L’Agriculture et le peuple mapuche

Les Mapuche

La culture mapuche a profondément influencé les Chiliens ; elle a inspiré les poètes et la musique populaire, des mots de la langue indigène sont employés dans la vie quotidienne, de même que la gastronomie indigène. On peut voir des fleuves, des localités, des villages et des rues avec les noms des chefs guerriers ; les héros de la résistance au conquérant espagnol. Les Mapuche sont dans l’ADN du Chili. Les études de P. Rocco et al. (2002) de la revue Médica de Chile nous dit que dans certaines régions, les Mapuche représentent 84% du patrimoine génétique des chiliens.

Godoy et al. (2006) écrit que le peuple mapuche à travers l’histoire du Chili acquiert diverses connotations suivant la perception que l’Etat veut transmettre au peuple du Chili à travers les moyens de communication, son institution et sa presse. Les Mapuche sont discriminés, mis en ségrégation, exclus par la société « chilienne », par certains historiens et, de façon contradictoire, d’un autre coté, encensés, glorifiés et exaltés jusqu’à créer des images mythiques. De ces perceptions contradictoires surgissent des questions autour de ce peuple largement méconnu par la société chilienne et qui pourtant était au Chili et en Araucanie des centaines d’années avant la conquête.

Avant l’arrivée des européens au Chili, les Mapuche avaient une organisation, une langue, une cosmovision et des normes auxquelles se rattacher. Ils construisirent de grands tumuli funéraires, les kuel, ils édifièrent des petits villages, ils avaient des champs destinés à l’agriculture, ils installèrent des canaux d’irrigation, ils avaient des systèmes de production avec des animaux domestiques et des oiseauxet ils avaient des systèmes de culture. Presque un quart de million de Mapuche vit dispersé dans la géographie de l’Araucanie et ils maintiennent sans faiblir les mêmes revendications ancestrales avec lesquelles ils ont affronté des empires puissants et le pouvoir de l’Etat du Chili. Ce sont la terre, le droit d’être reconnu comme peuple, l’autonomie territoriale, sa langue et sa culture de relation avec la nature.

Hypothèses

Les Mapuche ont gardé leur culture et leur langue et se sont adaptés aux différents modes de production que leur ont imposés les occupants, les Espagnols et les Chiliens.

A l’arrivée des conquérants, les Mapuche, appelés araucans par les Espagnols, avaient un mode de production d’économie primitive qui organisait les relations sociales, c’est-à-dire la manière de s’approprier les moyens de production mais aussi la façon dont ils se positionnaient techniquement avec les moyens de travail. Cette économie communale peut se définir comme domestique étant donné que les Mapuche produisaient pour leurs nécessités culturelles.

Les Mapuche à la Conquête avaient abandonné le nomadisme et se transformaient en un peuple sédentaire, qui vivait dans des groupements de communautés. Ils avaient une agriculture pour la consommation familiale de la communauté, ils disposaient du germoplasme animal et végétal, des animaux domestiques et des volailles, des outils de travail et du matérielet ils avaient codifié le processus de travail avec la distribution des tâches et des responsabilités. Leurs relations avec la nature s’articulaient autour d`une cosmovision complexe.

Les Mapuche s’organisaient en une structure matricielle par communautés et de forme indépendante (comme aujourd’hui), sans structures centralisées, uniquement pour la division des tâches. Dans des circonstances spéciales ils élisaient des chefs qui regroupaient plusieurs communautés, par exemple pour les états de guerre, le chef désigné par les communautés était le toqui.

Pendant la Colonie, les Mapuche se sont adaptés au système féodal marchand, pratiquant de puissants systèmes de production de bétail et des systèmes de cultures pour assurer les besoins alimentaires de la communauté, ainsi que des systèmes artisanaux. Ils utilisaient un système de commerce de troc florissant pendant la Colonie, puis dans la République ils se sont adaptés au capitalisme et à l’internationalisation naissante de l’économie chilienne.

