L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON

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HYPOTHESES DE RECHERCHE

Ce type de sujet soulève quelques questions. Ainsi pour atteindre ces objectifs et apporter des réponses provisoires aux interrogations formulées dans le cadre de l’analyse du problème, nous avons élaboré des hypothèses suivantes :
 L’agriculture de contre saison dans les bas-fonds de la Commune de Ndiaganiao liée aux aléas climatiques, à la situation des sols sur place, à la sécheresse, aux politiques d’ajustement structurel et à l’existence de structures découlement de produits.
 L’agriculture de contre saison nécessitant une main d’œuvre de masse, une grande exploitation spatiale et un financement important.
 L’agriculture de contre saison une occasion pour la population locale d’être à l’abri de la pauvreté.
Voilà autant d’hypothèses sur lesquelles notre analyse peut préalablement s’appuyer, et avec lesquelles il s’impose de définir une bonne méthodologie de recherche adaptée et articulée autour d’une collecte, d’un traitement et d’une analyse des informations qui les corroborent ou les infirment.

METHODOLOGIE

La méthodologie que nous avons adopté dans le cadre de cette étude est constituée de plusieurs phases :

La revue documentaire

Pour la revue documentaire nous avions deux objectifs :
Chercher des documents qui parlent de l’agriculture de contre saison dans les bas-fonds de l’Afrique subsaharienne en général, du Sénégal et plus particulièrement de la Commune de Ndiaganiao.
Voir si notre préoccupation n‟a pas fait l’objet d’une étude récente pour éviter une éventuelle répétition. Ainsi nous avions commencé cette revue à la bibliothèque du département de géographie, bibliothèque du département de sociologie, à la bibliothèque universitaire (BU) et la bibliothèque de l’école Nationale d’économie Appliquée (ENEA) où nous avions consulter des mémoires, des thèses, des rapports de séminaires et des colloques.
Ces travaux effectués pour la plupart par des étudiants, des chercheurs nous ont permis de mieux élaborer notre problématique de recherche.
Ensuite nous avions aussi visité les centres de recherche et de documentation comme celui de l’institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN);
Ce qui nous a permisd‟avoir des informations spécifiques de notre zone, l‟Internet nous était aussi utile avec les moteurs de recherche comme Google, AOL, wikipédia… Nous y avionstrouvé des pages Web qui nous ont beaucoup servi dans la construction de notre cadre conceptuel.

Tavail de terrain

Phase exploratoire

Notre objectif premier était de nous familiariser avec l‟espace en visitant le secteur et en ayant des interviews avec des personnes qui maîtrisent le lieu (les chefs de villages, les élus locaux, chefs de ménage, les femmes, les jeunes…)
C‟est ainsi que nous avons eu une meilleure orientation de notre sujet, une délimitation du secteur d‟étude et une bonne définition de notre cadre opératoire.

Guide d’entretien et interrogations des personnes ressources

Nous avions adressé des guides d‟entretien aux structures techniques (les chefs de villages, les élus locaux, les notables du village, les femmes…).
L‟objectif visé était de recueillir des informations concernant l‟agriculture de contre saison dans les bas-fonds de Commune de Ndiaganiao.
L‟intérêt de ces guides était d‟avoir des informations de ses structures par rapport à ce sujet, surtout sur l‟impact socio-économique local de cette agriculture mais aussi les contraintes des producteurs dans l‟exploitation.
Ainsi nous avions aussi recueillir l‟avis des chefs de services administratifs.

Enquêtes auprès des ménages

Dans le cadre de cette étude nous avons administré des questionnaires aux ménages, aux femmes et aux différents jeunes des villages.
Concernant les ménages nous avons mené des enquêtes de terrain pour découvrir l‟importance de l‟agriculture de contre saison, leur impact sur le dévéloppement local de même que leurs difficultés dans l‟exploitation agricole.
Ainsi, pour ce qui est des femmes et des jeunes nous avions choisi un échantillonnage dans chaque village auquel nous avons soumis des questionnaires ayant trait avec le sujet.
À ce propos est considéré comme ménage, tout couple marié ou adulte (marié ou célibataire) indépendant du point de vue revenue que logement. Tout individu hébergé gratuitement et/ ou assisté financièrement est en revanche compté dépendant du ménage d’accueil (définition du ménage par les enquêtes EDS 1 et EDS 2, 1992).
La méthode d’échantillonnage probabiliste ou sondage aléatoire a l’avantage de donner à tous les individus la même chance de faire partie de l’échantillon. Ainsi, nous avons opté pour cette technique d’enquête où le hasard va jouer dans la désignation des ménages à enquêter.

