L’allergie alimentaire  

L’allergie alimentaire  

Les réactions adverses dues aux aliments sont un phénomène connu depuis plusieurs siècles. Hippocrate a reconnu dès le 5ème siècle avant Jésus-Christ, que le lait de vache pouvait causer des troubles digestifs et de l’urticaire (Chabot, 1951). L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est la première allergie alimentaire à apparaître dans l’enfance et la plus fréquente chez les nourrissons au cours de la première année de vie. Etant une allergie très ancienne dans sa description, elle est la mieux connue en pédiatrie (Meglio et al., 2004). C’est une réaction du système immunitaire contre une ou plusieurs protéines de lait de vache (toutes potentiellement allergisantes) (Kumar et al., 2012). Les instances internationales: OMS (Organisation Mondiale de la Santé),WAO (World Allergy Organization), DRACMA (Diagnosis and Rationale for Action against Cow’s Milk Allergy),Cercle d’Investigations Cliniques et Biologiques en Allergologie Alimentaire (CICBAA), l’Académie européenne d’allergologie et d’immunologie clinique (EAACI) et des groupes de travaux ont enrichi nos connaissances en matière d’allergologie de l’enfant, elles ont donné des chiffres (fréquences, prévalences, incidences…) à travers le monde, elles ont traité des difficultés diagnostiques, des complications nutritionnelles, des facteurs familiaux et environnementaux, et enfin de l’évolution de la prise en charge thérapeutique. La prise en charge habituelle des enfants allergiques aux protéines de lait de vache repose sur le régime d’éviction du lait et des produits dérivés. Tant que dure l’exclusion, les enfants bénéficient d’un hydrolysat de protéines de lait de vache, voire d’un substitut à base d’acides aminés. Ces régimes sont difficiles, coûteux parfois carencés et marginalisent ces enfants (Morisset, 2010).
On peut avoir recours à un traitement qui vise à rendre l’organisme tolérant à l’allergène en question. Il s’agit de l’immunothérapie sublinguale (ITSL) (Santos, 2014). Elle consiste à faire ingérer des doses croissantes de protéines de lait de vache pendant une phase d’induction pour aboutir à une phase d’entretien de prise quotidienne de la dose maximale tolérée. En effet, le patient peut s’auto-administrer par l’ITSL à la maison, comme cela se fait depuis plusieurs années dans la plupart des pays de l’Europe et de l’Amérique (Santos, 2014). L’immunothérapie sublinguale est une intervention thérapeutique, et une opportunité majeure pour améliorer la qualité de vie des enfants présentant une APLV. Cette voie d’administration est activement étudiée, elle est une des voies de recherche (Osama et al., 2017).

Introduction

A partir des travaux accomplis par de nombreux chercheurs, nous émettons l’hypothèse qu’on peut réduire la durée de cette thérapie en modifiant deux paramètres: la dose d’allergène injecté et la qualité du lait ingurgité. Notre objectif vise à améliorer l’efficacité de l’ITSL au lait de vache (LV) en réduisant la durée du traitement par des doses croissantes de l’allergène administré et en utilisant
différents types de lait de vache (cru, pasteurisé et stérilisé). Dans un premier temps, nous avons testé l’efficacité d’immunothérapie sublinguale au lait de vache en réduisant la durée du traitement par des doses croissantes de l’allergène administré. Ensuite, nous avons raccourci la durée d’ITSL en utilisant trois types de lait de vache (cru, pasteurisé et stérilisé) sur les souris Balb/c immunisées par la bêtalactoglobuline (ß-Lg) et alphalactalbumine (α-Lac).

Rappels

bibliographiques

Rappels bibliographiques

Histoire de l’allergie

Les premières réactions au lait de vache (Hippocrate 460-370 avant Jésut-Christ) et au lait de chèvre (Galien, 331-210 après Jésut-Christ) étaient déjà connues depuis l’antiquité. Ces auteurs ont présenté des symptômes suite à l’ingestion d’aliments, qui de nos jours sont caractéristiques à l’allergie alimentaire (Molkhou, 2003; Dutau et al., 2006). C’est un pédiatre autrichien, Clemens Von Pirquet qui utilisa pour la première fois en 1906 le mot allergie, pour décrire une réaction étrange, sans relation avec les symptômes de la maladie. Le terme « allergie » dérivé du grec ancien, allos (autre) et ergon (travail, activité) correspond à « une autre façon de répondre » à un stimulus externe. Clemens Von Pirquet et Béla Schick (un pédiatre américain d’origine hongroise) ont été les premiers à définir le mot «allergie» en tant qu’entité clinique désignant toute modification d’ordre immunologique observée lors d’un second contact avec un même antigène.
En France, en 1908, le professeur Hutinel décrit les accidents de type immédiat chez des enfants nourris au lait de vache (LV). En Suède, en 1910, Wernsted a été le premier à proposer le terme «Allergie au LV», en expliquant le phénomène par l’hypothèse d’une modification de la réactivité du LV après une première exposition. En 1916, un pédiatre américain, Talbot, précise ce qui différencie l’anaphylaxie au LV de l’idiosyncrasie. En 1938, une réaction allergique due à l’inhalation de protéines lactées bovines (PLB) est signalée au Danemark chez un employé de laiterie, ce qui introduit déjà la notion d’allergènes alimentaires aéroportés. Avant 1950, l’incidence APLV au cours de la première année de vie était faible. A partir des années 1950, plusieurs publications témoignaient d’une augmentation de l’allergie aux protéines de lait de vache ou de l’intolérance aux protéines lactées (APLV), coïncidant avec la diminution de l’allaitement maternel et l’utilisation croissante de formules à base de LV (Walker-Smith, 1975). C’est à Jérôme Glaser (le pédiatre) que nous devons le premier traité détaillé de l’allergologie pédiatrique, qui nous donnera une explication plus détaillée de l’allergie alimentaire. Il abordera entre autre l’anaphylaxie alimentaire, le décès par allergie, le régime d’exclusion, l’hypersensibilité (Dutau et al., 2006). Aujourd’hui nous assistons à une explosion des cas d’allergies, notamment dues à la consommation plus fréquente de fruits et noix exotiques et à l’apparition de nouveaux allergènes jusqu’à maintenant inconnus.
 
Définition de l’allergie alimentaire

La plupart des auteurs dont Moneret- Vautrin, Rancé et Molkhou, sont d’accord pour définir l’allergie alimentaire (AA), comme l’ensemble des manifestations cliniques liées à une réponse immunoallergique dirigée contre les allergènes alimentaires (Rancé et al., 2000 ; Moneret- Vautrin et al., 2001 ; Molkhou, 2003). C’est une réaction immunologique, dépendante des immunoglobulines E (IgE), mais pas exclusivement (cas des intolérances aux protéines de lait de vache ou de la maladie cœliaque) qui se traduit par des manifestations pathologiques survenant après ingestion d’un allergène alimentaire (ou trophallergène) impliquant un mécanisme immunologique. C’est une réaction anormale, exagérée et inadaptée du système immunitaire consécutive au contact itératif avec une substance étrangère, laquelle prendra plus tard la dénomination d’allergène (Igea, 2013 ; Tonnel, 2014). Il est important de distinguer allergie et intolérance alimentaires, qui font appel à des mécanismes bien distincts ne concernant pas les mêmes cibles. Le passage d’une intolérance vers une allergie n’est pas à exclure (Rancé et al., 2013). Le terme d’intolérance doit être attribué aux réactions adverses aux aliments n’impliquant pas un mécanisme immunologique. Ces réactions sont cliniquement très proches des réactions allergiques notamment les réactions mineures.

Lait de vache

Le lait de vache est considéré comme un aliment complet, équilibré en nutriments et riches en minéraux. De ce fait, il est très largement consommé sur l’ensemble de la planète principalement par les enfants mais aussi par les adultes, sous forme de produits liquides ou de produits transformés. La présence du lait est bien connue dans des aliments simples tels que fromages, yaourts et beurre. En revanche on le retrouve dans d’autres produits sous forme d’allergènes masqués (saumon fumé, soupes, cosmétiques, baume dentaire…). La quantité des protéines du lait de vache est nettement supérieure à celle du lait maternel. Il y a environ 30 à 35 g de protéines dans le lait de vache. Toutes ces protéines peuvent être potentiellement allergéniques, même celles présentes en faible quantité. En effet, parfois, ces dernières sont les seules à être reconnues par les IgE et sont donc responsables des manifestations allergiques (Wal, 2011).
Deux fractions protéiques constituent le lait de vache, le lactosérum, constitué principalement de la ß-lactoglobuline (β-lg), l’α-lactalbumine (α-lac), le sérum albumine bovine (SAB), la lactoferrine (Lf), les immunoglobulines (Ig), et le coagulum avec notamment la fraction caséine représentée par 4 protéines (αs1, αs2, β et κ plus abondantes). Ces principales protéines ne représentent qu’une partie parmi la multiplicité et la diversité des protéines constituant le lait (Vilain, 2010).

Epidémiologie de l’allergie aux protéines de lait de vache

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’allergie est située au quatrième rang des maladies les plus fréquentes (International classification of diseases‟ICD”) (Tanno et al., 2016). Elle est la première allergie à apparaître chez l’enfant recevant une alimentation à base de lait de vache (Dumond et al., 2006). Parmi les 170 allergènes alimentaires identifiés, les PLV sont les premières
responsables d’allergie alimentaire chez l’enfant en âge préscolaire.Le retentissement clinique est précoce dans les premiers mois de vie. L’APLV a été étudiée par de nombreuses équipes à travers le monde, dans la population générale et dans des séries hospitalières, donnant des fréquences différentes pouvant atteindre 29,2 %. Les chiffres d’incidence sont très variables selon les populations étudiées et selon les moyens diagnostiques allant de 0,1 % à 18,2 %, ceux de la prévalence ont varié de 2 % à 24 %. En Algérie, nous avons deux chiffres, une incidence à Alger (1,8 %) et une prévalence à Constantine (3,64 %) (Bouchetara et al., 2015). Le taux de guérison pour l’APLV est plutôt favorable par rapport aux autres allergènes. La tolérance peut apparaître à partir de 9 à 12 mois de vie, avec une médiane aux alentours de 3 à 5 ans, pour atteindre un taux de 80% à 8 ans Au-delà de 10 ans l’acquisition d’une tolérance est beaucoup plus rare (Muraro et al., 2014). Host et Skripak ont décelé des taux de guérison plus tardifs et moins favorables avec respectivement 19% d’enfants tolérants à 4 ans, 42% à 8 ans, 64% à 12 ans et 79% à 16 ans (Host, 1994 ; Skripak et al., 2007). Ces auteurs ont souligné qu’une tolérance pouvait s’acquérir à tout âge jusqu’à 16 ans. Cependant ces résultats doivent prendre en compte des patients issus d’un centre de référence en allergologie avec des patients allergiques sévères.
En Algérie, les études sur l’APLV sont peu nombreuses, cependant quelques cliniciens et biologistes s’y sont intéressés.  A Oran : en (1996), le pédiatre Boudraa, a réalisé une étude dans le service de Pédiatrie du CHU d’Oran, qui a concerné 203 enfants hospitalisés pour APLV et a retrouvé 90% de symptomatologie digestive avec 80% de dénutrition (Boudraa et al., 1996). En 2010, une deuxième description des caractéristiques cliniques de 517 patients APLV suivis au sein du même service a été effectuée (Boudraa et al., 2010).  A Alger : en (2010), dans une étude prospective réalisée sur une cohorte de 995 nouveau-nés, suivis jusqu’à l’âge d’un an, dans un milieu urbain, le professeur Ibsaine a trouvé une incidence d’APLV globale à 1,8% et une incidence d’APLV IgE-médiée à 1,1% (Ibsaine et al., 2010).  A Constantine : le docteur Boughellout , en (2015), a retrouvé une prévalence de 3,64 % , suite à une enquête transversale descriptive de prévalence par échantillonnage basée sur un questionnaire de 770 enfants âgés de 0 à 3 ans fréquentant trois centres de protection maternelle et infantile (PMI) de 2 communes de la wilaya de Constantine (Boughellout et al., 2015).