Pendant l’occupation chilienne et jusqu’au XXIème siècle, les Mapuche ont subi la servitude d’un peuple vaincu, ils furent dépossédés de leurs terres, de leurs troupeaux, de leurs équipements et outils de production, ils se transformèrent en agriculteurs de mini exploitations et ils durent s’habituer à vivre et survivre dans la pauvreté et l’indigence. Pourtant ils ont maintenu leur langue, leur culture et la lutte pour la terre.

La structure culturelle mapuche dans laquelle l’homme est intégré à la nature, à la terre, au ciel, à la mer, aux forêts, se maintient aujourd’hui et, c’est une opportunité pour l’agronomie chilienne d’apprendre des Mapuche et de privilégier moins de productivité et plus de biodiversité.

Les changements dans la société et l’économie mapuche depuis la conquête

Le mode de production communautaire 

La société primitive était une société sans propriété individuelle des moyens de production, mais avec à la place une propriété collective, ce que Marx aurait appelé « communisme primitif »: un mode de production dans lequel les relations sociales établies étaient des relations de collaborationet où les outils de travail et les produits obtenus appartenaient à la société. La propriété sociale dans les sociétés primitives élimine les relations d’exploitation, ce qui génère une collaboration dans les noyaux familiaux et l’aide mutuelle entre les hommes. Felipe Bates (1983) conçoit le système en tant que régime de communauté primitive : « la propriété prend la forme d’une propriété collective tribale » applicable au peuple mapuche. A l’heure actuelle, les relations socialistes de production se basent sur deux formes principales de production : étatique et coopérative. Ces deux grands types de propriété incluent dans leur évolution des relations de transition d’un état à l’autre, appelées relations de production transitionnelles, qui combinent des éléments de relation économique des deux grands groupes dans la période de transition d’une formation économico sociale à l’autre. D’autres études appuient ces concepts HERSKOVITS, M. J.(1965), Samir AMIN(1973). ROTHMAN (1979), Alain TESTAR( 1986) .

L’agriculture existait dans la société primitive mapuche bien avant la conquête espagnole. Selon Christian SILVA (2010), « le développement des forces productives et les relations de production de la période préhispanique sont comme des initiateurs d’une activité agricole embryonnaire dans le Centre et le Centre-Sud du Chili». Ricardo LATCHAM (1928-1936) effectua la même description ; citée par L. OTERO (2006) et Luis VITALE (1987-1993). La conquête, puis l’occupation chilienne, générèrent des changements dans le système de production mapuche primitif, communautaire, tribal et social. La base des relations de production était la propriété collective des moyens de production dans chaque communauté, un type de production qui correspondait aux forces productives primitives. Le travail dans les communautés ne générait pas d’excédent par rapport au minimum vital nécessaire, ce que des auteurs appellent l’économie primitive communautaire de subsistance culturelle. La distribution des produits était égalitaire. Par conséquent, il n’y avait ni inégalité de biens, ni classes sociales, ni exploitation de l’homme par l’homme, ni Etat. Beaucoup d’aspects ancestraux de la communauté primitive persistent dans le peuple mapuche d’aujourd’hui et, c’est dans ces caractéristiques sociales que réside sa force et que sa survie repose (CONADI 2003). Selon Juan Carlos Radovich (2003.) La terre donc ,n est pas seulement un objet et une expression du milieu de travail, mais est aussi symbolique de l’ethnicité.

Le mode de production communautaire primitif fut confronté à un système féodal qui se basait sur la propriété de la terre et la propriété partielle des travailleurs paysans, les serfs, et dans l’exploitation de ces derniers comme propriété des seigneurs féodaux. S’en détachent des traits majeurs: l’existence d’une économie naturelle, dans laquelle on produit principalement les biens et services pour la consommation du groupe économique « ferme » et peu pour le marché, ce qui rend nulle la présence d’une économie marchande. La colonie développe rapidement des caractéristiques d’économie marchande transversale aux modes de production et les marchés commencent à organiser l’activité économique (CONADI* ,2003).Selón

