La tomodensitométrie (TDM)

La tomodensitométrie (TDM) est une technique d’imagerie qui utilise un ordinateur pour reconstruire point par point l’image issue de l’absorption des rayons x [1]. Cette image est produite par le balayage d’un faisceau collimaté de rayon x en rotation autour de la région anatomique à explorer, permettant d’avoir des coupes axiales qui seront secondairement reconstruites dans différents plans de l’espace pour une analyse plus précise [2].

Grâce à des améliorations techniques sur la vitesse d’acquisition et la résolution des images, l’utilisation de la TDM a connu un essor considérable et a révolutionné la prise en charge des patients tant sur le plan diagnostic que thérapeutique [3,4]. Cette utilisation de la TDM est également renforcée de nos jours par de nouvelles recommandations qui visent à limiter les attitudes thérapeutiques invasives comme c’est le cas pour les traitements non opératoires des contusions abdominales [5].

Le service de radiologie de l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane en tant que structure de soutien et d’aide au diagnostic joue un rôle primordial dans la prise en charge des patients qui y sont admis. L’installation d’un scanner dans son service de radiologie et son intégration dans la pratique médicale quotidienne permet d’optimiser et de raccourcir les délais de prise en charge des patients qui devaient jusqu’ici se rendre à Thiès ou à Dakar pour pouvoir réaliser leurs examens. Ce travail est réalisé dans le cadre d’un projet visant à rassembler les données concernant la distribution des principales pathologies dans les régions du Sénégal et permettra d’apprécier de manière indirecte la place de l’exploration scanographique dans la prise en charge des patients.

Caractéristiques de la population d’étude

Nous avons recensé 573 patients pour 576 examens, la moyenne d’âge était de 48 ans (± 22), les extrêmes étaient de 1 et 95 ans. La tranche d’âge prédominante était celle des plus de 69 ans. Ces constations se rapprochent de celles d’Amadou et Thiaw qui avaient des moyennes d’âge respectives de 42 ans et 40 ans [8,9] ; ces derniers avaient réalisé leurs études dans les régions d’Ourossogui et de Kolda. Il existe une différence au niveau de la tranche d’âge prédominante qui gravitait autour de 40 ans dans leursséries. Si,selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) ces trois régions (Kolda, Ourossogui et Thiès) sont similaires du fait de la prédominance d’une population jeune, dans la région de Thiès les activités économiques sont concentrées dans les départements de Thiès et Mbour pouvant alors favoriser une déportation des jeunes vers ces derniers au détriment du département de Tivaouane où notre étude a été réalisée [10,11]. Ce qui pourrait expliquer la prédominance vieille de notre population d’étude.

Cinquante-sept pour cent (57%) de notre population d’étude était masculine. Un sexe ratio similaire a été trouvé par Amadou et Thiaw [8,9]. Cette prédominance masculine est également retrouvée dans de nombreuses études de la littérature notamment celles traitant de pathologies cardiovasculaires et traumatiques telle que présentées par Gao et Mollayela [12,13]. Ceci pourrait s’expliquer par les différences concernant les habitudes de vie notamment la consommation de tabac, d’alcool, de drogue de même que le type d’activité professionnelle pratiqué.

Types d’examen réalisés

Les actes tomodensitométriques les plus réalisés étaient les scanners cérébraux avec une fréquence de 46%, compatible avec les résultats d’Amadou et Bouraima qui avaient trouvés respectivement des fréquences de 38% et 45% [9,14]. Cette supériorité des scanners cérébraux pourrait s’expliquer dans notre série par la prédominance vieille de la population d’étude qui est le plus souvent sujette aux maladies chroniques non transmissibles notamment cardio et neuro-vasculaires. Ces dernières sont en incidence croissante et constituent la deuxième cause de mortalité en Afrique sub-saharienne [15,16].

