La structure des principales associations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord

Les îles Kouriles : un thème politique ancré rapidement à Hokkaidô

Tous les acteurs japonais traitant la question territoriale s’accordent pour dire que le mouvement pour le retour des îles (même si diversifié et difficile à déterminer) se développa rapidement à Hokkaidô : en témoigne la multitude des groupes et associations divers – mentionnés précédemment – qui y furent fondés. Les acteurs politiques locaux ne restèrent pas en reste et la première instance gouvernementale de la préfecture d’ Hokkaidô – le parlement d’ Hokkaidô – incité par les nombreux groupes de pression, manifesta rapidement son intérêt pour la question.
Le Comité pour la demande instante pour le retour des îles appartenant à Hokkaidô, conduit par le maire de Nemuro, organisa le 10 août 1947, à Nemuro, sa première grande assemblée au cours de laquelle une résolution fut votée75. Cette dernière intervint environ deux années après la fin de la guerre et un peu plus d’un an et demi après la requête adressée à MacArthur. L’étude de cette résolution permet de voir les éventuelles évolutions du discours du mouvement, dans sa forme originale et locale de Nemuro, depuis 1945. Par ailleurs, identifier les thèmes développés par ce mouvement local dans cette résolution constitue en quelque sorte le premier échelon de notre mise en perspective du mouvement à Hokkaidô puis de son développement sur l’ensemble du territoire via sa prise en main par le gouvernement japonais.
Cette résolution, articulée en trois points, est évidement moins circonstanciée dans son contenu que la requête datant de décembre 1945. Allant à l’essentiel, le but était de montrer que la demande de rétrocession des îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai était justifiée et qu’elle s’accordait avec les clauses des traités conclus entre les Alliés avant la fin de la guerre.
Ainsi, le Comité employa les mêmes termes que ceux utilisés dans la Déclaration de Potsdam pour définir les quatre îles dont il souhaitait le retour. En effet, l’article 8 de cet accord prévoyait, comme dans les termes de l’accord conclu au Caire, que le territoire du Japon devait être limité aux quatre îles principales (à savoir Honshû, Hokkaidô, Kyûshû et 76 Ibid.
Shikoku) ainsi qu’à de « petites îles » (諸小島) à définir. Pour le Comité, il était clair que, dans les faits, les quatre îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai répondaient aux critères déterminant leur appartenance au Japon. Par conséquent, le Japon était en droit d’exiger leur rétrocession, via une tutelle américaine.
Enfin, citant plus précisément l’accord du Caire de 1943, il est énoncé que le Japon n’avait pas acquis les îles au nord d’ Hokkaidô par la « violence » (暴力) ou par « cupidité » (貪欲), termes utilisés dans l’accord cité, et donc que ces îles ne furent pas « volés » (盗取).
Le Comité prit soin, dans sa résolution, de différencier les territoires conquis par l’ Empire du Japon jusqu’en 1945 des territoires dont il souhaitait le retour. Cependant, les arguments utilisés ici négligeaient de rappeler les termes de l’accord de Yalta de février 1945 où il était explicité que l’ Union soviétique se verrait transmettre, après son entrée en guerre contre le Japon, les îles Kouriles ainsi que la partie méridionale de Sakhaline. Nous remarquons toutefois que le terme de Kouriles n’est pas utilisé dans cette résolution contrairement à la précédente requête. Nous pouvons admettre que le Comité avait pris connaissance de l’accord conclu à Yalta entre temps et entendait défaire les îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai du « joug » que constituait alors le nom d’îles Kouriles, raisonnement qui allait être repris par le gouvernement japonais quelques années plus tard.
Ainsi, entre décembre 1945 et août 1946, nous remarquons que le « credo » du mouvement pour le retour des Territoires du Nord – c’est-à-dire le discours pour la rétrocession des « Territoires du Nord » tel qu’il existe aujourd’hui – fut déjà présent, dès l’année 1946, dans son fief de Nemuro, à Hokkaidô.
A présent, nous allons analyser la première résolution votée par le parlement d’ Hokkaidô au sujet du contentieux territorial des Kouriles.
A la différence de la résolution du Comité, le parlement d’ Hokkaidô ne cita pas ouvertement les accords conclus entre les Alliés. Toutefois, les quatre îles revendiquées sont désignées comme des « petites îles appartenant au territoire du Japon », ce qui renvoie aux termes de l’accord de Potsdam. Toutefois, le parlement considérait les îles d’ Etorofu et de Kunashiri comme appartenant aux Kouriles, ce que le Comité avait négligé de spécifier.
Enfin, l’importance de ces régions est soulignée du fait de ses ressources, indispensables pour la santé des Japonais. Cette insistance sur l’importance des terres en termes d’apport calorique pour le peuple peut être rapprochée du concept de terres indispensables pour la reconstruction du pays selon les termes de Potsdam, comme analysé dans notre exposé sur la requête du maire de Nemuro.
Bien plus modeste dans son exposé que la résolution du Comité, cette résolution montre néanmoins quelle était l’appréciation du parlement d’ Hokkaidô sur la question territoriale avec l’ Union soviétique. Cela marqua en quelque sorte le début de la reconnaissance politique d’un contentieux territorial entre le Japon et l’ URSS au lendemain de Nous retrouvons, dans cette demande, des expressions que nous avons déjà étudiées dans la première partie de ce chapitre dont l’idée selon laquelle l’archipel d’ Habomai constituait une partie à part entière d’ Hokkaidô et était donc de fait un territoire japonais. Cet argument géographique est en outre renforcé par des raisons historique et économique. La grande différence est que la présente résolution ne mentionnait ni le sort des autres îles appartenant aux Kouriles méridionales (à savoir Etorofu, Kunashiri et Shikotan) ni ne réclamait leur retour au pays. La résolution est parfaitement claire à ce sujet : seul l’archipel d’ Habomai était revendiqué comme territoire japonais, l’accord de Potsdam s’y prêtant par l’interprétation des « petites îles attenantes » de l’art.
Dans cette résolution, l’occupation d’ Habomai apparaît presque relever d’un malentendu : bien que partie intégrante d’ Hokkaidô, les troupes japonaises présentes sur Habomai relevaient de la même juridiction que celles des Kouriles. Cela explique que les îles d’ Habomai furent malencontreusement assimilées aux Kouriles par les Soviétiques et les Alliés et furent par conséquent détachées arbitrairement d’ Hokkaidô. Cette résolution ne mentionne pas le sort des anciens résidents (l’expulsion forcée était alors achevée et plus aucun japonais ne résidait sur les îles Kouriles) ni leur installation douloureuse sur l’ Archipel. Pas de mentions non plus de l’importance vitale de ces îles pour l’économie locale de Nemuro et de sa région : les ressources des îles sont importantes parce qu’elles nourrissent tout le pays et non pas la seule localité de Nemuro. La volonté est clairement de supprimer la « teinte trop locale »96 de la demande telle qu’elle apparût sur Hokkaidô pour amener à une résolution pragmatique du contentieux à l’aide d’un discours qui embrasserait l’intérêt de tout le pays.
Ainsi, si la prise en considération de l’existence d’un contentieux avec l’ Union soviétique fut réel avant la conclusion de la Paix avec les Alliés, le Japon n’a construit son discours sur les « Territoires du Nord » qu’au fur et à mesure des négociations pour la normalisation de ces relations diplomatiques avec les Alliés de la Seconde Guerre mondiale.
En 1951, nous observons nettement la distinction entre le mouvement pour la demande du retour des îles tel qu’il existait sur Hokkaidô et la demande du gouvernement japonais basé à Tokyo.
Dans ce chapitre, nous avons vu la naissance d’un mouvement social qui dénonçait l’invasion et l’occupation des îles Kouriles, par les Soviétiques, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement naquit, dès septembre 1945, dans le nord du Japon – à Nemuro – ville et région dont les liens administratifs, économiques, sociaux et culturels étaient particulièrement solides et où les anciens résidents des îles occupées avaient fui. Ce mouvement qui se diffusa rapidement dans la région d’ Hokkaidô était fragmenté : les multiples groupes et associations existants étaient le reflet des diverses pertes subies par des populations certes japonaises mais dont les intérêts divergeaient considérablement les unes par rapport aux autres.
C’est au cours des négociations nippo-soviétiques qui se sont déroulées entre 1955 et 1956, que la demande du Japon à l’égard des îles du Nord fut fixée : le pays réclamait le retour des « Quatre îles du Nord », anciennement partie de l’archipel des Kouriles (Etorofu et Kunashiri, les cas de Shikotan et d’ Habomai sont, comme nous l’avons vu, plus problématiques) car se sont territoires propres au peuple japonais. C’est aussi durant ces négociations que l’audience du mouvement se diffusa plus largement dans l’ Archipel et que ses ressorts furent encadrés par les autorités du pays.

Le plan du gouvernement japonais pour les « Territoires du Nord »

Dix année après la fin de la guerre, le gouvernement japonais n’avait toujours pas de plan déterminé au sujet des îles Kouriles. Pour le Japon, le contentieux territorial avec l’ Union soviétique concernait tous les territoires qui furent envahis à la fin du conflit, c’est-à dire aussi bien les Kouriles que la partie méridionale de Sakhaline. C’est seulement au cours des négociations de 1955 et 1956 que la demande pour la rétrocession de quatre îles devint la position officielle des autorités du pays.
Dans un premier temps, nous verrons comment fut définie la demande japonaise au cours des négociations avec l’ Union soviétique ; nous relèverons l’influence décisive de la guerre froide dans la tournure des événements. Ensuite, partant du rôle essentiel du gouvernement japonais dans le mouvement pour le retour des Territoires du Nord, nous décrypterons les rouages des relations entre le Centre et la périphérie. Nous achèverons ce chapitre par l’étude des structures des grandes associations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord, déjà mentionnées dans notre précédent chapitre et verrons si de grands changements peuvent s’observer dans leurs stratégies ou fondements durant la seconde moitié du XXe siècle.

Les négociations nippo-soviétiques et l’uniformisation du mouvement pour le retour des Territoires du Nord

Les négociations de paix entre le Japon et l’ Union soviétique s’ouvrirent à Londres en juin 1955, soit quatre ans après la signature du traité de paix de San Francisco. La Déclaration commune d’octobre 1956 permit le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays mais ne résolut pas le contentieux territorial. La paix ne fut donc pas définitivement entérinée.

La Déclaration commune et la naissance des « Territoires du Nord »

On qualifie communément les années 1950 de temps de la coexistence pacifique entre le monde occidental et la bloc communiste. Pour les États-Unis, cette période fut plutôt brève : la doctrine soviétique gagnait en influence en Asie orientale aidée en cela par le contexte du réveil des nationalismes et des mouvements contre la domination coloniale des nations occidentales. Ainsi, les Américains étaient particulièrement attentifs au cours des négociations entre le Japon et l’ Union soviétique et furent un acteur à part entière dans celles ci.
En août 1956, lorsque le plénipotentiaire japonais chargé des négociations était sur le point d’accepter l’offre soviétique pour le retour de deux îles (Habomai et Shikotan) le Secrétaire d’ État américain Dulles menaça le Japon de la fin d’une éventuelle rétrocession des îles Ryûkyû (Okinawa). Pour Kimie Hara, cela s’explique par le souhait américain d’entériner sa présence sur Okinawa et de prévenir la conclusion de la paix entre le Japon et l’ Union soviétique. En effet, pour le même auteur, si le contentieux entre le Japon et l’ Union soviétique avait été résolu, cela aurait engendré des pressions sur les Américains pour le retour d’ Okinawa et donc une perte vitale pour la présence américaine en Asie du Pacifique.
Seulement un mois plus tard, le 7 septembre 1956, soit un mois environ avant la signature de la Déclaration commune entre le Japon et l’ URSS, le département d’ État américain publia un mémorandum sur le cours des négociations entre les deux pays d’ Asie.
Ce mémorandum fut souvent mis en avant par le camp japonais pour remettre en question la légitimité de l’occupation soviétique des « Territoires du Nord » et renforcer leur propre revendication. Dans ce document, le département d’ État niait toute valeur juridique à l’accord conclu entre les Alliés à Yalta, en 1945, et affirmait que les îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai étaient bien des territoires japonais115. Cette ingérence américaine a favorisé le blocage des négociations et un éventuel règlement du contentieux territorial nipposoviétique. La commission parlementaire japonaise pour les Affaires extérieures publia, le 6 octobre 1961, son opinion sur le « problème des Territoires du Nord (北方領土問題) . »
Dans ce document, il était rapporté que les quatre îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai étaient des territoires propres au Japon et que le gouvernement appuyait entre autres cette revendication sur la déclaration du 1er août 1956 du ministre Shigemitsu.
La première mention, dans une résolution du parlement japonais, des quatre îles d’ Etorofu, de Kunashiri, de Shikotan et d’ Habomai sous le nom de « Territoires du Nord » ne date, dans nos sources, que de 1973.
Nous verrons par la suite que le système établi par le gouvernement japonais pour encadrer le mouvement pour le retour des Territoires du Nord était déjà bien établi au début des années 1970. Nous pouvons en déduire que le parlement japonais, dans ses résolutions, faisait seulement écho aux mesures prises par le gouvernement sur le sujet.

L’ Association pour l’assistance de nos compatriotes du Sud : premier échelon de la bureaucratisation du mouvement pour le retour des Territoires du Nord

Dans notre mémoire de Master 1, nous mettions en avant la volonté du gouvernement japonais de mettre les différents contentieux territoriaux du pays sous un même rapport, quitte à effacer les différences entre chacune de ces questions, et ce, surtout (nous semblait-il) afin de faciliter leur traitement et d’être en quelque sorte le seul « maître à bord » dans les négociations visant à résoudre ces derniers. Cette tendance peut s’observer dès la fin des années 1950 avec la création de l’ Association pour l’assistance de nos compatriotes du Sud.
Afin de situer cette association dans son environnement et comprendre ainsi comment un groupe occupé à favoriser la résolution du contentieux autour d’ Okinawa en est venu à traiter de la question des îles Kouriles, nous allons momentanément nous écarter de notre sujet principal.
Le gouvernement japonais se résolut à clarifier sa demande territoriale pour les territoires au nord de l’ Archipel qu’au lendemain de la Déclaration commune nipposoviétique.
Peu à peu, il systématisa le mouvement pour la demande de retour des Territoires du Nord en s’appuyant sur le mouvement déjà existant.

Un système pour résoudre le contentieux des « Territoires du Nord »

Lors de sa prise en main du mouvement pour le retour des Territoires du Nord et de sa promotion, le gouvernement japonais ne se contenta pas de fonder une association auquel il confierait la gestion du dossier. Bien plus, c’est tout un système qu’il organisa au fil des années. Ce système, qui avait pour but l’organisation du mouvement sous l’égide du gouvernement, visait à unifier le mouvement pour la demande de retour des îles au Japon sur la position définie des autorités et d’amener l’opinion publique japonaise à soutenir le gouvernement japonais dans ses négociations diplomatiques avec l’ Union soviétique.

Le Bureau ministériel pour la planification du Nord

Le Bureau ministériel pour la planification du Nord (北方対策本部) est un organe spécial du Cabinet du Premier ministre japonais. Sur le site officiel est proposé un historique de ce bureau avec son rôle, son organisation, ainsi qu’un rapport des moyens budgétaires à sa disposition. Les objectifs du bureau sont énoncés comme suit.
Ces deux changement illustrent deux aspects distincts des problèmes auxquels devait faire face la Ligue : d’abord, elle a dû calquer son discours sur celui du gouvernement japonais (les Kouriles font place aux « Quatre îles du Nord »), quitte à nier ses origines (comme son nom l’indique, elle regroupe toujours, au moins en théorie, tous les anciens habitants des Kouriles). L’autre aspect concerne le vieillissement de la base de l’association : les anciens résidents étant très âgés voire disparus, il fallait maintenir vivante l’association tout en conservant son portrait très ancré localement, d’où la nécessité d’élargir sa base de recrutement visant les membres réguliers.
En 1996, la Ligue comptait, toutes catégories confondues, quatre mille huit cent cinquante-trois adhérents. En 2015, ils étaient quatre mille deux adhérents. Nous ne disposons pas des données entre 1958 et 1996 et donc ne pouvons pas observer, sur le long terme, l’évolution du nombre des adhérents de la Ligue. Cependant, plusieurs points sont à souligner : d’abord, bien que la Ligue fut destinée à regrouper tous les anciens résidents des Kouriles, dans la charte fondatrice de 1958 ne figure aucune personne en provenance des îles au nord d’ Etorofu. Les membres fondateurs proviennent tous des « Quatre îles du Nord » (vingt-six personnes originaires d’ Etorofu ; treize de Kunashiri ; deux de Shikotan et une seule d’ Habomai173), qui étaient les îles les plus peuplées en 1945 (environ dix-sept mille Japonais y résidaient). Il faut aussi rappeler que les autres îles de l’archipel des Kouriles étaient quasiment sans habitant. Bien que les habitants des autres îles Kouriles n’étaient pas représentés, le but fixé par la Ligue restait de « soutenir le mouvement pour la rétrocession des îles Kouriles et d’ Habomai, le repeuplement de celles-ci et l’aide aux anciens résidents. »
D’autre part, tous les anciens résidents n’ont pas pris part à cette association : là aussi, même si nous manquons de données, nous pouvons observer qu’en 2015, sur quatre mille deux adhérents, environ deux mille soixante-dix étaient des anciens résidents (sur les six mille six cent quarante et un anciens résidents vivants recensés en 2015 par l’ Association du Nord). L’entrain n’est pas unanime chez les anciens résidents et nous verrons plus loin que la plupart restent surtout attachés au respect dû aux ancêtres et donc aux visites des tombes familiales sur ces îles plutôt qu’à promouvoir le mouvement de retour des Territoires du Nord.
Pour l’année 2015, le budget prévisionnel de la Ligue était de deux cent quatre-vingts six millions de yens (soit deux millions et quatre cent mille euros). Cet argent était fourni en grande partie (deux cent vingt-six millions de yens) par l’ Association du Nord. La préfecture d’ Hokkaidô contribuait au budget pour cinquante millions de yens. Enfin, les frais d’adhésion et les cotisations annuelles des membres avaient rapporté un peu plus de six millions de yens.
Au regard de ces chiffres, nous comprenons que la Ligue des anciens résidents est, elle aussi, soutenues en grande partie par l’ État japonais et les collectivités territoriales. Les membres (peu importe leur catégorie) sont peu nombreux et ne permettent pas un fonctionnement indépendant de l’association. Par conséquent, les tâches que celles-ci entreprend doivent être approuvées, en amont, par les autorités du pays avant leur exécution.
A l’inverse, le gouvernement peut lui imposer des directives. Cependant, étant donné que la Ligue constitue en quelque sorte une image authentique du mouvement initial apparu à Nemuro en 1945, nous pouvons conjecturer que cette association conserve un certain degré d’autonomie, notamment au sein de son conseil d’administration et lors de ses réunions. Les résolutions prises par le Ligue sauront nous éclairer à ce sujet.
Cette étude de la structure des grandes associations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord nous a permis de mettre en évidence la dépendance financière de celles-ci vis-à-vis du Centre voire leur encadrement administratif par le gouvernement japonais. Cette dépendance pécuniaire s’accompagne certainement d’une soumission vis-à-vis du cadre défini par les autorités japonaises sur la définition de ce que sont les îles pour lesquelles le pays réclame le retour ou des méthodes et actions mises en place à cette fin. Pourtant, nous verrons que dépendance ne veut pas forcément dire servilité et que, même si le credo du mouvement défini par le gouvernement japonais est respecté, une marge de manoeuvre reste possible pour certains acteurs : le cas le plus intéressant et le plus pertinent est celui de la Ligue des anciens résidents.

La Ligue des anciens habitants des îles Kouriles et d’ Habomai : une association allant à l’encontre du pouvoir central ?

Le titre de cette partie peut surprendre au vu des propos tenus dans la partie traitant des financements et structures des principales associations oeuvrant pour le retour des îles au Japon. En effet, la Ligue des anciens habitants des îles Kouriles et d’ Habomai, bien qu’autonome dans son administration (les principaux responsables doivent être originaires des « Territoires du Nord », ce qui implique, en théorie au moins, une certaine intégrité et un respect pour la cause des anciens résidents), demeure largement dépendante du gouvernement japonais pour son financement et son maintien sur la scène publique. Pourtant, au regard de certaines déclarations émises par la Ligue, nous remarquons que cette association ne manque pas de donner des recommandations au gouvernement japonais afin de favoriser une résolution rapide du contentieux territorial avec la Russie. De plus, ces recommandations prennent parfois la forme de véritables critiques des choix politiques décidés par les dirigeants japonais.

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Table des matières

Remerciements
Notes de l’auteur
Introduction générale
Chapitre premier : les prémices du mouvement pour la rétrocession des îles Kouriles au lendemain de la guerre (1945-1952)
I – Nemuro et le sort des résidents des territoires au nord de l’archipel japonais
A/ Les initiatives du maire de Nemuro au lendemain de la guerre
B/ Le rôle des anciens résidents dans la naissance du mouvement
II – Les autorités japonaises et le « chantier des Territoires du Nord »
A/ Les îles Kouriles : un thème politique ancré rapidement à Hokkaidô
B/ Une prise de conscience lente et confuse du gouvernement japonais sur le contentieux des îles au nord du pays
C/ Les contentieux territoriaux du Japon : des séquelles de l’après-guerre
Chapitre 2 : Le plan du gouvernement japonais pour les « Territoires du Nord »
I – Les négociations nippo-soviétiques et l’uniformisation du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
A/ La Déclaration commune et la naissance des « Territoires du Nord »
B/ L’ Association pour l’assistance de nos compatriotes du Sud : premier échelon de
la bureaucratisation du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
II – Un système pour résoudre le contentieux des « Territoires du Nord »
A/ Le Bureau ministériel pour la planification du Nord
B/ Trois groupes d’acteurs pour le règlement du contentieux des « Territoires du Nord » : le gouvernement japonais, les organes administratifs et associations et le peuple japonais
C/ Le coût du soutien du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
D/ La loi de 1982 et l’établissement du fonds pour le développement des régions du Nord
III – La structure des principales associations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
A/ Les trois principales associations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord : ressources humaines et financement
B/ La Ligue des anciens habitants des îles Kouriles et d’ Habomai : une association allant à l’encontre du pouvoir central ?
Chapitre 3 : La rédaction de l’ Histoire des « Territoires du Nord »
I – Le discours japonais pour le retour des « Territoires du Nord » : concilier les
aspirations nationales avec le droit international
A/ Le Japon : pays démocratique et pacifique
B/ Les Japonais des « Territoires du Nord » : des victimes de la guerre
II – Les moyens de l’écriture de l’ Histoire des « Territoires du Nord »
A/ La « Librairie du Nord »
B/ Les publications
III – Les manifestations du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
A/ Le mouvement pour la demande de rétrocession des Territoires du Nord
B/ Les anciens résidents en tête du mouvement ?
C/ Construire un pont entre le Japon et les « Territoires du Nord »
Chapitre 4 : L’essoufflement du mouvement pour le retour des Territoires du Nord : un état des lieux au xxie siècle
I – La pérennité du mouvement dans les mains du peuple japonais ?
A/ La remise en question du soutien populaire du mouvement
B/ Les jeunes générations : cibles et acteurs du mouvement pour le retour des îles
II – Un mouvement bureaucratisé et corrompu ? La remise en question du mouvement pour le retour des îles au Japon
A/ Les critiques de Muneo Suzuki : ancien député d’ Hokkaidô à la Diète
B/ Les critiques du fond du discours du mouvement pour le retour des Territoires du Nord
Conclusion générale
Annexes
Chronologie
Cartes et illustrations
Requête, déclarations et résolutions
Données sur le mouvement pour le retour des Territoires du Nord
Sources et références bibliographiques
Sources
Bibliographie

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