La tradition du town design et sa transmission par les acteurs des villes nouvelles françaises

Les enjeux

     L’un des premiers enjeux de mon travail consiste à attirer l’attention sur une tradition méconnue, voire non reconnue comme telle, dont l’étude peut permettre de renouveler l’interprétation de l’histoire urbanistique récente ainsi que la compréhension des méthodes et des savoir-faire urbains. Cette méconnaissance tient d’abord au fait que les échanges entre les architectes français et américains ont été beaucoup mieux étudiés que ceux ayant eu cours entre les architectes français et britanniques. Elle s’explique ensuite par la focalisation des études françaises consacrées au contexte anglais d’après-guerre sur deux traditions : celle des architectes visionnaires et pop, d’une part, et celle du townscape, d’autre part. La rivalité entre ces mouvements a été lue par Banham comme un débat entre architectes « pittoresques » et « anti-pittoresques », opposant « a barefoot middle-aged architectural “Establishment” armed with a major magazine », l’Architectural Review et une génération de « battle-hardened and unusually mature students », génération qui s’exprime dans la revue Architectural Design 2 . La première tradition inclut les architectes dits « visionnaires » (Archigram, Cedric Price…) et la jeunesse avantgardiste se réclamant de la culture pop, dont les Smithson sont le couple emblématique. (Cette seconde branche de la première tradition est étudiée dans un ouvrage, aujourd’hui classique, de Dominique Rouillard de 2004.) L’autre tradition bien étudiée en France est celle du townscape, soutenue par Gordon Cullen et Nikolaus Pevsner, qui rejoint l’équipe éditoriale d’Architectural Review en 1941. L’influence de ce mouvement sur le milieu des architectes britanniques a en effet été très importante. Son histoire est très bien retracée, par exemple dans la thèse d’Erdem Erten ou encore par Anthony Vidler. Ces deux traditions sont liées à de grandes revues d’architecture, dans lesquelles elles se définissent et se diffusent. C’est une troisième tradition, différente des deux premières, dont je cherche à définir les contours. C’est celle que Frederick Gibberd a dénommée, par contraste avec le « civic design » de ses prédécesseurs, le « town design ». (On notera que cette expression a été traduite en français par « composition urbaine », ce qui a contribué à son incompréhension dans notre pays.) Cette tradition se rapproche du townscape par l’intéret pour l’espace piéton et sa capacité à générer une forme de vitalité urbaine mais elle s’en distingue par son approche sociologique et programmatique. Le town design s’apparente en effet bien plus à l’urban design américain, dont la naissance a été décrite par Eric Mumford, qui se développe en parallèle. L’urban design, nommé comme tel par Sert en 1953, émane certainement des questions posées lors du CIAM 8 de 1951, dont le thème est « The heart of the City » et qui s’intéresse aux « centres civiques » piétons et à la création de centralités associées aux services communaux. Cette année là, le congrès se tient en Grande-Bretagne, explique Eric Mumford 7 pour marquer l’importance des concepts urbanistiques développés par les Britanniques dans l’après-guerre. Il a aussi lieu en même temps que le Festival of Britain au cours duquel le London County Council fait la promotion de son savoir-faire urbain à travers une exposition urbaine grandeur nature. La tradition du town design, qui s’est développée en Grande-Bretagne, n’est pas liée à une revue d’architecture. Elle se diffuse par d’autres canaux, directement portée par un milieu de professionnels en charge d’études urbaines, qui trouvent dans leur publication un moyen d’expression. Cette tradition appartient à une culture dominante, qui définit la norme de l’époque, une « culture grise » portée par les institutions et le monde des praticiens « officiels » missionnés par les élus. Les acteurs de cette tradition travaillent dans les ministères, dirigent de grandes agences ou des établissements d’enseignement et de recherche, mais ils ne brillent ni par leur élaboration doctrinaire ni par leur talent de polémistes ; de fait, ils restent attachés aux idées modernistes. Mon travail a donc aussi pour enjeu de replacer, dans l’histoire des débats urbains, l’apport de ces professionnels « installés » comme inventeurs de formes et de doctrines. Pour les historiens de ces débats, la négligence d’une tradition qui s’épanouit dans des projets commandités relève à n’en pas douter d’un préjugé intellectualiste, qui surestime l’impact des réflexions théoriques