L’AMÉNAGEMENT FORESTIER

L’AMÉNAGEMENT FORESTIER

Archives récentes des perturbations naturelles et anthropiques:

Les perturbations ayant affecté le territoire de la décennie 1940 à la décennie 2000 ont été recensées puisque ces éléments étaient visibles sur les photographies aériennes ayant servi à la production des cartes. Cependant, il faut noter que pour les épidémies d’insectes et les chablis, les cartes écoforestières n’indiquent pas de date précise. Nous avons utilisé la base de données sur les feux du ministère des Ressources naturelles (MRN). Comme elle a été développée à l’échelle du Québec, les feux de petite taille n’ont pas été cartographiés. Pour le territoire de la présente étude, le plus petit feu cartographié avait une superficie de 4, 7 hectares. Les cartes écoforestières mentionnent les épidémies de la TBE, tandis que les épidémies de la livrée des forêts n’ont pas été répertoriées. Bien que ces dernières aient couvert une bonne partie du territoire et de ses environs (Cooke et Lorenzetti, 2006; Campbell, 2008; Charbonneau et al., 2012; Moulinier et al., 2011, 2013), elles n’ont commencé à faire l’objet d’un suivi documenté qu’à partir des années 1980. Nous avons consulté les archives de la Direction de la protection des forêts (DPF) du MRN pour obtenir les données concernant les dommages causés par la livrée des forêts à partir de 1985. La compilation et le traitement des données ont permis de déterminer les superficies de territoire affectées par les perturbations naturelles par décennie.

Historique des feux:

Étant donné que les cartes écoforestières sont basées sur des photographies aériennes récentes, des feux anciens (< 1940) n’ont probablement pu être cartographiés puisque leur contour s’atténue avec le temps. Des photos d’archives provenant de la photocartothèque nationale du Canada ont permis d’allonger la période couverte par les feux jusqu’aux années 1880. Certaines photographies aériennes utilisées ont été prises en 1926 dans différentes parties du territoire. D’autres datant de 1938 et de 1946 ont respectivement couvert les parties Nord et Nord-Ouest du territoire. Dans les trois cas, l’échelle de résolution est fme, environ 1:15 000. Des photos aériennes datant de 1973 couvraient la partie Nord du territoire à une échelle de 1:36 000. Dans tous les cas, les secteurs incendiés pouvaient être facilement identifiés et leur contour reporté sur une carte suivant leur numérisation. L’année du feu a été 15 estimée d’après l’année de la photographie et la régénération visible sur la photographie. La combinaison des données des photos aériennes (à partir de 1880) et des cartes écoforestières (à partir de 1970), nous a permis de comparer les superficies brulées par décennie depuis 1880 jusqu’en 2010 et pour deux périodes spécifiques de trente années (décennies 1950, 1960 et 1970 et décennies 1980, 1990 et 2000).

Cycle de feux:

Une grille avec mailles de 10 x 10 km2 a été appliquée sur le territoire et le temps depuis le dernier feu a été déterminé pour chacune des cases de la grille (N = 119). Parmi ces points, il y en a 88 dont la date a été déterminée par la cartographie des feux, 15 par des placetteséchantillon dans les zones où les feux n’ont pas été cartographiés et 16 à partir des placettes permanentes ou temporaires du MRN. Le cycle des feux est le temps requis pour brûler une superficie équivalente à l’aire d ‘étude (Johnson et Gutsell, 1994). Il est égal à l’inverse des superficies moyennes brûlées annuellement. En supposant un cycle de feux constant dans le temps, la distribution des classes d’âge dans le paysage suit une exponentielle négative dont le centroïde correspond au cycle de feux (Johson et Gutsell, 1994). Les données d’archives ont ainsi été compilées et confrontées à une distribution exponentielle négative.

