Soutenance mémoire
L’AGRICULTURE DANS LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
L‟agriculture est présente dans les théories du développement et a une place primordiale quant au devenir de la société en question. Nous allons revoir ces auteurs et leurs théories pour pouvoir en apprécier leurs pertinences et ce que nous pouvons en tirer pour notre travail. Mais avant toute chose, il faut bien s‟entendre sur les termes à discuter par la suite. Puis, nous allons voir tout à l‟heure l‟immensité de cette notion de filière agricole. Nous concentrerons nos efforts sur l‟agriculture et son développement.
Concepts et Définitions
Il est difficile de définir la notion de filière. Nous allons en retenir une : Une filière est considérée comme « (…) une suite de marché entre amont et aval ce qui implique des transports, des circuits de commercialisation et leur contrepartie monétaire ; les différents agents concernés ont des comportements (stratégies) liés à ces échanges (…) » . Lorsqu‟on continue cette définition la filière comprendrait les industries de transformation, le commerce, le transport, la distribution des produits alimentaires ainsi que les industries connexes des additifs et de l‟emballage. Cette liste est non exhaustive.
L‟analyse d‟une filière consiste, selon Duteurtre et al. (2000) , à la délimiter c’est-à-dire identifier les agents et leurs fonctions, estimer les prix et quantités et construire le graphe de la filière ; à savoir la typologie des agents; à faire émerger les marges et les revenus de chaque agent et enfin, à définir l‟organisation en saisissant les relations entre les agents et les règles qui régissent ces relations.
La finalité de toute cette analyse est de nous renseigner sur les actions à prendre, s‟il y a lieu, pour développer la filière. François PERROUX définit la notion de développement économique comme « … la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population, des changements qui les rendent aptes à faire croître cumulativement et durablement, son produit global » et « la croissance comme l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une nation » .
On peut tirer de cette définition qu‟une filière qui se développe est celle qui enregistre une combinaison des changements mentaux et sociaux des agents ou acteurs au sein de la filière de telle sorte que tous ces acteurs y gagnent simultanément. L‟atlas agricole de Madagascar, 2005 définit l‟activité agricole comme l‟ensemble de l‟agriculture, de l‟élevage et de la pêche. Une filière agricole intègre donc l‟une de ces trois secteurs. Elle concerne la production qui remonte tous les stades de la filière, à savoir par exemple la transformation, le transport, jusqu‟au consommateur final.
La notion de développement et de croissance vont être utilisée maintes fois tout au long de ce travail. C‟est pourquoi, elles ont été définies pour éclairer le lecteur. Par la suite, on essaiera de définir au fur et à mesure les termes clés à notre étude. Entrons maintenant dans le vif du sujet et parlons des théories du développement économique qui intègre l‟agriculture.
Quesnay et La Physiocratie (1694-1774)
Les guerres et les politiques menées par Louis IV laissaient la France dans une situation peu commode. La misère sévissait alors dans le royaume surtout une misère rurale. La politique mercantiliste au colbertisme était pointé du doigt. Une politique qui accordait la priorité aux manufactures pour attirer l‟or, la richesse matérielle des autres royaumes et qui délaissa l‟agriculture. « On a fait baisser le prix de nos blés afin que la fabrication et la main d’œuvre fussent moins chères que l’étranger […] l’agriculture la plus féconde et la plus noble partie de notre commerce, la source des revenus du royaume, n’a pas été envisagé comme le fonds primitifs de nos richesses […] » .
La philosophie économique de Sully prônait la supériorité de l‟agriculture tant il garantissait la subsistance du petit peuple et son bien être, ainsi que la puissance de l‟Etat . François Quesnay était fils d‟un laboureur, est ce pour cela qu‟il s‟alignait dans une vision noble de l‟agriculteur. De son temps, on pensait que seul le laboureur ou le cultivateur pouvait se passer des concurrences des autres métiers qui dépendaient fortement du produit de la terre pour subsister. En matière de politique générale de l‟Etat, Quesnay rejetait la fixation arbitraire du loyer de la terre de façon exagérée, ce loyer doit être proportionnel à la taille de la propriété ou de la terre . Les physiocrates avaient une vision prise sur l‟ordre naturel en l‟agriculture. Ils étaient incompris dans leurs idées mais c‟est grâce à Turgot et Condillac que leur travail trouvait leur considération. La terre est un don de Dieu. Le travail de la terre engendre un surplus de produit . Le propriétaire cultivateur peut alors faire travailler des hommes sur sa terre. La valeur de la production agricole est partagée entre la subsistance et le profit du laboureur d‟un côté; et de l‟autre coté, du revenu ou du produit net du propriétaire .
