L’âge de la retraite, une analyse des différentes approches théoriques

L’âge effectif de départ à la retraite

   L’âge effectif de départ à la retraite est défini comme l’âge auquel l’individu part réellement à la retraite. A partir de cet âge, on peut calculer l’âge moyen de départ à la retraite qui n’est rien d’autre que la moyenne algébrique des différents âges des individus entrant à la retraite. Cet indicateur a l’avantage d’être facilement disponible car il se base sur la population des nouveaux retraités de l’année observée. Il permet ainsi de mesurer assez rapidement l’impact des réformes sur le comportement individuel de départ à la retraite. Cependant, du fait de sa définition, il est relié au poids de la population des nouveaux retraités à une année donnée. En 2015, l’âge moyen de départ à la retraite est de 62,4 ans (+1,4 an sur 9 ans). L’augmentation rapide de l’âge effectif de départ à la retraite est fortement impactée par le poids des réformes du système de retraite ainsi que par l’arrivée massive à la retraite des individus issus du baby-boom. On peut également mesurer l’âge de départ à la retraite par génération qui correspond à la moyenne algébrique des différents âges des individus entrant à la retraite mais appartenant, cette fois-ci, à la même génération. Cet indicateur est plus pertinent que le précédent car les individus nés pendant la même année évoluent dans le même contexte économique et sont impactés par les mêmes réformes. Il permet ainsi de rendre compte de l’influence d’une réforme sur le départ à la retraite par génération. Par contre, il présente l’inconvénient d’être calculé que pour les anciennes générations car il faut qu’une grande majorité d’individus de la génération soit partie à la retraite. Ce qui engendre un retard entre la mise en application de la réforme et le calcul de l’indicateur. Pour limiter les inconvénients des deux précédents indicateurs, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a créé un nouvel indicateur : l’âge conjoncturel de départ à la retraite. Cet indicateur est défini comme l’âge moyen de départ à la retraite d’une génération fictive dont la proportion de retraités à chaque âge serait identique à la génération correspondant à cet âge. Dans le calcul de l’âge conjoncturel de départ à la retraite intervient le taux de retraités à chaque âge qui correspond au rapport entre le nombre d’individus d’une génération déjà à la retraite et le nombre d’individus de cette génération ayant validé au moins un trimestre de cotisation. L’indicateur est ainsi défini comme la différence entre 771 et la somme des taux de retraités entre 552 et 76 ans.

Les réformes jusqu’en 1982 : Vers une amélioration des droits des retraités

    Avant 1982, les réformes du système de retraite sont principalement établies dans le but de faire progresser les droits des retraités. Ainsi, on assiste, entre autres choses, à l’élargissement de la protection vieillesse à tous les individus, la création des retraites complémentaires (comme l’AGIRC1 en 1947, ou encore l’ARRCO2 en 1961), l’instauration d’un minimum-vieillesse et une amélioration du calcul du montant des pension par le décret de 1972. L’âge de départ à la retraite est impacté par diverses réformes dont les plus importantes sont :
– La loi du 31 décembre 1971, énoncée par Robert Boulin3 , impose une évolution du taux de remplacement à 60 ans de 20 % à 25 % mais rallonge la durée de cotisation de 30 à 37,5 ans.
– La loi du 3 novembre 1975 supprime la durée minimale de cotisation donnant le droit au versement d’une pension.
– L’ordonnance du 26 mars 1982 permet de diminuer l’âge légal minimal de départ à la retraite de 65 ans à 60 ans.

La situation de l’emploi des seniors avant 1993

     Entre 1975 et 1993, le taux d’emploi des seniors n’a cessé de diminuer. D’après les travaux théoriques, sont considérés comme seniors, les individus ayant franchi le seuil des 50 ans. En réalité, le seuil est placé à 55 ans, car les 50-54 ans gardent la même dynamique face à l’emploi que les individus d’âges inférieurs. Ainsi, on peut noter l’importante chute du taux d’emploi des 60-64 ans entre 1975 et 1995 et dans une moindre mesure, celle des 55-59 ans mais uniquement sur le début des années 80. Ces chutes, plus ressenties chez les hommes que chez les femmes, sont les conséquences de la politique de retrait des seniors du marché du travail. Cette politique est adoptée en 1970, en solution face à la montée du chômage. Ainsi, les préretraites, permettant à un salarié de profiter d’une indemnité jusqu’à la retraite, amorcent la chute du taux d’emploi des 60-64 ans. Quand l’âge d’accès à une retraite à taux plein passe de 65 ans à 60 ans en 1983, cette baisse s’accentue et touche l’ensemble du groupe des seniors de 60-64 ans et commence également à concerner la classe des 55-59 ans qui peuvent, du coup, bénéficier des préretraites. La mise en place de dispense de recherche d’emploi en 1984, qui indemnisait un senior au chômage sans obligation de recherche d’emploi, intensifie la chute du taux d’emploi. On peut trouver diverses sources aux réductions d’emploi chez les seniors : ouverture des échanges, délocalisation accrue d’activités industrielles mais aussi de services, implantation de nouvelles activités dans des pays en expansion forte. Le choix de privilégier la performance au détriment d’un taux d’emploi élevé des seniors, a conduit l’Etat à mettre en application des mesures afin que le départ précoce à la retraite semble plus avantageux pour un senior, plutôt que de rester en emploi. Cette stratégie a longtemps été proposée comme la solution au problème de l’emploi des jeunes mais en réalité, les résultats n’ont pas été concluants : le marché de l’emploi des jeunes ne s’est pas amélioré et le problème de l’emploi s’est même amplifié, ce qui a probablement induit une baisse du produit intérieur brut (PIB). Malgré cela, cette problématique malthusienne du partage du travail reste encore ancrée dans les idéologies. Même si cette politique n’a pas eu les effets espérés, elle a tout de même permis à améliorer le bien-être des retraités. Ainsi, à partir de 1980, le salarié français a gagné environ 10 années de retraite : 5 années de retraite grâce à l’abaissement à 60 ans de l’âge de la retraite et 5 années supplémentaires grâce à l’amélioration de l’hygiène, des conditions de travail et de vie, ainsi qu’aux systèmes de santé.