La collecte des données

En rappel, nous faisons savoir que les résultats du questionnaire administré aux enquêtés se rapportent aux rubriques essentielles suivantes :
 L‟identification de l‟enquêté(e) ;
 L‟exploitation des bas-fonds ;
 Système post récolte ;
 Contraintes et Solutions
Les bas-fonds se localisent dans huit (08) villages. Pour chaque village nous avons retenu cinq (5) personnes comme échantillon ce qui nous amène à un total de 40 enquêtés. Nous avons choisi la méthode dite de choix résonné et à chaque fois qu‟on a trouvé plusieurs exploitants dans une maison, on a tiré au hasard la personne à interroger.
A côté des enquêtes, des entretiens ont eu lieu avec les autorités locales, les notables des villages, les responsables d’associations de paysans ou d‟organisations de producteurs (OP).

Dépouillement des données

Dans cette dernière phase, nous avons utilisé tous les outils qui peuvent nous aider à faire convenablement ce travail. Pour les questionnaires, nous avons utilisé le logiciel Sphinx Plus². Ce logiciel nous a permis de réaliser le traitement et l‟analyse statistique des données.

L’Analyse de quelques données

D‟abord au regard du tableau de distribution des exploitants enquêtés suivant leur statut matrimonial, ci-dessous, il y a lieu de constater que l’on rencontre 80% de femmes ou des hommes mariés dans les bas-fonds mis en exploitation et près de 20% de célibataires ou des divorcés.

LE CADRE PHYSIQUE

La géologie et la géomorphologie

La géologie et la géomorphologie des bas-fonds de la Commune de Ndiaganiao renvoient à celles du BA centre-ouest qui présente, du point de vue géologique de formations sédimentaires constituées de calcaires, de marnes, de sables, de grès et d’argiles. La nature de ces roches atteste son origine marine (TESSIER, 1950 et BRGM (1957) et MICHEL (1970). Les travaux les plus récents montrent que les couches géologiques supérieures de ce bassin correspondent aux séries sédimentaires du Secondaire et du Tertiaire et que leur mise en place et leur évolution sont tributaires du comportement de la mer. Cette influence marine s’est produite à des périodes différentes correspondant à une élévation ou un abaissement du niveau de la mer.
Cette influence marine s’est produite à des périodes différentes correspondant à une élévation ou un abaissement du niveau de la mer.
Par rapport aux différentes unités cartographiques, les bas-fonds vont imprimer leur différenciation topographique, pédologique. Ceci est apparent sur leur paysage attrayant et favorable à la diversité des activités agricoles et pastorales. Les altitudes de ces bas-fonds sont assez faibles, traits dominants de l’ensemble du territoire sénégalais. Ils représentent ainsi des écosystèmes complexes du fait de leurs caractéristiques diverses et le plus souvent sensibles à la variabilité climatique.

L’hydrologie

Alimenté directement par les précipitations, les bas-fonds de Ndiaganiao constituent le principal lieu de convergence des eaux de ruissellement des zones environnantes. L‟eau coule des zones de plateau vers les bas-fonds qu’elle alimente et où elle affleure. Les bas-fonds où affleurent et coulent les nappes restent généralement humides toute l’année, du fait que le niveau statique de la nappe sur les plateaux reste toujours supérieur à celui dans les bas-fonds. On note que les eaux de ruissellement sont stockées pendant plusieurs jours après une forte pluie au niveau des tronçons des bas-fonds. L‟hydrographie souterraine n‟est pas inexistante avec la présence des nappes du continental terminal, de l‟éocène- paléocène et du maestrichtien.
Nous avons aussi dans cette zone une hydrographie de surface mais qui n‟est pas tellement développée et est caractérisée par l‟absence de cours d‟eau pérennes et par la présence de nombreuses mares. Les mares contribuent à l‟approvisionnement du bétail en eau et sont représentées à Sandock par les mares de Jongol et de Ndingler qui peuvent garder leurs eaux pendant six (6) mois8. Alors que dans la zone de Ndiaganiao, sont retrouvées celles de Nay Guityr et de Njakin et dans la zone des bas-fonds, il existe plusieurs mares qui fonctionnent de quatre (4) à six (6) mois dont les plus importantes sont celles de Guil Fakhad à Guélor Sérère, celle de Jim lin et enfin, celle de Guéli.

Les formations végétales

Dans cette zone la moyenne pluviométrique annuelle est comprise entre 400 et 700mm. En référence au Bassin Arachidier, les bas-fonds de Ndiaganiao sont caractérisés par une steppe dite arbustive qui présente des strates herbacées pendant la saison des pluies.
8NGOM M. TH., (2009-2010).La problématique de l‟accès a l‟eau potable en milieu rurale et ses effets sur la santé des populations : étude de cas de la communauté rurale de NDIAGANIAO, Mémoire de Maitrise, UCAD/ FLSH/ Département géographie, page32.
Ces herbes ne dépassent pas 80 cm de haut9. L’autre particularité est que ces arbustes dominant ce paysage correspondent à des épineux. La végétation naturelle se limite à quelques espèces d’arbres qui sont conservées par les paysans soit pour leur bois, soit parce qu’elles présentent un intérêt alimentaire et agronomique.
C’est le cas particulier du kad (Acacia albida), arbre dont les propriétés fertilisantes et alimentaires (fourrage pour les bovins) sont connues et exploitées de longue date surtout par les Sérères qui ont su très bien l’intégrer dans leur système agro-pastoral (STüMAL-WEIGEL). Nous y retrouvons aussi la végétation d’Adansonia digitata (baobabs), de Guiera senegalensis, Maytenus senegalensis, etc.
La végétation de ces bas-fonds apparaît donc très homogène.

Les mouvements de la population

La Commune de Ndiaganiao connaît un fort taux de migration, notamment celle des jeunes et des femmes. Cette forte mobilité est due à la pauvreté des sols, à l’insuffisance des terres arables et au manque d’emploi caractérisé par l’exode rural vers des cieux plus cléments (les grandes villes comme Dakar, Mbour et Thiès).

Les activités socio-économiques

L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités socio-économiques des populations. Néanmoins, on note un dynamisme de certaines activités telles que : le commerce et l’artisanat, qui contribuent de façon significative à l’économie des populations des bas-fonds de la commune de Ndiaganiao, malgré le caractère informel et le manque d’organisation de ces secteurs.
 Agriculture
L’agriculture est considérée à juste titre comme la première activité socio-économique des populations de ces bas-fonds (zone d’intervention de l‟étude) et occupe plus de 90% de la population active. Cette agriculture est largement dominée par des cultures céréalières et légumineuses sous pluie (mil, sorgho, arachide et niébé) et quelques cultures de rente (gombo, sésame etc.) pratiquées pour la plupart des cas par des femmes aux abords des villages. Le système cultural est largement dominé par la persistance des pratiques traditionnelles. Cette activité agricole pratiquée de façon traditionnelle sur l’ensemble des villages des bas-fonds, se fait avec un outillage rudimentaire pendant la saison pluvieuse. C’est une agriculture pluviale de type extensif, du fait de la nature des sols et des moyens dont disposent les agriculteurs.
Selon les informations reçues des populations locales, les champs sont essentiellement acquis par héritage. Mais d’autres modes d’acquisition existent, notamment l’achat et le don.
Néanmoins, l’agriculture de façon générale dans la commune de Ndiaganiao, se heurte ces derniers temps à d’énormes contraintes qui sont entre autres:
 l’insuffisance des pluies et leur mauvaise répartition dans le temps et l’espace (aléas climatiques).
 le faible niveau de modernisation de l’agriculture ;
 l’appauvrissement des terres de cultures dû au manque d’apports en matières organiques et minérales ;
 la dégradation continue de l’environnement physique ;
 l’insuffisance des terres de culture suite à la croissance démographique, avec comme conséquence la surexploitation des sols ;
 l’insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières ;
 la persistance des ennemis de culture.
 Elevage
L’abondance du potentiel fourrager et la présence de nombreux points d’eau naturels ont favorisé le développement de l’élevage dans les bas-fonds. Les espèces élevées et les systèmes d’élevage sont divers.
Le cheptel est composé principalement de ruminants (bovins, ovins, caprins) et des monogastriques (volailles etc.). Le cheptel est en régression dans la zone, car de nombreux éleveurs migrent vers les autres zones de l‟intérieur du pays, un phénomène qui s’explique par la saturation foncière qui se traduit par le manque de pâturages et de passages pour les troupeaux, suite à l’accroissement des parcelles de culture.
L’élevage constitue une source importante de devises pour l’économie locale et communautaire à travers les revenus qu’il génère pour les populations, grâce à la vente du bétail sur pied et le lait. Le secteur de l’élevage est donc vital pour toute la commune et l’on peut relever des aspects très favorables à son développement, à savoir :
 l’existence d’une zone pastorale qui mérite d’être préservée et aménagée pour permettre au système traditionnellement pratiqué de se développer ;
 l’existence des mares qui méritent d’être aménagées pour permettre l’abreuvement du bétail;
 la forte intégration de l’agriculture à l’élevage dans les zones agropastorale et agricoles, permet une bonne mise en valeur des mares ;
 l’existence des couloirs de passage, permet une meilleure mise en valeur des mares.

