La variabilité pluviométrique et ses impacts sur les activités agricoles de 1985 à 2014

Depuis plusieurs décennies, le domaine sahélien est sous l’influence d’une péjoration climatique qui entraine avec elle de graves crises économiques et environnementales. Cette variation du climat s’accompagne d’un comportement aléatoire de la pluviométrie occasionnant du coup des conséquences néfastes sur les rendements agricoles et pastoraux à travers des phénomènes extrêmes comme la sécheresse, les températures extrêmes, les inondations et les tornades.

Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, cette variation climatique est le résultat d’une augmentation de la température provoquée par l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre dont le plus important est le dioxyde de carbone (GIEC, 2007). Mais selon M. Leroux, (Agriculture & Environnement, N°18, 2004) ces variations sont dues au déplacement des Anticyclones Mobiles Polaires (A M P) qui sont de vastes lentilles d’air glacial de 1500 m d’épaisseur et de 2000 à 3000 km de diamètre générées quotidiennement par les pôles et se déplaçant vers l’équateur.

Le Sahel appartient à la zone tropicale sèche et se caractérise par une pluviométrie très aléatoire, qui est elle-même marquée par une variabilité spatio-temporelle entrainant des épisodes de sécheresses. Le Sénégal, en raison de sa position géographique, n’échappe pas à ces fluctuations climatiques. La baisse importante de la pluviométrie observée au cours de ces dernières décennies et les températures de plus en plus élevées ont provoqué une série de sécheresses qui est jusqu’à présent en cours au Sénégal et ont entrainé une baisse considérable de la production et de la productivité agricole dans un pays à population majoritairement paysanne. Face à ces conditions climatiques défavorables et une population démographiquement grandissante aux ambitions multiples dont l’autosuffisance alimentaire, l’étude des effets de la variation de la pluviométrie sur les activités agricoles devient une nécessité.

Située dans l’arrondissement de Nguélou dans le département de Guinguinéo, région de Kaolack, la Commune de Gagnick, (notre milieu d’étude) est une localité à vocation essentiellement agricole et est affectée par ce phénomène. En plus du caractère aléatoire de la pluviométrie, la Commune est aussi marquée par le phénomène de la dégradation naturelle des sols à travers l’érosion hydrique et éolienne, mais aussi anthropique dû au défrichage et à l’abattage des ligneux qui détruisent le couvert végétal mais également la monoculture arachidière qui impacte directement ou indirectement sur la production.

En effet, Gagnick bénéficie d’importantes potentialités agricoles et pastorales en termes de terres fertiles, d’espaces et de l’importance de la main d’œuvre pour booster la production agricole et pastorale, d’un réseau hydrographique très dense qui pourrait permettre le développement du maraichage et de l’arboriculture fruitière une fois que l’usage et la gestion de l’eau sont maitrisés. En dépit de tous ces atouts, la population de la localité de Gagnick reste vulnérable et affectée par la pauvreté à cause des aléas climatiques, à la dégradation des sols et de l’absence de véritables politiques de développement, limitant ainsi les capacités d’adaptation et les stratégies de lutte contre la pauvreté et le développement dans la Commune initiées à travers le Plan National de Développement Local (PNDL) et son Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP).

Synthèse bibliographique

Dans cette partie de notre travail d’étude et de recherche, il y est question de faire la synthèse de quelques ouvrages antérieurs ayant trait à un ensemble d’éléments relatifs à notre sujet de recherche ainsi que notre milieu d’étude et permettant à mieux les appréhender.

