L’animation socioculturelle et le travail social hors murs

L’animation socioculturelle et le travail social hors murs 

Les politiques de l’enfance et de la jeunesse en Suisse et à Genève 

Avant d’approfondir sur la notion de participation, de manière socio-juridique, il nous semble essentiel de poser le cadre législatif sur lequel reposent les politiques de l’enfance et de la jeunesse. Ceci nous permettra de mieux cerner les caractéristiques de l’animation socioculturelle et les questions de participation qui y sont imbriquées.

En Suisse, les préoccupations concernant la politique de l’enfance et de la jeunesse date des années 1970. Dans son rapport (2008), la Confédération montrait sa volonté de développer son engagement en matière de protection des enfants, de participation de la jeunesse à la vie politique et d’encouragement des activités de jeunesse. Selon la Loi Fédérale sur les activités de Jeunesse (LAJ), entrée en vigueur en janvier 1991, cette dernière tâche incombait aux cantons et aux communes, étant donné l’absence de loi-cadre au niveau fédéral. Jugeant que son action devait être renforcée dans ce domaine, le Conseil fédéral opta pour une refonte complète de la LAJ, en comblant ainsi les lacunes en matière de promotion et de participation. Le 1er janvier 2013, la Loi sur l’encouragement de l’enfance et de la jeunesse (LEEJ) remplaça donc la LAJ. Tout en promouvant l’intégration sociale, culturelle et politique des enfants et des jeunes jusqu’à l’âge de 25 ans, elle insiste sur un renforcement de la promotion des activités extrascolaires. Au niveau fédéral, c’est la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ) qui se charge d’observer et d’analyser l’évolution de la situation des jeunes dans la société en vue de formuler des propositions nouvelles. De même, l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), organe spécialisé pour les questions de l’enfance et de la jeunesse, fait continuellement l’état des lieux de la mise en œuvre de la politique de l’enfance et de la jeunesse (Rapport 2014). Il existe également des postes de délégués à la jeunesse, tant au niveau cantonal qu’au niveau fédéral, qui proposent une aide concrète aux jeunes dans la réalisation de leurs projets, tout en facilitant les échanges entre les jeunes et la classe politique.

A Genève, l ’Office de l’enfance et de la jeunesse (OEJ) veille au bien-être, à la protection, à la santé et à la sécurité des enfants et des adolescents. Le 25 janvier 2017, le Conseil d’Etat a jugé nécessaire de réviser la politique pour l’enfance et la jeunesse, régie par la loi sur l’Office de l’enfance et la jeunesse de 1958 (LOJeun), et de l’actualiser en adoptant un nouveau projet de loi2. Cette actualisation permet de passer d’une loi sur l’organisation de l’OEJ à une loi sur l’enfance et la jeunesse, plaçant l’enfant et le jeune au centre du dispositif. En prenant en compte les besoins, les attentes et les intérêts des enfants et des jeunes, elle a comme finalité de favoriser leur développement harmonieux afin qu’ils puissent s’intégrer et participer à la vie sociale, culturelle, civique, politique et économique. Jugée essentielle à l’éveil et à l’exercice de la citoyenneté, la participation est particulièrement mise en avant.

L’OEJ est notamment chargé de mettre en œuvre les règles de gouvernance du Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport (DIP). Très actif dans le domaine des loisirs, le DIP encourage la pratique d’activités culturelles ou sportives hors du cadre scolaire. Le service des loisirs éducatifs (SLE), a la charge de rassembler les informations et d’organiser les activités pour les jeunes âgés de 4 à 16 ans. Celui-ci travaille notamment en collaboration avec la Fondation genevoise pour l’Animation Socioculturelle (FAS’e) qui propose l’accès à la majorité des structures de loisirs disponibles sur le territoire genevois. Le parcours de ces différentes politiques publiques nous montre l’évolution de la politique de l’enfance et de la jeunesse à l’échelle nationale. D’une part, l’entrée en vigueur de la LEEJ, révèle une plus grande implication de l’autorité fédérale. D’autre part, la formulation d’objectifs plus précis et ciblés selon les intérêts et les besoins des enfants et des adolescents témoigne du désir de proposer des prestations de qualité. Nous notons le souhait d’encourager et de développer davantage les activités extrascolaires de la part de la Confédération, soucieuse de l’intégration globale des enfants et des adolescents dans la société.

L’animation socioculturelle à Genève 

Relativement récente, l’animation socioculturelle s’exprime de diverses manières et s’adresse à un public varié et intergénérationnel. S’adaptant au gré des changements sociaux et proche des réalités vécues, son action a toujours visé à compenser les inégalités sociales causées par un déséquilibre dans la répartition du pouvoir dans la société. En effet, l’animation socioculturelle s’inspire principalement des mouvements de l’éducation populaire développée en France, ainsi que des mouvements communautaires en Amérique Latine qui visent notamment une démocratisation de l’accès au savoir. Ainsi, l’animation socioculturelle favorise le développement social et culturel des individus et des groupes d’une société ainsi que leur pouvoir d’agir afin de favoriser leur émancipation, le tout dans un fond de cohésion sociale.