L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON DANS LES BAS-FONDS DE LA  COMMUNE DE NDIAGANIAO

CARACTÉRISATION DES BAS-FONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO

La présentation

La commune de Ndiaganiao case des bas-fonds que l‟on retrouve dans huit (8) villages localisés presque vers le Nord de la Commune: Ndame, Koulouck Ouolof, Koulouck Sérère, Guélor Ouolof, Fandor, Guélor Sérère, Koulouck Mbada et Mboulouotène Koulouck. En 2010 la population de ces bas-fonds était estimée à 8.525 habitants. Aux alentours de la petite vallée de nay-Guityr nous avons des zones de dépression partant de Guittyr Ouolof à Thiandène en passant par Guittyr Sérère, Mbalakhate, Nguédji 1 et 2.

La pluviométrie

Les stations climatologiques prises comme référence sont celle de Mbour et celle de Ndiaganiao. Ce choix est lié à sa position par rapport au département de Mbour et à son appartenance à la commune de Ndiaganiao. En effet, leurs rayons d’action couvrent assez largement la zone des bas-fonds. Il faut noter aussi que la moyenne de l’étude de cette partie climatique choisie est 1983-2013 pour Mbour et 1984-2013 pour Ndiaganiao.
Ces stations, comme toutes les autres sont soumises à l’influence de deux saisons. On a d’une part la saison sèche qui correspondant à l’hiver boréal (janvier). Pendant ce temps, l’équateur météorologique est plus au sud. D’autre part, on a l’été boréal (juillet). C’est durant cette période que l’on note les précipitations liées à l’hivernage. En effet, l’équateur météorologique, lors de sa migration vers le Nord couvre entièrement la zone créant ainsi avec la présence de la Mousson, des conditions favorables à la chute de précipitations. La zone peut enregistrer des pluies non liées à l’hivernage pendant l’hiver boréal (pluies de heug). Ceci s’explique par les incursions d’air polaire.
La saison pluvieuse dure cinq mois, au niveau des deux (2) stations elle débute en juin, timidement (15,3mm pour Mbour et 20,5mm pour Ndiaganiao). Le maximum est atteint en août (230,7mm Mbour et 205,5mm Ndiaganiao) et la saison s‟achève en octobre (33,6mm Mbour et 26,2mm Ndiaganiao). Les cinq mois pluvieux concentrent (535mm à Mbour et 500mm à Ndiaganiao) soit 99,26% du total annuel qui atteint 539 mm/an à Mbour et 99,94% du total annuel qui atteint 500,3mm/an à Ndiaganiao.
Nous avons ici un régime de type tropical, unimodal avec une saison pluvieuse de cinq mois et une saison non pluvieuse qui dure le reste de l‟année. Les hauteurs de pluie dépassent rarement 500 mm/an.
En effet, les données analysées sont recueillies à la direction de la météorologie nationale et concernent la même période (1983-2013) pour Mbour et (1984-2013) pour Ndiaganiao. L‟analyse des précipitations montre que, la saison des pluies commence en juin et se termine en octobre. Durant toute cette période prise en compte (1983-2013) ou (1984-2013) la moyenne annuelle des précipitations tourne au tour de 600mm.
Les Tableaux N°9 et N°10 permettent de mettre en évidence la variation interannuelle des précipitations des stations de Mbour et de Ndiaganiao. L’année ayant le plus grand total pluviométrique est pour Mbour 2009 avec 848mm et pour Ndiaganiao 2005 avec 718,1mm.
Celle qui enregistre la plus faible valeur en termes de précipitations est 2002 pour Mbour avec 312mm et 2011 pour Ndiaganiao avec 220,8mm. Les valeurs moyennes de la série sont 539mm pour Mbour et 500,3mm pour Ndiaganiao et on note ainsi beaucoup d’années excédentaires ou déficitaires par rapport à ces valeurs.
Les figures N°8 et N°9 montrent l‟évolution mensuelle des précipitations à Mbour (1984 à 2013) et à Ndiaganiao (1984 à 2013) et confirment une fois de plus que le Mois d‟Août est plus pluvieux avec 230,7mm pour Mbour et 205,5mm pour Ndiaganiao. La saison des pluies dure cinq (5) Mois allant de Juin à Octobre.

