La valorisation du patrimoine endokarstique libanais

Le Liban, comme beaucoup de jeunes nations, est aujourd’hui confronté à une double attente : développer son offre touristique afin de renforcer son économie et préserver ses patrimoines « naturels » qui ne constituaient pas une priorité tant dans ses actions de valorisation que d’aménagement du territoire. Conscient que l’actuelle offre touristique du pays est essentiellement centrée sur des sites archéologiques de renom et sur « l’image » de l’eau du Mont-Liban, le Liban recherche d’autres formes et supports de développement touristique notamment autour de ses paysages et de ses reliefs remarquables.

Si cette prise de conscience est relativement « ancienne » (pour une jeune nation comme le Liban), si on se réfère aux associations de protection de l’environnement et du patrimoine qui ont émergé dès la fin de la guerre civile (1975-1990), force est de constater qu’aucune politique lisible et visible de valorisation patrimoniale et touristique forte n’a été jusque là clairement formalisée par les autorités. Les raisons sont diverses. Celles qui sont le plus souvent mises en avant sont la primauté d’autres voies de développement économique et/ou territorial, les tensions politiques qui ne permettent pas de travailler sur le long terme, auxquelles s’ajoutent les événements géopolitiques de ces dernières années. Malgré tout, les Libanais ont conscience que leur pays dispose d’un cadre environnemental que jalouse bon nombre de nations voisines et que ce cadre environnemental a été et est mis à mal. Durant la guerre intérieure (avril 1975 – octobre 1990), l’urbanisation anarchique autour de Beyrouth s’est faite aux dépens de sites naturels remarquables comme les champs de lapiés de Faitroun et Raifoun (caza de Kesrouan) (Photo 1). Avec le recul, on se dit que ces champs de lapiés auraient pu être un superbe support de valorisation de paysages remarquables du Liban, au même titre que la forêt de Pierre du Yunnan (Chine) ou de Montpellier le Vieux (France).

L’exemple des champs de lapiés n’est pas anodin car il a été un des vecteurs de prise de conscience par certains acteurs (essentiellement associations de protection du patrimoine) à la fois du caractère irréversible de certaines actions et de l’opportunité de valoriser touristiquement les valeurs paysagères, biologiques (forêt de cèdres…), hydrologiques et géomorphologiques du Liban ; valeurs qui présentent une très grande diversité sur un espace relativement restreint (cf. taille du pays, Fig. 1). Si quelques comportements ponctuels et de rares décisions prises au cas par cas peuvent être cités, il faut être lucide et souligner que les « patrimoines naturels » sont encore trop victimes, à la fois, de l’indifférence des responsables et de l’ignorance de la population des valeurs des paysages et reliefs qui les entourent. Ce travail de recherche doctorale a pour volonté de mettre en avant la réelle opportunité de développement durable et local autour des nombreuses ressources naturelles, culturelles/historiques, paysagères et immatérielles que possède le Liban, notamment via leur valorisation touristique. Plusieurs travaux récents dont celui de M. Duval (2007) mettent clairement en avant que valorisation touristique et protection patrimoniale ne sont pas antinomiques dès lors qu’elles ont été pensées de concert et dans le cadre d’une gestion durable des ressources. Notre travail a pour objet de mettre en avant que le concept de « gestion durable » a un réel sens notamment dans de jeunes nations qui cherchent de nouvelles pistes de développement économique. Pour mettre en avant cette faisabilité et cette opportunité, bien entendu dans le cadre d’une stabilisation politique et économique du pays, nous avons décidé de travailler au sein des nombreux supports possibles de valorisation patrimoniale sur le patrimoine karstique et plus particulièrement sur les grottes. Le karst qui couvre 65% de la surface du Mont-Liban, est omniprésent tant en ce qui concerne les ressources en eau (l’essentiel des eaux à usage domestique sont issues du karst) que les paysages (Fig.2). C’est en ce sens qu’il constitue un patrimoine naturel considérable sans doute le plus important du pays. Ce qui justifie notre choix de travailler sur le karst.

La notion de patrimoine :

Il est important de préciser ce que nous entendons par « patrimoine » et de mettre en avant deux acteurs essentiels : l’homme et le temps (COFFY, 2001). C’est, en effet, l’homme qui, au cours du temps, laisse ses marques dans l’environnement qu’il soit naturel et/ou culturel (bâti, mobilier…). Il crée aussi des liens avec tout ce qui l’entoure et reconnaît la valeur des éléments de son environnement dans le cas de ce qui est connu sous le vocable de « patrimoine naturel ».