sur la pratique. Seule la force d’un tel préjugé peut expliquer, par exemple, qu’un excellent connaisseur de la production architecturale britannique tel que David Mangin (dont le travail de recherche privilégie systématiquement l’analyse des formes concrètes par rapport à celle des idées) puisse commettre des erreurs grossières sur la chronologie de l’invention des formes urbaines, comme lorsqu’il attribue à un croquis de Le Corbusier daté de 1948 la « prémonition » du développement du tissu urbain en unités de voisinage, ou qu’il voit dans les dessins des Smithson pour le concours du centre de Berlin, datés de 1957, les prémisses du projet du Barbican Centre. Face à la force de ce préjugé intellectualiste, l’enjeu général est d’illustrer la capacité des acteurs à renouveler les concepts simplement en étant engagés dans une pratique qui le requiert. Un troisième enjeu est d’étudier la transmission de cette tradition britannique dans le contexte français, autour des projets de construction de villes nouvelles, et son rôle dans la remise en cause de « l’urbanisme de plan ». Il s’agit d’abord d’évaluer le « transfert culturel », au sens de Michel Espagne, qui s’opère dans le cadre de la conception urbaine et qui implique une forme d’appropriation. 9 L’étude de cas de Cergy-Pontoise me permet d’analyser le rôle d’un « agent de transfert » particulier, Graeme Shankland, sollicité par la Mission. La production britannique, qui avait déjà fait l’objet d’une attention soutenue en France au début des années 1950, alors que le Festival of Britain de 1951 offrait une grande visibilité au travail du London County Council, redevient une référence centrale au milieu des années 1960, pour le lancement de la construction des villes nouvelles. Dans cette seconde séquence, j’étudie la façon dont les concepts opérationnels et les savoir-faire qui fondent le town design sont intégrés aux pratiques des acteurs français, en éclairant leurs motivations. La tradition britannique se trouve parfois instrumentalisée dans une logique corporatiste. Mais l’attrait pour le town design s’explique plus profondément par l’intérêt des concepteurs français de villes nouvelles pour le travail sur la programmation et l’exigence rationnelle générale (accumulation de données, élaboration d’hypothèses…) qu’ils associent à l’approche britannique. Revendiquer cette exigence permet aux acteurs des villes nouvelles de rompre avec l’urbanisme de plan, caractéristique des savoir-faire urbains appliqués en France depuis l’après-guerre. Il s’explique aussi par les instructions du Ministère de laisser aux sociétés privées une plus grande initiative dans le développement des villes nouvelles. Au tournant des années 1950 en France, la revue Urbanisme promeut l’évolution de la pratique de l’urbanisme vers l’aménagement du territoire, comme nouvelle discipline incluant la planification des équipements sur le territoire. Selon Antoine Picon, l’aprèsguerre marque un tournant pour le développement de la pratique de l’aménagement du territoire en France10. On peut ainsi extraire le sens historique général de la séquence que j’étudie en la replaçant dans la longue durée de la mutation des représentations du territoire analysée par Antoine Picon. Mon travail, cependant, s’arrête sur la singularité d’une tradition urbanistique méconnue, en étudiant son élaboration en Grande-Bretagne et sa transmission en France. Il relève d’une approche complémentaire de la précédente. Le « regard croisé » qu’offre l’analyse des sources originales anglaises et de leurs relectures françaises me permet de conjoindre des perspectives différentes sur les mêmes savoir-faire et de mieux cerner, ainsi, les spécificités de cette tradition. Un quatrième enjeu important de mon travail consiste à faire émerger, par une analyse centrée sur la « littérature grise » (manuels, plans, rapports, minutes …), une histoire des savoir-faire urbains, par contraste à la fois avec l’histoire des idées, l’histoire des techniques et l’histoire des formes urbaines. Tandis que l’histoire des idées s’attache pour l’essentiel aux doctrines et aux concepts, que l’histoire des techniques se concentre sur les inventions, dont elle étudie le contexte d’apparition et l’impact, et que l’histoire des formes urbaines analyse l’espace urbain à partir de l’étude de types et de modèles architecturaux, l’histoire des savoir-faire se situe à la jonction de ces différentes approches et étudie plus spécifiquement la façon dont des concepts sont concrètement mobilisés par les acteurs et « opérationnalisés », c’est-à-dire transformés dans et par leur pratique.