Les formes d’aménagements des bas-fonds

En milieu rural, les modes d’exploitations ne dépendent pas que de la nature du milieu mais aussi des stratégies économiques des ruraux qui sont-elles mêmes fonction de leurs différentes sources de revenu, du contexte économique et des moyens de production qu’ils disposent (Lavigne et Camphius, 1997). Les modes d’exploitation des bas-fonds sont donc les déterminants de leurs états de fonctionnement, c’est-à-dire leurs organisations. A la commune de Ndiaganiao, on distingue deux types d’usages essentiels des bas-fonds: la production agricole à plus de 80 % de sa superficie totale et l’élevage qui est plus important en saison sèche et repose sur l’abreuvement et le pâturage11. Compte tenu de son importance, l’usage agricole a fait l’objet d’intérêt pendant cette étude. Le système des cultures de contre saison des bas-fonds et les logiques de son organisation sont les principaux points développés.

L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON DANS LES BAS-FONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO

Les spéculations cultivées

Les investigations menées auprès des paysans ont montré une exploitation agricole annuelle double des bas-fonds: une agriculture pluviale et une autre de contre saison suivant le rythme de retrait des crues. Ainsi cette deuxième campagne agricole appelée communément cultures de contre saison ou cultures de décrue est installée sur les mêmes terres préalablement exploitées à la saison pluvieuse.
Ces cultures de contre saison concernent le maraîchage qui est pratiqué dans des petits jardins enclos de fascines et irrigués à partir de puisards creusés dans les bas-fonds, c‟est une activité agricole qui dure toute l’année. Cependant, la saison sèche est la phase la plus dynamique et nous avons aussi l‟arboriculture fruitière qui est une activité qui prend de plus en plus d’ampleur dans la zone.
L‟oignon (alibicum cepa) y est la culture principale pendant cette période soit 80% des cultures. C‟est une plante à bulbes. Elle est d‟abord mise en pépinière avant d‟être repiquée un mois quelques jours après12. Les semis se fond en général de novembre à janvier et les travaux de plantation de décembre à mars. En dehors de cette période, la plante ne parvient pas à se développer comme il le faut. C‟est une plante qui supporte plus le froid que la chaleur. L‟arrosage est journalier et est plus nécessaire au moment de la bulbaison.
A côté de cette plante nous avons les autres spéculations comme:
La tomate (lycopersicon esculenteum) qui est semée en pépinière de septembre à avril et la plantation se fait d‟octobre à mai. Il existe cependant des variétés d‟hivernage qui peuvent être cultivées toute l‟année.
Le chou (brassica oleracea) qui est une plante qui peut être cultivée durant toute l‟année. Elle est aussi semée en pépinière.
Le piment (copsicum frutescens) qui est une plante à long cycle et surtout qui peut être cultivée toute l‟année aussi. Comme l‟oignon, il est semé en pépinière avant d‟être repiqué.
Photo N°3 : Plantes de piment dans les bas-fonds de Guélor Ouolof.
L’aubergine amère (solanum aethiopicum) et l’aubergine noire ou aubergine douce (solanum melongena ) qui sont aussi semées en pépinière. Ces plantes peuvent aussi être cultivées durant toute l‟année.
Le bissap (hibiscus sabdarifa), la laitue (lactuca sativa) communément appelé salade, la courge ou « nadio » etc.
L‟arboriculture fruitière concerne surtout les orangers et manguiers elle est aussi pratiquée dans ces bas-fonds.
Photo N°5 : Des plants de manguiers dans les bas-fonds de Ndame.
En effet, en cultivant la contre-saison, les paysans augmentent leurs avoirs en produits agricoles par deux récoltes annuelles. Par conséquent, ils aspirent à l‟autosuffisance alimentaire et peuvent vivre la période de soudure sans difficulté.
Cependant l‟accès à l‟eau est direct au niveau des bas-fonds il suffit d’y entrer et puiser. Mais quand les bas-fonds tarissent, certains maraîchers utilisent des puits céanes ou des puits cimentés pour arroser leurs légumes.
Photo N°6: Puits cimenté et équipé avec motopompe dans les bas-fonds de Guélor Ouolof.
Il nous est ainsi difficile de quantifier la production totale exacte des exploitants des zones bas-fonds. Car les producteurs eux même ne sont pas en mesure d‟estimer exactement leur production et cela est lié au manque de planification de la production et d‟organisation des acteurs.

