L’activité hydratante de gel de quatre espèces d’aloe chez la souris

La peau est un organe qui joue un rôle important pour l’organisme, elle empêche la pénétration de corps étrangers, et le protège contre les agressions externes, en outre, En outre, elle assure les fonctions sensorielles, métaboliques, d’échanges, de thermorégulation et de cicatrisation.

De l’extérieur vers la profondeur, la peau est constituée d’une superposition de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme. L’épiderme est la couche superficielle, elle est recouverte par un film hydrolipidique de pH acide qui protège l’organisme de la déshydratation et d’une invasion bactérienne. Elle est non vascularisée et constituée de 5 couches: la couche basale ou germinative qui est constituée par une seule assise de cellules germinales multipotentes, la couche épineuse, qui forme une barrière empêche la pénétration des substances exogènes à travers la peau, et la couche granuleuse qui sécrètent de la kératine responsable de l’imperméabilité de la peau. La couche claire ne s’observe qu’au niveau de la paume de la main et la plante des pieds et enfin la couche cornée. Par ailleurs, le derme est une couche richement vascularisée. Elle est subdivisée en 2 régions: la zone superficielle ou derme papillaire constituée par des fibres de collagènes fines, perpendiculaires ou obliques par rapport au plan de la membrane ; tandis que chez la zone plus profonde ou derme réticulaire, ces fibres sont plus épaisses et parallèles à la surface cutanée. Le derme contient des fibroblastes qui synthétisent l’élastine, le collagène et les glycoprotéines qui retiennent l’eau au niveau de la peau. Les glandes sudoripares qui excrètent la sueur et les glandes sébacées qui excrètent le sébum sont localisées dans cette couche. Enfin, l’hypoderme contient des cellules adipeuses qui jouent un rôle de réserve lipidique pour l’organisme et donnant à la peau un aspect rebondi .

L’altération du film hydrolipidique ou la baisse de la quantité de NMF et des molécules hydrophiles dans le derme accélère la perte insensible en eau, et provoque la déshydratation cutanée. Cette dernière peut être due à des facteurs endogènes ou exogènes. Les facteurs endogènes sont physiologiques comme le vieillissement, le gradient des ions calcium, les facteurs naturels d’hydratation, l’organisation de l’épiderme et des problèmes génétiques qui sont à l’origine des dermatites comme l’eczéma, l’ichtyose et le psoriasis. Tandis que les facteurs exogènes sont d’ordre environnemental comme le froid, le soleil, les produits chimiques ou le mode de vie de l’individu (ROGERS J. et coll., 1996).

L’hydratation cutanée dépend de l’apport en eau et de la perte insensible en eau. Lorsque l’apport est inférieur à la perte, la peau se déshydrate. Par exemple, en vieillissant, la sécrétion de sébum et de sueur diminue, ce qui diminue le film hydrolipidique qui devrait empêcher la perte insensible en eau (MOREL P., 2001; HUMBERT P., 2003). En outre, le taux de collagène et de protéoglycanes diminue, ce qui diminue la rétention d’eau dans le  derme, à l’origine de la déshydratation avec l’âge et de la diminution de l’épaisseur de la peau (MARTINI M. C., 2003 ; ROBERT S. et Coll., 2005 ; ALI N., 2010). En outre, plusieurs facteurs comme l’humidité de l’air, la température, les rayons ultraviolets solaires l’usage fréquent de détergent, l’eau chaude et les produits irritants comme l’alcool accélèrent la déshydratation cutanée. De plus, La pratique d’une activité en plein air ou sous le soleil toute la journée déshydrate aussi la peau, car le soleil et le vent détruisent le film hydrolipidique et accélèrent l’évaporation de l’eau au niveau de la surface de la peau. Le froid quant à lui, provoque une vasoconstriction et diminue l’apport en eau au niveau de la peau et entraîne une déshydratation (MYRIAM B. A., 2015). Enfin, le mode de vie peut aussi influencer l’hydratation cutanée ; par exemple un manque d’apport en eau ou une malnutrition (DENDA M. et coll., 1998) .