Codifier et diffuser un savoir-faire urbain

      Le ministère cherche à codifier les pratiques urbanistiques afin de pouvoir les transmettre. Ses recommandations sont diffusées vers les autorités locales aux travers de manuels qui permettent aux savoir-faire opérationnels nouvellement acquis d’être transmis au sein des départements d’architectes, plus ou moins bien formés, des communes. Le premier de la série des manuels, édité en 1947 par le ministère, « Advisory Handbook on The Redevelopment of Central Areas » traite de l’aménagement des zones à reconstruire (« CDA »). (pl.01) Il ne s’agit pas simplement de prescription : l’objectif est clairement de transmettre des savoir-faire et des « bonnes pratiques ». It is felt that Local Authorities and others concerned may wish to have, in supplementation of the statutory and procedural framework provided by Acts, Regulations and Circulars, some broad indication of the views of the Ministry on how to handle the problems arising in the sphere of practical planning. The handbooks will therefore, unless specific statement is made to the contrary in any instance, be advisory and not mandatory. The handbooks are primarily for the use of Local Authorities’ Planning Officers and Consultants, but it is hoped that they will also help members of Planning Committees and others interested in planning . […] provides general guidance on the principles and standards that should govern the preparation and execution of redevelopment plans […]35. Les préconisations du manuel portent sur les formes urbaines, sur le processus de développement et sur différents outils à mettre en place. Elles concernent notamment:
– l’objet des relevés et des analyses de site à établir. Le manuel indique l’échelle des plans (à l’échelle de l’ilot, du quartier ou de la ville entière), leurs processus et en codifie les représentations. Il fournit de nombreux tableaux pour annoter les informations telles que l’état des bâtiments et leur qualité, les densités, les fonctions, etc.
– les compatibilités d’usages à envisager au sein des quartiers centraux, suivant plusieurs enjeux : la séparation des fonctions, les densités selon les quartiers, le système de voie et l’agencement des stationnements.
– le traitement des intersections de rues, la mise en place de ronds points, les largeurs de voies selon les quartiers ainsi que leur classement hiérarchique en fonction de leur trafic et de leur dénomination. Le manuel présente aussi des exemples d’implantation des stationnements, ainsi que leur distribution et leur organisation.
– le processus de fabrication de larges îlots : « The regrouping of building within reasonably large and regularly shaped street blocks », écrivent les auteurs. Les recommandations portent sur l’augmentation de la taille des îlots au moyen de la fermeture de voies « to form better shaped units of larger size ». L’objectif est de pouvoir répondre aux besoins de différents promoteurs, d’intégrer les stationnements et les règles d’éclairement, mais aussi de favoriser une organisation de l’espace selon le principe du plan ouvert (open planning), construit à partir de bâtiments isolés, plus ou moins librement implantés par rapport à l’alignement sur rue. Ces larges îlots offrent aussi un moyen pour ménager de petites places à l’échelle du piéton et des parcours alternatifs pour celui-ci.
– les possibles implantations du bâti sur ces larges îlots, enfin, selon des objectifs d’éclairement et selon le type de bâtiments. Le manuel détaille des cas d’immeubles de bureaux ou d’entrepôts qui diffèrent par leurs épaisseurs, l’aménagement de stationnement de surface, la nécessité d’une desserte arrière pour les commerces. Afin d’expliciter les dispositifs urbains recommandés, le manuel s’appuie sur des situations théoriques, des « conjectural redevelopment of area », représentés en plan et en maquette. Avec ces mêmes outils, le manuel décrit la reconstitution de larges îlots urbains, « redevelopment in large units with open planning », ou illustre de possibles étapes d’un phasage des opérations. Il ne contente pas de présenter des dispositifs urbains et de définir des types, mais il expose la démarche d’un urbanisme opérationnel de projets. L’emploi de situations théoriques explorées en trois dimensions relève, de fait, d’une approche de l’urbanisme que Stephenson dénomme « urbanisme actif ». Cette approche traite les questions urbanistiques par le projet et non d’un simple point de vue réglementaire. Il ne s’agit ainsi, pour les auteurs du manuel, pas seulement de mettre en place des « standards », mais aussi de diffuser un nouveau savoir-faire opérationnel. Le Housing Manual édité en 1944 et 1949 par le ministère de la santé et du travail est lui aussi dédié aux agents des collectivités. Il s’agit de donner des recommandations sur l’aménagement de quartiers de logements et la distribution des logements. La taille des îlots des zones résidentielles est encore bien plus importante que celle des îlots préconisés pour le centre ville. Ils prennent la forme d’unités de voisinage dont le développement se fait selon le principe de développement