REMERCIEMENTS:

Nous remercions tout d’abord la communauté de Kitcisakik qui a accueilli ce projet, les aides de terrain (Maxime Charron et Alexandre Tremblay), les aides de laboratoire (Danny Bisson, Benoît Tendeng, Eliana Molina, Abdoul Ousmane Dia et Marc Mazerolle) et les organismes qui ont soutenu financièrement ce proj et (Chaire de recherche du Canada en foresterie autochtone, Chaire en aménagement forestier durable, Chaire Desjardins en développement des petites collectivités, Fonds québécois de recherche – Nature et technologies, Réseau Dialog, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue). Nous remercions également Mélanie Desrochers du Centre d ‘étude de la forêt (Université du Québec à Montréal) pour la Figure 2.1 et 2.2, Dominique Deshaies et Louis Prévost et le Ministère des Ressources naturelles pour leur collaboration.

MATÉRIEL ET MÉTHODES:

Aire d’étude:

L’aire d’étude se trouve dans la forêt tempérée mixte du Québec et correspond au territoire de la communauté algonquine de Kitcisak:ik, qui chevauche les sous-domaines bioclimatiques de la sapinière à bouleau jaune de l’ouest (SAB-BOJ-0) au sud (sur 81% de sa superficie) et de la sapinière à bouleau blanc de l’ouest (SAB-BOP-0) au nord (Saucier et al., 1998; SaintArnaud, 2009) (Figure 3.1). Dans la SAB-BOJ, en plus des peuplements mixtes de sapin baumier (Abies balsamea [L.] Mill.) et de bouleau jaune (Betula alleghaniensis Britton) représentant les principales formations végétales de fm de succession (Prévost et al., 2003), on trouve le pin blanc (Pinus strobus L.), le pin rouge (Pinus resinosa Ait.), le thuya occidental (Thuja occidentalis L.), l’épinette blanche (Picea glauca [Moench] Voss.), l’érable rouge (Acer rubrum L.) et l’érable à sucre (Acer saccharum Marsh.). Le bouleau blanc (Betula papyrifera Marsh.), le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx.), l’épinette noire (Picea mariana [Mill.] BSP) et le pin gris (Pinus banksiana Lamb.) sont aussi présents par endroits (OIQF, 2009), sur les sites extrêmes (xériques ou hydriques) ou récemment perturbés. Dans la SAB-BOJ les précipitations annuelles atteignent 914 mm et la température moyenne annuelle de 1,2 ± 0,9°C (Environment Canada, 2011).

État de la forêt et des BSE:

Le contexte forestier actuel est marqué par un rajeunissement et un enfeuillement par le bouleau blanc. Entre 1970 et 2000, certains BSE d’approvisionnement comme le lièvre, l’orignal et le bois de chauffage, et dans une moindre mesure, le castor, et des BSE culturels comme l’écorce de bouleau blanc et les plantes médicinales (thuya) ont augmenté. Cependant, les bois de construction d’épinette et de sapin, le sirop d’érable et les vieilles forêts ont diminué. Les forêts en santé et le pin blanc sont demeurés relativement stables. Dans la majeure partie du territoire, les habitats de bonne qualité de l’orignal ont diminué. Ainsi, même si les sites culturels ont augmenté, le potentiel des activités culturelles a diminué avec la prise en compte des fonctions culturelles que d’autres BSE comme la faune, l’épinette et le sapin peuvent assurer.

Principales parties prenantes:

L’aménagement de la forêt est du ressort du gouvernement provincial, qui élabore et met en œuvre les politiques de gestion de la forêt. Le Ministère des Forêts de la Faune et des Parcs est responsable de l’aménagement durable et de la gestion des forêts publiques, ce qm signifie qu’il est responsable de la planification forestière, du suivi et du contrôle des interventions forestières, de l’attribution des droits forestiers ainsi que du mesurage des bois (MRN, 2014). Les compagnies forestières s’occupent des opérations forestières et de la certification environnementale. La communauté de Kitcisak:ik tire divers biens et services de la forêt (Chapitre 3) et plusieurs membres s’adonnent encore à diverses activités culturelles et traditionnelles (Saint-Arnaud, 2009). La communauté a mis en place le DépartementAki pour s’occuper des questions liées à la forêt et jouer le rôle d’interface avec les autres parties prenantes. Le Département Aki à pour mission de «Protéger, défendre et promouvoir le territoire Aki et le patrimoine culturel de Kitcisakik pour répondre aux besoins de la communauté et des générations futures en mettant en oeuvre des projets de développement et de gestion du territoire et en favorisant l’acquisition et le partage des connaissances traditionnelles et scientifiques» (Département Aki de Kitcisak:ik, 2012). La communauté a aussi mis en place les fondements d’une foresterie autochtone avec un cadre de critères et d’indicateurs d’aménagement forestier durable (Saint-Arnaud et al., 2009) qu’elle considère comme document de référence pour l ‘aménagement de la forêt sur son territoire.