Incidence du vieillissement sur le système de retraite

     Le nombre des 20-59 ans rapporté aux 60 ans et plus est une bonne indication pour évaluer l’impact du vieillissement sur le système de retraite. Ce rapport, qui diminue progressivement, est supérieur à 2,5 jusqu’en 2007. Il passe à 2,1 environ en 2014. Le papy-boom entraine une chute du ratio qui est estimée à 1,5 en 2040. Cela signifierait que 2 individus de 60 ans et plus seraient représentés par 3 individus de 20-59 ans contre 5 en 2007. L’augmentation de ce ratio peut survenir à la suite :
– D’une hausse du nombre de 60 ans et plus (on parle de vieillissement par le haut)
– D’une baisse du nombre des 20-59 ans (on parle de vieillissement par le bas)
Le vieillissement par le bas est observable dans l’ensemble des pays présentant un taux de fécondité si bas que la problématique du remplacement de la population active est posée. Cependant, il n’explique qu’une faible partie de l’augmentation du ratio, le reste étant expliqué par le vieillissement par le haut. Le rapport entre les 20-59 ans et les plus de 60 ans présente toutefois l’inconvénient de prendre en compte l’ensemble de la classe des 20-59 ans alors qu’il n’est pas certain que tous les individus âgés entre 20 et 59 ans cotisent pour la retraite. En effet, l’ensemble de ces personnes ne sont peut-être pas tous en activité. De même, pour la classe des individus âgés de 60 ans et plus, où il n’est pas sûr non plus que la totalité de cette classe soit à la retraite. Même s’il est largement utilisé car il fait appel à des données facilement accessibles, on préfère utiliser le rapport cotisants/retraités qui permet alors d’éliminer un biais. Le ratio entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités est orienté à la baisse entre 2002 et 2014 dû à l’augmentation du nombre de retraités dans notre société sous l’effet du vieillissement de la population et de l’amélioration du niveau de vie. Ainsi, il passe de 1,6 en 2002 à 1,3 en 2014. Cela signifie qu’en 2014, un individu à la retraite était représenté par 1,3 personne en activité. Le ratio est donc sous l’influence des caractéristiques de la pyramide des âges de notre société et de l’allongement de l’espérance de vie à 60 ans. Il dépend aussi de l’âge moyen de départ à la retraite qui est défini en fonction des réformes du système de retraite. Le vieillissement de la population combiné à l’entrée plus tardive des jeunes sur le marché du travail, solidifie la part des individus d’âge moyen ou plus dans la population active. C’est pour cela que les données concernant l’emploi des seniors sont devenues importantes car elles permettent de se faire une idée sur la santé du marché du travail. Par ailleurs, il peut générer des contraintes en termes de flexibilité face à l’emploi (lors d’un emploi aux horaires décalés ou imposant des périodes avec un rythme effréné de travail), aux nouvelles technologies et à la prise en charge de plusieurs tâches. Le vieillissement de la population a également conduit à une augmentation du nombre de versements des pensions de retraite, suite à la hausse du nombre d’individus de plus de 60 ans.

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1 : La place de l’âge de la retraite en France et à l’étranger
Section 1 : Les différents âges de départ à la retraite
A/ L’âge effectif de départ à la retraite
B/ L’âge légal de départ à la retraite
Section 2 : Les réformes autour de l’âge de la retraite
A/ Les réformes jusqu’en 1982 : Vers une amélioration des droits des retraités
B/ Les réformes après la fin des années 80 : Des solutions apportées pour protéger la viabilité du système
Section 3 : L’âge de la retraite dans le monde
A/ Dans les pays développés
B/ Dans les pays émergents
C/ Dans les pays les moins avancés
Chapitre 2 : L’âge de la retraite, observé d’un point de vue macroéconomique
Section 1 : Retraite et croissance
A/ Les modèles de croissance contribuent à l’analyse du système de retraite
B/ Un système de retraite dépendant de la croissance
C/ Quelques solutions pour limiter la dépendance du système à la croissance
Section 2 : Retraite et emploi
A/ La situation de l’emploi des seniors avant 1993
B/ La situation de l’emploi des seniors après 1993
C/ Point sur l’emploi des seniors en Martinique
Section 3 : Retraite et vieillissement de la population
A/ Le contexte démographique
B/ Incidence du vieillissement sur le système de retraite
C/ Vers un vieillissement actif
Section 4 : Retraite et financement
A/ Le solde financier du système de retraite
B/ Les sources de financement
C/ Les dépenses du système de retraite
Chapitre : 3 : L’âge de la retraite, dans le cadre d’une approche microéconomique
Section 1 : Retraite et demande de travail
A/ Un volume de recherches plutôt faible du point de vue de la demande de travail
B/ Le comportement des entreprises
Section 2 : Retraite et choix individuels en univers certain
A/ Présentation du modèle
B/ Evolution du bien-être social dans le modèle
C/ Cas d’une économie où les salariés choisiraient leur âge optimal de départ à la retraite
Section 3 : Retraite et taxation implicite
A/ Etude comparative de J. Gruber et D. Wise (1998)
B/ Modèle de H. Cremer, J.-M. Lozachmeur et P. Pestieau (2004)
C/ Modèle de B. Sédillot (2000)
Conclusion
Bibliographie

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