mixte associant maisons, habitats intermédiaires et petites tours de logement. Ces recommandations sont illustrées, tout comme pour le manuel édité par le ministère de l’urbanisme, à l’aide de situations théoriques représentées par des plans et des photos de maquettes présentant le quartier dans son ensemble ou des détails plus rapprochés. Il s’agit ici aussi de transmettre les « best practices ». L’un des premiers objectifs des urbanistes membres du groupe de recherche du nouveau ministère, le Planning Technique Office, est de formaliser une pratique urbanistique. La discipline urbanistique, considérée comme une « science », doit devenir une « méthode », comme le soulignent en 1942 les propos d’Holford : « If planning is to be anything more than a design on paper, it must be the framework and the method by which the sciences relate to human needs 37 ». L’émergence de la discipline du « planning » et l’importance accordée à la construction de l’environnement urbain appellent à la formation « de nouveaux types d’urbanistes », selon les mots du ministre Lewis Silkin, ministre de 1945 à 1950, en introduction du Town and Country Planning Act de 1947 à la House of Commons38. Silkin insiste dans son discours sur l’impact de la loi de 1947 au delà des frontières du Royaume-Uni. Cette loi donne, à ses yeux, « the great opportunity of leading the world once more in a better cause than the Industrial Revolution. ‘The world is looking eagerly to this country’ to see such measures used to solve its urban problems.39 » On retrouve également dans les propos de Buchanan, dont le rapport officiel sur l’automobile dans la ville publié en 1963 rencontre un succès international, la conscience d’une exemplarité anglaise. Il écrit en 1964 à propos du développement de Piccadily Circus : « … every day that passes increases the obligation upon us to rescue our reputation and to produce something that really will astonish the rest of the world. 40». Les urbanistes britanniques ont ainsi l’ambition, en définissant une pratique professionnelle et un savoir-faire cohérents à l’échelle de leur pays, d’affirmer le rôle important du Royaume-Uni pour la construction d’une nouvelle discipline urbanistique d’envergure internationale. La recherche d’une reconnaissance internationale peut aussi expliquer l’attention portée par les britanniques aux opérations urbaines et aux plans, qui font l’objet d’expositions et de publications.

Le Barbican Centre

    Le Barbican Centre est exceptionnel par son échelle et son programme. L’opération comprend environ 2100 logements pour 6500 habitants répartis entre trois tours de 43 étages, ce qui en fait les plus hauts bâtiments résidentiels d’Europe de leur époque, et un groupe d’immeubles de six étages organisés autour de grandes cours paysagées. Elle contient un lac et des chutes artificielles, une grande pelouse et des jardins en creux plantés. L’ensemble est construit au dessus d’un podium piéton qui comprend les services et les équipements. Le principe de surélévation avait pour objectif d’offrir un lieu d’isolement, un espace public pour le temps du repos dans un quartier actif. Les tours profitent d’une galerie périphérique qui sert de balcon pour les appartements et d’accès à l’escalier de secours. Les murs des façades extérieures sont porteurs. Initialement conçus comme devant former une résille structurelle périphérique, ils acquièrent leur dessin final suite aux recommandations d’Ove Arup, l’ingénieur structure, qui suggère d’utiliser des poutres périphériques de grande hauteur. Celles-ci deviennent les éléments de parapet caractéristiques de l’opération. Si l’opération est souvent apparentée au brutalisme, ses architectes n’ont pas revendiqué cette filiation et ne faisaient pas partie des groupes d’avant-gardes anglais qui ont porté ce mouvement à la fin des années 50. Bien que le dessin des parapets ou des attiques s’inspire de façon évidente des formes corbuséennes, l’usage du béton brut découle simplement de l’intérêt des architectes pour la construction. Les premières esquisses proposaient une structure avec remplissage, favorisant des méthodes de préfabrication à grande échelle. L’ensemble devait aussi, à l’origine, être revêtu de carreaux de marbre blanc. Mais l’ingénieur Ove Arup propose, à la place d’une structure en béton précontraint, que l’ensemble de l’opération soit réalisée en béton coulé sur place, notamment pour réduire son coût. Les architectes choisissent alors une finition en béton pour les parties émergentes du podium et un revêtement de céramique pour les espaces publics au centre de l’opération. Le béton est constitué d’agrégats de granit qui permettent une finition bouchardée, responsable de la couleur sombre du bâtiment les jours de pluie. Dans les tours de logements, chaque niveau est occupé par trois appartements de 4 ou 5 pièces. Les bâtiments de six étages abritent soit des logements traversants de 3 ou 4 pièces très profonds soit des logements en duplex desservis par des coursives latérales ou internes aux bâtiments. Les logements sont à l’image des appartements modernes américains, dotés de cuisines et de salles de bain ventilées mécaniquement pour obtenir une compacité plus importante au profit des espaces extérieurs. Les cuisines sont également pensées comme des espaces minimum et efficaces : réfrigérateurs, fours, lave-vaisselle sont intégrés au plan de travail et l’ensemble est préfabriqué hors site. Un dispositif de lavabos à broyeur est relié à un système de centralisation des ordures ménagères de manière à limiter les ordures au sein de chaque appartement. Entre 1960 et 1969, quatre événements ralentissent le déroulement du projet. Tout d’abord, la mauvaise qualité du sol engendre des difficultés pour couvrir les voies de chemin de fer qui traversent le site. Leur tracé sera rectifié et les rails seront montées sur caoutchouc afin de limiter les vibrations. En 1961, le projet est aussi retardé par un désaccord avec le LCC concernant les cuisines en second jour. Alors que pour CPB ces éléments techniques de confort garantissent un loyer élevé, le LCC craint que ces pièces fermées ne sachent répondre au besoin quotidien de la ménagère qui y passe une grande partie de son temps. Un compromis est trouvé, sur la base d’un appartement témoin, par l’ouverture des cuisines sur les séjours. Cette critique sociologique restera attachée à l’opération du Barbican. A la livraison du bâtiment, en effet, l’Architectural Review accusera la Corporation d’avoir construit du « logement subventionné pour les riches 247». Le chantier des bâtiments de logement commence en 1963, mais trois ans plus tard, en 1966, une grève très importante se déclare au sein de l’entreprise de construction, arrêtant les travaux pendant un an. L’entreprise quitte ainsi le projet en 1968, pointant le coût de la grève, mais aussi les exigences de qualification trop élevées pour ses ouvriers. La Corporation est accusée d’avoir sous estimé l’ampleur de la mission. Enfin, en 1962, le rattachement de l’école au centre d’arts est remis en cause. Le programme du centre fera l’objet de discussions pendant une dizaine d’année. Anthony Besh, qui est invité à diriger le centre d’art, visite en compagnie de Peter Chamberlin les nouvelles salles de concerts en Europe et aux Etats-Unis et formule un certain nombre de recommandations concernant la taille des salles et leur performance visuelle et acoustique. La salle de concert s’agrandit alors pour accueillir un orchestre en résidence et le théâtre pour accueillir une compagnie. En parallèle les programmes de la galerie d’art et de la bibliothèque sont également élargis (pl.36). En 1974, lorsque l’ensemble résidentiel est complété, le coût du développement, initialement estimé à 17 millions de Livres en a coûté plus de 70. Le centre culturel en coûtera encore 150 de plus. Le centre d’art correspond à la dernière phase de l’opération et doit s’inscrire sur un site restreint. L’insertion du centre d’art se fait ainsi en grande partie sous le niveau du podium. La salle de concert est enfouie dans l’épaisseur du podium sur une hauteur de 5 niveaux. La salle de concert compose avec un revêtement de différents types de bois et des fauteuils de cinq couleurs différentes, contrastant fortement avec le béton du foyer. Elle propose un espace horizontal, tandis que la salle de théâtre, profondément enfouie dans les niveaux du podium elle aussi, se développe verticalement. Cette dernière est taillée sur mesure pour la Royal Skakespeare Company (« RSC »). Les objectifs assignés à la salle conçue par Chamberlin, Powel et Bon, en collaboration avec John Bury, qui dirige le RSC et intervient comme consultant sur l’opération, sont de fournir le maximum de places dans un espace limité et de favoriser le contact entre le public et les acteurs. Aussi la distance entre la scène et la dernière rangée de fauteuils ne dépasse-t-elle pas 20 m et l’acteur peut-il voir tous les visages des spectateurs sans avoir à bouger la tête. La salle de cinéma est enfouie au niveau le plus bas du podium, celui des stationnements. Cette salle peut aussi servir de salle de conférence, puisque le programme développe cette fonction pour le centre ; elle est donc équipée de cabines de traduction. Seules la galerie d’art, la bibliothèque, l’entrée du foyer et les serres sont visibles de l’extérieur. Etant au cœur de l’opération et partiellement enfoui, le centre d’art pose un problème d’accessibilité. Pour les piétons, l’accès au foyer du centre d’art se fait depuis le podium, devant le lac. L’accès des voitures et des taxis s’effectuent par la voie souterraine. Cette complexité des circulations est un thème architectural pour le foyer, qui compose avec différents dispositifs : superposition d’escaliers, double hauteurs, espaces compressés, de manière à créer des perspectives à plusieurs points de fuites comme dans la perspective piranésienne. La bibliothèque, visible depuis la terrasse du lac, revêtue de carreaux blancs, bénéficie d’un très bon éclairement naturel. La galerie d’art, au premier étage, se développe sur deux niveaux. Elle s’ouvre sur un jardin en creux, qui sert de « cour de sculptures ». La serre, quant à elle, est un jardin d’hivers, avec restaurants et cafés.