Le scanner thoracique était le deuxième acte scannographique le plus réalisé suivi des scanners du rachis avec des proportions de 15,8% et 14%, ce qui s’oppose aux résultats d’Amadou et Bouraima chez qui le scanner rachidien était le deuxième examen le plus représenté [9,14]. Ceci s’expliquerait par la situation sanitaire actuelle liée à la pandémie au COVID-19. Du fait de sa bonne performance diagnostique, le scanner était utilisé dans les services d’urgence pour faire le tri devant des symptômes évocateurs, motivé par les difficultés liées au prélèvement PCR (Polymerase Chain Reaction) et au délai d’attente des résultats [17]. De plus, la TDM permettait d’évaluer l’étendue des lésions, fortement corrélée au pronostic. La fréquence de réalisation des scanner rachidiens était proche de celle d’Amadou Y. qui trouve une fréquence de 18% [9].

Indications

Les signes neurologiques étaient le motif d’examen le plus fréquemment rencontré avec une fréquence globale de 44,4%. Les signes neurologiques non traumatiques représentaient 32,2% des indications, ce qui était proche des résultats de Nikiema qui a trouvé une fréquence de 33% [18]. Bouraima à quant à lui trouvé une prédominance des signes neurologiques avec une fréquence de 38,5% [14]. Concernant les signes neurologiques, la suspicion d’AVC prédominait avec un pourcentage de 48%, résultat proche de ceux d’Amadou et de Bouraima qui ont trouvé une prédominance des AVC avec des fréquences de 41% et 51% respectivement [9,14]. Cependant Kouame trouve dans une étude portant sur le bilan d’activité des scanners cérébraux au CHU de Yopougon une faible prévalence de 16% concernant la suspicion d’AVC, ce qui pourrait s’expliquer par le caractère jeune de sa population d’étude dont la tranche d’âge prédominante était celle de 0 à 14 ans contre celle des plus de 69 ans dans notre série [19]. Concernant les scanners thoraciques, l’évaluation de l’étendu des lésions de pneumopathie à COVID-19 représentait l’indication prédominante avec une fréquence de 40,7%, ce qui diffère des résultats d’Amadou et de Bouraima, ces derniers ayant réalisé leurs études avant la pandémie de pneumopathie à COVID-19. Concernant les scanner rachidiens, la lombosciatalgie était l’indication majoritaire avec une fréquence de 53%. Morris a retrouvé dans une revue systématique une prévalence des douleurs lombaires en Afrique de 47% [20], ce qui concorde avec nos résultats. Concernant les scanners abdomino-pelviens et les uroscanners, les indications principales étaient syndrome tumoral abdominal ou pelvien et bilan de colique néphrétique, ce qui était similaire aux résultats d’Amadou et Bouraima [9,14].

Résultats des examens scannographiques

Les examens scanographiques réalisés étaient anormaux dans 68,9% des cas, ce qui concorde avec les résultats de Bouraima et Nikiema qui avaient respectivement des fréquences de 71% et 75% [14,18]. Les proportions d’examen normaux ou pathologiques variaient en fonction de la région anatomique explorée.

Concernant les scanners cérébraux 

Les pathologies cérébrales les plus fréquemment rencontrées étaient les AVC et les TCE avec des prévalences respectives de 72,2% et 16,8%. Concernant les AVC, ces résultats sont supérieurs à ceux d’Amadou et de Thiaw qui retrouvent des prévalences de 54,5% et 50,7% [8,9]. Ceci pourrait s’expliquer par une prédominance des personnes âgées dans notre population d’étude. On note également une infériorité concernant la proportion des lésions traumatiques retrouvées dans notre série qui était de 16,8% contre 27% chez Kouamé [19]. Paradoxalement, dans notre série nous avions approximativement 1,6 fois plus de demandes (28% contre 18 %) pour TCE, ce qui traduit notre faible taux de positivité et de manière indirecte une mauvaise sélection des patients devant passer des scanners cérébraux après un TCE. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que l’étude de Kouamé a été réalisée au CHU de Yopougon, où il existe un plus grand nombre de  médecin spécialistes notamment en traumatologie et neurochirurgie, laissant supposer une plus grande rigueur dans la sélection des patients devant passer des examens d’imagerie [19]. Ce constat vient soulever l’intérêt d’une évaluation clinique rigoureuse et la référence à des guides de prescription des examens d’imagerie médicale avant la demande de tout examen. En effet, la demande de TDM cérébrale pour l’exploration d’un traumatisme crânien est encadrée par un certain nombre de paramètres incluant (de manière non exhaustive) le mécanisme du traumatisme, le score de Glasgow, la présence d’une amnésie post-traumatique, la présence de signe direct et indirect de fracture et d’anomalie à l’examen neurologique. Ces éléments cliniques concourent à établir des scores et critères parmi lesquelles nous pouvons citer le Master pour les traumatisés crâniens, permettant de « prédire » le risque de lésion neurologique [21,22]. Aucune étude scannographique n’est indiquée chez les patients à faible risque de lésion neurologique.