Les acteurs de la production

Au niveau des bas-fonds de la commune de Ndiaganiao, l‟exploitation agricole est assurée soit par les membres d’un ménage c‟est-à-dire une famille sous la responsabilité du chef, soit de façon individuelle, des Groupements d‟Intérêt Economique (GIE), groupements simples informels, groupements de femmes, groupements mixes, des associations de producteurs…
Pour mener à bien son activité, le producteur a besoin de moyens extérieurs pour conforter la faisabilité de son idée, rechercher le financement, s‟assurer les appuis techniques nécessaires. Il a donc besoin d‟information, de formation, d‟appuis, de conseil pour la mise en œuvre de son activité ou projet. L‟ensemble de ces moyens constitue le programme de conseil agricole et rural ou programme d‟accompagnement du producteur ou de l’OP.
Des changements techniques sont toujours nécessaires pour s‟adapter aux changements écologiques (sécheresse, baisse de fertilité,…) et aux modifications du contexte socio-économiques (diminution de l‟espace disponible, baisse ou augmentation des prix des intrants, etc.
Le programme de conseil agricole et rural est centré sur des problèmes à résoudre ou sur des projets (plus ou moins élaborés) à mettre en œuvre. Cette agence nationale dispose d‟un statut de Société Anonyme (S.A.) de droit privé, à participation publique minoritaire. Régie par les textes de l‟OHADA, elle a une autonomie de gestion technique, administrative et financière, donc, doit, de ce point de vue, contractualiser avec les structures publiques et privées dans le cadre de l‟exercice de sa mission de Conseil Agricole et Rural (CAR). L‟objectif de l‟Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) est de « promouvoir, animer et piloter un service de conseil agricole et rural décentralisé à la demande, permettant aux petits producteurs d‟améliorer durablement la productivité, les productions, la sécurité alimentaire et les revenus. »
A cet effet, l‟ANCAR joue un rôle essentiel dans la promotion de l‟innovation technique agricole, le développement des bonnes pratiques agricoles et rurales (BPA), l‟information et la formation des producteurs. Elle intervient dans la majorité des zones rurales, couvre toutes les filières agricoles et travaille avec toutes les catégories sociales de la population agricole et rurale.
A côté de l‟ANCAR nous avons le Centre d‟Appui au Développement Local (CADL), l‟Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base (ASPRODEB), le Cadre Local de Concertation des Organisations de Producteurs (CLOP), mais aussi les microcrédits comme PAMECAS, U-IMCEC, CMS etc.
C‟est tout un ensemble de producteurs, de conseillers, de bailleurs(…) qui forment les acteurs de la production au niveau des bas-fonds de la commune de Ndiaganiao.

La vente des productions et son impact sur l’économie des ruraux

Les activités de l‟agriculture de contre saison sont subdivisées en deux groupes: le maraîchage et l’arboriculture. Selon GURA (1996), très souvent les activités de contre-saison se sont concentrées sur des espèces présentant une valeur marchande élevée: oignon, tomates, poivrons, choux, aubergine. Il s’agit en fait de légumes dont la culture demande un apport d’intrants souvent considérable et qui devraient en principe se vendre à bon prix sur les marchés. Cette nouvelle donne, à savoir les échanges monétaires deviennent même la priorité dans le cadre de l’exploitation des bas-fonds. Cet espace est aussi devenu un enjeu plus important pour les populations paysannes. Ces activités vont faire émerger une économie rurale dont les facteurs d’animation sont les marchés hebdomadaires ruraux et urbains. Les marchés hebdomadaires de destination de ces producteurs sont celui de Ndiaganiao (Mardi), de Guélor (Mercredi), Mbafaye (Jeudi), Sandiara (Samedi), Thiadiaye (Lundi). Les marchés urbains sont ceux de Mbour, Thiés, Fatick etc.
La vente des récoltes peut se faire aussi au sein de l’exploitation (à bord du champ) c’est à dire la vente in situ (sur place) ou dans le village. On note ainsi l’implication des commerçants appelés banabanas dans cette activité. Les paysans écoulent ainsi une partie de leur production sur place. Cependant la fluctuation des prix des légumes sur le marché au cours de l’année reste très complexe. Les prix maxima de chaque produit sont atteints pendant que ce dernier se raréfie sur le marché. Les prix deviennent très bas quand le marché est saturé. Pour la plupart des légumes, leurs prix de vente sont plus bas pendant la saison sèche. Ce qui explique que les paysans produisent La même période les mêmes types de spéculations. Pour la vente, le paysan écoule son produit sous deux formes : en détail ou en gros.
L‟exploitation des bas-fonds avec l‟écoulement de la production constitue non seulement, un enjeu de prestige et de rehaussement du statut social, mais aussi un instrument d‟amélioration du bien-être familial, d‟insertion dans le tissu économique, d‟autonomie financière et donc d‟émancipation. Car les revenus générés par le maraîchage et l’arboriculture ont pour objectif la satisfaction des besoins socioéconomiques du ménage. Parmi ceux-ci figurent les besoins alimentaires. Ainsi, d’importantes sommes y sont consacrées chez les ménages pratiquant le maraîchage. La vente des produits du maraîchage peut améliorer de façon sensible les revenus du ménage, surtout à certaines périodes de l’année quand d’autres sources d’emploi ou de revenus sont limitées, ou bien quand les récoltes sont mauvaises à cause d’une catastrophe naturelle (inondation, infestation par les ravageurs, maladie chez les animaux ou dans la famille). En ce moment, le revenu des bas-fonds peut être utilisé pour acheter des aliments que la famille ne peut pas produire. Les cultures pluviales (mil et arachide) sont financées en partie par les revenus des cultures maraîchères. Ils permettent au paysan d’avoir accès aux différents produits (engrais) et matériels pour renforcer la capacité de production des champs des hautes terres avec son nouveau pouvoir d’achat mais aussi la construction de nouvelles maisons surtout avec les jeunes producteurs.
L’exploitation des bas-fonds de la commune de Ndiaganiao est ainsi à l’origine des transformations sociales des ces milieux. Les produits maraîchers deviennent ainsi des sources d’émancipation avec l’apparition d’une nouvelle catégorie de paysans.

LES CONTRAINTES

LES CONTRAINTES NATURELLES ET HUMAINES

Les contraintes naturelles

Les contraintes naturelles à la mise en valeur agricole des bas-fonds sont bien identifiées. Les changements climatiques avec un déficit pluviométrique depuis les années 1970 auront un impact sur les systèmes agro-écologiques au niveau des bas-fonds de la commune de Ndiaganiao. Cette absence de pluies se traduit par l‟absence de crues qui complètent ordinairement l‟alimentation hydrique des cultures de bas-fonds. La faiblesse des pluies se traduit par un tarissement précoce des écoulements dans le bas-fond et une baisse rapide des niveaux des nappes aquifères d‟autant plus préjudiciable aux cultures que le sol est plus sableux.
A ces contraintes hydro-pédologiques, on peut ajouter une contrainte qui apparait générale dans toute l‟Afrique de l‟Ouest et qui concerne la croissance rapide des mauvaises herbes sur les terres cultivées dans les bas-fonds.
Cette contrainte est un facteur limitant extrêmement important pour la mise en valeur agricole des bas-fonds car elle entraîne un surcroît de travail pour les agriculteurs et parfois l‟abandon des parcelles les plus enherbées. Elle se traduit par un coût de production plus élevé en main d‟œuvre pour les cultures de bas-fonds que pour les cultures de terres hautes.

Les contraintes humaines

Les contraintes humaines à la mise en valeur agricole des bas-fonds de la Commune de Ndiaganiao sont tout aussi nombreuses et importantes que les contraintes naturelles. Pour des raisons diverses, la culture des bas-fonds tient une place marginale dans des systèmes de culture. Cette marginalité se traduit par une forte proportion de main d‟œuvre féminine pour l‟exploitation des terres de bas-fonds et une faible proportion des terres cultivées. Il y a également la déforestation et les mauvaises pratiques agricoles.
Une autre contrainte importante à la mise en valeur des bas-fonds est relative au régime foncier. Les paysans sont rarement propriétaires du sol qu‟ils exploitent. La forte population humaine constituant aussi un goulot d‟étranglement à cette agriculture. Les ravageurs et ennemis de cultures détruisent les plantes cultivées ; les adventices de cultures entravent leur développement. Les cultures de décrues tendres et verdoyantes constituent les seules nourritures convoitées par une faune phytoravageuse (Léricollais et Schmitz, 1984).
Il y a également la divagation du bétail en saison sèche surtout celle des chèvres qui sont de grandes prédatrices. A partir du 15 janvier, tous les éleveurs de la zone laissent leurs animaux en vaine pâture conformément au décret 80-268 du 16 mars 1980 organisant les parcours du bétail13 et Les bas-fonds sont des zones très convoitées par le bétail à cause de l‟utilisation des pâturages, de l‟eau et de la verdure; alors qu‟il n‟existe pas un plan d‟aménagement des pistes de parcours du bétail, face à l‟extension des superficies cultivées. Cette divagation du bétail est un problème très complexe car les animaux appartiennent aux exploitants eux même, du moins à un membre de la famille ou à un parent proche. Le plus souvent, Cette situation pollue à chaque fois le climat social entre paysans et éleveurs.

LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET TECHNIQUES

Les difficultés économiques

Pour les contraintes économiques elles sont aussi importantes que les contraintes naturelles et humaines. Nous avons d‟abord la campagne de plusieurs maraîchers qui démarre tard à cause d’un manque de semences, d‟engrais et d’autres moyens de production et les techniques culturales qui sont inappropriées ce qui pèsent lourd sur les rendements
En suite l’absence de marché digne de son nom dans les villages des bas-fonds, un problème de transport, y compris l’état des routes. Les marchés, en tant que points de rencontre et de circulation de biens et services n’existent presque pas dans la zone. Le taux de commercialisation des cultures vivrières est en général faible.
Les seuls marchés de destination sont saturés et il s’y ajoute l’ignorance de techniques modernes de conservations, obligeant les paysans de vendre les légumes à des prix dérisoires. Les acteurs qui sont dans la nécessité à cause des problèmes sociaux bazardent aussi leur production. Il y a également le fait que la priorité est donnée à l’autoconsommation. Nous avons enfin entre autres le problème de l’accès au crédit surtout avec les OP informelles.

Les difficultés techniques

Parmi les contraintes techniques nous avons les difficultés de labour dues à la nature des terres. Pour certains paysans, le travail des bas-fonds, qu’ils soient aménagés ou non, est très pénible, en raison de la quasi permanence de l’eau en ces lieux et des sols plus lourds qui rendent impossible (ou difficile) l’utilisation de la traction animale. Il y a aussi le matériel aratoire qui est suranné, la pauvreté généralisée. Heureusement, cette agriculture se fait sans nécessairement d’apport de fertilisants, ce qui peut réduire les coûts d’investissement (coûts d’achats d’intrants agricoles) qui sont énormes en dehors des bas-fonds
En outre, dans les bas-fonds aménagés, il faut obligatoirement labourer et planer. Ces deux activités, sont, avec le désherbage, les plus redoutées par les paysans parce que le niveau d’équipement est très bas : en l’absence de machine, toutes les activités sont exécutées de façon manuelle, ce qui implique beaucoup d’effort physique et donc de fatigue.

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Table des matières

REMERCIEMENTS ET DEDICACES
INTRODUCTION
I.PROBLEMATIQUE
II. OBJECTIFS DE RECHERCHE
III. HYPOTHESES DE RECHERCHE
IV. METHODOLOGIE
V. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
VI. BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
CHAPITRE I:SITUATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE DE LA COMMUNE
CHAPITRE II: LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE III: LE CADRE HUMAIN
DEUXIEME PARTIE: L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON DANS LES BASFONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO ET LES CONTRAINTES LIEES A LEUR EXPLOITATION
CHAPITRE I: L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON DANS LES BAS-FONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
I. CARACTERISATION DES BAS-FONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
II. L’AGRICULTURE DE CONTRE SAISON DANS LES BAS-FONDS DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
CHAPITRE II: LES CONTRAINTES
I. LES CONTRAINTES NATURELLES ET HUMAINES
II. LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET TECHNIQUES
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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