Sur le plan de la géomorphologie, la commune de Gagnick, notre milieu d’étude, à l’image de la région de Kaolack dont elle fait parti, appartient au vaste bassin sédimentaire sénégalomauritanien. Ce bassin a fait l’objet de nombreux travaux de recherche géologique ainsi que de sondages hydrauliques et pétroliers qui ont conduit à une avancée significative de la connaissance géologique du bassin même si des études microtechniques manquent par endroit dans le bassin. L’histoire géologique du bassin commence au Trias. Parmi les nombreuses études réalisées, nous retenons les travaux de F. Tessier (1952) pour qui, le bassin sénégalomauritanien s’est formé à la suite de l’affaissement du soubassement au cours du Jurassique. A Spengler et al (1966) d’établir une coupe générale du bassin sédimentaire du Sénégal. Léger (1979) a fourni une interprétation moderne concernant la structure profonde du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien. Selon E.S. Diop (1986) cité par G. Faye (1999), le bassin sénégalo-mauritanien « revêt l’aspect d’un bas plateau monoclinal à pendage ouest dont l’altitude dépasse rarement 50m ». Dans sa thèse intitulée : « Kaolack : de l’arachide aux activités informelle », I. Diouf (1988) caractérise le relief du bassin comme étant peu accidenté. R. Sarr (1995) a étudié la lithologie et la bio-stratigraphie dans le secteur de Kaolack. Il a réalisé une description lithologique et micropaléontologique sur la base de données issues de sondage d’un ensemble de forages parmi lesquels, celui de Mbowène Souleye réalisé en 1990 par Intrafor-Cofor pour le compte de Caritas Kaolack. Sa profondeur est de 452 m et 47 échantillons ont fait l’objet d’une étude micropaléontologique dont les conclusions ont permis d’obtenir huit ensembles lithologiques qui se succèdent de haut en bas. T. Ndour (2001), en étudiant la dégradation des sols au Sénégal, affirme que le centre du Ferlo méridional et central à la haute Casamance est caractérisé par un bas plateau très uniforme constitué par les grés du continental terminal qui s’incline vers l’Ouest. Miyouna et al (2009) ont réalisé des travaux remarquables en étudiant l’évolution morpho-structurale et bathymétrique de la partie septentrionale du bassin sénégalais au Paléogène. Cette étude a apporté des informations sur la succession de la lithologie dans le bassin. Selon leurs écrits, les dépôts du Tertiaire reposent sur un substratum maastrichtien constitué de faciès détritique sableux, sablo-argileux à intercalation de niveaux argileux et de lignite.

Dans le cadre de la climatologie, au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, beaucoup d’études ont été menées. B.W. Thompson (1965) a étudié les climats de l’Afrique à travers une représentation cartographiée des éléments du climat. P. Gourou (1970) établit une particularité des pluies en Afrique. Selon ses écrits, l’Afrique noire se diversifie mieux par ses pluies que par ses températures, « l’abondance des pluies dans la région équatoriale ; leur diminution en direction des tropiques ; la quantité totale de pluies étant d’autant plus importante que la saison des pluies est plus longue ». Mais ces ouvrages apparaissent sous les yeux de M. Leroux comme étant insuffisants car ne traitant pas uniquement des mécanismes climatiques d’ensemble considérés à l’échelle du continent africain et les climats de l’Afrique qui résultent de ces mécanismes. M. Leroux (1970) étudie la dynamique des précipitations en Afrique occidentale. Un document très riche où il décrit les principes de base de la circulation ouest-africaine à travers le front intertropical en surface, le front intertropical en altitude, les types de précipitations ainsi que celles liées au front intertropical. Toujours M. Leroux (1973), il étudie la dynamique des précipitations au Sénégal et en 1992, l’évolution de l’équateur météorologique en Afrique tropical. J.B. Ndong (1996) étudie l’évolution du climat au Sénégal et les conséquences de la sécheresse récente sur l’environnement en montrant comment le climat du Sénégal a évolué avant et après les Années 1970. Selon lui, il est évident que la sécheresse qui sévit les pays du Sahel a débuté dans les « Années 70 » et se particularise par sa durée, son intensité, et son extension. On note une apparition des caractères irréguliers des saisons des pluies avec l’alternance d’années déficitaires et d’années excédentaires. La carte des isohyètes des normales 1931-1960, 1961-1990 et la moyenne de la période 1970-1993 met en évidence la migration des différents domaines climatiques vers le Sud en liaison avec le déficit pluviométrique. Cependant, la période 1931 1960 est une période faste sur le plan pluviométrique pour le Sénégal, alors que celle de 1961-1990 correspond à la péjoration pluviométrique actuelle qui frappe le Pays. P. Sagna (2004-2005), dans sa thèse de doctorat d’Etat, étudie la dynamique du climat et son évolution récente dans la partie ouest de l’Afrique occidentale. Il décrit la dynamique des perturbations, leur diversité et les modifications qu’elle apporte à l’évolution du temps. P. Sagna et al (2012), dans l’annale de la Faculté des Lettre et Science Humaine (FLSH), publient une analyse sur la migration de l’équateur météorologique, la fréquence de la mousson, et l’importance des précipitations au Sénégal en 2008 et 2009. Ils affirment que la présence de la mousson qui est associée aux migrations de l’équateur météorologique entraine des manifestations pluvieuses liées à l’hivernage. Cette étude a montré qu’en 2009, l’ensemble des zones climatiques du Sénégal a connu une fréquence de mousson de 1,8% de plus qu’en 2008.