La proportion AVCi/AVCh dans notre série était de 85/15%. Cette prédominance d’AVC ischémique est en accord avec les résultats de Dhieb à Ziguinchor et les données de la littérature générale [23,24]. Concernant les TCE, nous avons trouvé une prédominance des lésions associées (fracture du massif facial et fracture cervicale) suivie des lésions cérébrales dans des proportions de 44% et 28% respectivement. Ce qui est contraire aux résultats de Somba et de Berrada qui retrouvaient une prédominance de lésions osseuses [25,26]. Cette discordance pose des questions sur la nature et le mécanisme réels des traumatismes. Ces régions étant proches anatomiquement, il serait facile de prendre un traumatisme facial pour un traumatisme crânien. Du fait de cette proximité anatomique, la coexistence de lésion cérébrale et du massif facial au décours de traumatismes faciaux ou cérébraux n’est pas rare ; cette dernière est associée à une morbidité et mortalité plus élevées et nécessite une prise en charge pluridisciplinaire [27,28]. Ceci pourrait expliquer le fait qu’un scanner cérébral puisse être demandé devant un traumatisme facial. Concernant les processus expansifs intracrâniens, nous avons trouvé quatre méningiomes et deux empyèmes compliquant des sinusites frontales aigues. Le méningiome était également la tumeur la plus fréquemment rencontrée dans les autres séries et est l’une des tumeurs intracrâniennes les plus fréquentes [29].

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Table des matières

INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODE
1.1 TYPE D’ETUDE
1.2 CADRE DE L’ETUDE
1.3 POPULATION D’ETUDE
1.3.1 Critères d’inclusion
1.3.2 Caractéristiques de la population d’étude
1.3.2.1 Age
1.3.2.2 Sexe
1.3.2.3 Provenance
1.3.2.4 Examens réalisés
1.3.2.5 Indications des examens réalisés
1.4 MATERIEL
1.5 METHODOLOGIE
1.5.1 Procédure d’examen
1.6 COLLECTE DE DONNEES
1.7 ANALYSES STATISTIQUES
2 RESULTATS
2.1 RESULTATS GLOBAUX
2.2 TDM CRANIO-ENCEPHALIQUES
2.3 TDM DE LA SPHERE ORL
2.4 TDM THORACIQUES
2.5 TDM ABDOMINO-PELVIENS
2.6 UROSCANNER
2.7 TDM TAP
2.8 TDM RACHIDIENNES
2.9 PARTICULARITES DES URGENCES
2.9.1 Les types d’urgence
2.9.2 Les urgences traumatiques
2.9.3 Les urgences non traumatiques
3 DISCUSSION
3.1 CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION D’ETUDE
3.2 TYPES D’EXAMEN REALISES
3.3 INDICATIONS
3.4 RESULTATS DES EXAMENS SCANNOGRAPHIQUES
3.4.1 Concernant les scanners cérébraux
3.4.2 TDM thoraciques
3.4.3 TDM rachidienne
3.4.4 TDM abdominopelvienne
3.4.5 Uroscanner
3.4.6 Concernant les bilans d’extension
3.4.7 Scanner ORL et des membres
3.4.8 Particularité des urgences
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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