De nombreuses techniques ont été développées pour évaluer l’hydratation de la couche cornée : une mesure directe de la teneur en eau du stratum corneum, in vitro sur une peau isolée, et des mesures indirectes in vivo. Parmi les techniques utilisées in vivo, on distingue, la conductivité thermique ou électrique, les propriétés viscoélastiques de la peau, l’évaluation de son relief ou la quantification de la desquamation (BAREL A.O. et coll., 1999; BERARDESCA E., 1997). Etant donné que l’eau est un bon conducteur électrique, la variation du taux d’hydratation du stratum corneum influence sa capacité à conduire le courant électrique. Le modèle le plus simple est constitué par un condensateur avec une résistance en parallèle (LEVEQUE J. L. et coll., 1983). Une peau bien hydratée correspond à une capacitance électrique élevée (SCOTT T., 2009; KHAZAKA G., 2013). De plus, la modification du taux d’hydratation correspond à une évolution relative à l’impédance de la peau (GABARD B. et coll., 2009; GOUGEROT S.A., 2009; MILPIED H., 2009; PIERARD-F.C. et Coll., 2009; KAPOOR S. et Coll., 2010). La quantité d’eau au niveau de la peau peut aussi être évaluée par son épaisseur, une peau bien hydratée est épaisse (PITTET J.C. et coll., 2002; FABRE P., 2000). Des mesures telles que la mesure de la capacitance électrique et de l’épaisseur sont utilisées pour évaluer l’hydratation cutanée. Parallèlement à ces mesures, l’aspect extérieur de la peau révèle également l’état de son hydratation.

Lorsque la peau est déshydratée, les fibres de collagène et d’élastine au niveau du derme se rigidifient. La peau perd sa souplesse et son élasticité. Sa surface est squameuse ou est marquée par des stries ou de ridules qui se creusent facilement, elle est terne et rêche. Le maintien d’une bonne hydratation cutanée est donc indispensable pour prévenir le vieillissement précoce de la peau (ESTRADE M.N., 1997).

DISCUSSION 

Notre objectif a été de comparer l’activité hydratante de quatre gels extraits de quatre plantes utilisées empiriquement pour hydrater la peau. L’hydratation cutanée a été étudiée en mesurant la capacitance, l’épaisseur et le taux d’hydratation cutanés, et en observant l’aspect extérieur de la peau après l’application journalière des gels sur une période relativement longue (DAL’BELO S.E. et coll., 2006).

L’hydratation cutanée est importante afin de garder sa souplesse, et pour qu’elle puisse assurer son rôle de barrière physique et mécanique. Or cette hydratation cutanée peut diminuer, suite à la destruction du film hydrolipidique au niveau de la surface de la peau, ou à la défaillance des facteurs naturels d’hydratation (NMF) au niveau de l’épiderme, ou à la diminution de la quantité de collagène, d’élastine et d’acide hyaluronique au niveau du derme (BONTE F., 1999; ESTRADE M.N., 2006; MARTINI M.C., 2008; COUDANE F., 2009). Pour rétablir l’équilibre hydrique au niveau de la peau, on utilise des produits hydratants (POTT T., 2006; TRUONG S., 2009 ; GOETZ P. et BUSSER C., 2008), par exemple, le gel d’Aloe vera (MALI R. et coll., 2011). Le gel extrait de ses feuilles stimule la multiplication des fibroblastes. Cette propriété est utilisée comme “régénérant” cutané (ALICE G. G., 2014). Ce qui nous a incité d’étudier et de comparer l’effet hydratant des gels issus de quatre espèces d’Aloès, afin d’apporter un aperçu sur l’efficacité de chaque espèce. Ces gels ont été préparés sous forme de crème afin de faciliter l’étalement (BERTRAND W. et CHOSIDOW O., 1997; SAURAT J.H., 1999; MARTINI M.C., 2006).

Dans la peau, il y a de l’eau mobile avec des électrolytes, une peau hydratée conduit le courant électrique, grâce à la dissociation électrolytique au niveau de l’épiderme (GABARD B. et BAREL A.O., 2009; GOUGEROT S.A., 2009; PIERARD-F.C. et PIERARD G.E., 2009; KAPOOR S. et SARAF S., 2010). La conduction électrique au niveau de la peau est sensible à la concentration d’électrolytes et au pouvoir ionisant de l’eau (FELICI N., 1976). D’après nos résultats, il existe une corrélation entre le taux d’hydratation cutanée et la capacitance mesurée ; celle-ci augmente avec le taux d’hydratation cutanée, et les quatre gels sans exception, augmentent le taux d’hydratation et la capacitance cutanée des souris. Ce qui nous permet de dire qu’ils possèdent un effet hydratant. Toutefois, les gels 1 et 4 sont plus efficaces que les gels 2 et 3 ; par contre les gels 1 et 4, possèdent la même efficacité, et il en est de même pour les gels 2 et 3.

