La trame bleue, composante d’une nature en ville

La trame bleue, composante d’une nature en ville

La nature dans la ville 

J-M. Stébé et H. Marchal reconnaissent la ville comme étant « un point d’articulation privilégié entre un espace densifié, différencié, et limité dans son étendue, et une population agrégée, hétéroclite, spécialisée ; elle est un lieu de confrontation entre de multiples acteurs de la vie sociale et une matérialité donnée, instituée, formalisée» (Wintz, 2015) . La ville existe par et pour l’humain et la nature est par définition le non social, et le non humain. En ce sens, ville et nature s’opposent et pourtant ces deux entités semblent indissociables l’une de l’autre ; « la ville exerce une influence croissante sur la nature et la nature est la condition d’existence de la ville » (Ibid.). D’un point de vue scientifique, la nature fait office de « contrainte exogène » (Sémal, Villalba, 2013), à l’activité humaine. Dans cette perspective la nature devient l’objet d’interventions et d’interprétations par la société. Depuis quelques années, les villes visent à réintégrer la nature en ville et notamment par le biais d’opérations de recomposition de trames vertes et bleues. Cette démarche politique semble vouloir répondre à de nouvelles pratiques sociales, cherchant à renouer avec la nature en milieu urbain. De cette volonté nait une nature citadine et institutionnelle, ayant une fonction de ressource, d’agrément ou de biodiversité selon les objectifs visés par les actions publiques. Il s’agit alors d’un retour vers la nature spontanée existante dans ce système humain très aménagé qu’est la ville ; elle se révèle en dehors de l’intervention humaine (Ibid.). L’harmonie entre la nature spontanée et la nature maitrisée, prend par exemple, la forme de trames vertes et bleues dans le tissu urbain. D’une part, l’écologie se pense de plus en plus à travers une démarche de « territorialiste » (Magnaghi, 2003). D’autre part, la notion « se politise » (Donzel, 2015) résultant d’un projet de développement urbain. « C’est la perspective des relations entre croissance économique et environnement qui a changé » (Hajek, 2015) . Depuis quelques temps la société se soucie des effets des activités humaines sur l’environnement. En 1988, la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (CMED) met en évidence qu’il faut désormais rendre en considération les conséquences que l’érosion de la biodiversité peut avoir sur la croissance des villes (Ibid.).

Le dispositif « trame bleue » indissociable de la « trame verte »

La trame bleue, associée à la trame verte, désigne le dispositif législatif des lois Grenelle, il est depuis le début du XXIe siècle, un des grands projets nationaux en France. Il est perçu comme un nouvel outil d’aménagement du territoire, permettant non plus la sauvegarde de quelques éléments remarquables et symboliques de la nature mais la conservation de la biodiversité dans son intégralité (Allag-Dhuisme et al, 2010, p. 5). La trame verte et bleue est dans ce sens, la construction d’une nouvelle représentation de la protection de l’environnement naturel. Une distinction est faite entre la partie verte et la partie bleue : la composante verte correspond aux milieux naturels et semi-naturels terrestres tandis que la composante bleue fait référence au réseau écologique et éco paysager constitué par les cours d’eau et les zones humides. Son ambition est de remédier à la fragmentation des espaces et des habitats naturels, résultante des activités humaines, par la restauration continuités écologiques indispensables à la circulation des espèces tels que les fleuves, berges, îles et cours d’eau. Néanmoins, la trame bleue semble être abordée de manière indissociable de la trame verte. D’ailleurs, un comité opérationnel « Trame verte et bleue » (COMOP) a déterminé les directives, les moyens et les modalités de mise en œuvre de la trame verte et bleue, actuellement retranscrits dans le plan d’action de la COP 21, et dans l’Agenda 21. Un des rôles de la trame verte et bleue serait d’articuler les considérations scientifiques avec les activités humaines.

« Penser globalement, agir localement »

L’intégration récente de la notion de la trame verte et bleue, depuis le réseau écologique paneuropéen, se décline dans les politiques environnementales en France, aux différentes échelles. Trois niveaux d’approches se distinguent : le niveau national oriente les enjeux de la trame bleue et garantit la cohérence du réseau ; l’échelon régional définit et identifie le réseau écologique, à travers le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) ; et enfin le niveau local élabore et met en place la trame bleue, notamment à partir du Plan local d’urbanisme (PLU). Ce modèle de construction emboitée s’appuie largement sur les expériences observées dans les pays voisins, et prend forme à la fois dans une démarche ascendante, dite « Bottom-up », où les initiatives des acteurs locaux construisent la trame bleue par la force de leurs actions ; mais aussi dans une démarche descendante, dite « Top-down » où les orientations politiques des pouvoirs publics locaux découlent des initiatives de l’Etat (Cormier, Kenderesy, 2013, p. 6). Cependant, la loi demeure relativement floue au sujet de la mise en œuvre de la trame verte et bleue à l’échelon local, de par une interprétation difficile des acteurs locaux, de la TVB comme outil d’aménagement du territoire. Les enjeux de préservation de la biodiversité et les priorités régionales ne rencontrent pas nécessairement les problématiques territoriales locales (Cormier, Kenderesy, 2013, p. 24). Dès lors, il s’agit de comprendre comment la TVB, les moyens mobilisés et pour quels usages peuvent avant tout un « construit social » . En effet, la trame verte et bleue est apparentée à la notion de réseau, terme polysémique qui tend à envahir tous les secteurs et toutes les disciplines (Mercier, 1994 : 5)15, d’où des interactions entre acteurs du territoire, partageant plus ou moins la même vision de laquelle, émerge les idées et représentations d’aujourd’hui. A partir de ces connaissances et de ces perceptions du rapport à la nature, construits et véhiculés par les acteurs, la trame verte fait l’objet de travaux de recherche et de projets d’aménagement bien plus que la trame bleue. Pourtant, la trame bleue est reconnue au travers des politiques de l’urbanisme et de l’eau, la réappropriation locale du fleuve et de ses affluents, est une des réponses aux revendications sociales en faveur de la nature en ville (Dournel, 2014, p. 102).

