L’amour-passion ou l’illusion romantique 

L’amour-passion ou l’illusion romantique 

L’amour-passion ou l’illusion romantique

Denis de Rougemont explore, dans L’amour et l’Occident, la question des origines de notre conception de l’amour, plus précisément l’amour courtois qui apparut dans le même contexte historico-social (le monde féodal) que celui qui sert de toile de fond aux folles amours de Tristan et Iseut dont l’histoire aurait, selon lui, un impact jusque dans nos rêves.
Rougemont analyse le mythe de Tristan de ses origines mystiques (druidisme, catharisme) à ses résurrections modernes (romantisme) en passant par sa dégradation (libertinage) afin de montrer comment s’articule le discours de la passion amoureuse en Occident à travers des formes empruntées au carrefour de diverses traditions.
Selon Denis de Rougemont, l’amour-passion serait lié aux obstacles qui s’opposent à sa réalisation :
L ‘obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) – cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas Vobjet même de la passion, – si
l’on descend au fond du mythe ?
Ainsi, dès le départ, la passion de Tristan et Iseut n’est possible que parce qu’il s’agit d’un amour adultère, donc une transgression du septième commandement de la Loi sur laquelle repose la civilisation judéo-chrétienne : «Tu ne commettras pas d’adultère.»
N’est-ce pas au même genre d’obstacle que se bute Lancelot, le meilleur chevalier du monde, dans son amour pour Guenièvre, la femme du roi Arthur ? Voilà ce qui rend leur passion si intéressante : le monarque qui s’interpose entre eux. Tristan se crée des problèmes, se met constamment en danger, espace les moments où il est avec celle qu’il vvpasse son temps à protéger d’une étrange façon. C’est qu’il désire son propre désir auquel il met tous les obstacles susceptibles de prouver sa valeur en tant que héros.
Dans Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard reprend la réflexion sur le désir amorcée par Denis de Rougemont là où celui-ci l’avait laissée ; il poursuit le travail de démystification entrepris dans L’amour et VOccident en approfondissant la question du désir mimétique.4 Il ajoute aux concepts de sujet et d’objet – qui aboutissent inévitablement à l’impasse de l’obstacle – celui de médiateur en tant que tiers toujours présent dans le rapport du sujet à l’objet de son désir. Le médiateur est le modèle qui guide le sujet vers tel objet plutôt qu’un autre ; en d’autres termes, le sujet désire l’objet que le médiateur désirerait à sa place parce qu’il s’identifie à ce modèle qu’il cherche à imiter de la même façon que les enfants imitent leurs parents : pour se former une identité. Et si l’on poursuit avec cette comparaison, la relation du sujet à son médiateur, comme celle qui unit l’enfant à ses parents, oscille parfois entre l’amour et la haine.
Nous parlerons de médiation externe lorsque la distance est suffisante pour que les deux sphères de possibles dont le médiateur et le sujet occupent chacun le centre ne soient pas en contact. Nous parlerons de médiation interne lorsque cette même distance est assez réduite pour que les deux sphères pénètrent plus ou moins profondément l’une dans l’autre.
Ainsi, soit le médiateur ne joue pour le sujet que le rôle de modèle de son désir et n’intervient dans le rapport du sujet à l’objet qu’en tant que lointaine idole imitée (médiation externe), soit le médiateur est un sujet rival qui désire – ou pourrait désirer – l’objet et qui, donc, s’interpose en tant que modèle-obstacle entre le sujet et l’objet (médiation interne). Au fond, l’objet désiré est un prétexte pour atteindre l’être du médiateur : «Le prestige du médiateur se communique à l’objet désiré et confère à ce dernier une valeur illusoire.»6 Qu’il l’aime et tente de lui ressembler (médiation externe) ou qu’il s’en fasse un rival duquel il veut se dissocier et lui ressemble involontairement (médiation interne), le sujet, consciemment ou pas, veut être (comme) le médiateur puisqu’il désire les mêmes objets. En somme, le sujet désirant ne désire que ce qu’a désiré (ou aurait pu désirer) avant lui le médiateur qu’il prend pour modèle. À l’instar du Père freudien, le médiateur peut tout aussi bien être diabolique ou divin : il est le signe sous lequel s’unissent deux autres signes, le ciel au-dessus du lit des amants.
Notre hypothèse d’interprétation est la suivante : Tristan n’aurait jamais désiré Iseut aussi passionnément si elle n’avait pas été la femme du roi Marc. Nous allons reprendre l’idée de «quête du médiateur» amenée par René Girard pour l’appliquer à l’histoire de Tristan et confirmer la thèse selon laquelle le sujet désire s’identifier à son médiateur à travers ses objets d’amour.

Textes

Avant de commencer, résumons l’histoire de Tristan et Iseut en présentant les textes qui nous serviront de base pour y analyser le triangle amoureux. Bien que Le roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier soit agréable à lire, nous avons préféré faire appel aux textes d’origine, à savoir les poèmes octosyllabiques du Moyen Âge – du moins, leur traduction en français moderne -, car ils contiennent des détails intéressants susceptibles d’éclairer notre analyse. Les deux principales versions du Roman de Tristan qui retiendront notre attention datent du XIIe siècle et sont empreintes d’un christianisme dans lequel s’est diluée la source celtique de la légende – et sa morale païenne. Ces manuscrits, qui nous sont parvenus de façon fragmentaire, sont l’oeuvre de deux trouvères anglo-normands, Thomas et Béroul ; le premier relate la fin de l’histoire et le second, le milieu. Comme il existe une saga Scandinave datant du XIIIe siècle qui est la traduction norvégienne du roman de Thomas, nous nous servirons de cette version de la légende pour en reconstituer les événements à partir du début jusque là où commence le manuscrit de Béroul, après quoi nous verrons l’épisode de la Folie Tristan, auquel sont consacrés les manuscrits dits d’Oxford et de Berne – oeuvres d’auteurs anonymes probablement influencés par le récit de Thomas -, pour terminer avec la fin telle que la décrit Thomas.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIÈRE PARTIE -.L’INJUSTIFIABLE, ROMAN 
DEUXIÈME PARTIE : ACCOMPAGNEMENT THÉORIQUE 
2.1 L’amour-passion ou l’illusion romantique 
2.2 Textes 
2.3 Le triangle amoureux dans le mythe de Tristan 
2.3.1 Tristan avant Iseut : Marc médiateur externe
2.3.2 Tristan et Iseut : Marc médiateur interne
2.3.3 Tristan comme Iseut : médiation double
2.4 Un bilan de la passion 
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 

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