Parallèlement à l’augmentation du taux d’hydratation cutanée, l’épaisseur de la peau augmente au cours du traitement. Cette augmentation de l’épaisseur serait due à l’augmentation du taux d’hydratation au niveau du derme. Elle y est retenue par les constituants de la MEC grâce à leurs propriétés hygroscopiques (MASSON, 2010). Cette amélioration de l’hydratation cutanée est confirmée par l’observation de l’aspect extérieur de la peau. La surface de la peau traitée avec les crèmes contenant les gels issus de quatre espèces d’aloès est lisse, rebondie et sans ridule. Par contre, nous avons constaté que les gels 1 et 4 donnent des meilleurs résultats que les gels 2 et 3. Comme les gels ont été appliqués sous forme de crème eau dans huile, ses constituants peuvent passer à travers la couche cornée par diffusion passive suivant la loi de Fick (ROBERTS et coll., 2004). Après cette diffusion, les molécules actives s’accumuleraient dans la couche cornée avant de pénétrer au niveau des zones plus profondes de l’épiderme (FLYNN T. C. et coll., 2001; RAWLING A.V. et coll., 2004). En arrivant au niveau du derme, elles améliorent le rôle de réservoir d’eau de cette couche (MARTINI M.C., 2006). Lorsque cette couche est imbibée d’eau, ceci se manifeste à l’extérieur par une augmentation de l’épaisseur de la peau. Par ailleurs, les gels pourraient améliorer la performance de la barrière cutanée, en renforçant le film hydrolipidique afin d’empêcher la perte insensible en eau (PIE) (KRAFT J.N. et coll., 2009). En empêchant la PIE, l’eau est retenue à l’intérieur de la peau par la MEC et par les NMF. Cette activité pourrait être attribuée aux polysaccharides qu’ils contiennent. Ces molécules ont un effet filmogène et peuvent retenir l’eau au niveau de la peau (YUN HU et coll., 2003; NWAOGUIKPE et coll., 2010). La différence observée entre les différents gels pourrait s’expliquer par le fait que les gels 1 et 4 contiennent plus de polysaccharides par rapport aux gels 2 et 3. Des études portant sur Aloe vera rapportent qu’elle possède une propriété hydratante (MALI R. et coll., 2011) attribuée aux polysaccharides (YUN HU et coll., 2003 ; NWAOGUIKPE et coll., 2010) qui sont l’acémannane et le glucomannane (ANTHONY C.D., 2001; DAL’BELO S.E. et coll., 2006 ; AKHTAR N. et coll., 2011). Ces polysaccharides sont de grosses molécules qui ne peuvent pas traverser l’épiderme pour hydrater la peau de l’intérieur. Ils restent à la surface de la peau et forment une barrière filmogène qui empêche la PIE, assurant ainsi le maintien de l’hydratation de la peau. Les résultats du criblage phytochimique montre que les gels n°1 et n°4 sont plus riches en polysaccharides que les gels n°2 et n°3. De ce fait, la différence sur l’effet d’hydratation des produits pourrait être due à cette différence de quantité de polysaccharides dans les quatre gels.

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Table des matières

A. INTRODUCTION
B. MATÉRIELS ET MÉTHODES
I. PARTIE CHIMIQUE
1) Extraction des gels
2) Criblage phytochimique
II. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1) Préparation de la crème
2) Préparation des animaux
3) Application des crèmes
4) Etude de l’effet des gels sur l’hydratation cutanée
a. Etude de l’effet des gels sur le taux d’hydratation cutanée
b. Etude de l’effet des gels sur la capacitance électrique cutanée
c. Etude de l’effet des gels sur l’épaisseur cutanée
d. Etude de l’effet des gels sur l’aspect cutané
III. EXPRESSION ET ANALYSES DES RÉSULTATS
C. RÉSULTATS
I. PARTIE CHIMIQUE
1) Rendement de l’extraction des gels
2) Teneur des familles chimiques
II. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1) Effet des crèmes sur le taux d’hydratation cutanée
2) Effet des crèmes sur la capacitance électrique cutanée
3) Effet des crèmes sur l’épaisseur cutanée
4) Effet des crèmes sur l’aspect cutané
D. DISCUSSION
E. CONCLUSION

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