En matière d’animation socioculturelle, le canton genevois propose et soutient une multitude d’activités culturelles et sportives pour les enfants et les adolescents. Dans toutes les communes, les maisons de quartier et les centres de loisirs proposent des espaces de rencontre conviviaux. L’une de leurs particularités est la proposition de nombreuses activités qui ne requièrent aucune inscription préalable. Actuellement, ces structures sont au nombre de 43, incluant également des jardins Robinson, Terrains d’aventure et Maisons de quartier. Les centres de loisirs sont organisés sous la forme d’association au sens des articles 60 à 79 du code civil suisse, et possèdent donc une certaine liberté de gestion et d’action. Toutefois, ces associations dépendent de la FAS’e, une institution partenariale financée par le canton et les communes.

Bien que l’animation socioculturelle ait largement évolué sur le territoire, son offre ne profitait pas à toutes les franges de la société. En effet, les autorités ont remarqué l’augmentation de la présence des jeunes sur la voie publique, traduisant l’apparition de nouveaux besoins.

Une réponse face à de nouveaux besoins sociétaux 

Au début des années 90, les autorités locales constatent l’occupation grandissante des espaces publics (tel que les parcs, les préaux d’écoles, les allées d’immeubles) par des groupes de jeunes. Ceci ne va pas sans raison et il est important de reposer le contexte socio-économique qui peut, en grande partie, expliquer cette situation. Même si la crise des années 90 se résorbe petit à petit, les années 2000 sont marquées par la remontée d’une certaine précarité (Castel, 1995 cité par Libois et Wicht, 2004). Concernant les jeunes, les autorités locales sont en alerte à cause de deux éléments majeurs. D’une part, plusieurs jeunes se retrouvent dans ce que Eckmann appelle un « no man’s land » institutionnel (1994, cité par Libois et Wicht, 2004). Dépourvus de qualifications professionnelles, ces derniers entretiennent peu ou plus de contact avec les institutions scolaires, professionnelles ou autres susceptibles de leur apporter une aide adéquate. La réduction du nombre de places d’apprentissages ainsi que l’augmentation des exigences au niveau de la qualification sur le marché du travail rendent plus difficile leur insertion dans le monde professionnel. D’autre part, certaines tensions sociales s’observent dans les communes et les quartiers, avec notamment l’augmentation d’incivilités, surtout liées au vandalisme produit par ces groupes de jeunes (murs tagués, abris de bus cassés, etc.). Agissant plutôt comme un cri d’alarme, ces actes traduisent un certain mal être de la part des jeunes qui semblent être en marge de la société.

Le travail social hors murs 

Afin de mieux comprendre les particularités du travail social hors murs ainsi que la place de la participation dans ce contexte à Genève, nous allons parcourir quelques textes de références (sans prétendre à une quelconque exhaustivité). Tout en veillant à la cohésion sociale entre les différentes générations d’un territoire et à leur qualité de vie, le TSHM se différencie principalement, comme son nom l’indique, par son « non rattachement à une institution sociale conventionnelle » (Libois et Wicht, 2004, p.75). Comme indiqué dans l’éthique même de la Charte du travail social hors murs (2002), le TSHM adopte une démarche proactive pour aller chercher et accompagner les individus dans leur milieu de vie. Concernant les jeunes il peut s’agir de différents espaces publics (préaux, parcs, centres commerciaux, allées d’immeubles, etc.) des communes ou des quartiers. Cette manière de faire se distancie du fonctionnement des institutions de services où les individus se rendent de leur plein gré ou par obligation. En allant à leur rencontre, le TSHM s’éloigne ainsi d’une dynamique normative où les individus doivent adapter leur comportement pour entrer dans le moule de la société. Au contraire c’est au professionnel de s’adapter, et sa position privilégiée d’observateur des réalités sociales lui permet de prendre en considération la singularité et la réalité de chaque individu. De cette manière, le TSHM est capable de proposer des solutions adaptées dans un second temps. (la FAS’e, 2016).

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Table des matières

Introduction 
Contextualisation et définition de l’objet d’étude
L’animation socioculturelle et le travail social hors murs
Les politiques de l’enfance et de la jeunesse en Suisse et à Genève
L’animation socioculturelle à Genève
Le travail social hors murs
Le public cible du travail social hors murs : les adolescents en situation de
précarité
La participation des enfants et des jeunes 
Le droit à la participation et la Convention relative aux droits de l’enfant
Le nouveau paradigme issu des childhoods studies : l’enfant comme acteur
social
La participation des adolescents dans le cadre du travail social hors murs
La capabilité
Méthodologie
Echantillon de la recherche 
Déroulement général des entretiens
Dispositifs méthodologiques utilisés 
Précautions éthiques 
RESULTATS
Analyse thématique des données
Comment le droit à la participation des adolescents est-il défini par les TSHM et
les responsables politiques, et quelle place ce droit occupe-t-il dans leur travail
quotidien ?
Quelles sont les expériences des adolescents concernant leur participation dans
le cadre du travail social hors murs ?
Quels sont les facteurs personnels et sociaux qui favorisent ou entravent la
participation des adolescents dans le cadre du travail social hors murs?
DISCUSSION 
Bilan de l’analyse
CONCLUSION

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