Un aspect important de l’organisation de l’économie de la colonie fut l’encomienda. Dans celle-ci s’établit la dépendance personnelle du Mapuche envers le propriétaire terrien, sous prétexte de formation, d’éducation et de « responsabilité sociale » de l’encomendero. La propriété sur la terre, aux mains des officiels, des soldats de l’armée conquérante et du clergé, était le moyen de base pour obtenir le travail ou les produits non rémunérés de la part des indigènes. « Avec ces arguments, on peut faire une analogie de l’encomienda avec le système féodal, étant donné que les conquistadors au moment du partage de la terre en encomiendas essayaient de reproduire le modèle féodal avec des incrustations esclavagistes, puis marchandes « (Mario GONGORA, 1974).

Dans le modèle de production esclavagiste, les relations de production se basaient dans la propriété des maitres sur les moyens de production et sur les esclaves, considérés comme des « instruments parlants » sans aucun droit et soumis à une exploitation cruelle. Le travail de l’esclave avait un caractère ouvertement coercitif. Il était pratiqué à grande échelle dans les latifundias (immense propriété agricole possédée par des colons), encomiendas et dans la production artisanale. Le maitre disposait non seulement du travail, mais aussi de la vie de l’esclave. Les Mapuche et les Indigènes en général travaillèrent pour les encomenderos sous le régime de l’esclavage. Cette situation s’adoucit au Chili pour une expression plus indulgente que fût l’inquilinaje (système de travailleur agricole très peu payé), qui survécut jusqu’à plus de la moitié du vingtième siècle quand les lois de la Réforme Agraire et le syndicalisme paysan l’éliminèrent presque complètement (Mario GONGORA, 1974). (Brian LOVEMAN,2001).

Selon Mario GONGORA (1974), « les capitaines conquistadors et les soldats des armées espagnoles pouvaient obtenir des encomiendas de peuplement autochtone et des seigneuries terrestres.« Gongora décrit le système de l’encomienda « Les encomiendas étaient un groupe d’indiens qui étaient sous la responsabilité d’un conquistador, appelé encomendero. , Les encomenderos avaient l’obligation d’assurer le bien-être des encomendados et de collaborer à leur évangélisation ».

