L’activité ovarienne cyclique chez la vache laitière

L’activité ovarienne cyclique chez la vache laitière

L’anoestrus post-partum

L’anoestrus se caractérise par l’absence de manifestation de chaleurs en période de reproduction. Il est physiologique, mais peut devenir pathologique sur le plan économique s’il se prolonge de manière exagérée [67]. En général chez la vache laitière, l’anoestrus vrai, qui se caractérise par l’absence d’activité ovarienne et d’ovulation, reste une situation rare. En effet, la reprise d’activité ovarienne est rapide : l’intervalle vêlage-première ovulation est compris entre 15 et 31 jours chez les femelles laitières [43 ; 84]. Parmi les animaux non observés en chaleur par l’éleveur, en fait 90% ont une activité cyclique [67], on parle alors dans cette situation de suboestrus. La cyclicité peut être mise en évidence par palpation transrectale ou par échographie : on cherche alors à mettre en évidence un corps jaune fonctionnel, c’est-à-dire de plus de 2 cm de diamètre. De façon plus sûre, on peut déterminer l’activité ovarienne en mesurant le taux de progestérone du sang ou du lait. Un taux élevé (>1,5 ng/L) révèle la présence d’un corps jaune fonctionnel [43].

Pour cela, deux prélèvements à 10 jours d’intervalle sont nécessaires : un seul taux de progestérone bas peut indiquer que la vache est en anoestrus (ou inactivité ovarienne) ou bien qu’elle se trouve à un moment proche des chaleurs (phase folliculaire) (figure 6). Seules les vaches ayant deux taux de progestérone bas à 10 jours d’intervalle seront diagnostiquées en anoestrus vrai comme le montre la figure 6 [54 ; 78]. Il faut noter que la palpation transrectale manque d’exactitude pour affirmer si la vache est cyclée ou non, la concentration en progestérone étant beaucoup plus fiable [54].

Rétablissement de l’activité des gonadotrophines post-partum

La gestation est caractérisée par un fort taux d’oestrogènes et de progestérone circulants. Ces hormones exercent un rétrocontrôle négatif sur l’hypothalamus et l’hypophyse. Au vêlage, la diminution des concentrations de ces hormones lève l’inhibition exercée, la sécrétion de GnRH reprend alors [94]. La GnRH stimule la libération de FSH. Cette dernière est en quantité suffisante pour stimuler la croissance folliculaire très tôt après le vêlage, ce n’est donc pas un facteur limitant la reprise de l’activité ovarienne [76]. La levée du rétrocontrôle négatif permet également la synthèse et la libération de LH, mais après le vêlage, la fréquence des pics de LH est faible. Il en résulte une faible production d’oestradiol par le follicule qui conduit à son atrésie. Par conséquent, le facteur crucial déterminant le moment où se produit la première ovulation est l’obtention d’une fréquence des décharges de LH similaire à celle de la phase folliculaire du cycle (une décharge de LH par heure). La LH apparaît donc comme le principal facteur limitant la reprise de l’activité ovarienne [76].

Reprise du développement folliculaire post-partum

Au début de la gestation, les vagues folliculaires persistent et elles ne disparaissent en général, que dans le dernier tiers de la gestation à cause de la haute concentration en progestérone. Après le vêlage, l’augmentation précoce de la FSH a pour conséquence l’apparition d’une cohorte de follicules moyens, aboutissant à la formation du premier follicule dominant entre le 5ème et le 39ème jour post-partum [89]. Son sort est déterminé par la fréquence des décharges de LH : si elle est élevée, l’ovulation a lieu (dans 75 % des cas). Dans 20 % des cas, il devient kystique. Il subit l’atrésie dans les 5 % restants, un second follicule dominant se développant alors [68]. A la fin de la maturation folliculaire, lorsque la concentration en oestrogènes est suffisante, celle-ci induit le pic pré-ovulatoire de LH à l’origine de la première ovulation post-partum vers 14-25 jours en moyenne [68]. Cette première ovulation n’est généralement pas accompagnée de manifestations visibles de chaleurs (chaleurs silencieuses) (2 fois sur 3) [40 ; 68].

