LA THEORIE DE L’AMOUR SELON IBN ARABI

La vision Platonicienne du monde

  On ne saurait parler de théorie akbarienne de l’amour sans faire un détour sur la pensée platonicienne. Parce que d’une part Ibn Arabi est un platonicien, il a repris la pensée platonicienne en l’adaptant à la pensée islamique notamment la conception platonicienne de l’amour. D’autre part la vision platonicienne du monde présente beaucoup de similitude avec l’ascétisme, encore appelé le soufisme. Parler de Platon nécessite de remonter sur les bases de sa philosophie, la théorie des Idées et notamment à sa vision du monde. Platon dans la République conçoit le monde sous forme d’une dualité. C’est-à-dire qu’il existe deux mondes : le monde sensible et le monde intelligible. Le monde sensible comme son nom l’indique est le monde des sens, le nôtre. Dans ce monde, ce sont les sens qui nous guident et sont notre principale source d’information. Alors que le monde intelligible est celui de l’intelligibilité, de l’esprit. Dans le monde intelligible, les Idées sont présentent et Elles représentent les vraies réalités. Dans La République et à travers l’allégorie de la caverne, c’est à travers l’Idée que se trouvent la vérité et les connaissances véritables. Donc pour accéder à la connaissance véritable, il faut traquer le domaine de l’intelligibilité. Dans le monde sensible aussi comme on l’a déjà montré, c’est grâce aux sens que nous avons accès à la connaissance. Mais ces connaissances fournies par les sens au contraire de ceux fournies par les Idées sont limitées. En effet, les organes de sens sont incapables de fournir à l’homme toutes les formes de connaissance. Autrement dit, ils ne peuvent pas fournir des connaissances véritables. Les sens donnent des informations et de la connaissance dans certains domaines, mais sont incapables de le faire dans d’autres. Certaines choses, ou certaines réalités pour être connues nécessitent un travail de réflexion, ou nécessite de procéder à des analyses. Les sens sont incapables de donner des informations sur ces choses ou ces réalités. Les sens ne peuvent pas nous procurer toutes les connaissances possibles. De même, la fiabilité des informations, ou de la connaissance donnée par les sens n’est pas toujours certaine. Donc les sens sont capables de donner des informations dans certains domaines, mais pas dans d’autres. C’est pour cette raison que Platon dit que : « Les données qui ne sollicitent pas d’examen sont celles qui n’affectent pas tel ou tel sens dans deux directions contraires simultanément ; celles qui le font seront, d’après ma distinction, les données sollicitant l’examen, et cela arrive chaque fois que le sens n’indique pas que l’objet soit plutôt ceci et le contraire, sans considération de proximité ou de distance ». C’est ce que Ibn Arabi semble confirmé en expliquant le verset 22 de la sourate 18 intitulée la Caverne ou il décrit la connaissance des jeunes qui s’étaient caché dans une caverne pour fuir des persécutions et qui par la suite y trouvèrent la mort pendant longtemps et furent ressuscités des années après. Pour Ibn Arabi, ces jeunes à l’instar des prisonniers du mythe de la caverne disposaient d’une connaissance faible ou minime. Ils doivent sortir de la Caverne pour se rendre compte que le monde a évolué que d’autres réalités différentes de ceux de la caverne existent. Ainsi, ils auront des connaissances solides et réelles. Ibn Arabi dit en ce sens que : « … « Ils sont trois et leur chien est le quatrième, ou cinq ou sept… » (Coran 18/22). Dieu ajouta alors : « Mais leur science est bien minime (Coran 18/22). Les êtres de cette catégories se sont soustraits à l’aspect formel humain (bashariyya) pour se porter jusqu’au monde des Esprits et des Réalités immatérielles gracieuses (lata’if) que l’on peut symboliser par le sable ». Platon poursuit sa pensée toujours dans La République sur le caractère limité des connaissances fournies par les sens en considérant que si la donnée ou la chose se présente comme une chose et son contraire, le sens qui est en rapport avec la donnée informe l’âme. C’est pourquoi Platon dit que : « Il y a des données qui sollicitent la réflexion, et il y en a qui ne le font pas. Les premières affectent tel ou tel sens en offrant simultanément des contrariétés intrinsèques brutes et ce sont les données qui sollicitent la pensée, selon ma définition, quant aux données qui n’offrent pas des contrariétés, ce seront les données qui ne réveillent pas l’opération de la pensée ». Pour Platon donc les sens ne peuvent pas fournir une connaissance véritable, parce que les informations auxquelles ils ont accès ne sont que l’ombre des vraies réalités du monde intelligibles ou des Idées. Il faut donc inverser le regard vers le monde intelligible pour permettre à l’âme d’avoir accès aux connaissances réelles, en contemplant les Idées qui contiennent les vraies réalités. Ces connaissances acquises dans le domaine de l’intelligible sont considérées comme la connaissance véritable. C’est pour cette raison que Platon dit que : « Personnellement, je ne peux m’empêcher d’avoir une autre conception ; pour tourner le regard de l’âme vers le haut, la seule discipline est celle qui concerne l’existant, l’invisible. Aussi bien, basculant quelqu’un vers le haut, bouche ouverte, ou vers le bas, bouche cousue en train de chercher la science du monde sensible, je nie qu’il soit en train d’acquérir une science quelconque : la connaissance n’a rien de sensible » Il faut donc faire une conversion du regard en passant du sensible à l’intelligible. Ce qui n’est pas une chose facile en soi. Parce qu’elle équivaut à passer de l’obscurité à la lumière. Le monde sensible où les ombres des Idées se présentent comme les vérités représentent l’obscurité, l’ignorance. Alors que le monde intelligible où se trouvent les Idées est celui de la lumière, de la connaissance, de la vérité. Le passage de l’ombre à la lumière est difficile et fait souvent mal aux yeux. Il en est de même pour l’âme. Donc il faut du temps pour permettre à l’âme de s’adapter aux réalités intelligibles après un passage au monde sensible. Le procédé qui permet de passer du monde sensible au monde intelligible et vice versa est appelé dans La République par Platon la dialectique. Selon André Lalande : « La dialectique ayant pour effet, selon Platon de remonter de concepts en concepts, de propositions en propositions jusqu’aux concepts les plus généraux et aux principes premiers, qui ont pour lui une valeur ontologique… ». Dans la pensée platonicienne, il existe deux types de dialectique : la dialectique ascendante et la dialectique descendante. La dialectique ascendante est celle qui permet de passer du monde sensible au monde intelligible. Et la dialectique descendante permet de passer du monde intelligible pour retourner au monde sensible. Platon représente tout ceci dans une allégorie : dite allégorie de la caverne. On y voit clairement l’état de l’homme qui se trouve au domaine sensible ou des ténèbres et de celui qui est arrivé à se libérer du monde sensible pour accéder au monde intelligible, à la lumière. Cet homme qui s’est libéré est passé par la dialectique ascendante pour accéder au monde des Idées. Ce dernier une fois de retour dans la caverne ou dans le monde sensible diffère des autres personnes, ou des prisonniers et à même pitié d’eux. Platon parlant de l’état du prisonnier qui s’est libéré Platon dit que : « Supposons maintenant qu’il se souvienne de son habitation primitive, de cette sagesse qu’on y avait, de ses compagnons de détention : il bénirait son changement, n’est-ce pas il aurait pitié d’eux ». Il est considéré comme un philosophe contrairement aux autres qui sont considérés comme des ignorants. Le philosophe est celui est parvenu à se libérer du poids de l’opinion et est arrivé à contempler les réalités dans le monde intelligible. Le Coran semble confirmé cette dualité du monde quelques siècles après Platon même si les termes utilisés par le Coran diffèrent parfois de ceux utilisés par Platon. Le musulman est dans l’obligation d’admettre l’existence d’un monde différent de celui-ci pour compléter sa foi. Accéder à ce monde des mystères ou à ce monde intelligible, voilà ce que les mystiques cherchent dans leur quête spirituelle. Eric Geoffrey le souligne en ces termes : « Le Coran, qui distingue le « monde du Témoignage » (‘alam al-shahada), c’est-à-dire le monde sensible, du « monde du Mystère » (‘alam al-ghayb), demande aux fidèle de croire en ce Mystère, le ghayb, littéralement « ce qui est absent de la vue ». L’un des buts du soufisme est précisément de percer l’opacité de ce monde, afin de contempler les réalités spirituelles dans un au-delà de la simple foi. »

L’Ame selon Platon

   L’amour est en rapport avec l’âme dans la conception platonicienne, comme c’est d’ailleurs le cas pour Ibn Arabi, pour Rumi et presque pour tous ceux qui se sont intéressés à la question de l’amour réelle ou de l’essence de l’amour. Donc il est impératif de se pencher sur la question de l’âme selon Platon. Platon parle de l’âme dans ses livres et parfois de façon différente. Dans Le Phédon il parle d’une âme simple. Cette âme simple est chevillée au corps et est le principe de la vie. Dans La République et dans Le Timée il parle d’une âme composée qu’il subdivise en trois parties. L’âme selon Platon dans La République et dans Le Phèdre a vécu dans le monde intelligible. Le monde intelligible ou monde des vraies réalités a déjà abrité l’âme dans une vie antérieure selon Platon. L’âme a déjà contemplé les Idées. Elle disposait d’une connaissance avant de venir dans ce monde sensible. Si l’homme réussit à accéder au monde intelligible, ou bien à l’extérieur de la « caverne », ce que l’âme voit n’est pas une découverte pour elle ; mais plutôt le souvenir de connaissances ou de vérités qu’elle avait connues auparavant. Le fait de se souvenir des connaissances qu’on a déjà eu, Platon l’appelle la réminiscence. Dans Le Menon, Platon montre que connaitre c’est se souvenir. Toutes les personnes disposaient de la connaissance même l’esclave qui était considéré comme un sous homme dans la Grèce antique. Il suffit de l’aider à travers ce que Platon appelle la maïeutique dans son œuvre intitulé Le Théétète. Il l’illustre à travers un esclave qui a réussi la duplication d’un carré dans Le Menon. Donc l’âme a eu de la connaissance dans un passé ou dans une vie antérieure pour être capable de se souvenir de ses connaissances à présent. Dans le monde sensible l’âme est associée au corps pour former ce qu’on appelle homme, ou plus largement être vivant. Le corps est différent de l’âme. L’âme appartient au monde intelligible, alors que le corps est une réalité sensible. Nous homme appartenons donc à la fois au monde intelligible de par notre âme et au monde sensible de par notre corps. Le fait de considérer l’homme comme un être appartenant aux deux mondes, est repris par Ibn Arabi dans son livre L’Interprète des désirs. Ibn Arabi pour expliquer notre part du sensible et de l’intelligible, compare l’homme aux oiseaux en ces termes : « Les oiseaux évoluent entre, d’une part, le monde spirituel libre du fait de leur vol dans l’atmosphère et de leur déplacement dans les airs et, d’autre part, le monde corporel du fait de leur forme et de leur constitution il est donc possible d’établir une comparaison avec eux puisque les esprits humains conditionnés par le monde des corps. Ces esprits humains sont gouvernés fondamentalement par la nature ou différenciation originelle (fitra) et par la constitution innée (jibilla). De plus, ils n’en sont pas dégagés du fait qu’ils appartiennent au monde corporel, qu’ils sont de la sorte totalement enténébrés, grossiers et appesantis et qu’ils se meuvent par autre qu’eux et non par soi. Pour toutes ces raisons, ils sont comparés aux « Chez Platon, forme mythique du rationalisme d’après laquelle tout notre pouvoir de connaitre la vérité est le souvenir d’un état ancien ou, vivant avec les Dieux, nous possédions une vue directe et immédiate des Idées » Lalande, Op. cit, p : 918. « Platon dans le Théétète, met en garde Socrate, déclarant qu’en sa qualité de fils d’une sage-femme et lui même expert en accouchements (…) il accouche les esprits des pensées qu’ils contiennent sans le savoir… » oiseaux ; ils participent, par leur nature, des ténèbres et de la lumière, et ils sont ainsi comme dans une condition intermédiaire entre les deux mondes lumineux et ténébreux ». Nous voyons donc que l’homme est un composé de l’âme et du corps. L’âme est passée du monde intelligible son origine pour s’installer au monde sensible afin de constituer ce qu’on appelle homme. De plus le principe de la vie sur terre est l’âme ; sans l’âme, il ne peut avoir de vie. Voilà pourquoi Platon affirme dans Le Phédon que la mort est la séparation du corps et de l’âme. Mais ce n’est pas l’âme qui meurt. L’âme est immortelle. Cette immortalité est partagée par Platon. On retrouve aussi cette idée dans les religions révélées. Parce que dans les religions révélées on considère qu’il existe une vie après la mort. Platon dans Le Phédon montre que l’immortalité de l’âme s’explique par le fait que l’âme est principe de mouvement. Et toute chose est mue par quelque chose, alors que l’âme se meut elle-même. Toute chose qui se meut elle-même est immortelle selon Platon. C’est pourquoi il explique l’immortalité de l’âme en ces termes : « Toute âme est immortelle. En effet, ce qui se meut est toujours immortel. Or, pour l’être qui en meut un autre et qui est mu par autre chose, la cessation de la vie. Seul l’être qui se meut lui-même, puisqu’il ne fait pas défaut à lui-même, ne cesse jamais d’être mu. Or, un principe est une chose inengendrée. Car c’est un principe, lui, ne vient de rien. (…) Concluons donc. L’être qui se meut lui-même est principe de mouvement. Or, cet être ne peut ni être anéanti ni venir à l’être ; autrement le ciel tout entier et tout ce qui est soumis à la génération s’effondreraient, s’arrêteraient et jamais ne retrouveraient une source de mouvement leur permettant de venir de nouveau à l’être. Une fois démontrée l’immortalité de ce qui se meut soi-même, on ne rougira pas d’affirmer que c’est là que réside l’être de l’âme, et que c’est bien ce en quoi consiste sa définition. Car tout corps qui reçoit son mouvement de l’extérieur est inanimé ; mais celui qui le reçoit du dedans, lui-même, est animé, puisque c’est en cela même que consiste la nature de l’âme. Or, s’il en est bien ainsi, il s’ensuit que l’âme ne peut être ni quelque chose d’engendré ni quelque chose de mortel » . L’âme est donc immortelle pour Platon et c’est aussi le principe de la vie. Elle anime le corps et le meut. Associé au corps, l’âme a oublié la connaissance qu’elle avait jadis. L’âme semble être dans une prison appelée le corps qui le recouvre dans ce monde sensible. L’âme pour son épanouissement doit se séparer du corps pour retrouver son origine. Il faut donc libérer l’âme du corps pour qu’elle retrouve le monde des Idées et accèdent de nouveau à la connaissance. Platon l’explique en ces termes :
« -Quand donc repris Socrate, l’âme atteint-elle la vérité ? Quand elle entreprend de faire quelques recherches de concert avec le corps, nous voyons qu’il l’induit en erreur.
-C’est vrai
-N’es- ce pas en raisonnant, qu’elle prend, si jamais elle la prend, quelque connaissance des réalités ?
-Si
Mais l’âme ne raisonne jamais mieux que quand rien ne la trouble, ni l’ouïe, ni la vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu’au contraire, elle s’isole plus complétement en ellemême, en envoyant promener le corps et qu’elle rompt, autant qu’elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le réel. ».

La Conception platonicienne de l’Amour

   Léon Robin dans son livre intitulé Platon, montre que l’amour est dans la conception platonicienne ce qu’il y a de plus significatif pour l’âme. Parce que d’une part c’est ce qui affirme la relation entre l’âme et le monde intelligible ainsi que son appartenance au monde intelligible. D’autre part, dans le monde sensible où les réalités ne sont que les ombres des réalités intelligibles. C’est grâce à l’amour que « le désir ardent de l’idéal » se tait et cherche à satisfaire ce désir dans le monde intelligible. Robin affirme ainsi que « … cette heureuse synthèse de l’empirique et de l’idée est l’acte même de l’amour ». A partir de ce constat, de Léon Robin on voit bien que dans la conception platonicienne de l’amour, deux tendances se dégagent : l’une se rapporte à l’intelligible, l’autre au sensible. Cela s’affirme dans le fait pour Platon même l’amour renvoie à la philia ou à l’Eros. Platon distingue donc ses deux types d’amour. Dans le Lysis, il est question de la Philia, alors que dans le Banquet et dans le Phèdre, Platon parle de L’Eros. En quoi consiste la Philia ? En quoi consiste l’Eros ? La Philia renvoie à l’amitié, au sentiment d’affection ou de sympathie d’une personne pour une autre, ou d’un sentiment réciproque entre deux personnes. André Comte- Sponville dans Le Petit traité des grandes vertus donne la signification du mot philia en ces termes : « En français c’est aussi amour : aimer un être c’est le désirer qu’il soit, quand il est (on ne fait autrement que l’espérer), c’est jouir de son existence, de sa présence de ce qu’il offre de plaisir en joies. (…). Le grec est plus claire, qui utilise sans hésiter le verbe philien (aimer, quel que soit l’objet de cet amour) et, surtout pour les rapports interpersonnels, le subsistant philia. L’amitié ? Oui mais au sens le plus large du terme, qui est aussi le plus fort et le plus élevé ». La Philia prend en charge donc les relations familiales : le rapport entre père et fils… On peut même parler de Philia entre la femme et son mari parce que dans la Philia on se met au service de son bien aimé. Mais elle est plus significative dans les relations amicales, qui se trouvent être la véritable amitié. Parce que dans l’amour véritable, on se met au service de l’autre, on ne cherche pas à satisfaire nos besoins ou nos passions sur lui ou sur elle. Donc que ce soit entre un mari et sa femme, entre des parents ou entre deux amis, si les deux personnes s’épanouissent dans la relation : on peut parler de philia. C’est pourquoi André ComteSponville dit que « disons le mot : philia c’est l’amour, quand il s’épanouit entre humains et quelles qu’en soient les formes, dès lors qu’il ne se réduit pas au manque ou à la passion (à l’éros) ». Il semble conclure en donna une définition de la philia en ces termes : « c’est l’amour joie, en tant qu’il est réciproque et peut l’être : c’est la joie d’aimer et d’être aimé, c’est la bienveillance mutuelle ou susceptible de le devenir ». La Philia prend donc en charge les relatons interpersonnelles mais sans un intérêt particulier que l’un chercherait uniquement à satisfaire à travers l’autre. Platon considère que dans la philia, on cherche celui qui nous convient naturellement. Celui avec qui, on trouve une certaine conformité. La philia est donc importante voire indispensable pour bien vivre en communauté. On voit bien par-là qu’on se lie d’amitié avec celui qui nous convient. Donc l’objet de la philia est la « convenance ». Celui avec qui on se lie d’amitié est celui qui nous convient de devenir amoureux, de satisfaire un désir… Tout amour a pour cause un désir. Mais le désir qu’on cherche à satisfaire dans la philia est différente des autres désirs le désir de la philia est donc peut-on dire la convenance naturelle. L’ami, l’amoureux est celui qui nous convient et réciproquement on lui convient aussi. Platon l’exprime en ces termes :
« -… ce qui se désire désire ce dont il a besoin ?
– Il me semble
– Or, on a besoin de ce dont on est privé ?
– Sans doute
– Dès lors c’est ce qui convient, semble-t-il, qui est l’objet et de l’amour, et de l’amitié et du désir ; cela parait évident, Ménexéne et Lysis
– Donc si vous êtes amis l’un et l’autre, c’est que vous avez quelque convenance de nature
– Assurément dire ensemble
– Conséquemment, mes enfants, leur dis-je, si quelqu’un en désire un autre, on est épris, le désir, l’amour ou l’amitié qu’il éprouve supposent nécessairement entre lui et l’objet de son amour quelque convenance d’âme, et de caractère, de mœurs ou d’extérieur. « Assurément », dit Ménexéne ; pour Lysis, il ne dit rien, Bon ! Dis- je. Il est donc nécessaire que nous aimions ce qui a une convenance naturelle avec nous, voilà qui est démontré… ». L’objectif dans la philia est la convenance. Elle est considérée comme un bien qui permet la vie en communauté la vie sur terre. Qu’est-ce qui différencient la Philia et l’Eros ? Contrairement à la philia, l’Eros est un type d’amour où la passion guide l’amant qui cherche à satisfaire un désir sensuel. Dans la philia, on peut dire que l’on aime l’autre pour lui-même, même si on l’aime pour nous. Mais dans l’Eros, on le verra ; on aime l’autre que pour soi- même uniquement. Platon parle de la nature de l’Eros dans ses deux livres : le Banquet et le Phèdre. Dans le Banquet, Platon à la suite de ceux qui ont pris la parole dans la discussion sur l’amour proposée par Eryximaque considère Eros comme un être qui a une grande estime chez les dieux et chez les hommes. Mais contrairement aux autres qui le considèrent comme un dieu (Phèdre, Agathon), où qui considère l’existence d’un double Eros (Pausanais, Eryximaque), Platon par la bouche de Socrate qui raconte le discours de Diotime, considère qu’Eros n’est ni un Dieu, ni un homme ; mais il est intermédiaire entre les hommes et les Dieux. Il s’agit d’un démon. Et les démons sont considérés comme des êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes. Parce que les dieux selon Diotime ne sont pas en contact direct avec les hommes. Il revient aux démons d’être l’intermédiaire entre les hommes et les dieux. Sans les démons, les dieux ne peuvent communiquer avec les hommes ni même être en rapport avec eux d’aucunes manières possibles. Ainsi, Diotime décrit l’Eros dans les termes suivant : « C’est un grand, Socrate. En effet, tout ce qui présente la nature d’un démon est intermédiaire entre le divin et le mortel ».

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : APPROCHE DE LA THEORIE DE L’AMOUR
Chapitre 1 : La vision platonicienne du monde
Chapitre 2 : L’âme selon Platon
Chapitre 3 : La théorie platonicienne de l’amour
DEUXIEME PARTIE : LA CONCEPTION AKBARIENNE DE L’AMOUR
Chapitre 1 : La théologie akbarienne de l’amour
Chapitre 2 : Les entités de l’amour
Chapitre 3 : La division tripartite de l’amour
TROISIEME PARTIE : LES BIENFAITS DE L’AMOUR SELON IBN ARABI
Chapitre 1 : Les effets et les manifestations de l’amour
Chapitre 2 : Le soufisme de l’extinction
CONCLUSION
BIBLIOGRAHIE

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