Enjeux et solutions:

La communauté a identifié trois pnnctpaux enJeux. Elle ne rejette pas en bloc l’idée d’aménager la forêt. Cependant, les solutions qu’elle propose indiquent sa claire opposition à certaines pratiques. Elle met l’accent sur la conservation de la forêt, la restauration et le maintien des écosystèmes. Le premier enjeu est lié à la diminution des produits forestiers ligneux, surtout des résineux. Pour y faire face, la communauté propose une diminution des territoires aménagés, l’arrêt des coupes totales de grandes superficies, l’augmentation des coupes partielles et la plantation en remettant les mêmes espèces qui ont été prélevées par les coupes. Le second enjeu concerne la dégradation de la forêt et la diminution du potentiel culturel avec la prise en compte des fonctions culturelles que d’autres BSE comme la faune, l’épinette et le sapin peuvent assurer. Pour les rétablir, la communauté réclame l’augmentation des superficies protégées, notamment par la transformation de la Réserve faunique La Vérendrye en Parc National. Pour elle, un moratoire sur les coupes pour une période déterminée, permettrait de restaurer les écosystèmes. De même, la fermeture de certains chemins existants, la limitation de l’ouverture de nouveaux chemins, l’élargissement des bandes de protection riveraines et la réalisation des opérations pendant l’hiver permettent de donner plus de repos à la forêt. Pour faire face à la diminution des retombées socioéconomiques et culturelles, la communauté considère que la mise en œuvre d’un proj et de forêt de proximité serait une avenue intéressante. En effet, le concept de forêt de proximité comporte les deux éléments importants que sont le caractère communautaire de la gestion de la forêt et la notion de proximité (MRNF, 2011). La mise en place des forêts de proximité a pour objectifs de: i) donner aux communautés un pouvoir de décision ainsi que certaines responsabilités liées à la gestion et à la mise en valeur d’un territoire forestier public et de
certaines de ses ressources; ii) permettre un retour direct, dans les communautés, des bénéfices socioéconomiques tirés de la gestion et de la mise en valeur du territoire constitué en forêt de proximité et de ses ressources. Les retombées suscitées par la mise en valeur des forêts de proximité devraient être multiples et permettre aux communautés de diversifier leurs activités socioéconomiques (p. ex. : ressources ligneuses et fauniques, tourisme, récréotourisme, partenariats économiques, développement social et communautaire, etc.); iii) permettre à ces communautés de développer ou de consolider une expertise en matière de gestion du territoire forestier et de ses ressources (MRNF, 2011). Le troisième enjeu est relatif à la diminution des retombées socio-écologiques et socio-économiques. Pour y faire face, la communauté préconise la diversification des activités menées dans la forêt (écotourisme, artisanat, développement des PFNL, chasse, trappe et pêche).

IMPLICATION ET PARTICIPATION DE LA COMMUNAUTÉ:

L’importance croissante et l’ampleur des impacts des activités humaines sur les écosystèmes exigent maintenant leur incorporation explicite dans des stratégies de gestion et de conservation (Berkes, 2004; Elmqvist et al., 2004; Beier et al., 2008). Cependant, ces stratégies doivent être mises en place dans le cadre d’un processus bien planifié, en accord avec les différentes parties prenantes impliquées dans la gestion de la forêt et du territoire. Dans le cas de Kitcisakik, ces stratégies peuvent être articulées autour des points suivants.

Identification des objectif:

À partir des enjeux et des solutions qui ont été identifiés par la communauté, des objectifs pourront être fixés. Pour ce faire, les critères déterminés par la communauté (Saint-Arnaud et al., 2009), notamment pour les principes écologique, culturel et économique, vont servir de référence. Les enjeux relatifs à chaque critère pourront permettre d’établir des objectifs, dont l’atteinte sera mesurée au moyen d’indicateurs de suivi. Les objectifs feront l’objet de négociations avec les différentes parties prenantes, notamment le gouvernement dans le cadre de l’harmonisation et les compagnies forestières. Les parties prenantes de la table de gestion intégrée des ressources et du territoire pourront être intégrées au processus. Les objectifs identifiés vont constituer une base de travail pour le reste du processus.

CONCLUSION GÉNÉRALE:

L’ampleur des impacts des activités humaines sur les forêts requiert de plus en plus que les stratégies de gestion et de conservation en tiennent compte (Kneeshaw et al., 2000; Berkes, 2004; Elmqvist et al., 2004; Beier et al., 2008). Cette prise en compte passe par une implication et une participation active des parties prenantes dans la conception et la mise en œuvre de l’aménagement, mais aussi dans les processus décisionnels (Pendzich et al., 1994; Reed et al., 2009). En effet, dans le cas de Kitcisakik, la participation, en plus de l’influence qu’elle permet à la communauté d’avoir dans la gestion de la forêt, permet de mieux accéder aux retombées (Hickey et Nelson, 2005). La présente thèse de doctorat met l’accent sur la nécessité d’une meilleure connaissance des enjeux relatifs à la forêt et à la communauté pour arriver à aménagement écologiquement durable, socialement acceptable et économiquement viable. Pour ce faire, différentes étapes ont été suivies. Elles sont relatives à la nécessité d’une connaissance approfondie de l’état de la forêt et des biens et services environnementaux qu’elle procure. Elles concernent la réalisation d’un diagnostic et d’une analyse sur les parties prenantes présentes sur le territoire, notamment des contraintes auxquelles la communauté fait face dans la gestion de la forêt.

 

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE 
Contexte
Forêts tempérées mixtes
Altération des forêts mixtes
Dépendance des communautés autochtones aux forêts mixtes
Prise en compte des communautés autochtones dans l’aménagement
Objectifs de la recherche
Aire d’étude
CHAPITRE II
ATTRIBUTS DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU JAUNE DE L ‘OUEST AUX
PÉRIODES PRÉINDUSTRIELLE ET ACTUELLE EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE,
QUÉBEC 
Résumé
Introduction
Matériel et méthodes
Aire d’étude
Cartes écoforestières
Archives récentes des perturbations naturelles et anthropiques
Historique des feux
Cycle de feux
Superficies affectées par les perturbations anthropiques
Caractéristiques de la végétation
Analyses statistiques
Résultats et discussion
Historique des feux et superficies affectées
Épidémies d’insectes
Coupes forestières
Caractéristiques de la végétation dans les décennies 1970 et 2000
Couvert, classes d’âge et densité
Groupes d’ essences et classes d’âge
Impacts des perturbations sur les groupes d’essences
Conclusion                                                                                                                      Remerciements
Références
Annexes
CHAPITRE III
IMPACTS DE L’AMÉNAGEMENT FORESTIER SUR LA DISPONIBILITÉ DES
BIENS ET SERVICES ENVIRONNEMENTAUX POUR UNE COMMUNAUTÉ
AUTOCHTONE EN FORÊT TEMPÉRÉE MIXTE  
Résumé
Introduction
Matériel et méthodes
Aire d’ étude
Identification, classification et évaluation des BSE
Analyse de l’état et de l’évolution des BSE
Résultats
Répartition spatiale des BSE
Interactions entre les BSE
Écarts entre les BSE à l’échelle des terrains de trappe et du territoire
Diversité des BSE
Discussion
Diminution des pessières, des sapinières et des érablières
Diminution des vieilles forêts
Augmentation du bois de chauffage
Augmentation des habitats fauniques de bonne qualité
Relations des BSE fauniques
Synergies
Compromis entre la faune et les autres BSE
Augmentation apparente de certains BSE culturels
Conclusion

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