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

I INTRODUCTION
1.1 LES MAPUCHE
1.2 OBJECTIFS
1.3 HYPOTHESES
1.4 METHODOLOGIE
1.4.1 Caractérisation de l’étude
1.4.2 Organisation de l’étude
1.5 SOURCES D’INFORMATION
1.5.1 Les sources bibliographiques et documentaires
II AGRICULTURE ET SURVIE DU PEUPLE MAPUCHE
2.1 LES CHANGEMENTS DANS LA SOCIETE ET L’ECONOMIE MAPUCHE DEPUIS LA CONQUETE Le mode de production communautaire
2.2 LES CHANGEMENTS DANS LES MOYENS DE PRODUCTION DANS LA SOCIETE MAPUCHE La situation actuelle des Mapuche en Araucanie
III ORIGINE ET PEUPLEMENT DES MAPUCHE QUI PRATIQUAIT DES ACTIVITES AGRICOLES A L’ARRIVEE DES ESPAGNOLS
3.1 L’ORIGINE DU PEUPLE MAPUCHE
3.2 LA NATION MAPUCHE : UNE NATION COMPOSEE DE PLUSIEURS PEUPLES
3.3 LES SITES ARCHEOLOGIQUES MONTRENT L’EXISTENCE DE PEUPLES DANS LE CENTRE-SUD DU CHILI DEPUIS PLUS DE 12 000 ANS Monte Verde Quereo Tagua-Tagua Pitren
La Cueva de Fell (La Grotte de Fell)
Le Complexe Aconcagua au Chili Central
3.4 LA TRACE GENETIQUE CHEZ LES MAPUCHE
3.5 L’HISTOIRE DE LA DEMOGRAPHIE MAPUCHE : LA ZONE ENTRE LE CACHAPOAL ET CHILOE MONTRE L’IMPORTANCE DE L’AGRICULTURE
3.5.1 La population mapuche dans l’histoire
3.5.2 La Démographie actuelle
3.6 L’ORGANISATION SOCIALE ET TERRITORIALE DES MAPUCHE
3.6.1 La famille
3.6.2 L’organisation sociale
3.6.3 Structure de pouvoir et organisations sociopolitiques
3.6.4 La délimitation territoriale des groupes de familles
3.7 QUELQUES ELEMENTS DE LA COSMOVISION MAPUCHE
3.7.1 Le cosmos mapuche
3.7.2 Les cérémonies
3.7.3 La médicine mapuche et les machi
3.7.4 Les machi
3.7.5 Système curatif
3.8 NATURE ET PEUPLEMENT
L’habitat mapuche
3.9 L’AGRICULTURE MAPUCHE
3.9.1 L’approvisionnement alimentaire des villages mapuche
3.9.2 L’agriculture mapuche à l’époque de la conquête
La nature d’Araucanie
« Ecosystèmes de caractère tempéré hygromorphique
Agriculture et population
L’organisation du territoire mapuche et l’agriculture
La transhumance
Les systèmes de cultures et d’élevage
Les systèmes de production mapuche et les innovations technologiques
des Incas
Outils utilisés par le peuple mapuche pour l’agriculture
Fabrication d’outils et de matériel
Apprentissage de l’utilisation et de la fabrication des outils
Utilisation d’outils dans la production agricole (Certains sont encore
utilisés)
Le calendrier lunaire
Utilisation de l’irrigation
Fertilisation des cultures
Récolte, stockage et techniques de conservation des aliments
Déshydratation
Cuisson et dessiccation
Cuisson à la vapeur, à la chaleur et à la fumée
Fermentation et exposition au soleil
Le grillé moulu
3.10 LES MAPUCHE ET LE DEVELOPPEMENT DU COMMERCE
IV L’AGRICULTURE MAPUCHE PENDANT LA COLONIE : ENTRE DEUX OCCUPATIONS
4.1 LES MAPUCHE ET L’AGRICULTURE COLONIALE
4.1.1 Changements dans la société mapuche et dans les relations avec les
conquistadors
4.1.2 L’échange technologique
4.1.3 Les changements causés par la colonisation dans l’économie
mapuche
4.2 LES MAPUCHE ET LE COMMERCE DANS LA COLONIE
Commerce inégal entre Mapuche et Espagnols ou Créoles : la nécessité
de régulations
V LA REPUBLIQUE, LA TERRE ET L’AGRICULTURE MAPUCHE
5.1 NAISSANCE DE LA REPUBLIQUE ET DEBUT DE L’AGONIE DE LA NATION MAPUCHE
5.2 LES POLITIQUES DE LA REPUBLIQUE ET LES MAPUCHE
5.3 L´AGRICULTURE DANS LA REPUBLIQUE
5.4 L’AGRICULTURE ET L’OCCUPATION DU TERRITOIRE MAPUCHE
VI LA PACIFICATION DE L’ARAUCANIE
6.1 LES CONDITIONS DE SURVIE DU PEUPLE MAPUCHE IMPOSEES PAR L’ETAT CHILIEN
6.2 L’APPROPRIATION DE LA TERRE, LES REDUCTIONS
6.3 LA REDUCTION
6.4 LES VENTES AUX ENCHERES DE TERRES
6.5 LA COLONISATION PAR DES CREOLES ET DES ETRANGERS
6.6 LA PERTE DU TERRITOIRE ARAUCAN
6.7 L’ETAT ET SA RELATION AVEC LES CACIQUES
6.8 MECONNAISSANCE DES TITRES DE PROPRIETE (TITULOS DE MERCED)
6.9 EFFET DE LA COLONISATION SUR LES SYSTEMES DE PRODUCTION DES
AGRICULTEURS MAPUCHE
6.10 EFFETS DE LA PACIFICATION SUR LA RELATION SOCIALE, POLITIQUE ET
ECONOMIQUE DE LA SOCIETE MAPUCHE
Les réformes Agraires et les Mapuche
VII CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *