L’agriculture de montagne mythes ou réalités

Etude bioclimatique des régions d’étude

Richesses et contraintes caractérisant les montagnes

Couvrant un quart de la superficie terrestre et abritant au moins 10 pour cent de sa population, les écosystèmes de montagne sont des îlots exceptionnels de diversité culturelle et de précieux réservoirs de diversité biologique. Ils constituent la source des grands fleuves qui fournissent l’eau indispensable à la vie sur la Terre. Cependant, les populations montagnardes sont parmi les plus pauvres et les plus mal nourries de la planète, et les régions montagneuses parmi les plus exposées à la dégradation de l’environnement, à l’urbanisation croissante et au changement climatique (Castelein et al., 2006). Les montagnes se caractérisent aussi, selon FAO et CIHEAM (2007), par un certain nombre de spécificités. Des contraintes, comme l’inaccessibilité, la fragilité, la marginalité ainsi que la diversité naturelle et socioéconomique, limitent, influencent et caractérisent fortement les moyens d’existences rurales des communautés de montagne. Toutefois, ces zones bénéficient également d’un potentiel d’activités présentant des avantages comparatifs. Aujourd’hui, les facteurs humains et environnementaux renforcent la pression sur les montagnes et conduisent à la dégradation de leurs ressources, à une accélération des flux migratoires, à l’érosion des systèmes de moyens d’existence traditionnels et à une plus grande insécurité alimentaire pour ceux qui restent.

Les sols en montagne

Les sols en montagne échappent en grande partie, aux données zonales. Ils ont tendance à être de plus en plus minces, caillouteux et pauvres en montant en altitude. En effet, le froid ralentit les échanges minéraux et inhibe l’activité des micro-organismes décomposeurs qui favorisent la pédogenèse. Du coup, la désagrégation mécanique l’emporte sur la décomposition chimique et les sols deviennent squelettiques à haute altitude. De plus, la pente facilite l’entraînement, vers le bas des versants, des éléments les plus fertiles des sols de montagne qui se caractérisent par un fort lessivage oblique. Les sols de bas de versants sont généralement plus épais et plus riches que les sols de haut de versant. On observe ainsi un étagement des sols zonaux à la base, ils se différencient ensuite en fonction du type d’humus produit par la décomposition de la matière organique. À basse altitude se rencontrent essentiellement des sols à humus mull (c’est-à-dire à minéralisation rapide, faiblement lessivés et aux horizons peu différenciés), sous forêt de feuillus principalement. Les sols bruns forestiers sont les meilleurs sols de montagne et c’est la raison pour laquelle la forêt a été largement défrichée au profit des cultures dans les étages inférieurs, où le froid inhibiteur n’est pas encore trop sensible. Lorsqu’il fait plus froid, plus humide et que la forêt de feuillus cède progressivement la place à la forêt de conifères, on rencontre plutôt des sols podzoliques moins riches du fait de l’importance du lessivage et de leur relative acidité. À haute altitude, les sols présents sont de plus en plus acides, minces et pauvres. Ce sont des sols à humus mor ou moder (rendzine sur roches sédimentaires ou ranker sur roches cristallines, sols steppiques sous climat sec) ou encore des sols tourbeux dans les secteurs froids et humides. À très haute altitude, les lithosols présents n’ont pas suffisamment de matière organique pour porter un couvert végétal continu.

Les montagnes volcaniques portent des sols beaucoup plus riches, dès lors que les volcans sont actifs. Dans la zone tropicale, de fortes oppositions de versants se marquent dans la qualité des sols. Sur le versant au vent, neiges et cendres sont soufflées vers le haut et finissent par s’accumuler sur le haut du versant sous le vent. Le ruissellement des eaux de fusion mêlées de ces cendres favorise l’altération des roches et la constitution d’un sol particulièrement fertile (volcans indonésiens et philippins). À Java, les riziculteurs utilisent d’ailleurs ces eaux chargées de cendres à l’aide de canalisations en bambous pour irriguer leurs champs qui peuvent porter jusqu’à trois récoltes par an (Sacareau, 2003).

Cadre législatif régissant les zones de montagne

Pour autant, les législateurs n’ont pas, jusqu’à une date récente, font preuve d’un grand empressement à l’égard des montagnes, tant pour les protéger que pour les mettre en valeur. C’est ainsi que la convention alpine, premier accord transnational traitant d’une chaîne montagneuse, n’a été conclue qu’en 1991, et les premières lois nationales dans ce domaine n’ont commencé à voir le jour que quelques années auparavant. Il est vrai que des progrès notables ont été enregistrés en la matière dans le passé récent, à la faveur de l’Année internationale de la montagne, célébrée par l’ONU en 2002. En atteste l’adoption, en 2003, d’un deuxième accord régional la Convention-cadre sur la protection et le développement durable des Carpates. Le droit de la montagne reste cependant faiblement développé de par le monde. D’où la nécessité d’oeuvrer à son essor dans toutes les régions et nations montagneuses.

La plupart des pays, toutefois, ne sont pas encore dotés de lois spécifiques aux montagnes. Aux fins d’assurer leur protection et leur développement, ils font simplement usage des lois existantes, notamment celles régissant les ressources naturelles (forêts, eaux, sols, etc.) qui, bien que partiellement applicables aux régions montagneuses, ont un champ spatial d’application bien plus vaste. Quelques États ont cependant opté pour l’adoption de textes spécialement conçus en fonction des conditions et des besoins particuliers des montagnards et des montagnes, et plusieurs autres pays s’apprêtent à en faire autant. Ces efforts convergents semblent indiquer qu’on s’achemine vers un affermissement progressif du droit de la montagne dans les années à venir (Castelein et al., 2006).

Les zones de montagne en Algérie

L’Algérie est le deuxième grand pays d’Afrique avec une superficie de 2.381.741 Km2, dont 85 % sont occupés par le Sahara. Bien que vaste, le territoire algérien est le reflet d’un contraste fort et d’une diversité d’écosystèmes pluriels. Deux chaînes montagneuses importantes au niveau septentrional, l’Atlas Tellien au Nord (4 % du territoire algérien) et l’Atlas Saharien au Sud séparent le pays en trois types de milieux qui se distinguent par leur relief et leur morphologie. Du fait de l’allongement du territoire vers le sud, le climat de l’Algérie s’assèche naturellement et passe ainsi d’un climat méditerranéen humide du littoral, au climat désertique très aride au sud. Cette position physique et climatique permet d’avoir un certain nombre d’atouts, parmi lesquels la diversité des sites et des terroirs de production. La montagne, qu’elle soit bordière de la méditerranée, intérieure ou saharienne, est partout présente en Algérie. Elle modèle les paysages et fut le creuset des cultures, de l’histoire et de l’économie du pays. Caractérisées par le surpeuplement et le microfundisme, les montagnes sont les principales poches d’extrême pauvreté et d’émigration. Le recours au défrichement forestier, le développement d’une céréaliculture extensive, le surpâturage excessif et l’ouverture commerciale très limitée, compromettent l’équilibre fragile des espaces naturels. La montagne occupe plus de 70 % de l’Atlas Tellien, elle apparaît comme un écosystème en péril, très faiblement intégré à l’économie nationale et fortement soumis à une pression humaine (près de 30 % de la population algérienne). Les zones de montagne couvrent pratiquement toutes les Wilaya du Nord, qui englobent les principaux ensembles montagneux.

Caractéristiques des zones de montagne en Algérie Sur le plan écologique, la montagne algérienne est caractérisée par une richesse et par une variété d’espèces végétales et animales et par une biodiversité encore assez conservée, malgré les assauts répétés de la dégradation, des incendies de forêts et de l’érosion. Sur le plan humain, la montagne abrite une population souvent dense, groupée en habitat compact mais aussi en habitat assez dispersé. Les zones de montagne ont depuis longtemps abrité des cités anciennes formées par des couches successives de peuplements divers, aussi bien sédentaires que semi sédentaires et semi-nomades. Le patrimoine architectural est riche en villages typiques et en cités-casbahs fortement organisés autour d’un centre commercial (le souk) et la mosquée et autour d’une multitude d’activités artisanales à essence rurale. On évalue actuellement à environ 30 à 35 % des habitants de l’Algérie qui vivent en zone montagneuse, souvent de façon définitive (malgré l’émigration et l’exode agricole des jeunes), dont plus de 20 % dans les zones de montagne proprement dite où les densités humaines sont les plus importantes, comprises entre 100 et 400 habitants au Km2 (cas spécifique des massifs de Kabylie). Ce qui suppose une forte occupation des terres et des flux de population intenses. Certes, l’exode rural a existé partout et l’émigration a pendant longtemps été l’exutoire utile des populations, mais la montagne (notamment tellienne) reste une terre peuplée.

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Table des matières

Introduction générale
CHAPITRE 1 Recherche bibliographique
1.Généralités sur les zones de montagne du monde entier
1.1. Définition de la montagne
1.2. Richesses et contraintes caractérisant les montagnes
1.3. Les sols en montagne
1.4. Cadre législatif régissant les zones de montagne
2.Les zones de montagne en Algérie
2.1. Généralités
2.2. Les types de montagnes en Algérie
2.2.1. Les montagnes telliennes habitées par les sociétés paysannes
2.2.2. Les zones de montagne habitées par les sociétés agro-pastorales
2.3. Caractéristiques des zones de montagne en Algérie
2.4. Situation du monde rural montagneux en Algérie
3.Cadre législatif régissant les zones de montagne en Algérie
3.1. Introduction
3.2. Délimitation de la montagne
3.3. Administration de la montagne
3.3.1. Conseil national de la montagne
3.3.2. Offices d’aménagement et de mise en valeur des zones montagneuses
3.4. Développement de la montagne
3.4.1. Développement social
3.4.2. Développement économique
a- Fonds pour la montagne
b- Activités économiques
3.5. Protection de la montagne
4.L’agriculture de montagne
4.1. Contexte international
4.2. Contexte national
5.La wilaya de Tlemcen une mosaïque de milieux naturels
5.1. Les zones de montagne de la wilaya de Tlemcen
5.2. La délimitation des zones de montagne de la wilaya de Tlemcen
5.2.1. Les pentes
5.2.2. L’altimétrie
5.2.3. L’occupation du sol
5.2.4. La lithologie
5.2.5. Le réseau hydrographique
5.3. Caractéristiques générales des zones de montagne de la wilaya de Tlemcen
5.3.1. Un milieu contraignant
5.3.2. Un climat relativement favorable
5.3.3. Des conditions hydrogéologiques favorables
5.3.4. Des conditions édaphiques moyennement favorables à l’intensification agricole
CHAPITRE 2 Etude bioclimatique des régions d’étude
1.Introduction
2.Situation des régions d’étude
3.Les facteurs climatiques
3.1. Précipitations
3.1.1. Variations des précipitations
3.1.2. Régime saisonnier
3.2. Températures
3.2.1. Les températures moyennes mensuelles et annuelles
3.2.2. Amplitude thermique moyenne ou indice de continentalité
3.Synthèse bioclimatique
4.Méthode de visualisation des périodes sèches et des périodes humides
5.Quotient et climagramme pluviothermique d’Emberger
CHAPITRE 3 Aspects socio-économiques des régions d’étude
1.Etude socio-économique des régions d’étude
1.1. Introduction
1.2. Importance et densité de la population
1.3. Répartition spatiale de la population
1.4. L’emploi
1.5. Les infrastructures sanitaires
1.6. L’électrification et gaz de ville
1.7. L’alimentation en eau potable
1.8. L’infrastructure scolaire
1.9. L’infrastructure routière
2.Analyse critique des projets de développement agricole ayant caractérisé les régions d’étude
3.Conclusion
CHAPITRE 4 Situation actuelle des exploitations agricoles au niveau des régions d’étude
1.Objectif
2.Méthode de travail et technique d’échantillonnage
Première partie Le potentiel productif des exploitations agricoles dans les trois zones montagneuses étudiées
Nature juridique des exploitations agricoles enquêtées
La taille des exploitations agricoles enquêtées
L’utilisation de la surface agricole utile des exploitations agricoles enquêtées
La pratique de l’élevage ovin, bovin, caprin, avicole et apicole
Les matériels agricoles et la traction animale
Les infrastructures agricoles
L’utilisation des intrants (engrais, produits phytosanitaires et fumier)
La disponibilité en main d’oeuvre salariée
Conclusion
Deuxième partie Les attentes des exploitations agricoles concernant les projets individuels dans les trois zones montagneuses étudiées
Les projets d’améliorations foncières
Les projets hydro-agricoles
Les projets de plantations fruitières
Les projets des cultures céréalières et fourragères
Les projets des cultures maraichères et des légumes secs
Les projets de la mécanisation et de la traction animale
Les projets de l’élevage ovin, bovin et caprin
Les projets d’infrastructures d’élevage
Les projets de l’aviculture
Les projets de l’apiculture
Le financement des projets souhaités des exploitations agricoles
Conclusion
Troisième partie La situation de l’assistance technico-financière sous la vision des exploitations agricoles dans les trois zones montagneuses étudiées
L’assistance financière
Assistance technique
Conclusion
Quatrième partie l’agriculture de montagne mythes ou réalités
1.La région d’Aïn Fezza
1.1. Faisabilité
1.2. Efficacité
1.3. Equité
1.4. Durabilité est-elle assurée ?
2.La région d’El Gor
2.1. Faisabilité
2.2. Efficacité
2.3. Equité
2.4. Durabilité est-elle assurée ?
3.La région de Sidi Djilali
3.1. Faisabilité
3.2. Efficacité
3.3. Equité
3.4. Durabilité est-elle assurée ?
4.Conclusion
CHAPITRE 5 Proposition d’un modèle de développement agricole pour les régions d’étude
1.Démarches suivies pour l’élaboration du modèle de développement agricole
2.Les grands types de potentialités en ces régions montagneuses
2.1. Potentialité agricole
2.2. Potentialité pastorale
2.3. Potentialité forestière
2.4. Potentialités mellifères
CHAPITRE 6 Identification des zones de potentialités agricoles pour les trois régions d’étude
1.Objectif
2.Méthodologie de travail
2.1. Les sols
2.2. Le couvert végétal
2.3. Les pentes et les précipitations annuelles
2.4. Le risque érosif
3.Résultats et Discussion
3.1. Les sols colluviaux
3.2. Lithosols
3.3. Sols bruns calcaires et/ou calciques
3.4. Terra fusca
3.5. Régosols
3.6. Sols fersiallitiques rouges et brun rouges
3.7. Terra rossa peu profonde sur dolomie
3.8. Sols gris subdésertiques ou siérozems
3.9. Sols bruns de type rendziniforme
4.Conclusion
Conclusion générale
Références bibliographiques

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