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Table des matières

Introduction
Première partie – La tradition du town design : définition et illustrations 
Chapitre 1. 1940-1950 : Le savoir-faire des plans 
L’intention de transmettre
A.1. Les nouvelles législations en matière d’urbanisme après-guerre
A.2. Codifier et diffuser un savoir-faire urbain
A.3. Le département d’urbanisme du LCC, lieu de construction et de transmission des savoirs
A.4. Les plans comme exemplification de certaines méthodes urbanistiques
Forme et contenu des plans
B.1. Le plan d’Abercrombie et Forshaw pour Londres
B.2. Les plans de Sharp pour Exeter et Oxford
B.3. Le plan de Gibberd pour la ville nouvelle de Harlow
B.4. Le plan de Holford et Holden pour la City de Londres
Le dispositif de neighbourhood unit
C.1. Des concepts différents de neighbourhood unit
C.2. L’unité de voisinage comme unité d’intervention et outil de programmation
Chapitre 2. Le Barbican, chef d’œuvre ambigu du town design 
Contexte et acteurs
A.1. Trois propositions s’opposent
A.2. Les prescriptions pour des passages surélevés
Chronique d’une opération
B.1. Un précédent : Golden Lane
B.2. Le rôle de programmiste de Chamberlin, Powell et Bon
B.3. Le rapport de Chamberlin, Powell et Bon de mai 1956
B.4. Le rapport de Chamberlin, Powell et Bon de 1959
B.5. Le Barbican Centre
Retour sur la méthode
C.1. « New Town within the Cities » : une entente théorique entre le LCC et Chamberlin, Powell et Bon
C.2. La méthode de travail de Chamberlin, Powell et Bon appliquée au plan de développement de l’Université de Leeds (1960)
Chapitre 3. L’évolution des doctrines au début des années 1960
Hook New Town et l’urban design
A.1. La réception de l’ouvrage
A.2. Des évolutions du town design
Évolution des termes
B.1. neighbourhood unit, precinct, super-block, environment area
B.2. Les outils graphiques : le plan, la figure et les hypothèses
The Building Complex : de l’unité de voisinage au bâtiment multifonctionnel
C.1 Hook et Cumbernauld au regard de la définition de la mégastructure
C.2 L’édifice multifonctionnel en centre ville
C.3. Le townscape et la ségrégation verticale des flux
Conclusion de la première partie
Deuxième partie – La transmission des méthodes britanniques en France 
Introduction
Chapitre 1. Le témoignage des textes 
Une large diffusion du savoir-faire britannique
A.1. Les ouvrages recensés dans les bibliothèques françaises et dans le fonds de l’IAURP
A.2. L’expérience urbanistique britannique selon L’Architecture d’aujourd’hui et la revue Urbanisme
L’abandon du plan masse
B.1. Dans les revues : l’organisation de la ville en unités de voisinage et les controverses sur les outils de l’urbaniste
B.2. L’unité de voisinage dans les rapports de l’IAURP : du concept à la programmation
B.3. Les méthodes de Buchanan reprises par les agents de l’IAURP
Chapitre 2. Une mise en pratique exemplaire : Shankland et Cox à Cergy-Pontoise
Du bon usage des directives d’aménagement
A.1. La tâche de l’architecte aménageur
A.2. Les huit rapports de l’agence Shankland& Cox
La conception du quartier de la préfecture
B.1. Les corrections méthodologiques de Welbank
B.2. L’expérience de Cergy-Pontoise vue d’Angleterre
Conclusion
Annexes

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