Trois modèles de développement urbain 

« La transition écologique, comme processus de changement social, n’obéit pas à un schéma prédéterminé » (Donzel, 2015, p80). Nous voudrions appréhender ce processus via la notion de la trame bleue, à travers l’examen de trois villes qui sont, d’une part, le terrain d’investigations dans le cadre du réseau des Zones Ateliers du CNRS, ce qui permet de disposer de travaux antérieurs abordant la considération de la TB et sa mise en œuvre dans les projets urbains ; d’autre part, ces trois sites présentent des configurations urbaines et des positionnements politiques actuellement observables sur les enjeux de ce nouveau dispositif. Ces trois villes se caractérisent en effet par plusieurs similitudes quant à leurs fonctions économiques, leur organisation spatiale, leur positionnement dans la hiérarchie urbaine nationale.

Lyon, 496 343 habitants (en 2013) dans une aire urbaine de 1 321 434 habitants, est marquée par un positionnement à la confluence du Rhône et de la Saône, ce qui en fait un espace fortement contraint par le relief et la nature du sol. La ville présente une grande diversité de quartier et de nouveaux aménagements vers une reconquête des rives du fleuve et de la rivière. Strasbourg, 274 394 habitants (en 2013) dans une aire urbaine de 473 375 habitants, est située sur un axe de développement suivant la vallée du Rhin. Construite sur l’Ill, la présence de l’eau est importante et contraignante. De par sa proximité avec Kehl, une commune allemande, Strasbourg rêve d’être un territoire ouvert à l’Europe. Nantes, 291 604 habitants (en 2013) dans une aire urbaine de 602 923 habitants. Nantes est le point de contact entre la mer et la terre par la Loire. La présence supplémentaire de rivières, la Sèvre et l’Erdre, a contraint le développement urbain. La ville est une métropole bipolaire avec Saint-Nazaire qui marque l’entrée de l’estuaire.

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Table des matières

Introduction
Partie 1. Concepts et mise en contexte
I. La trame bleue, composante d’une nature en ville
1. La nature dans la ville
2. Le dispositif « trame bleue » indissociable de la « trame verte »
3. « Penser globalement, agir localement »
4. Trois modèles de développement urbain
II. Le fleuve et les rivières au cœur des projets de recomposition urbaine
1. La trame bleue, vers une « reconquête » des fleuves et de leurs affluents par les villes
2. Le concept du projet urbain
III. Hypothèse et méthode
1. Hypothèse de recherche
2. Méthode mise en œuvre pour vérifier l’hypothèse
Partie 2. Tendre vers une urbanisation plus écologique, un objectif ambitieux pour Lyon, Nantes et Strasbourg
I. Lyon, Nantes et Strasbourg, des villes au fil de l’eau
1. Lyon, Le Rhône et la Saône
2. Nantes, la Loire et l’Erdre
3. Strasbourg, le Rhin et l’Ill
II. L’intégration progressive des enjeux écologiques au sein des documents de planification urbaine, à l’échelle locale
1. Le SRCE, identifie les dysfonctionnements environnementaux autour de la biodiversité, au niveau régional
2. Le plan local d’urbanisme : une timide introduction du vocabulaire spécifique de la trame bleue
3. La trame bleue, est sujette à différentes valeurs
4. Une faible prise en compte de la valeur écologique de la trame bleue
III. L’appropriation de la trame bleue par les acteurs locaux entre écologie urbaine et nature symbolique ?
1. Naissance d’une nouvelle notion : l’écologie urbaine
2. La trame bleue, un nouveau paysage urbain ?
3. La trame bleue est-elle reconnue en tant que patrimoine naturel à préserver ?
Partie 3. Ce paysage naturel urbain comme enjeu d’un nouveau modèle de développement urbain ?
I. Le fleuve, moteur et novateur de projets urbains semblables
1. Planification et gestion des friches industrialo-portuaires
2. (…) A la hauteur des ambitions internationales
3. (…) Mais pour quels usages ?
II. La trame bleue, élément de l’espace public, contribuant à l’amélioration de la qualité de vie urbaine ?
1. Plus qu’une ouverture sur l’eau, une reconquête de l’espace public
2. …au profit du développement des circulations douces, des activités récréatives et sportives
3. La préservation du patrimoine bâti, propice à l’émergence d’activités artistiques et culturelles
4. La présence de l’eau en ville, une image de marketing territorial ?
Conclusion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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