Problématique

Contexte

La question du changement climatique est de nos jours au centre des débats scientifiques, économiques, politiques, et voire sociaux et culturels du fait de ses impacts négatifs sur la vie des hommes, leurs activités socio-économiques et sur la faune et la flore. Il se manifeste principalement par des températures qui se réchauffent ou se refroidissent aux dépens des régions et des précipitations très abondantes au point de créer des inondations dans certaines régions à l’exemple de l’Amérique du Sud et de l’Europe du Nord, ou bien des pluies faibles ou quasi absentes où s’opèrent des périodes de sécheresses dans d’autres régions à l’instar du Sahel, du Sud de l’Afrique et de la Méditerranée. La dernière sécheresse au Sahel qui a commencé vers les années 1966- 1968 a accusé un déficit pluviométrique qui a atteint 50 % selon Nicholson (1983, cité par M. Fodé et Adamou, 1996). L’importance de cette variabilité interannuelle des pluies est marquée par une descente de 100 à 150 km vers le Sud des isohyètes correspondant à la période 1945–1969 par rapport aux isohyètes de la période 1969–1990 (Sivakumar et al. 1993).

Appartenant au domaine sahélien, le Sénégal, dont les activités socio-économiques sont fortement dépendantes de la pluviométrie, qui est elle-même limitée dans le temps par des variations interannuelles et spatiales, voit sa population menacée par l’insécurité alimentaire. La baisse de la pluviométrie associée à l’augmentation des températures semble être la principale manifestation de la péjoration climatique au Sénégal. La pluviométrie diminue du Sud vers le Nord et ce déficit porte atteinte à l’environnement, à l’agriculture, à l’élevage et à l’économie du pays. Avec 2 ,5 millions d’hectares de terres cultivées sur un potentiel de 3,8 millions d’hectares, le Sénégal dispose selon le Ministère de l’Agriculture (2008) d’énormes potentialités agricoles. Réputée pour sa production d’arachide, du mil, du maïs, et du coton pour ne citer que ceux là, l’agriculture sénégalaise est secouée par une crise sans précédent : déficit pluviométrique, pauvreté des sols, baisse de la production et de la productivité agricole, rétrécissement de la saison pluvieuse et une recrudescence des pauses pluviométriques.

A l’instar des autres régions du bassin arachidier, la région de Kaolack fait face à la péjoration climatique avec son corollaire de variation pluviométrique. Appartenant au Département de Guinguinéo dans la région de Kaolack, la Commune de Gagnick qui est notre milieu d’étude n’échappe pas à la fluctuation interannuelle de la pluviométrique. En effet, la baisse importante de la pluviométrie observée ces dernières décennies impacte négativement sur les rendements agricoles. Les activités socio-économiques de la population reposent principalement sur l’agriculture et l’élevage. L’agriculture occupe à elle seule 90% de la population. Cette activité dépend largement de la pluviométrie actuellement en baise considérable entrainant du coup une baisse importante de la production et de la productivité agricole. Une étude menée par A. Ndiaye et O.B. Thiery (2001) sur 12 ans d’observation allant de 1987 à 1998 à la station de Kaolack, montre des hivernages marqués par de fortes variabilités interannuelles de la pluviométrie avec des débuts tardifs et des nombres de jours de pluie qui atteignent rarement 120 jours. Cette étude a aussi montré que pluviométrie et rendement agricole évoluent de concert dans le domaine nord soudanien continental.

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Table des matières

Introduction générale
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
Première partie : présentation du milieu
Chapitre 1 : cadre physique
Chapitre 2 : cadre humain et économique
Deuxième partie : les impacts de la variabilité pluviométrique
Chapitre 1 : l’analyse de la pluviométrie
Chapitre 2 : l’analyse des impacts sur les productions
Troisième partie : les stratégies d’adaptation
Chapitre 1 : les stratégies mises en place par les populations
Chapitre 2 : les stratégies mises en place par l’Etat et les ONG
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des cartes
Liste des photos
Liste des figures et graphiques
Liste des tableaux
Annexe

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