Toute laisse à penser que dans les pays en développement, ce n‟est pas la terre à cultiver qui fait défaut. Mais ce qui nous (PVD) défie c‟est la production. Peut-elle s‟accorder avec la croissance démographique rurale d‟abord ? Urbain ensuite ? En effet, laisser à lui seul, le secteur agricole (notamment l‟agriculture) est capable de croitre à un rythme soutenue d‟au moins 1% par an sur un long période (Hayami, Ruttan) alors que le rythme de croissance moyen est au alentour de 2.8% dans les pays en développement et encore plus dans le milieu rural. Et dans la mesure où elle dégage un excédent de produit considérable cela n‟est il pas nuisible à lui-même car pour reprendre une conversation d‟un cultivateur et d‟un propriétaire terrien : écuyer seigneur de bellecour « nous allons nous jeter dans le précipice en nous allons mal-à propos à multiplier notre production, avant que l’industrie eût commencé à les multiplié (…). C’est-à-dire si on n’avance pas ce qu’il doit consommer qui nous achètera nos produits » . Mais dans un contexte de la mondialisation d‟un vaste marché, ce problème ne se pose pas. Certes, mais il existe aussi aujourd‟hui le contexte de l‟échange inégale ou le produit de l‟agriculture est moins chère et avec une augmentation de l‟offre des produits agricoles le prix ne peut que diminuer au détriment des agriculteurs.
Les Classiques
L‟accumulation du capital est la source fondamentale de toute croissance . Cette accumulation est d‟autant plus forte que la division du travail était poussée et que les inventions apparaissaient pour améliorer la productivité agricole . A cette époque, les Progrès des inventions présentaient un peu de scepticisme quant à la réduction de ces rendements décroissants . Le surplus de la production entrainait l‟augmentation des profits des capitalistes et des salaires des travailleurs par le biais de l‟augmentation du fermage et des salaires de subsistance versé à une main d‟œuvre plus nombreuse. Ricardo parlait d‟un état stationnaire que l‟on atteignait lorsque tout l‟excédent serait absorbé. A partir de ce stade, l‟excédent en plus qui dépasse le salaire de subsistance sera capturé par les propriétaires terriens . Le capital et le travail admettent un rendement décroissant alors que l‟offre de la terre est rigide (fini) et contraint de ce fait la croissance économique. Marx lui était plutôt optimiste : il a vu la possibilité de rendement d‟échelle croissant pour l‟agriculture et l‟industrie en observant l‟efficacité des grandes exploitations agricoles anglaises et que, à terme, l‟agriculture paysanne serait rayer de la carte au profit du développement agricole .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: AGRICULTURE ET DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 1: L’AGRICULTURE DANS LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
1-1 Concepts et Définitions
1-2 Quesnay et La Physiocratie (1694-1774)
1-3 Les Classiques
1-4 Les étapes de croissance de Rostow
1-5 Le modèle structuraliste
1-6 Le courant du sous-développement
CHAPITRE 2 : THEORIE DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
2-1 LE MODELE DE L’EXPLOITATION DES RESSOURCES
2-2 LE MODELE DE LA PRESERVATION DE RESSOURCES
2-3 LE MODELE SPATIAL
2-4 LE MODELE DE LA DIFFUSION DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
2-5 LE MODELE DU FACTEUR A FORT RENDEMENT
Chapitre III : La marginalisation du rural : un pseudo sentier du développement
3-1-1 Accent mis sur les cultures d‟exportations
3-1-2 Le pari raté
3-3-1 Marginalisation du rural
3-3-2 Modernisations contrariées
PARTIE II : LA FILIERE BANANE A MADAGASCAR
CHAPITRE IV : PRESENTATION DE LA FILIERE BANANE A MADAGASCAR
4-1 LA PRODUCTION
4-1-1 le système cultural
a) La description du bananier
b) Exigence du milieu naturel
c) La Récolte
4-1-2 Le système d’exploitation
4-1-3 La production
4-2 Les Acteurs
4-3 Le circuit de commercialisation
4-4 Segmentation de marché
4-5 Les structures d’appui
4-6 Le marché de la banane
4-6-1 le marché intérieur
a) La commercialisation
b) L‟évolution du prix de la banane
4-6-2 Le marché extérieur
4-7 Analyse SWOT de la filière
4-8 Perspectives et suggestions pour le développement de la filière
CHAPITRE V : LA FILIERE BANANE DANS LES REGIONS DE PRODUCTION
5-1 LA FILIERE BANANE DANS L’EX-PROVINCE DE FIANARANTSOA
5-1-1 Organisation des acteurs
5-1-2 Les quantités commercialisées et prix
5-1-3 Organisation et problème de la filière
5-1-4 Atouts, contraintes de la filière et suggestions
5-2-1 La production
5-2-2 Quantités commercialisées et prix
5-2-3 Circuits de commercialisation
5-2-4 Les Structures d’appui
5-2-5 Les acteurs et leurs problèmes
5-2-6 Situation de la filière banane dans la région Atsinanana
5-2-7 Analyse SWOT de la filière
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
