La spiritualité dans la vie institutionnelle

La spiritualité dans la vie institutionnelle

Définitions de la religion

Le concept de spiritualité est très souvent confondu ou lié à celui de la religion. Il se pourrait que nous utilisions encore aujourd’hui ces deux termes de manière associée. Car selon Armin Kresmann, la spiritualité ne fut pendant longtemps vécue et définie qu’au sein de la religion. Il n’y avait en effet pas de possibilité pour la société d’avoir accès à une autre forme de spiritualité. (Kresmann, 27 Décembre 2009) Voici deux définitions de la religion selon des dictionnaires de langue française. Ceux-ci mettent en avant l’aspect pragmatique lié à une croyance. « Système de croyances et de pratiques propre à un groupe social. » (Rey, 1998) « Ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré. Ensemble de pratiques et de rites spécifiques propres à chacune de ces croyances. Adhésion à une doctrine religieuse, foi. » (Dictionnaire le Larousse, 2016) Au vu de ces citations, la notion de groupe est importante lorsque l’on parle de religion.

C’est ce que nous souligne également Alexandre Jollien (2016), philosophe suisse et Peter Hill (2013), auteur, pour qui la dimension de connexions semble essentielle dans la religion. Pour le philosophe suisse, la dimension de groupe permettrait aux individus de se connecter à Dieu mais également de se connecter les uns aux autres en expérimentant « ensemble une réalité qui dépasse les préoccupations matérielles ». (Reflets, 2016, p. 23) Quant à Peter Hill (2013), il définit la religion comme étant « les moyens et méthodes (rituels, prescriptions) en vue de la recherche du sacré qui sont validés et supportés à l’intérieur d’un groupe identifiable. » (p. 24) Pour lui, le groupe va orienter la recherche du sacré. Car il définit aussi la religion comme étant «la poursuite de buts non sacrés (identité, intégration, communautaire, bien-être) dans un contexte qui a pour premier objectif la recherche du sacré. » (Hill cité par Collaud, 2013, p.24) A travers ces différentes définitions, la religion pourrait rejoindre l’aspect de la spiritualité sur les mentions du sacré. Mais la religion est beaucoup plus concrète et pragmatique de par le fait qu’elle donne un cadre précis sur les manières de vivre une croyance.

Différences et similitudes entre Religion et Spiritualité Comme vu précédemment, le concept de spiritualité n’existait que dans le cadre de la religion. Or Armin Kresmann explique dans son article « Spiritualité et religion dans les institutions sociales : mission et déontologie » que le concept de spiritualité a évolué à travers le temps. En effet, aujourd’hui, la spiritualité va bien au-delà de la religion puisque cette dernière n’est devenue « qu’une des formes d’expression du spirituel ». (Kresmann, 27 Décembre 2009) Les notions de spiritualité et de religion diffèrent sur bien des niveaux. Christophe André relate le fait que la religion est extérieure à l’homme et qu’elle structure les croyances en y donnant un cadre. En d’autres termes « elle est une manière d’organiser la spiritualité, de la partager, et d’une certaine façon de proposer comment l’accomplir au quotidien ». (Christophe André cité par Reflets, 2016, p.24) La spiritualité, quant à elle, « est souvent associée à une expérience personnelle intérieure, qui peut inclure ou non une relation à un être supérieur ». (Guérin, 2012, p. 167) D’après François Rosselet, la notion de spiritualité ne peut pas être définie par la notion de religion et vis-versa.

Ces deux notions ont certes beaucoup de points communs mais elles ne sont pas identiques. La notion de spiritualité peut se détacher de la religion si elle ne se rattache pas à des dogmes ou croyances spécifiques. Et la religion de son côté peut se détacher de la spiritualité s’il ne s’agit que de pratiques religieuses vides de sens. (Rosselet, 2009) « Le domaine de la spiritualité déborde largement le domaine de la religion et aucune religion ne saurait revendiquer l’entier du champ spirituel. De même la religion peut également se revendiquer comme une des porteuses de la dimension spirituelle ; on ne peut lui dénier ce fait. » (Rosselet, 2009) Bien que ces deux notions soient parfois vécues de manière détachée et séparée pour certains, pour d’autres « la religion et la spiritualité restent encore indissociables » (p. 48). Ces personnes accordent autant d’importance à leur pratique religieuse qu’à leur vie spirituelle vécue au quotidien, qui fait partie intégrante de leur religion. (Canda & Furman, 2010 cités par Guérin, 2012, p.48)

Définitions de la laïcité Selon Roland J. Campiche, la laïcité est la « séparation de l’Eglise et de l’Etat », un Etat laïque serait donc un Etat qui ne reconnaît pas de religion spécifique mais qui est ouvert à toutes croyances religieuses. (2010, p. 37) Voici d’autres définitions tirées du Centre national de ressources textuelles et lexicales (2012) créé par le centre national de la recherche scientifique français. Ici, il est également parlé de séparation entre la religiosité et la société. « Principe de séparation dans l’état de la société civile et de la société religieuse. » (Centre national de ressources textuelles et lexicales, 2012) « Caractère des institutions, publiques ou privées, qui, selon ce principe, sont indépendantes du clergé et des Églises; impartialité, neutralité de l’État à l’égard des Églises et de toute confession religieuse » (Centre national de ressources textuelles et lexicales, 2012) Pour le Réseau Laïque Romand, la laïcité serait composée de la liberté de conscience (liberté de croyance), l’égalité de droit (pas de discrimination) ainsi que de l’universalité de l’Etat (on est tous citoyens). De plus, pour eux l’Etat devrait donc laisser de côté les normes morales ou traditionnelles pour pouvoir se concentrer sur le principe de justice qui est davantage constant et cohérent. (Réseau Laïque Romand , 2016)

L’être humain avec une dimension spirituelle

La spiritualité peut aussi être vue comme étant une dimension innée et propre à l’être humain. Suzanne Guérin, parle de la perspective holistique ou bio-psychosocio- spirituelle dans un de ses essais qui prend en compte la globalité de l’homme. Il s’agirait ici de voir l’homme comme un tout, avec plusieurs dimensions (physique, psychique, sociale et spirituelle). Selon elle, la spiritualité fait donc entièrement partie de l’être humain, c’est une dimension qui interagit et influence les autres dimensions et se laisse influencer par celles-ci. (Guérin, 2012) Pour Thierry Collaud, auteur sur l’éthique sociale et théologien, la dimension spirituelle est « une dimension constitutive de la personnalité » (qui n’est pas de l’ordre de l’optionnel et qui donc est présente chez toute personne). (p. 19) Elle fait donc entièrement partie de l’être humain. (Collaud, 2013) Suzanne Guérin, s’appuyant sur les dires de Jacques Grand’Maison (2002, 2004), théologien, écrivain et sociologue, explique que la dimension spirituelle est présente dans notre intimité profonde. C’est un « réservoir de ressources inépuisables accessibles à tous et à toutes, comme la voie royale pour développer différentes capacités dont celles d’établir un rapport sain avec soi-même, avec l’autre, avec l’humanité, avec Dieu si son existence est reconnue. » (p. 40) Pour eux, la dimension spirituelle est présente en chacun et est une clé pour l’épanouissement de notre être intérieur, de par le fait qu’elle apporte du sens à ce que l’on peut vivre, établis nos croyances et nos valeurs et est un moteur à l’engagement pour rendre le monde meilleur. (Guérin, 2012, pp. 40-41)

Appartenances religieuses dans le canton de Vaud et en Suisse Dans ce chapitre, je me baserai principalement sur l’Office de la statistique Suisse pour mettre en lumière les tendances actuelles de la société en matière de religiosité. En 2014, selon la statistique vaudoise sur la population résidante permanente âgée de 15 ans et plus, 62,9% de la population appartient à une religion chrétienne (soit 31% catholique, 25,8% réformée et 6.1 % d’autres communautés chrétiennes). Bien que cela représente encore aujourd’hui la majorité de la population vaudoise, il est important de signaler que ce chiffre a considérablement diminué depuis les années 1970 où il se situait à 97,6%. Cela est notamment dû au nombre de réformés évangéliques qui a chuté de près d’un tiers. La deuxième religion la plus représentée en 2014 est l’islam avec 4.9%.

D’autres religions sont représentées mais cela n’équivaut qu’à un faible pourcentage de la population (soit 0.3% juifs et 1.3% autres). (Office fédérale de la statistique Suisse, s.d.) En 2014, 28,4% de la population se dit être sans appartenance religieuse alors qu’il ne s’agissait que d’un pourcent en 1970. (Office fédérale de la statistique Suisse, s.d.) Mais selon l’enquête de l’office fédéral de la statistique sur les pratiques et croyances religieuses et spirituelles en Suisse, parmi ce pourcentage, près de la moitié croient en une « sorte de puissance supérieure » (p.15) ou en l’existence d’un « Dieu unique » (p.15) et un tiers se déclarent plutôt ou très spirituels. Ce n’est donc pas parce qu’une personne se dit n’appartenir à aucune religion qu’il n’y a pas de spiritualité ou de croyance. (Office férérale de la statistique OFS, 2016, pp. 6, 15)

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Table des matières

1.Introduction
1.1 Motivations
1.2 Lien avec le travail social
2. La problématique
2.1 Questions de départ
2.2 Question de recherche
2.3 Objectifs visés
2.4 Les hypothèses
3. Concepts théoriques
3.1 Introduction
3.2 La spiritualité
3.2.1 Définitions de la spiritualité
3.2.2 Définitions de la religion
3.2.3 Différences et similitudes entre Religion et Spiritualité
3.2.4 Définitions de la laïcité
3.2.5 L’être humain avec une dimension spirituelle
3.2.6 Une spiritualité laïque
3.3 Rencontre entre la société́ civile, le travail social et les démarches de spiritualité
3.3.1 Evolution de la spiritualité dans la société civile et dans le travail social
3.3.2 Collaborations entre les communautés religieuses et l’Etat en Suisse
3.3.3 Appartenances religieuses dans le canton de Vaud et en Suisse
3.3.4 Les établissements socio-éducatifs vaudois
3.4 Prise en charge de la personne atteinte de maladie psychique
3.4.1 Définition des troubles psychiques
3.4.2 Définition de la schizophrénie et manifestation des symptômes
3.4.3 Les délires mystiques en schizophrénie
3.4.4 Influence de la schizophrénie sur le quotidien et besoins des personnes
3.4.5 Définition des troubles bipolaires et manifestation des symptômes
3.4.6 Influence des troubles bipolaires sur le quotidien et besoins des personnes
3.4.7 Différentes prises en charge
3.4.8 Prise en charge holistique ou prise en charge globale
4. Méthodologie
4.1 Méthode de collecte des données
4.1.1 Prise de contact et éthique de la recherche
4.2 L’entretien et son déroulement
4.3 L’échantillon
5. Analyse des données
5.1 Introduction
5.2 La retranscription
5.3 Le traitement des données
6. Résultats
6.1 Prise en compte de la dimension spirituelle dans l’accompagnement
6.2 La spiritualité dans la vie institutionnelle
6.3 L’apport de la spiritualité dans la prise en charge
7. Vérification des hypothèses
7.1 Hypothèse 1
7.2 Hypothèse 2
7.3 Hypothèse 3
8. Conclusion
8.1 Synthèse et réponse à la question de recherche
8.2 Perspectives professionnelles et pistes d’action
8.3 Bilan d’apprentissages personnels et limite de la recherche
Bibliographie
Annexes

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