, une deditio ne peut venir que d’un État indépendant et reconnu comme tel par Rome. Toutefois, la cérémonie devant consacrée la reddition d’un peuple doit être soumise à l’analyse pour mieux saisir le sens de cet acte aux multiples facettes. En effet, c’est lors de cette cérémonie que se tient l’acte qui nous intéresse, l’acte que nous commentons. Que faut-il pour qu’on parle de deditio ? Nous avons entamé le commentaire de se bref processus dans les pages précédentes. Le processus est bref car il n’y a pas de débat selon AULIARD qui affirme que : « Dans un contexte d’une capitulation, on ne trouve trace d’aucune forme de contact (de réunion, de pourparlers, de rencontre), de discussion ou de sujet débattu entre le vainqueur et le vaincu sur quelque point que ce soit, c’est le droit du vainqueur qui s’exerce dans tous les domaines interdisant au vaincu de pouvoir peser sur son avenir». Les deux parties ne traitent pas égal à égal car si tel était le cas, c’est un traité de paix qu’on aurait au bout. Cependant, c’est la puissance du vainqueur qui s’exprime dans toute sa rigueur, le vaincu n’étant plus considéré comme un citoyen, il perd donc tout droit de prise de parole sinon celle pour décliner sa soumission. Mais le cas de Capoue dont les envoyés étaient venus faire une demande d’amitié et ont été contraints de se rendre aux Romains et devenir leurs sujets en laissant de côté tout ce qu’ils avaient de plus cher dans la vie : la liberté. Ce qu’il faut retenir dans la tenue d’une deditio, c’est l’absence de pourparlers, en ce qui concerne le contact, qui est la caractéristique la plus impressionnante car il est difficile voire impossible que deux États entrent en contact sans discussions préalable. Exposons à présent deux exemples différents et analysons-les. La deditio qui correspond le plus à la forme qu’on veut présenter est celle de Capoue. Les ambassadeurs Capouans croyant que les Romains étaient insensibles à leur situation, se livrent à eux en prononçant ces mots : « Puisque vous ne voulez pas prendre la juste défense de nos intérêts contre la violence et l’injustice, vous défendez au moins les vôtres. En conséquence, peuple Campanien, ville de Capoue, terre, temples des dieux, enfin toutes les choses divines et humaines, nous vous livrons, nous donnons tous pères conscrits à vous et au peuple romain, si désormais on nous outrage, ce sont vos sujets qu’on outragera; cela dit, toutes les mains tendues vers les consuls, ils se prosternèrent en larmes devant le vestibule de la curie ». Au début, on voit un peuple exposer sa demande à Rome, il veut être accepté comme sujet romain, c’est une reddition. Ensuite, vient la réponse du Sénat ou du peuple romain, celui-ci doit évaluer puis accepter ou rejeter la demande. Et sur ce cas, la demande est acceptée. Les Capouans sont devenus les sujets des Romains qui leur doivent protection comme le propriétaire d’un bétail protège son troupeau, comme le pater familias est le garant de l’intégrité physique de toutes les personnes vivant dans sa villa. La deditio effectue donc le passage sous domination romaine d’un peuple, du peuple campanien. Elle n’est certes pas le l’équivalent du foedus qui est « un traité de paix, un traité d’alliance » avec parfois une inégalité entre les deux peuples qui s’engagent mais la capitulation officialise l’inégalité et va au-delà, elle fait disparaitre le vaincu ou le demandeur. La deditio a pour conséquence immédiate la perte de l’existence politique, le demandeur n’est plus un citoyen, il n’est plus un homme avec des droits mais un sujet voir un objet, il appartient désormais au peuple devant lequel il s’est rendu. Il en est de même pour le territoire du vaincu lui-même qui échoie au peuple qui se rend car il est lui (territoire) aussi livré à Rome qui décide s’il doit l’administrer directement ou le rendre au vaincu. PIGANIOL semble avoir trouvé les mots qu’il faut pour décrire le sort du territoire et du peuple soumis, il nous dit : « Qu’en principe, la commune mise en tutelle perdait sa constitution autonome, était soumise à des corvées dans l’intérêt de Rome (numera), habituellement au service militaire, c’est-à-dire qu’elle devenait un municipe. Ses habitants acceptaient les obligations des citoyens, mais n’en possédaient pas les droits, ne participaient pas aux élections ; c’est ce qu’on appelle la civitas cine sifragio  ». Nous pouvons dire en lisant ces propos que la deditio même si elle fait perdre au vaincu son existence politique, elle est meilleure que la devotio qui est une extermination. Les citoyens du peuple vaincu ont une possibilité de réexister, de mener une vie dans la ville romaine ou même dans leur propre cité. Mais cette fois-ci, ils ne sont plus des citoyens de leur ville d’origine mais des Romains avec peu de droits : exemple, ils n’ont pas le droit d’éligibilité etc.… La deditio est donc une bonne chose, elle est bénéfique pour le vaincu. D’ailleurs c’est sur la bienfaisance de la capitulation que nous allons étudier. En effet, puisque la capitulation a un objectif moral, le vaincu n’est pas détruit, il bénéficie de la clémence de Rome. Cicéron nous expose comme suit sa pensée sur l’attitude que doit avoir l’Urbs quand elle est en face d’un ennemi vaincu : « Il y a certaines règles morales à observer même envers ceux qui nous ont fait du tort : il y a une mesure à garder dans la vengeance et le châtiment et je ne sais s’il ne suffit pas d’amener le coupable à regretter l’injustice qu’il a commise de telle façon qu’il n’y retombe pas et que les autres y soient moins enclins. Quand il s’agit des affaires de l’État, il faut observer très rigoureusement les lois de la guerre. […] C’est donc pour vivre en paix sans injustice qu’il faut entreprendre une guerre et, la victoire acquise, on doit laisser vivre les adversaires qui, pendant la durée des hostilités, n’ont pas montré de cruauté, pas offensé l’humanité. C’est ainsi qu’en ont usé nos ancêtres : ils ont même admis dans la cité les Tusculans, les Èques, les Volsques, les Sabins, les Herniques, mais ont entièrement rasé Carthage et Numance. Je voudrais qu’ils n’en eussent pas fait autant à Corinthe, mais ils ont eu, je crois, quelque motif particulier de détruire cette ville : ils craignaient que sa situation naturellement trop forte n’incitât quelque jour les habitants à recommencer la guerre. Mon sentiment est qu’on doit toujours avoir en vue une paix qui n’expose aucun des adversaires à tomber dans un piège. […] Il faut penser aussi au salut de ceux qu’on a vaincus, recevoir en grâce tous ceux qui s’en remettent à la loyauté du général victorieux, même si le bélier a battu les murs de leur cité. Cette forme de la justice a été en si grand honneur parmi nos ancêtres que des cités, des nations vaincues sont devenues les clients de leurs propres vainqueurs ». En nous donnant son opinion, Cicéron a en même temps rappelé ce que faisaient les générations précédentes, autrement dit les anciens Romains, comment ils traitaient leurs ennemis même après les combats ? L’orateur romain a donné quelques exemples pour appuyer ses propos sans citer nommément la deditio. Mais en lisant ce passage ci-dessus nous nous apercevons que c’est d’elle dont-il parle. Le mot sans lequel on ne peut parler de reddition occupe le centre de son argument : « …recevoir en grâce tous ceux qui s’en remettent à la loyauté du général victorieux… ». L’acte de se rendre figure dans son exposé et là c’est la forme contraignante que nous avons puisqu’il parle de l’après guerre. C’est rare voir introuvable des cas où un peuple après s’être rendu de manière spontanée, recevoir une sanction sévère. On n’en a pas trouvé de cas pareil dans nos lectures. La deditio est donc un acte de bienfaisance de la part de Rome envers ses adversaires et ses ennemis. Ici puisqu’il s’agit d’une deditio ‘’spontanée’’, le demandeur ne risque pas grand-chose, il est presque assuré d’avoir un bon traitement de la part des Romains. La deditio reconstruit ce qui était détruit, rétablit des relations qui étaient rompues, elle peut même être considérée comme le moyen le plus efficace de l’intégration des peuples de l’Italie voire même de la pacification de cette péninsule menée par Rome. Nous pouvons, à ce niveau d’analyse affirmer que la deditio est un acte de soumission qui établit la puissance de Rome sur un État. Mais l’objectif visé par les précurseurs de cet acte militaire peut aussi être économique, pas dans le sens où nous le croyons mais sous un modèle plutôt carthaginois, selon qui une guerre est résolue si elle rapporte plus que les dépenses, la guerre n’était pour les Carthaginois qu’une affaire commerciale. Avant d’entreprendre une expédition, on calculait ce qu’elle peut coûter et ce qu’elle peut apporter ; si la recette paraissait supérieure à la dépense, la chose est résolue et la guerre est engagée. Rome peut donc éviter des dépenses en recevant des redditions spontanées car elles sont moins coûteuses. Ceci fait de la capitulation un acte économique. Mais ce n’est pas son aspect pécuniaire qui nous intéresse mais plutôt la mise en application de ses principes.

Le rôle des légats et la place de la fides dans une deditio

   Ils ne sont pas moins importants que les autres personnages qui apparaissent lors de la tenue d’une deditio, les legats sont, nous dit J. C. FREDOUILLE «… eux-mêmes des sénateurs ; la mission se compose d’un grand nombre variable (deux à dix : 2 à 10) et peut se voir confié des charges diplomatiques diverses : renouvellement d’une alliance, règlement d’un conflit, demande d’aide exécution d’un traité, plainte, déclaration de guerre, traité de paix…». Vouloir comprendre les raisons d’une bonne application des principes de la capitulation en laissant de côté l’activité de ces hommes serait donc escamoter le véritable sens de la deditio, son vrai sens. En effet, ce sont leurs comptes rendus, leur provocation, leur ruse, leur silence, bref un ensemble de stratégies qui met l’ennemi dans la position souhaitée par Rome, selon que l’Urbs veut être sévère ou indulgent et l’attitude adoptée peut être conforme ou non avec les principes de la deditio. Sur la soumission des Vénètes nous pouvons constater que le sort des ambassadeurs était à l’origine de la dureté de César. En effet, c’est ce dernier qui affirme dans La Guerre des Gaules que « César crut d’avoir tiré d’eux une vengeance qui apprit aux barbares à respecter désormais le droit des ambassadeurs. Il fit mettre à mort tout le Sénat ». Sur ce cas, les causes d’une application non conforme aux principes de la deditio ne sont pas liées aux actes posés par les legats mais aux comportements des gaulois. Lors de la cérémonie devant établir une deditio, on ne les voit pas, ils n’apparaissent pas dans les récits des orateurs qui nous décrivent la scène mais leur rôle n’était pas moins important. Sur les cas des deditio spontanées, il y a des pourparlers qui précéderaient l’acte proprement dit, peut-on donc les exclure ou nier le rôle de premier plan qu’ils ont joué ? bien sûr que non, ils sont des ‘’invisibles’’ et ont permis à Rome de donner naissance à une connotation entre l’armée et la diplomatie, d’où le terme de ‘’diplomatie militaire’’. En effet, les ‘’invisibles’’ avaient su s’absenter quand il le fallait. Tite-live avait bien résumé cette façon de faire des legats en ces mots : « Désormais, dans sa péninsule la négociation n’a plus sa place, les armes doivent prioritairement tenter d’affirmer la suprématie de Rome ». Les légats savaient quand est-ce qu’il fallait négocier et quand est-ce qu’il ne le fallait pas, quand-est-ce que l’État romain avait plus besoin, d’une deditio spontanée que d’une deditio par contrainte. Ce sont eux qui devaient définir le moment opportun pour l’une ou l’autre. Par ailleurs, l’importance de cette cérémonie réside également dans le fait qu’elle lie les deux parties qui s’engagent par un serment. Mais seul le serment ne suffit pas pour justifier la confiance mutuelle que se faisaient les peuples concernés. L’explication de cette confiance mutuelle se trouve dans ce que les Romains appelaient fides. Qu’est-ce que la fides ? Quelle liaison a t-elle avec la deditio pour qu’elle mérite une attention aussi particulière ? La fides est selon J. C. FREDOUILLE : « L’un des fondements de la morale romaine, entendu au sens large. Il signifie ‘’bonne foi, la droiture, la parole donnée’’ et désigne donc une conduite respectueuse des engagements pris. C’est le respect de la fides qui garantit explicitement ou implicitement la loyauté des rapports entre les hommes… ». Le seul engagement de Rome pouvait-il amener le peuple soumis à faire confiance au peuple latin ? Si cela est possible, si des peuples ont été amenés de façon volontaire à se fier à celui de Rome, c’est qu’ils ont appris l’existence de ce concept religieux (le dévouement des Romains envers leurs dieux est une source de motivation pour ces peuples qui nouent des relations avec elle), et qui dit donc religion convoque en même temps les dieux dans son discours qui sont les garants de la parole donnée. Il y a donc risque de sanction des êtres surnaturels, des êtres supérieurs. Cet aspect de la deditio est invisible et n’apparait pas le récit des sources mais garde une place de choix. La fides survole la deditio et lui confère une facette religieuse. Néanmoins, c’est sa relation avec l’application des principes de la deditio qui importe le plus. Le respect des principes de la deditio s’est relâché au fil des ans. Rome était plus dure avec ses ennemis vers la fin de la république. Cela est peut être lié au fait que le pouvoir individuel de certains hommes politiques s’est accru de manière à surplomber le pouvoir public. Les guerres civiles constituent un exemple probant et César nous a proposé son cas avec son rival Pompée dans La Guerre Civile76. La foi des Romains avait-elle diminuée ou disparue ? La seule constance dans ce débat est que la fides est la base même de la deditio. En effet, si l’un de ces peuples soumis n’était pas sûr d’être bien traité ou si un roi n’était pas sûr de sauver les siens en se livrant, aucune reddition aurait lieu, tous ces peuples soumis allaient se battre jusqu’à leur dernière énergie. Même si quelque fois il convient de noter que le vaincu qui se rend ignore sa sentence. La soumission de Vercingétorix s’inscrit dans la même lignée si on se fie aux dires de César qui nous expose comme suit son discours devant ses concitoyens : « Le lendemain, Vercingétorix convoque l’assemblée, et dit : ‘’qu’il n’a pas entrepris cette guerre pour ses intérêts personnels, mais pour la liberté commune, puisqu’il fallait céder à la fortune, il s’offrait à ses compatriotes leur laissant le choix d’apaiser les Romains par sa mort ou de livrer vivant. On envoie à ce sujet, des députés à César. Il ordonne qu’on lui amène les chefs ». Dans ce cas-ci, c’est la confiance que le vaincu, Vercingétorix a sur le vainqueur, César qui l’a amenée à accepter que son général se livre à lui. Si le vaincu gaulois savait qu’un bon nombre de ses concitoyens allait être réduit en esclavage, il aurait pris une autre décision. En effet, « à chacun de ses soldats, César donna un esclave », nous dit PIGANIOL. Donc les Gaulois ignoraient leur les conséquences de leur soumission. La fides est donc une base de confiance sur lequel la deditio est établi mais autour d’elle s’installe un flou total. Qu’il ait déception ou réalisation des souhaits du vaincu : obtenir l’indulgence de Rome, la confiance est donc entre les deux parties. Le manque de sincérité de l’une des parties ne remet pas en question le rôle prépondérant joué par la valeur de ce concept qu’est la fides. Toutefois, la fides n’est pas le dernier élément de la deditio sur lequel nous allons nous pencher. La deditio a un caractère très militaire. En effet, l’essentiel des récits de soumission nous ont présenté une scène où on voit que des soldats. Nous pouvons à cet effet donner quelques exemples où on voit le vaincu arrivé, se rendre et recevoir sa sanction. Entamons notre analyse par la deditio la plus célèbre celle de Capoue. Nous l’avons déjà dit79 que le récit de cette reddition est assez clair car on voit les magistrats présents dans les lieux et ceux que l’auteur a nommément cité, ce sont les consuls, donc généraux en période de guerre ou dans les champs de bataille. Le passage : « les mains tendues vers les consuls 80», est révélateur de cette connotation militaire de la capitulation. Le choix que Tite-live a fait n’est pas fortuit. En effet, c’est dans son œuvre que Léon HOMO a tiré ce passage. L’auteur romain aurait donc compris l’importance de ces magistrats dans ce type de cérémonies (les magistrats supérieur président : consul ou préteur), c’est pourquoi il les a nommément cités. Et sur ce même aspect militaire, on peut aussi analyser le côté abstrait de la deditio et cela surtout sur les cas de capitulation spontanée. L’existence d’une puissance militaire romaine serait la seule raison qui aurait amené les Capouans à se refugier chez eux. Si Rome n’était pas assez forte ou si l’armée romaine ne leur paraissait pas à mesure de les protéger, ils ne la solliciteraient pas. La puissance romaine est telle que des peuples comme celui de Campanie sont venus se refugier sous ses ailes (Capoue). Même les peuples qui ont cru pouvoir tenir tète à Rome se sont rendu compte sur les champs de bataille de l’inégalité des forces ou de la supériorité de Rome, y compris la puissante Carthage avec son général Hannibal.

La deditio spontanée

   Nous dirons dès l’entame de nos propos dans cette partie que la deditio spontanée est le fait de se rendre sans y être obligé. Le peuple qui se rend est libre dans sa décision, donc Rome ne l’a pas contraint à se livrer à elle. Dans ce cas parlera-t-on de vaincu ? En effet, c’est le premier problème qui se pose car on doit identifier le peuple qui se rend, il ne peut porter le nom de vaincu parce qu’il ne l’est pas. Comment doit-on donc l’appeler, le demandeur, le soumis, le réduit libre, bref tous les noms qui excluent l’usage de la force sont les bienvenus. La spontanéité de l’acte amène à reconsidérer le statut du ‘’vaincu’’. Ici il se peut qu’il ne soit pas un ennemi, ni une menace pour elle. Qui est-il donc ? Et dans quelle circonstance s’est-il rendu, pouvait-il faire autrement ? L’absence d’une autre possibilité n’exclu-t-il pas la spontanéité qu’on considère comme le caractère premier de cette forme de deditio ? L’ensemble de ces questions nous fait dire que la deditio spontanée est aussi ambigüe que celle obtenue par la guerre. Nous avons un autre exemple de soumission en masse, et surtout volontaire. C’est celle des villes espagnoles sous Crassus. En effet, selon César au lendemain de la défaite de l’Aquitaine un grand nombre de peuples espagnols se sont soumis à Rome par Crassus. Le général romain, historien écrit : « Au bruit de cette victoire la plus grande partie de l’Aquitaine se rendit à Crassus, et envoya d’ellemême des otages. Furent les Tarbelles, les Bigarrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates, les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Subuzates, et les Cocosates ». Cette soumission est volontaire si on la lit de façon superficielle, c’est-à-dire, en prenant en compte seulement l’acte, le geste, l’élément qui change tout, qui fait du citoyen jadis libre, un sujet, un objet de Rome, cette étape qui le fait disparaitre politiquement. Les peuples précités n’ont pas été directement en conflit avec Rome.Mais ont-ils été impressionnés par la rapidité avec laquelle Rome s’est défait d’un ennemi aussi fort ? En effet, il faut revenir en arrière et analyser l’impact des premiers actes posés dans l’univers espagnol pour comprendre ce qui se passe. César écrit à ce sujet que: « … repoussé dans la ville obtint cependant de Crassus d’être compris dans la capitulation. […] Après avoir reçu les armes et les otages, Crassus marcha sur les terres des Vocates et des Tarusates. Les barbares vivement effrayés en apprenant qu’une place également défendu par la nature et par la main de l’homme était, peu de jours après l’arrivée de Crassus, tombée à son pouvoir ». Dans la suite du texte, l’auteur nous informe que c’est une coalition des villes de la région qui s’est formé pour faire face aux troupes du lieutenant de César, Crassus. Mais, la reddition de l’ensemble des villes espagnoles précitées peut également s’expliquer par la puissance, la force de l’armée romaine et sa victoire sur les révoltés. C’est elle qui aurait convaincu les autres peuples restants de se livrer sans y être contraint. Ce qui doit être su dans ce cas, c’est l’absence ou l’inexistence d’une contrainte. Si on s’arrête sur ce qui est visible, on dira que la soumission est spontanée. Mais, l’est-elle en réalité, s’il n’y avait pas des guerres dans les alentours, ces dites villes se soumettraient-elles à Rome ? La défaite des villes membres de la ligue des révoltés n’a-t-elle pas un lien avec l’acte d’allégeance posé par celles-ci. La spontanéité de leur soumission peut donc être remise en question car la contrainte plane au-dessus de tout ceux-ci. Comme il est dit « qu’il n’y a pas de fumée sans feu », on peut aussi dire qu’il n’y a pas de deditio sans cause, la cause peut être une recherche de protection comme c’est le cas de l’exemple que nous venons de donner : ces villes qui se sont rendues à Crassus. Si ces peuples ne s’étaient pas soumis de manière spontanée, ils pouvaient l’être de force car rien ne nous dit que Crassus allait rentrer sans avoir pacifié la région. C’est presque la même chose que nous avons dans le cas des Capouans en 341 av. J.- C. Ceux-ci étaient acculés par les Samnites et ont choisi Rome comme refuge.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE FONCTIONNEMENT DE LA DEDITIO : SES PRINCIPES ET SES FORMES
I / LE FONCTIONNEMENT DE LA DEDITIO
1 / Fonctionnement et principes de la deditio
2 / Le rôle des légats et la place de la fides dans une deditio
II / LES FORMES DE DEDITIO
1 / La deditio par contrainte
2 / La deditio spontanée
DEUXIÈME PARTIE : LES CAS DE DEDITIO PENDANT LES QUATRE DERNIERS SIÈCLES DE LA RÉPUBLIQUE
I / LA SOUMISSION DE L’ITALIE
1 / Le cas de l’Italie centrale : l’exemple du Samnium
2 / La soumission de tarente
II / LES DEDITIO OBTENUES HORS DE L’ITALIE
1 La soumission de persée
2 / La soumission de la Gaule
TROISIÈME PARTIE : LA DEDITIO AVANT ET PENDANT L’IMPERIALISME ROMAINE
I / LA CAPITULATION AVANT L’IMPÉRIALISME ROMAIN
1 / Rome pas prête á devenir état l’impérialiste
2 / Le cas de tarente
II / L’APPLICATION DES PRINCIPES DE LA DEDITIO SOUS LA PÉRIODE IMPÉRIALISTE
1 / L’impérialisme dans le cas de persée
2 / L’influence de l’impérialisme dans la question de Numance
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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