La notion de patrimoine recouvre de nombreux sens liés à l’évolution de ce «concept», aux différents regards disciplinaires et aux différentes sensibilités culturelles. Les origines de la notion de patrimoine semblent remonter à la Grèce Antique, où ce terme désignait la terre qui satisfaisait les besoins de base d’une famille. Cette terre était transmise de père en fils et d’une génération à une autre, sans être ni vendue, ni échangée. Avec le droit romain, elle fut renforcée comme l’indique l’origine latine du terme « patrimonium », qui vient de « pater monere », ce qui appartient au père de famille. La notion de patrimoine fut institutionnalisée avec la Révolution française, la responsabilité de sa conservation passant du niveau de l’individu ou de la famille à celui de l’Etat. Il devient alors le bien d’une communauté, d’une Nation. D’où l’insertion de nouvelles valeurs non-économiques à cette notion, tel que son aspect unificateur et fondateur.

Aujourd’hui, comme l’indique B. COFFY (2001), « la tendance (demande sociale de patrimoine) fait que tous les liens avec le passé sont patrimonialisés ». Chaque objet ayant une empreinte temporelle et faisant référence à une époque historique ou culturelle d’un endroit, possède une dimension patrimoniale, et est le témoin d’une étape dans l’évolution du territoire et donc de l’homme. Il est le vecteur de l’identité entre les générations qui ont vécu sur un même territoire, le seul lien qui perdure, mais qui évolue à travers le temps, si on se réfère à la définition de P. BEGHAIN (1998). En ce sens, une population s’identifie à un espace de vie à partir de son patrimoine qui raconte son histoire et l’histoire de son territoire. Dans cette dialectique ressort l’importance de la transmission du patrimoine qui représente, dès lors, un ensemble de repères sociaux et culturels spécifiques au temps (M. RAUTENBERG, 1999), et par conséquent, un vecteur de l’identité entre les générations.

La protection du patrimoine :

La protection du patrimoine est plus qu’un simple classement des patrimoines dans un inventaire, qui n’en est que l’expression réglementaire. Elle est le plus souvent le reflet d’une « sensibilité » culturelle exprimée par une politique de protection soumise à des législations adaptées aux conditions du pays, à une vision historique et à une typologie des biens à classer pour aboutir à une analyse économique des effets du classement.

En France, la loi du 2 mai 1930 ainsi que les textes modificatifs qui ont suivi, demandent « que soit organisée une protection », mais sans en définir, d’une façon explicite, l’objet, limitant l’œuvre de sauvegarde aux « monuments naturels et sites dont la conservation ou la préservation présente du point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général (article 4)» (A. PLANEL-MARCHAND, 1981). Ainsi, d’après cette loi, cinq critères permettent d’appréhender le champ de la protection patrimoniale, et donc, indirectement, de définir la notion de site patrimonial :

1º- sites « artistiques » : il s’agit des sites ou des monuments remarquables par leur qualité architecturale ou sculpturale, ainsi que par les œuvres qu’ils ont inspirées, qui, lorsqu’ils sont visités, incitent les gens à vouloir les protéger, grâce aux différents intérêts qu’ils révèlent. C’est la perception visuelle qui prime.
2º- sites « historiques » : vestiges archéologiques, lieux ou monuments rappelant un fait historique majeur, un homme important.
3º- sites « scientifiques » : il s’agit des richesses appartenant au règne minéral, végétal ou animal. C’est sur ce critère que les préoccupations écologiques ou environnementales se fondent le plus souvent si on se réfère aux patrimoines mondiaux naturels de l’UNESCO.
4º- sites « légendaires » : à celui-ci se rattachent de vieilles traditions ou des souvenirs folkloriques.
5º- sites « pittoresques » : cette notion est celle dont l’aspect serait propre à fournir un sujet de tableau. Elle s’applique surtout à des ensembles : quartiers, villages, vallées, points de vue et paysages. Elle relève des émotions, des sensations provoquées.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE 1 : Une approche théorique de la valorisation patrimoniale
CHAPITRE 1 : Le patrimoine
CHAPITRE 2 : La perception du patrimoine endokarstique
CHAPITRE 3 : La valeur économique du patrimoine
CHAPITRE 4 : La valorisation, le tourisme et la protection du patrimoine
PARTIE 2 : Le patrimoine endokarstique au Liban
CHAPITRE 5 : La présentation des zones d’étude
CHAPITRE 6 : La perception du patrimoine chez les Libanais
CHAPITRE 7 : Les acteurs du développement territorial et endokarstique au Liban et le milieu souterrain
PARTIE 3 : La mise au point d’une valorisation patrimoniale de l’endokarst libanais
CHAPITRE 8 : La valorisation pour un tourisme souterrain durable
CHAPITRE 9 : Un modèle de valorisation du patrimoine endokarstique libanais
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
TABLES

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