Elle est le plus souvent suivie d’une phase lutéale courte (4 à 13 jours), caractérisée par des niveaux de progestérone inférieurs à ceux des cycles physiologiques, en raison d’une sécrétion plus précoce de PGF2α utérine [43 ; 76] (figures 7 et 8). Le retour à une cyclicité normale semble nécessiter une imprégnation lutéale préalable de quelques jours. Une anomalie peut parfois être visible lors de la reprise de la cyclicité après le vêlage : une phase lutéale prolongée. On parle alors de corps jaune persistant qui sécrète de la progestérone pendant plus de 19 à 28 jours [43].

L’alimentation

Chez les vaches laitières, ce sont globalement les excès énergétiques lors du tarissement et une sous-nutrition prolongée en début de lactation qui ont les répercussions les plus importantes sur l’allongement de la période d’anoestrus [67]. Le déficit énergétique d’une vache laitière en début de lactation est physiologique : le métabolisme est orienté principalement vers la production de lait et la lipomobilisation. Ces deux fonctions consomment beaucoup d’énergie et l’apport alimentaire, limité par la qualité de la ration et la capacité d’ingestion, est insuffisant [96]. Le déficit énergétique engendré entraîne l’amaigrissement de l’animal. Il est également responsable de la baisse des taux sanguins de glucose, d’insuline et de facteurs de croissance, ainsi que d’une diminution de la sécrétion de GnRH et de LH mais pas de FSH [36]. Tous ces paramètres interviennent plus ou moins directement sur la croissance et la maturation du follicule dominant et l’ovulation [21]. On observe alors que, bien que l’émergence des vagues folliculaires ne semble pas affectée, le développement du follicule dominant et son ovulation sont compromis.

Tout se passe comme si la reproduction était « une fonction de luxe » et que l’animal en déficit énergétique mettait en veille sa fonction de reproduction [96]. La note d’état corporel (échelle de 0 à 5) est un indicateur fiable du statut nutritionnel et de la balance énergétique de l’animal [57]. Elle reflète les réserves énergétiques disponibles pour l’entretien, la croissance et la production des vaches. Les vaches en bon état d’engraissement au moment du vêlage (note d’état corporel au moins égale à 2,5) ont un meilleur taux de cyclicité rapidement après vêlage [70]. Toutefois, les vaches en trop bon état ont un allongement de la durée de l’anoestrus dû à une mobilisation trop importante de leur réserve graisseuse. Pour les vaches allaitantes, le facteur alimentation n’a pas autant d’importance que pour les laitières.

En effet, l’anoestrus post-partum est physiologiquement plus long et le déficit énergétique en début de lactation est moins important. Les vaches maigres (note d’état corporel inférieure à 2,5) à la mise à la reproduction ont toutefois des taux de cyclicité inférieurs à ceux des vaches en meilleur état [49]. Le rôle de l’alimentation dans la durée de l’anoestrus est primordial, si bien qu’il faut considérer qu’un traitement médical de l’anoestrus ne devra pas être mis en oeuvre chez une vache dont l’état corporel est mauvais (<2,5) [49].

Leur association aux progestagènes :

L’association des deux hormones agit à la fois sur la croissance folliculaire et la durée de vie du corps jaune [29]. Elle a ainsi permis de réduire la durée du traitement progestatif et d’améliorer la synchronisation et la fertilité à l’oestrus induit [35]. L’oestradiol bloque la sécrétion de FSH et l’action combinée du progestagène et de l’oestradiol bloque celle de LH. La diminution de FSH induit l’atrésie des follicules FSHdépendants et celle de LH l’atrésie du follicule dominant [16]. Ainsi, la vague folliculaire en cours au moment de la mise en place du protocole dégénère et une nouvelle vague émerge au bout de 4 à 5 jours environ [25 ; 49]. L’implant étant laissé 9 à 11 jours, le nouveau follicule dominant est âgé d’environ 7 à 9 jours au moment de l’insémination. Cette durée de croissance folliculaire semble être optimale pour une fertilité maximale de l’ovocyte libéré [25].

En effet, des follicules dominants trop âgés conduisent à l’ovulation d’ovocytes subfertiles (figure 12). L’association permet également une bonne synchronisation des différents animaux, par son action sur les différents stades de la croissance folliculaire [49]. Le contrôle de la phase lutéale est réalisé par les oestrogènes grâce à leur activité antilutéotrope et lutéolytique. Cependant cette activité n’est pas efficace à 100 %. Si le traitement commence entre J0 et J4 du cycle, le corps jaune peut persister dans 14 à 85 % des cas. Ce pourcentage est inférieur à 20 % si le traitement commence entre J5 et J8 [49]. C’est pourquoi associer d’autres hormones, telles que les prostaglandines, peut améliorer la synchronisation des chaleurs et la fertilité des vaches cyclées en fin de traitement [28].

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Physiologie sexuelle de la vache laitière non gestante
A. L’activité ovarienne cyclique chez la vache laitière
1. Régulation hormonale du cycle [79]
2. L’ovogenèse
3. La folliculogenèse et la croissance folliculaire en vague
a) Phase non gonado-dépendante
b) Phase gonado-dépendante
4. La phase lutéale
B. La physiologie sexuelle en période post-partum chez la vache laitière
1. L’anoestrus post-partum
2. Reprise d’activité sexuelle après le vêlage
a) Rétablissement de l’activité des gonadotrophines post-partum
b) Reprise du développement folliculaire post-partum
C. Facteurs influençant la durée de l’anoestrus post-partum
1. L’alimentation
2. Les facteurs individuels
3. Les facteurs d’environnement
II. Traitements de maîtrise des cycles par un implant de progestagène chez la vache laitière
A. Présentation des différents protocoles utilisant un implant de progestagène
1. L’ancien protocole CRESTAR® : progestagène avec oestrogène
2. Le nouveau protocole CRESTAR SO® : progestagène sans oestrogène
3. Modalités de la pose et du retrait des implants et inconvénients
B. Les principes actifs utilisés et leur mode d’action
1. Les progestagènes
2. L’ajout d’oestrogènes
3. L’ajout de GnRH
4. L’ajout de prostaglandine F2α
5. L’ajout d’eCG
C. Résultats de l’ancien protocole
D. Problématique de l’interdiction des oestrogènes
1. Cadre législatif
2. L’efficacité des traitements à base de progestagènes est-elle la même avec ou sans oestradiol ?
3. Répercussion sur le prix du traitement
III. Facteurs de variation de la fertilité à l’oestrus induit par les progestagènes
A. Facteurs liés à l’animal
1. Cyclicité avant le traitement
2. Stade du cycle en début de traitement
3. Parité
4. Race
5. Conditions du vêlage précédent
6. Production laitière
B. Facteurs liés à la conduite de l’élevage
1. Intervalle vêlage-traitement
2. Saison de vêlage
3. L’alimentation
C. Interaction entre les différents facteurs
D. Recommandations CHAPITRE
2 : ETUDE EXPERIMENTALE
I. Matériel et méthodes
A. Animaux
1. Critères de recrutement
2. Critères d’appariement
3. Données recueillies
B. Evaluation de la cyclicité avant traitement
C. Traitements
D. Evaluation de la synchronisation des chaleurs
E. Evaluation de la fertilité à l’oestrus induit
F. Analyse statistique des données
1. Traitement des données
2. Analyses statistiques
II. Résultats
A. Description de l’échantillon
B. Comparabilité des lots
C. Taux de synchronisation et taux de gestation
D. Facteurs influençant le taux de gestation
E. Interactions entre le traitement et les autres facteurs
F. Analyse multivariée
III. Discussion
A. Matériel et méthodes
B. Résultats de reproduction
1. Taux de cyclicité avant traitement
2. Taux de synchronisation après traitement
3. Taux de gestation à l’oestrus induit
C. Facteurs de variation de la fertilité
1. Le traitement
2. La cyclicité avant traitement
3. La phase du cycle à la pose de l’implant
4. La race
5. Le rang de vêlage
6. L’intervalle vêlage-pose de l’implant
7. Condition du vêlage précédent
8. La note d’état corporel à la pose
9. La production laitière au moment de l’IA
10. Effet des TP et TB, et du rapport de ces taux
D. Conclusion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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