La surveillance de la faune sauvage

La surveillance de la faune sauvage

Origine des processus participatifs

Au début des années 70, la participation s’est retrouvée au cœur des stratégies du développement agricole au Sud (Cohen et Uphoff, 1980 ; Catley et al., 2012). Ces stratégies, mises en place par des instituts de développement, tels que les Organisations non-gouvernementales (ONG), se sont peu à peu orientées vers des approches basées sur les « besoins fondamentaux » des populations locales, mettant en avant la participation comme élément essentiel à leur bonne conduite (Cohen et Uphoff, 1980). En effet, différentes études comparant des projets de développement entre eux ont montré que la participation était l’un des facteurs critiques du succès (Pretty, 1995). Ces nouvelles stratégies pour le développement agricole ont fait émerger deux visions de la participation.

D’un côté celle-ci est vue comme un moyen d’améliorer l’efficience des systèmes agricoles ; la notion centrale de cette vision repose sur le principe statuant que si les acteurs sont impliqués dans un projet, ils sont plus enclins à approuver et à soutenir les nouveaux développements ou services proposés (Pretty, 1995). D’un autre côté, la participation est vue comme un droit fondamental, dont l’objectif principal est d’initier la mobilisation pour la mise en place d’actions collectives et pour le renforcement des institutions, en lien avec une forme de responsabilisation (Pretty, 1995). Gow et Vansant (1983) résument l’importance de la mise en place de cette participation dans les processus de développement au Sud sur la base de quatre affirmations. (1) Les acteurs s’organisent mieux autour des problèmes qu’ils considèrent comme étant les plus importants. (2) Les acteurs locaux prennent des décisions économiques rationnelles, basées sur le contexte de leur environnement. (3) L’engagement volontaire local dans un projet en termes de travail, de temps et de matériel, est une condition nécessaire pour briser les schémas de développement paternalistes qui renforcent la passivité locale et la dépendance. (4) Le contrôle local sur la quantité, la qualité et surtout la répartition des avantages découlant des activités de développement est directement lié aux bénéfices de devenir autonome. Ces éléments mettent en avant le fait que la participation signifie plus qu’une simple implication occasionnelle des parties prenantes. Celle-ci implique en effet une autonomie locale systématique qui permet aux communautés de gérer leur propre développement (Gow et Vansant, 1983).

Principes et outils des approches participatives

Les méthodes d’évaluation rurale participative reposent sur deux principes clés, conçus dans le but d’améliorer la qualité et la fiabilité des informations recueillies (Mariner et Paskin, 2000). Le premier est la triangulation, qui est un procédé de recoupement de rapports ou de données, produits par plusieurs informateurs indépendants et par la combinaison de plusieurs méthodes (Mariner et Paskin, 2000 ; Delage, 2006). Les informations collectées lors des entretiens avec les communautés sont ainsi comparées avec des données secondaires et des observations directes (Figure 2). Ce procédé est utilisé dans le but d’explorer les tendances et la cohérence des informations collectées, ainsi que pour mettre en avant les différents biais des informateurs (Hannah et Jost, 2011), permettant d’aboutir à une vue consensuelle dans laquelle les personnes sondées se retrouvent (Delage, 2006). La triangulation permet ainsi de contrôler la qualité de l’analyse des données de manière simple et puissante (Delage, 2006). Le deuxième principe est la flexibilité. En effet, la démarche n’est pas planifiée de manière rigide et sans déviation. Les techniques utilisées et les questions posées doivent pouvoir être changées à n’importe quel moment de l’étude, permettant ainsi une grande réactivité face aux réalités du terrain (Mariner et Paskin, 2000 ; Delage, 2006).

La mise en pratique de ces deux principes requiert donc l’exploitation d’un certain nombre de sources de données. La source principale de données est liée au savoir local et repose donc sur les communautés. Ce savoir local regroupe « les connaissances techniques des populations locales, les connaissances spécialisées des ‘personnes ressources’ qualifiées, ainsi que la connaissance sociale des groupes dominants » (Leyland, 1991). Les informations relatives à ces savoirs peuvent être recueillies via des entretiens individuels et/ou des groupes d’acteurs clés (Mariner et Paskin, 2000). Elles sont par la suite recoupées avec des observations directes ainsi qu’avec des sources de données secondaires (Figure 2). Les sources secondaires peuvent être variées : études antérieures, cartes de la zone d’étude, ou encore textes historiques (Mariner et Paskin, 2000).

Il est conseillé de consulter autant de sources secondaires que possible avant la mise en place des travaux de terrain car il est primordial de prendre en considération le contexte dans lequel la participation est mise en pratique (Cohen et Uphoff, 1980). Les données sont recueillies par l’utilisation d’un certain nombre d’outils, qui représentent la véritable originalité des approches participatives. En effet, l’utilisation des outils participatifs permet aux participants de partager la production et l’analyse de leurs connaissances ; ce qui n’est pas le cas dans les enquêtes plus classiques au cours desquels les informations sont prises par l’enquêteur qui traduit les réponses des participants avec ses propres mots (Pretty, 1995). Ces outils participatifs sont alors non seulement utilisés pour que les acteurs locaux informent les enquêteurs, mais également pour qu’ils analysent leurs propres conditions de vie. Il s’agit d’un réel processus d’apprentissage pour l’action (Pretty, 1995). Ces outils participatifs standardisés sont issus de méthodes de travail de différentes spécialités, principalement des sciences sociales, et plus particulièrement de l’anthropologie sociale et médicale, ainsi que de l’analyse des agroécosystèmes (Delage, 2006 ; Catley et al., 2012).

Il existe trois catégories d’outils : les méthodes d’entretiens informels (ou méthodes de communication), les méthodes de visualisation, et les méthodes de classement et de notation (Mariner et Paskin, 2000 ; Delage, 2006 ; Stoliaroff-Pépin, 2007 ; Hannah et Jost, 2011 ; Catley et al., 2012). Les entretiens informels regroupent les entretiens semi-structurés, les réunions d’informateurs clés et les discussions de groupes (Hannah et Jost, 2011 ; Catley et al., 2012). Ils sont menés tout au long de l’étude et utilisent principalement des questions ouvertes (qui, quoi, comment, etc.) (Stoliaroff-Pépin, 2007). Les questions n’étant pas préétablies, le facilitateur doit orienter les discussions dans la direction qui lui permettra de répondre aux objectifs de l’étude. Malgré l’apparence désordonnée de ces entretiens, ils requièrent une préparation importante en amont, tout comme une flexibilité et une certaine rigueur du facilitateur (Catley et al., 2012). L’entrevue est souvent structurée autour d’une série de méthodes qui favorisent le dialogue, permettant d’aboutir à une conversation structurée plutôt qu’à une interview (Pretty, 1995).

L’ÉPIDÉMIOLOGIE PARTICIPATIVE

Dans les années 80, les approches de l’évaluation rurale participative ont commencé à être utilisées par les vétérinaires, en association avec des sociologues, dans le cadre de projets d’élevages communautaires en Afrique et en Asie (Catley et al., 2012). Ces projets ciblaient plus particulièrement les premiers projets de développement sur les auxiliaires d’élevage (Community animal health workers) ainsi que la recherche sur les savoirs ethno-vétérinaires (Catley et al., 2012). Ce n’est qu’à la fin des années 90 qu’est apparu le terme « épidémiologie participative », permettant ainsi de décrire l’utilisation de l’évaluation rurale participative pour des applications vétérinaires (Catley et al., 2012). L’épidémiologie participative est définie comme étant « l’utilisation systématique d’approches et de méthodes participatives dans le but d’améliorer la compréhension des maladies et des options du contrôle des maladies animales » (Catley et al., 2012) ; « l’épidémiologie participative vétérinaire est une branche de l’épidémiologie vétérinaire qui utilise des techniques participatives pour la récolte de données épidémiologiques qualitatives pertinentes, contenues dans les observations des communautés, le savoir ethno-vétérinaire et l’histoire orale traditionnelle » (Mariner et Paskin, 2000).

Ici la participation est utilisée pour faire référence à l’implication des communautés dans la définition et la priorisation de problèmes vétérinaires, et dans le développement de solutions pour l’accès aux services, au contrôle et à la surveillance des maladies (Catley et al., 2012). En effet, les acteurs locaux ont une connaissance très riche et détaillée de leurs animaux ainsi que des maladies infectieuses et zoonotiques qui peuvent gravement affecter leurs moyens de subsistance et mettre en danger la santé humaine (Jost et al., 2007). C’est en se basant sur ces savoirs locaux que l’épidémiologie participative peut aboutir à des programmes de contrôle des maladies qui sont à la fois efficaces, mais également acceptables pour les acteurs (Jost et al., 2007).

En épidémiologie vétérinaire, l’utilisation des approches participatives a été réalisée dans différents contextes pour cibler des objectifs variés : (i) études sur la santé animale, identification des besoins et plans d’actions, (ii) suivi, mesure d’impact et évaluation de projets en santé animale, (iii) études ethnovétérinaires, (iv) surveillance participative de maladie(s), (v) recherche participative, (vi) modélisation de maladies (Catley et Mariner, 2002). L’une des utilisations les plus communes de ces approches se situe dans le cadre de l’évaluation des besoins lors de la mise en place de programmes d’auxiliaires d’élevages, c’est-à-dire lors des phases précoces, voire préliminaires, des projets (Catley, 2005 ; Jost et al., 2007).

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Table des matières

Résumé
Abstract
Remerciements
Liste des abréviations
Liste des tables
Liste des figures
Liste des annexes
Préambule
SECTION I – INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 LES APPROCHES PARTICIPATIVES ET LEUR INTÉRÊT DANS LES PROCESSUS DÉVALUATION
Avant-propos
La participation
Qu’est-ce que la participation ?Origine des processus participatifs
Utilisation des processus participatifs
Les approches participatives
L’évaluation rurale rapide
L’évaluation rurale participative
Principes et outils des approches participatives
Influences et biais des processus participatifs
L’épidémiologie participative
Approches participatives et évaluation
L’évaluation et ses dangers
Les approches participatives pour l’évaluation
Conclusion
CHAPITRE 2 LA SURVEILLANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE EN SANTÉ ANIMALE
Origine et enjeux de la surveillance épidémiologique
Principes des systèmes de surveillance
Acteurs et flux d’informations
Objectifs des systèmes de surveillance
Protocoles de surveillance
Surveillance active
Surveillance évènementielle
La définition du cas
La surveillance de la faune sauvage
Qu’est-ce que la faune sauvage ?
Principes et enjeux
Les acteurs de la faune sauvage
Protocoles de surveillance
CHAPITRE 3 LES LIMITES DES SYSTÈMES DE SURVEILLANCE ET LIMPORTANCE DE LÉVALUATION
Avant-propos
Les limites des systèmes de surveillance
La sous-déclaration
Les délais de déclaration et de gestion des données
La représentativité de l’échantillon et la sensibilité des systèmes de surveillance
Les contraintes budgétaires
L’évaluation des systèmes de surveillance en santé animale
Conclusion
CHAPITRE 4 PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIFS DU TRAVAIL DE RECHERCHE
Problématique
Questions de recherche et hypothèses
Objectifs
Organisation du travail de recherche
SECTION II – TRAVAIL EXPERIMENTAL
CHAPITRE 5 SÉLECTION DES ATTRIBUTS DÉVALUATION
Avant-propos
Méthodes et outils de mesure des attributs d’évaluation
Méthode d’identification et d’analyse
Principaux résultats
Sélection des attributs
Processus de sélection
Principaux résultats
Conclusion
CHAPITRE 6 DÉVELOPPEMENT DES MÉTHODES ET APPLICATION À UNE ÉTUDE PILOTE
Avant-propos
Développement des méthodes
Que faut-il prendre en considération pour mesurer l’acceptabilité
Quels sont les bénéfices non-monétaires à cibler ?
Quel sont les outils participatifs les plus adaptés à privilégier ?
Application des méthodes
Conclusion
CHAPITRE 7 APPLICATION À LA SURVEILLANCE DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN BELGIQUE
Avant-propos
Les bénéfices non-monétaires
Matériel et méthodes
Résultats
Discussion des résultats
L’acceptabilité
Conclusion
CHAPITRE 8 MÉTHODOLOGIE PARTICIPATIVE FINALISÉE POUR LA MESURE DE LACCEPTABILITÉ
Avant-propos
Les éléments à mesurer
L’application sur le terrain
Les méthodes d’entretien
Les participants
La conduite des entretiens
L’équipe d’évaluation
Les outils
Les diagrammes relationnels associés aux smileys
Les diagrammes de flux associés aux empilements proportionnels
Les diagrammes d’impact associés aux empilements proportionnels
Analyse des résultats
CHAPITRE 9 INTÉRÊT DE LUTILISATION DES APPROCHES PARTICIPATIVES POUR LÉVALUATION DES SYSTÈMES DE SURVEILLANCE EN SANTÉ ANIMALE : RÉSULTATS DUN AVIS DEXPERTS
Avant-propos
Organisation de l’avis d’experts
Principaux résultats
Conclusion
SECTION III – DISCUSSION GENERALE, CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE 10 DISCUSSION GÉNÉRALE
Avant-propos
Les attributs d’évaluation et les approches participatives
Sélection des attributs d’évaluation
La méthode de mesure de l’acceptabilité : AccePT
L’estimation des bénéfices non-monétaires
Les approches participatives et l’évaluation des systèmes de surveillance : avantages, limitesPratique en pays développés
La qualité des données
La valeur ajoutée des approches participatives
CHAPITRE 11 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
SECTION IV – RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
GLOSSAIRE

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