L’AGRICULTURE IRRIGUEE DANS LES ANCIENS BANTOUSTANS

L’AGRICULTURE IRRIGUEE DANS LES ANCIENS BANTOUSTANS

Des périmètres moribonds

Aujourd’hui la situation est vraiment critique. Aucun de ces périmètres ne c01Tespond aux attentes initiales en tenne de développement et de suffisance alimentaire. Tout d’abord, on ne peut pas la qualifier d’agriculture familiale. En Afrique du Sud, l’existence d’une forte activité industrielle et minière a créer un tout autre modèle : les adultes, et en particulier les hommes ont migré vers les zones périurbaines (township), où le coût d’oppo11unité de la main d’oeuvre était le plus élevé. lis ont cependant gardé leur foyer rural dans les anciens bantoustans, où les grands-parents, les femmes et les enfants, dont le coût d’opportunité du travail était beaucoup plus faible, avaient la tâche de produire certains travaux à moindre coût que le marché, comme par exemple la production des aliments par l’agriculture de subsistance.

Dans les périmètres ÜTigués, les participants sont principalement des femmes et des retraités, qui soutiennent une large prop011ion d’enfants. On est donc loin du modèle de production familial et sur de telles parcelles l’agriculture subit un important déficit en main d’oeuvre (Low, 1986). Par ailleurs, le management centralisée n’a pas permis aux pa11icipants d’acqué1ir l’esprit d’initiative et les compétences ag1icoles nécessaires à une pratique commerciale de l ‘agriculturc. De plus, le niveau impo1tant de mécanisation introduit par Je gouvernement con-espond maintenant à des coûts et des 1isqucs trop impo1iants pour les participants. Enfin, sous le management centrnl, les participants n’ont jamais appris à s’organiser, aussi bien pour les services (intrants, marché, mécanisation … ) que pour la dist1ibution de l’eau. Ils sont bien en peine aujourd’hui d’organiser une production rentable dans des conditions d’autonomie totale.

L’agriculture, quand elle est pratiquée, n ‘ est souvent qu’une source de revenu secondaire : ! ‘argent provenant principalement des allocations vieillesse ou du salaire d’un membre de la famille souvent parti travailler en ville. En fait, seulement 10 à 30% seulement de la surface équipée est généralement utilisée. La plupart des participants continuent à bénéficier de leur parcelle, mais n’y cultivent rien. A cela plusieurs raisons : la vieillesse, la distance qui sépare les parcelles des habitations, la dégradation du réseau d’inigation. mais aussi l’image très péjorative de l’agriculture. Ce1tains participants utilisent leur parcelle pour de l’agriculture de subsistance, leur offrant ce1tains avantages (tradition, loisir, activité sociale) et bien sûr la production d’aliments, bien que l’avantage économique soit souvent discutable. Globalement, les rendements et la qualité des produits sont bien en dessous des standai·ds commerciaux. et on peut dire que l’agticulture commerciale est pratiquement absente (Merle et al., 2000).

De plus, les participants sont très amers et pessimistes quant au projet d’irrigation suite aux phases de déclin du périmètre qui les a notablement appauvris. Ils sont aussi très méfiants quant à la tenure des terres, craignant de se voir retirer leur parcelle s’ils ne s’en servent pas. (Loxton Venn & Associates, 2000). La gestion communale des terres réduit les initiatives et les investissements de long terme des participants comme les cultures pérennes ou les clôtures. Au niveau de la communauté, l’allocation des telTes n’est pas effective car Je système communal ne reflète pas la vraie valeur des terres. Au niveau des non-participants, cela introduit un certain ressentiment, justifié par les ten-es irrigables majoritairement laissées en friche.

De nouveaux défis pour les petits périmètres irrigués

Bouleversement du fonctionnement des périmètres irrigués Depuis les années 1980, le système de l’ apaitheid s’est peu à peu démantelé et depuis 1994, le gouvernement d’Afrique du Sud a entrepris de larges réformes pour lutter contre la pauvreté et combler les larges inégalités héritées du régime d ‘Apartheid (PelTet, 2001 ). En paiticulier, le statut des petits périmètres inigués d’Etat dans les anciens bantoustans n’est plus acceptable sous la nouvelle constitution. Globalement, trois séries d’initiatives touchent ! ‘agriculture irriguée dans les anciens bantoustans et constituent de véritables défis.

~ La nouvelle loi sur l’eau, adoptée en 1998, impose de profondes modifications en terme de droits d’usage et d’institutions. Le management de l’eau se décentralise par la création de deux niveaux institutionnels : les CMAs (Agences de bassins), en charge de la gestion de la ressource au niveau de bassin versants et les WUAs (Associations d’usagers) qui ont un intérêt plus local et suivent la stratégie des CMAs. L’eau destinée à ! ‘irrigation, comme à toute autre activité qui ne relève pas de l’environnement ou des besoins vitaux de l’homme, devra faire l’objet d’une licence, spécifiant le volume d’eau alloué et les conditions de l’allocation (durée, usage, bénéficiaire … ). L’allocation des droits d’usage individuels n’est pas possible dans les anciens bantoustans, où ! ‘allocation des ressources est souvent communale. Ainsi, les patiicipants des périmètres ÎlTigués devront s’organiser au sein d’une WUA pour obtenir une licence collective. La WUA ainsi formée sera en charge de la gestion de la ressource et de sa distribution sur Je périmètre et pouffa collecter une contribution financière de la pait de ses membres pour couvrir ses coûts de fonctionnement. De plus, l’irrigation subira certaines restrictions en terme d’allocation afin de respecter les usages p1i01itaires : besoins vitaux humains et réserve écologique.

Le gouvernement se retire de toute les activités d’irrigation de gestion des périmètres d’irrigation : il transfère aux usagers la charge des opérations et de la gestion des ouvrages, ainsi que leur prop1iété à terme. Cette décision s “inscrit dans une fo1te politique libérale, et devrait pe1mettre à l’Etat de réduire les sommes considérables englouties dans l’opération et la maintenance de pé1imètres m01ibonds qui ne fonctionnent pas ou que très peu. Ainsi, dès que les WUAs seront en place, ce sont elles qui auront en charge les ouvrages. Cependant, l’Etat s’engage à remettre en état les infrastructures transférées aux WUAs.

Le développement économique des anciens bantoustans pourrait s’appuyer sur l ‘ag1iculture irriguée. Pour l’instant, ces zones rnrales concentrent l’essentiel de la pauvreté (occuITence de 71 %). En Afrique du Sud, 66% des foyers noirs sont touchés par la pauvreté, comparé à 2% seulement des foyers blancs. L’agriculture y est très peu développée: 60% des foyers n’ont pas accès à la terre. (De Lange et al, 2000), et la seule agriculture réellement pratiquée est une agriculture de subsistance en pluvial sur des parcelles généralement de moins de 2 ha : taille dérisoire devant la taille moyenne de 1355 ha des exploitations commerciales sud-afiicaines (NDA, 2000). Dans ces zones, l’agriculture n’est la source primaire de revenu que pour 3% des foyers (NDA, 2000). Il n’existe donc pratiquement pas d’agriculture commerciale, même en système irrigué. La revitalisation des périmètres irrigués pounait donc participer à l’eff011 de développement de ces zones en réduisant l’insécurité alimentaire, et en créant un nouveau secteur d’activité: l’agriculture commerciale fournissant des opportunités d’emplois et des revenus décents en milieu rural.

L’objectif de l’étude

Pour tenter de répondre à ces questions, la première étape est l’acquisition de données. Des lignes directrices concernant ! ‘acquisition de données ont été publiées {ARC, 1999). Ce qu ïl manque à ce jour c’est un cadre de réflexion permettant de discuter ces données, de les traiter et de prendre des décisions. L’étude se propose de mettre en place l’ébauche d’un outil de gestion, qui pennet d’organiser et de synthétiser les données afin de faciliter la discussion, la décision, mais aussi la formation des futurs gestionnaires. La mise en place d’un cadre général de réflexion à travers un outil de gestion pe1mettrait du même coup d’harmoniser la démarche au niveau national, plutôt que de persévérer dans la multiplication des démarches au niveau provincial. Un outil de gestion n ‘est autre qu’une représentation formalisée de la réalité, où les info1mations sont organisées de façon à présenter une synthèse (sous fotme d’indicateurs, de tableau de gestion, de planification … ) sur laquelle les parties prenantes peuvent travailler. Cette approche, dite instrumentale, suppo1te à la fois la connaissance et l’exploration des évolutions possibles (Moisdon, 1997).

La structure même du modèle révèle le fonctionnement microéconomique d’un périmètre. Ceci est particulièrement appréciable en soi, car les acteurs peuvent avoir une représentation partielle de ce fonctionnement, limitée à leur domaine d’activité. La construction du modèle pe1met de mobiliser des infonnations de sources diverses et de les intégrer dans le cadre d’intervention. La formalisation et !”automatisation des calculs permettent d’aller plus loin dans l’exploration du champ des possibles. La situation actuelle est relativement complexe et l’on manque sensiblement d’info1mation ou d’expérience sur la façon dont les participants vont réagir. En effet, comme toute autre organisation, les périmètres inigués apparaissent comme une combinaison d’activités ayant chacune un cc1tain degré d’incertitude. La modélisation pe1met de pallier les limites cognitives humaines en présentant une représentation fonnalisée de la réalité. Enfin, Je modèle vise à supporter la mutation et l’action collective, en proposant des représentations pa1tagées des thèmes et questions relatifs aux périmètres irrigués. Ce sont ces représentations qui guident les négociations. En paiticulier, le modèle choisi repose sur la simulation : il permet de tester différents scénarios de mutation (Moisdon, 1997).

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Table des matières

  1. 1.UN OUTIL D’AIDE A LA DECISION SUR L’AGRICULTURE IRRIGUEE DANS ANCIENS BANTOUSTANS SUD-AFRICAINS
    1.1. L’AGRICULTURE IRRIGUEE DANS LES ANCIENS BANTOUSTANS
    1.1.1. ORIGINE ET DEVELOPPEMENT DES PETITS PERIMETRES IRRIGUES D’ETAT
    1.1.2. DES PERIMETRES MORIBONDS
    1.2. DE NOUVEAUX DEFIS POUR LES PETITS PERIMETRES IRRIGUES
    1.2. 1. BOULEVERSEMENT DU FONCTIONNEMENT DES PERIMETRES IRRIGUES..
    1.2.2. L’EMERGENCE DE GRANDES QUESTIONS
    1.3. LANCEMENT D’UNE APPROCHE INSTRUMENTALE POUR FACILITER LA DECISION
    1.3.1. L’OBJECTIF DE L’ETUDE
    1.3.2. LA METllODE
    1.3.3. L’ORGANISATION
    2.LA CONCEPTUALISATION
    2.1. PRINCIPES
    2.1.1. SUR LE fOND
    2.1.2. SUR LA FORME
    2.2. STRUCTURE DU MODELE
    2.2.1. FONCTIONNEMENT GENERAL
    2.2.2. STRI J\TIJRE INTERNE..
    2.3. PRINCIPALES HYPOTHESES DE CALCllL
    2.3.1. LE MODULE COUTS..
    2.3.2. LE MODULE PARTICIPANTS..
    2.3.3. LE MODULE CONTRIBUTION
    3.POTENTIEL ET LIMITES D]: SMILE POTENTIEL ILLUSTRE SUR L’EXEMPLE DE DD/NF
    3.1.1. L’UTILISATION DU MODELE, SUR L’EXEMPLE DE :NF/DD
    3.1.2. POTENTIEL DU MODELE
    3.2. DES EFFORTS DE DEVELOPPEMENT SONT ENCORE NECESSAIRES
    3.2.1. CREER UNE STRUCTURE ITERATIVE POUR LES SIMULATIONS
    3.2.2. ENRICHIR LA CONCEPTUALISATION
    3.2.3. RENDRE L’UTILISATION DU MODELE PLUS GENERIQUERapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

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