La santé mentale des Inuit 

Les Inuit d’ici et d’ailleurs

Les Inuit vivent sur le territoire du Grand Nord depuis 4 500 ans (Desrosiers et al., 2008). Ils occupent encore aujourd’hui plusieurs territoires: La Russie, l’Alaska, le Groenland et le Canada. Malgré une si vaste étendue territoriale, les similarités – entre autres sur les plans du langage et de la culture – sont frappantes d’ une région à l’ autre.
La population mondiale inuite est de 152 000 habitants (Inuit Tapirrit Kanatami, 2004) dont environ 50000 au Canada (Tait & Statistiques Canada, 2008). Bien que l’on observe des différences importantes entre les Inuit et les autres populations autochtones du Canada et d’ ailleurs, on note de folies et frappantes similitudes quant à leur histoire et à l’ impact de celle-ci sur leur vécu actuel (Kirmayer, Brass, & Tait, 2000).
Le Nunavik est une région du Québec située au nord du 55e parallèle. Elle couvre un territoire de 500 000 kilomètres carrés (Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, 2011). La population de cette région est majoritairement inuite. Les Inuit du Nunavik font partie d’ un des trois groupes décrivant les populations autochtones dans la Constitution canadienne de 1982 (Initiative sur l’éthique de la recherche avec les Autochtones, 2008). Ils se distinguent de Premières Nations et des Métis par leur langue, leur culture et leur héritage. Ils se retrouvent dans quatre régions au Canada, le Nunatsiavut (Labrador), le Nunavut, la région d’Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest) et le Nunavik au Québec (Inuit Tapiriit Kanatami, 2007). En 2001 , les Inuit représentaient 90 % de la population totale de cette région (Société Makivik, 2007).

L’histoire récente du colonialisme chez les Inuit

Selon Loomba (2005), le colonialisme est défini comme étant la conquête et le contrôle des biens et du territoire appartenant à d’autres personnes. Il peut s’ observer sous la forme de l’appropriation des ressources, l’ exploitation de la main-d ‘œuvre et l’ interférence dans la structure politique et culturelle au sein d’un territoire ou d’ une nation donnée. Les Inuit du Québec sont victimes du colonialisme, et malgré plusieurs efforts du gouvernement du Canada pour améliorer la situation dans les dernières années, ceux-ci s’ inscrivent encore dans une philosophie de culture dominante et de peuple colonisateur (Kral & Idlout, 2009; Williams & Mumtaz, 2008).
À cause du colonialisme, les Inuit du Canada ont vécu plusieurs bouleversements au cours du dernier siècle. Ils ont été victimes de l’oppression culturelle et d’ une assimilation forcée par les politiques et les institutions eurocanadiennes (Kirmayer, Simpson, & Cargo, 2003 ; Kral, Idlout, Minore, Dyck, & Kirmayer, 2011). Tout d’ abord, au début de 20e siècle l’ implantation de postes de traite de fourrure a entraîné des changements économiques et une perte d’ autonomie causée par le contrôle externe des marchands sur les Inuit grâce au crédit et à la collecte de dettes. De plus, l’établissement des missions et de la Gendarmerie royale du Canada a imposé des variations en ce qui a trait aux croyances et à l’organisation sociale (Inuit Tapiriit Kanatami, 2004). Par la suite, de 1949 à 1970 la mise sur pied de pensionnats – dans un objectif clair d’ assimilation des Inuit à la culture occidentale (Richmond & Ross, 2008a) – a aussi eu des impacts importants sur les liens familiaux, la culture ainsi que la spiritualité inuite et l’estime de soi des jeunes qui les ont fréquentés, sans oublier les sévices sexuels et physiques infligés à certains enfants (King, 2006; Kirmayer, Gone, & Moses, 2014).

Impacts intergénérationnels

En plus d’ affecter la santé mentale des Inuit, le trauma collectif, les pertes et les deuils causés par les politiques d’assimilation ont causé des bouleversements sociaux importants (Kirmayer et al. , 2000), ainsi que des bouleversements intergénérationnels (Kirmayer et al. , 2003).
Pour mieux comprendre l’impact intergénérationnel, les chercheurs ont développé le concept de trauma historique (Evans-Campbell, 2008). On définit tout d’abord un évènement traumatique comme un épisode qui sort de la normalité et qui constitue, pour l’individu, un stress mental et physique exceptionnel. Cet évènement peut provoquer des réactions dysfonctionnelles, et ce, selon la sévérité et la durée dudit évènement traumatique (Evans-Campbell, 2008). S’ il est infligé à un groupe de personnes qui partagent une affiliation ou une identité comme l’ethnicité, la nationalité et l’affiliation religieuse, il se définit comme un trauma historique. Ces traumas peuvent, de façon temporaire, se limiter à une seule génération, mais habituellement ils se déroulent sur plusieurs. Les personnes qui en sont victimes perçoivent alors les évènements distincts associés au trauma comme une même expérience vécue de façon continue (Campbell & Evans-Campbell, 2011). Les traumas génèrent un haut niveau de stress et de deuil chez les populations contemporaines et sont habituellement perpétrés par des gens de l’extérieur des communautés affectées (Evans-Campbell, 2008).

La recherche participative centrée sur la collectivité

La recherche participative centrée sur la collectivité, communément appelée Communtiy-based participatory research ou CBPR, est un terme utilisé pour décrire une approche participative. Il ne s’agit donc pas d’ une méthode, mais bien d’un processus qui vise l’augmentation du savoir et la compréhension d’ un phénomène, pour ensuite intégrer ces connaissances aux interventions, aux politiques et aux changements sociaux qui visent l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des membres d’ une communauté (Israel, Eng, Schulz, & Parker, 2013). Ce qui différencie la recherche participative, c’ est que les gens qui y sont impliqués proviennent des communautés et qu’ ils seront également responsables de l’ action. Ce ne sont pas seulement des chercheurs provenant de l’ extérieur (Stake, 2010).
En s’ appuyant sur une revue importante de la littérature, Israel et al. (2013) ont défini neuf principes directeurs qui s’ appliquent à la CBPR. Précisons qu’ il est cependant important de contextualiser ces principes lorsque l’ application est plus spécifique et qu’ elle doit être culturellement appropriée, comme dans le cas des peuples autochtones (Thomas, Donovan, Sigo, & Price, 2011). C’ est pourquoi, de leur côté, Jacklin et Kinoshameg (2008) ont développé huit principes qui s’ inscrivent dans la recherche auprès des Premières Nations. Ceux-ci comprennent le partenariat, l’ autodétermination, le contrôle des communautés, les bénéfices mutuels, l’ holisme, l’action, la communication et le respect.

La définition de la santé mentale

Selon les jeunes Nunavimmiuts rencontrés, pour atteindre une bonne santé mentale trois éléments doivent être présents. Il faut affronter ses problèmes, prendre de bonnes décisions et considérer l’aspect holistique dans la recherche de l’ atteinte du bien-être. Ce dernier aspect se retrouve dans la définition de l’Organisation mondiale de la Santé (2001) qui stipule que la santé mentale ne se réduit pas à l’ absence de troubles mentaux. Elle renvoie plutôt au bien-être, à l’ équilibre et à la capacité d’ une personne à s’ adapter aux difficultés de la vie quotidienne. Cependant, selon l’OMS (2001), ces capacités sont individuelles et ne tiennent pas compte de l’influence de l’environnement sur la personne. Par contre, cette définition spécifie que la santé physique et la santé mentale ne peuvent exister l’ une sans l’autre. Il est possible que la maladie et la santé se côtoient tant et aussi longtemps que l’équilibre qui inclut l’ individu, les autres et l’ environnement est maintenu (World Health Organization, 2005). Dans cette définition, l’ individu est responsable de son équilibre avec son environnement, contrairement à la vision des jeunes pour lesquels l’environnement et les autres sont en interaction. Les autres, tout comme les communautés et les sociétés, peuvent influencer l’ équilibre d’ une personne. Il importe de considérer cet aspect pour mettre en place des programmes pour les jeunes. L’intervention doit s’adresser à eux, mais aussi à leur famille, leur communauté, etc.

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Table des matières

Introduction 
Problématique
Les Inuit d’ici et d’ailleurs
Données sociodémographiques
L’histoire récente du colonialisme chez les Inuit
Impacts intergénérationnels
Les déterminants de la santé chez les Autochtones
Scolarité et pauvreté
Les problèmes psychosociaux au Nunavik
La santé mentale des Inuit
Questions de recherche
Contexte théorique 
La recherche auprès des populations autochtones
La recherche auprès des Inuit
OCAP ou Ownership, control, access and possession
La recherche participative centrée sur la collectivité
Photovoice comme méthodologie de recherche
L’aspect éthique de Photovoice
Les avantages et limites de Photovoice
Le processus à suivre
L’analyse des données
L’analyse qualitative
L’analyse thématique
Les étapes d’analyse
La pyramide des besoins de Maslow
Le modèle écologique du développement de Bronfenbrenner
Méthode 
L’approbation éthique
Collecte de données au Nunavik
Participants
Vision des jeunes Nunavimmiuts
Recension des programmes existants en promotion et en prévention de la santé mentale des jeunes
Article
Problématique
Les Inuit du Nunavik, colonialisme et impacts intergénérationnels
Méthodologie
Résultats
Les difficultés identifiées par les jeunes
La définition de la santé mentale
Les solutions proposées
Les ressources disponibles dans le Grand Nord
Discussion 
Limites
Conclusion
Références 
Discussion
La définition de la santé mentale
Les difficultés
Les solutions
Les programmes existants
Les recommandations
Les limites de l’étude
Conclusion 

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