Mécanismes immunopathologiques de l’APLV

Il est nécessaire de connaître précisément la définition de l’APLV afin d’éviter certaines confusions, de bien comprendre les mécanismes physiologiques entrant en jeu dans son déclenchement, et son apparition (Ancelin et al., 2004). Chez le nourrisson, l’APLV est habituellement transitoire. Elle est liée à la maturation progressive de la barrière intestinale et du système lymphoïde intestinal qui permet l’établissement retardé de la tolérance alimentaire chez les sujets initialement sensibilisés (Navarro et al., 1986). Les réactions allergiques chez l’enfant sont cinq fois plus fréquentes en raison à la fois d’une maturité imparfaite du système immunitaire et d’une hyperperméabilité transitoire de la barrière intestinale à la naissance expliquant la possibilité de polysensibilisations précoces (Nancey et al., 2005). Le mécanisme des manifestations de l’allergie IgE-médiée (ou immédiates) aux PLV est bien établi. En présence de différents facteurs prédisposants (génétique, pH gastrique, microbiome, intégrité de la barrière intestinale), les différentes protéines contenues dans le lait de vache déclenchent une réponse immunitaire inflammatoire. La présentation d’épitopes, par les cellules dendritiques, aux lymphocytes T entraîne, via une réponse de type Th2, la production d’IgE.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie ?avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction 
Rappels bibliographiques
1. Histoire de l’allergie 
2. Définition de l’allergie alimentaire  
3. Lait de vache 
3.1. Epidémiologie de l’allergie aux protéines de lait de vache
3.2. Mécanisme immunopathologique de l’allergie aux protéines de lait de vache
3.2.1 La sensibilisation allergénique
3.2.2. La réaction allergique
3.3. Les allergènes
3.3.1. Les allergènes majeurs
3.3.1.1. Les caséines entières Bos d8
3.3.1.2. La bêtalactoglobuline Bos d5
3.3.1.3. L’alphalactalbumine Bos d
3.4.3.2. Immunothérapie allergénique
3.4.3.3. Immunothérapie sublinguale
3.4.3.3.1. Définition
3.4.3.3.2. Durée du traitement et contraintes
3.4.3.3.3. Mécanisme immunologique de l’immunothérapie sublinguale
3.4.3.3.3.1. Capture de l’allergène par des cellules présentatrices d’antigènes
3.4.3.3.3.2. Spécificités du système immunitaire buccal
3.4.3.4. Quelques travaux sur l’immunothérapie sublinguale au lait de vache
Matériels et méthodes
1. Produits et réactifs
2. Echantillons
2.1. Le lait de vache cru (LVC)
2.2. Le lait de vache pasteurisé (LVP)
2.2.1. Définition et objectif
2.2.2. Procédé de la pasteurisation
2.3. Le lait de vache stérilisé (LVS)
2.3.1. Définition et objectif
2.3.2. Procédé de la stérilisation
3. Analyse physico-chimique de lait de vache
3.1. Mesure de pH
3.2. Détermination de l’acidité
3.3. Détermination de l’extrait sec total (matière sèche totale)
3.4. Détermination de la densité
4. Dosage des protéines totales (selon Lowry et al., 1951)
5. Electrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de sodium dodecyl sulfate
6. Animaux
7. Evaluation du degré de sensibilisation des animaux
8. Technique d’étude in vitro en chambre de Ussing
9. Etude histologique
10. Méthodes statistiques
Résultats
1. Analyse des échantillons
1.1. Les paramètres physico-chimiques des trois laits
1.1.1. Le pH
1.1.2. La densité
1.1.3. L’ébullition
1.1.4. L’acidité
1.2. Dosage des protéines totales
1.3. Electrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de SDS
2. Mesure de la réaction d’IgG et IgE spécifique anti ß-Lg et anti α-Lac
3. Etude ex vivo en chambre de Ussing
3.1. Effet du dépôt des antigènes sensibilisants sur le courant de court-circuit (Isc)
3.1.1. Effet du dépôt de la ß-Lg sur la muqueuse intestinale de souris immunisée à la ß-Lg
3.1.2. Effet du dépôt de l’α-Lac sur la muqueuse intestinale de souris immunisée à l’α-Lac 8
3.2. Effet du dépôt des antigènes sensibilisants (ß-Lg, α-Lac) sur la conductance (G)
3.2.1. Effet du dépôt de la ß-Lg sur la muqueuse intestinale de souris immunisée à la ß-Lg
3.2.2. Effet du dépôt d’α-Lac sur la muqueuse intestinale de souris immunisée à l’α-Lac
4. Effet de l’immunisation et de traitement sur la structure intestinale
4.1. Histologie de la muqueuse intestinale d’une souris témoin négatif
4.2. Histologie de la muqueuse intestinale des souris immunisées
4.3. Histologie de la muqueuse intestinale des souris immunisées et traitées par ITSL au lait
4.4. Histologie de la muqueuse intestinale des souris immunisées à la ß-Lg et l’α-Lac et traitées
4.4.1. Histologie de la muqueuse intestinale des souris immunisées à l’α-Lac et traitées par ITSL
4.4.2. Histologie de la muqueuse intestinale des souris immunisées à la ß-Lg et traitées par ITSL
5. Effet du traitement sur la structure villositaire de l’épithélium intestinal
Discussion
1. Traitement de lait de vache
2. Choix de l’animal expérimental
3. Choix de la voie de sensibilisation et l’adjuvant
4. Titres sériques en IgG et IgE anti ß-Lg et anti α-Lac chez les souris Balb/c immunisées
5. Etude ex vivo en chambre de Ussing
6. Etude histologique
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *