La sémiotique des personnages féminins : Les quêtes du récit

Définition du personnage romanesque

   Le personnage est une partie intégrante du roman. Il est considéré comme l’agent manipulateur de l’histoire. Les évènements dépendent de lui. Pour cette raison, cette entité littéraire fut et continue à constituer l’objet d’étude de plusieurs théoriciens et on ne cesse de lui donner de nouvelles dimensions.Dans son sens étymologique, et tel qu’il a été indiqué par le dictionnaire de la langue française Le Robert pour tous, le terme personnage provient du mot latin « persona » et qui désigne « masque ».Plusieurs spécialistes de la théorie de la littérature se sont intéressés à cette partie intégrante du récit, en lui attribuant de multiples définitions qui nous seront forcément utiles tout au long de notre recherche. Parmi les théoriciens et chercheurs les plus marquants qui se sont intéressés à ce sujet nous citerons : Gérard Genette, Philippe Hamon, A.J. Greimas, Paul Ricoeur et Vincent Jouve. Les travaux réalisés par ces chercheurs et théoriciens marquent un grand tournant dans l’histoire de la théorie de la littérature.Dans l’optique de la narratologie, le personnage est considéré comme l’un des éléments fondamentaux des actions romanesques. Ainsi, Gérard Genette, critique et théoricien littéraire français : « ne considère pas le personnage comme un élément narratif intrinsèque et n y fait allusion qu’indirectement quand le personnage assume un rôle au niveau de la narration ou de la focalisation . En d’autres termes, Genette considère le personnage par rapport à ses actions et à ses interventions dans le récit romanesque. Il considère donc le personnage comme un adhérent à l’histoire.Plusieurs critiques ont été attribuées à cette approche narratologique qui n’a pas donné une grande dimension à cette notion de personnage, notamment par Vincent Jouve, professeur de littérature française, qui considère que : « l’insuffisance du discours de la narratologie sur le personnage est patente »Vincent Jouve analyse le personnage à partir du point de vue du lecteur. Il déclare dans son ouvrage L’effet personnage dans le roman : « Dans notre perspective (phénoménologique) nous sommes donc en droit de distinguer entre un fonctionnement de surface de l’œuvre (qui s’adressait au lecteur virtuel) et un fonctionnement profond (qui apparaissait au lecteur comme sujet) » Par conséquent, Jouve considère le personnage, à partir de l’effet que celui-ci produit chez le lecteur soit au niveau de l’image mentale construite autour de ces protagonistes, ou bien au niveau des sentiments que les lecteurs ressentent pour les personnages d’un roman.

Qu’est ce qu’un personnage féminin ?

   La femme a toujours suscité l’admiration et l’appréciation de l’écrivain. Dans l’antiquité grecque les rhéteurs ont largement chanté les grâces et les muses. A l’époque médiévale, les femmes saintes et la vierge Marie ont été particulièrement représentées dans les livres saints. Avec l’apparition du genre romanesque plusieurs types de femmes ont été représentés. De différents écrivains réalistes du XIXème siècle ont consacré leurs histoires au personnage féminin. La femme fut le sujet d’inspiration de nombreux écrivains français du XIXème siècle. Prenons à titre d’exemple Balzac et Stendhal qui se sont inspirés de la femme dans la rédaction de leurs œuvres. La femme à cette époque là était considérée soit comme un support au héros masculin de l’œuvre ; soit comme un moyen pour embellir l’histoire : « Historiquement, les femmes ont occupé la place de l’autre dans un rapport hiérarchisé, faisant du « féminin » quelque chose qui ressemble au « masculin » mais en moins bien, en moins parfait ou, au contraire, très idéalisé, ce qui revient au même »  Ce n’est qu’au XXème siècle que la femme fût devenue un élément de lutte et de protestation dans la littérature, notamment avec l’apparition du courant féministe, dont l’une des pionnières Simone de Beauvoir, tente de répondre à la question «Qu’est ce qu’une femme ? » dans la majorité de ses œuvres, et dans Le Deuxième sexe en particulier. Cet ouvrage réécrit l’histoire des femmes d’un point de vue biologique et sociologique et remet en question les stéréotypes faits sur cet être depuis des siècles. Représenter une femme dans un roman : « Se dessine à travers les traits, les aspects explicites ou implicites sous lesquels elles s’expriment, de même celle de la femme ne saurait s’y soustraire. Elle suscite alors plusieurs paramètres liés aux aspects typologiques, sociologiques et psychologiques de la femme et des situations de celle-ci liées à ses conditions d’existence, etc. » Cela veut dire qu’un personnage féminin doit donc être doté d’une psychologie et d’un physique bien définis par le narrateur. Ces traits caractéristiques doivent être directement liés au contexte et à l’espace dans lesquelles ces protagonistes féminins agissent et évoluent.

Qu’est ce que l’écriture féminine algérienne ?

  L’avènement du féminisme en France, au XXème siècle, a encouragé les femmes à se libérer des jougs qui leur ont été imposés pour longtemps par les traditions et l’ordre social. C’est pourquoi, plusieurs écrivaines se sont mises à dénoncer cette situation par le biais de l’écriture. Leur objectif consistait, cependant, à se libérer des « jougs » qui les entouraient et des préjugés qui emprisonnaient la gente féminine dans une coquille, et qui les dirigent vers une destinée déjà fixée par la société. Les travaux de la philosophe féministe française, Simone de Beauvoir ont largement contribué à la naissance d’une « écriture féminine » : « La notion d’« écriture féminine » apparait vers 1975 quand Hélène Gixous publie La Jeune née en collaboration avec Catherine Clément, suivi dans la même année de l’essai « le rire de la méduse » dans le numéro de l’Arc, consacré à Simone de Beauvoir ». Les principes apportés par de Beauvoir, notamment ceux qui font appel à l’autodétermination des femmes au sein d’une société patriarcale, ont inspiré plusieurs écrivains et écrivaines d’une manière particulière. Jensen se référera dans sa recherche de l’ « écriture féminine » aux travaux d’Hélène Cixous qui est écrivaine et dramaturge, et déclare ensuite : « Dans ce que je viens d’esquisser comme une théorie sur l’«écriture féminine » chez Cixous, on se retrouve finalement confrontés à une sorte de paradoxe, puisque le refus de l’identité à soi entre dans une logique d’une affirmation du féminin » Il y a donc une sorte d’absurdité et contradiction dans tout cela, car ce refus de cette identité a été affirmé au niveau de l’écriture. Concernant notre cas, l’écriture féminine qui nous intéresse dans notre recherche est celle du Maghreb, et de l’Algérie en particulier, car notre corpus s’inscrit dans la littérature francophone du Maghreb. Jean Déjeux est un écrivain français qui s’est spécialisé dans ce type de littérature. Il a porté une attention particulière à l’écriture féminine du Maghreb dans son ouvrage La littérature féminine de langue française du Maghreb. Cet écrivain chercheur a analysé, dans cet ouvrage, l’écriture féminine maghrébine, et algérienne en particulier, du XXème et nous indique, de ce fait, la particularité de cette écriture : «Qu’il y ait une « spécificité » de l’écriture féminine, ceci peut être débattu. Cette particularité est plus ou moins apparente selon les auteurs. Il existe, en tout cas, une condition féminine commune, qui entraîne une parenté dans les revendications et les expressions.» Le style d’écriture féminine algérienne, varie d’une écrivaine à une autre. Sa particularité réside en l’évocation du sujet de la femme et la condition de celle-ci. Parmi les précurseurs de l’écriture féminine en Algérie nous citerons : Fadma Aït Mansour, Taous Amrouche et Djamila Debèche

Paratexte Des enfants du nouveau monde

   L’analyse des éléments paratextuels d’un roman constitue une étape primordiale avant d’entamer l’analyse d’un roman. Cette analyse a pour but d’éliminer toute sorte d’ambigüité et d’ambivalence chez le lecteur et d’aider ce dernier à se situer dans le roman. Nous allons donc étudier le paratexte tel qu’il a été présenté et étudié par Gérard Genette dans Seuils, en nous intéressant aux éléments qui renvoient à notre sujet de recherche tels que le titre, l’épigraphe et la première et la quatrième page de couverture.Gérard Genette, critique littéraire et théoricien appartenant au courant structuraliste, du XXème siècle, a défini le paratexte d’une manière très large et a analysé les différentes composantes de celui-ci, en lui consacrant tout un ouvrage, intitulé Seuils,publié à Paris en 1987. Ce théoricien définit le paratexte ainsi : « le paratexte est donc pour nous ce par quoi un texte se fait livre et se propose comme tel à ses lecteurs et plus généralement au public ». De plus : « il s’agit ici d’un seuil, ou […] d’un « vestibule » qui offre à tout un chacun la possibilité d’entrer, ou de rebrousser chemin » En d’autres termes, le texte littéraire est toujours accompagné d’éléments paratextuels afin de le renforcer et de lui donner un sens et une cohérence, à l’exemple du titre, le nom de l’auteur, la quatrième de couverture, etc. Ce sont donc ces éléments là que Genette appelle paratexte. Après avoir défini le paratexte, Genette nous parle des différentes fonctions de celui-ci : « pour le rendre présent, pour assurer sa présence au monde, sa « réception » et sa consommation, sous la forme, aujourd’hui du moins, d’un livre » Par conséquent, les éléments paratextuels renforcent le texte littéraire et servent à faciliter la lecture de ce dernier et le rendre utile et agréable. Ce n’est qu’avec la présence du paratexte qu’on peut considérer un texte littéraire comme un livre au sens propre.Gérard Genette divise cette notion de paratexte en deux. Elle se compose d’un « péritexte » et d’un « épitexte » : « comme il doit désormais aller de soi péritexte et épitexte se partagent exhaustivement et sans reste le champ spatial du paratexte ; autrement dit, pour les amateurs de formules, paratexe = péritexte + épitexte ».

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Chapitre I : Approche théorique : Personnage et autres notions clés
1- Définition du personnage romanesque
2- Evolution du statut du personnage
3- Qu’est ce qu’un personnage féminin?
4- Qu’est ce que l’écriture féminine algérienne ?
Chapitre II : Texte, paratexte et contexte
1- Paratexte Des enfants du nouveau monde
1-1 Le titre
1-3 L’épigraphe
2 – Les enfants du nouveau monde : un contexte précis
Chapitre III : Pour une analyse sémiologique des personnages féminins
1- L’être des personnages féminins
2- Le faire des personnages féminins
3- L’importance hiérarchique des personnages féminins
4- La catégorie des personnages anaphores
Chapitre IV : Lecture sémiotique des personnages féminins
1- L’onomastique des personnages féminins
2- La sémiotique des personnages féminins : Les quêtes du récit
2-1- Chérifa : La femme traditionnelle libérée
2-2- Lila : L’émancipée cloîtrée malgré elle
2-3- Salima : L’héroïne tourmentée
2-4- Touma : Une tentative de libération avortée
2-5- Hassiba : Une femme libre pour un pays libre
2-6- Suzanne : Une modernité assumée
Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *