LA SANTE ET L’AUTOMEDICATION A MADAGASCAR

LA SANTE ET L’AUTOMEDICATION A MADAGASCAR

Les informations concernant les pratiques de soins et les pratiques sanitaires peuvent circuler sous différentes formes et sur divers supports. Que ce soit sur internet, sur les plateaux des émissions télévisées ou radiophoniques, et même dans les conversations quotidiennes des gens. Ces informations concernent les moyens pour se soigner, c’est-à-dire l’automédication. Un phénomène que n’importe quel pays au monde connaît. Des remèdes de grand-mère à l’utilisation de médicaments sans consultation médicale, ou encore l’utilisation de remèdes naturels, l’automédication est perçue par les professionnels de santé comme une pratique dangereuse (M.A. Tsaratsara, 2011) (S. Fainzang, 2006 : 5). Pourtant, elle présente un enjeu d’autonomie sanitaire pour l’individu. Il veut prendre en main sa propre santé (S. Fainzang 2010 : 129), il agit avec confiance et plus de certitude. Cette autonomie renvoie à un choix que l’individu effectue pour prendre en main sa santé. Cette pratique est courante dans la société malgache. Toutefois, malgré le progrès des TIC, le média traditionnel reste effectif. Les conversations quotidiennes peuvent servir à échanger des astuces sur le soin ou la prévention, se passant des points de vue savants émanant des spécialistes dans le domaine de la santé. Force est de constater que les médias classiques, notamment la radio, ceux qui prévalent encore dans les milieux ruraux et reculés des divers territoires malgaches, ne privilégient pas toujours l’interactivité dans la production d’information sur la santé. Les informations médiatiques liées à la santé sont pour la plupart des informations techniques non traduites provenant du domaine médical. Les activités des différentes instances de santé dominent l’espace médiatique, laissant de côté les savoirs locaux, et les acteurs détenteurs de ces savoirs comme les tradipraticiens ou les guérisseurs traditionnels. Les informations médicales et institutionnelles gagnent les espaces médiatiques tant privés que publics, nationaux que locaux. Ils véhiculent des idées toutes faites sans se préoccuper des besoins du public et des pratiques de santé existantes (J.-P. Olivier de Sardan 1995, 188).

LA SANTE ET L’AUTOMEDICATION A MADAGASCAR

La santé : base du développement humain et économique 

La santé est parmi les trois conditions essentielles pour le développement de l’individu. Le Pasteur Ravelojaona l’affirme : la santé, l’argent et l’esprit sont les trois « états » qui assurent le développement de la personne. Une bonne santé assure un meilleur état d’esprit (Ravelojaona 1909). Il se réfère au proverbe malgache « Raha voatohina ny aty marary ny afero », ce qui signifie littéralement « quand on heurte le foie, la bile en est malade » . C’est-à-dire, explique Ravelojaona, que l’état d’esprit est tributaire de l’état de santé. Un esprit sain ne peut cohabiter avec un corps maladif . Cet état d’esprit constitue l’épanouissement de l’individu donc son développement. En termes de qualité de vie, la santé est le premier indicateur permettant de mesurer le développement d’une population. Une population en bonne santé peut produire et donc peut contribuer à la croissance économique locale et nationale. Cette croissance renvoie à un développement économique au niveau tant macro que microéconomique. En effet, si l’individu est père de famille, il peut travailler pour faire vivre son foyer et assurer le bon fonctionnement de celui-ci financièrement et dans tous les autres domaines. En somme, il s’agit du bien-être du foyer. Et ce schéma de fonctionnement est reproductible jusqu’à atteindre la dimension macroéconomique c’est-à-dire au sein d’une communauté, d’une société et même d’une nation. Le développement durable contient trois dimensions qui sont en permanente interaction : l’économique, l’écologique et le social. L’économie et l’écologie sont les ressources permettant de raviver la dimension sociale du développement (J.-L. Dubois et F.-R. Mahieu, 2002). La santé fait partie de cette dite dimension sociale. Une population en bonne santé peut travailler et produire, voire s’auto-suffire. Les dimensions économiques et écologiques font vivre l’être humain, dans son ensemble. Le développement de l’individu dépend de la relation qu’il entretient avec son environnement. L’environnement écologique fournit à l’humanité les matières premières quotidiennes. Il est la ressource en aliments, c’est de lui que tous les principes actifs des médicaments et des produits pharmaceutiques sont extraits. Elle sert de ressource pour les produits naturels permettant de prévenir, soigner, traiter des maladies. Les stratégies adoptées par les acteurs politiques et locaux ont pour finalité la préservation de l’environnement écologique. D’un point de vue économique, ces ressources naturelles sont des sources de revenus pour la communauté et le pays. En outre, tant au niveau macro que microéconomique, le développement s’exprime en « croissance auto-entretenue et en équilibre » (J.-L. Dubois et F.-R. Mahieu, 2002). Cela s’obtient par les actions économiques au sein de la société appuyées par les politiques publiques. Les actions de l’être humain sont donc de produire pour s’autonomiser, et améliorer davantage ses conditions de vie en répondant à ses besoins et aspirations au sein de la société.

La santé : définition
L’OMS (1986) définit la santé comme étant «un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité». Le bien-être physique et mental abordé en sciences médicales dépend d’un environnement social équilibré. Ce qui rejoint la conception de Jolivet. La santé est « la relation entre les individus, et entre individu et son environnement ». Cette relation permet à l’individu de produire convenablement. C’est aussi un comportement et une responsabilité pour une bonne condition de vie. (Jolivet 2014) .

L’automédication : points de vue de différents acteurs
D’une manière générale, l’automédication est vue sous différents points de vue selon divers acteurs qui ne sont pas forcément des acteurs spécialistes de la santé. Ainsi, avant de proposer une définition, il convient de voir ces différents points de vue des acteurs. L’anthropologue française S. Fainzang(2012), a fait émerger par ses multiples enquêtes, les différentes stratégies utilisées par les individus pour se soigner. Elle définit l’automédication comme « un acte, pour le sujet, de consommer de sa propre initiative un médicament sans consulter un médecin pour le cas concerné, que le médicament soit déjà en sa possession ou qu’il s’en procure à cet effet, dans une officine ou auprès d’une autre personne ». En sciences de l’information et de la communication, cet « acte » est précédé d’un acte informationnel. C’est-à-dire que « le sujet » a eu accès à une information avant de prendre « l’initiative » de « consommer » le médicament, et peut aussi être suivi d’un autre acte informationnel, c’est-à-dire qu’il va faire circuler, partager cette information aux autres.

Circulation d’informations liées à la pratique de l’automédication

Les acteurs producteurs d’informations liées à la santé sont nombreux et divers. Le système embrase différents secteurs qui ne sont pas seulement limités à l’Etat et à ses domaines connexes. Le secteur privé y trouve aussi son compte. . L’Etat, pour ses actions de sensibilisation et sa politique publique produit différentes informations institutionnelles liées à la santé ; les institutions de formation de personnels de santé, les centres de sports et de fitness… sont tout autant des producteurs d’informations. Néanmoins, les informations circulent entre les acteurs, notamment les individus au sein de la société, et qui leurs permettent de pratiquer l’automédication. Cette question de circulation d’informations est le fondement de ce travail.

Les acteurs dans la pratique de l’automédication
Dans un système d’acteurs sur la santé, les origines ainsi que l’aboutissement des informations sont difficiles voire même impossible à déterminer. La circulation d’informations permettant la pratique de l’automédication est complexe. Les acteurs rencontrés dans cette pratique ne sont pas seulement les dirigeants. Effectivement, elle est dynamisée par différents types de relations entre les acteurs qui font qu’une pratique est bien plus considérable qu’une autre. Ces relations se passent dans diverses situations et dans diverses conditions. Et les acteurs ainsi que les informations qu’ils produisent sont tout autant influents sur la pratique de l’automédication.

Les « décideurs » en termes de politique nationale de santé, comme l’Etat, les organismes internationaux et supranationaux sont ceux qui optent pour des actions globales en termes de santé. Ils agissent en adoptant des stratégies à l’échelle nationale. Les actions de ces décideurs portent sur la politique nationale de santé, y compris la réglementation législative des médicaments et des divers procédures thérapeutiques, qu’il s’agisse de savoirs locaux (intérieur) ou de savoirs venus de l’étranger (extérieur comme la médecine chinoise). Cette politique concerne surtout la structure formelle de la santé. La légalisation et la formalisation des différentes méthodes thérapeutiques par l’établissement de cadre réglementaire sont les moyens utilisés par l’Etat répondant aux recommandations émises par l’OMS. Ils informent dans l’objectif d’empêcher la pratique de l’automédication.

Les professionnels de la santé, qui renferme les personnels de santé publics et privés quant à eux, disposent des savoirs dits savants en matière de santé. Leurs savoirs faire relèvent de plusieurs années d’études et de pratiques dans les soins. Dans la plupart des cas, notamment pour les personnels de santé publics, ils suivent les directives données par les décideurs et rendent compte régulièrement de leurs activités. L’ordonnance médicale ou le carnet médical est un support par lequel les informations et les savoirs se transmettent entre le médecin et son patient. Le médecin est producteur d’informations pour le patient qui va en user selon sa convenance.

Les tradipraticiens et les guérisseurs traditionnels sont des recours pour certaines communautés. Ils conseillent surtout à leurs patients des méthodes thérapeutiques naturelles basées essentiellement sur la croyance. Sont considérés comme acteurs commerciaux les vendeurs de médicaments légaux ou illicites. Les acteurs sociaux sont la communauté et ses membres, composés des familles et des individus. La figure qui suit montre globalement les relations se tenant entre les divers acteurs dans la pratique de l’automédication. Ces relations peuvent être de nature sociale comme pour l’individu et son entourage ; structurelle, comme les personnels de santé et l’Etat ; ou encore professionnelle, si on parle de la relation entre tradipraticien et individu.

Productions d’informations permettant la pratique de l’automédication
Les informations liées à l’automédication sont tout autant diverses que les acteurs qui les produisent. Des informations médicales, purement techniques et notamment destinées à un public spécialiste de la médecine, passant par les informations institutionnelles, ainsi que les informations économiques et publicitaires, vers ce que Romeyer appelle les « informations de santé »(H. Romeyer (dir.), 2010) ; qu’elle entend bien souligner la différence entre « informations médicales » . En se référant à cette auteure, les informations de santé sont des informations destinées à un large public non spécialistes de la santé et de la médecine. Elles se présentent sous un langage accessible à différents types d’acteurs, par exemple les conseils pour entretenir sa santé, les explications concernant l’importance du sport sur la santé de l’individu… Tandis que les informations médicales sont purement destinées à une communauté spécialiste de la médecine, usant des jargons et de langage propre à ce domaine.

Les différentes formes d’automédication 

Dans ce travail, l’automédication ne sera pas seulement réduite à une perspective de traitement de maladie (J.-P. Olivier de Sardan, 2006). Au-delà de ça, l’automédication sera abordée en prenant en compte les composantes sociales et culturelles contenues dans cette pratique et les modalités de circulation des informations et des savoirs. Par composantes sociales et culturelles nous voulons dire les pratiques communes de la communauté. L’automédication est un phénomène mondialement connu. Ce sont les formes que prend cette pratique qui se différencient d’un pays à un autre. Pour les pays industrialisés, l’automédication concerne dans la plupart des cas l’usage de médicaments pharmaceutiques qu’on y trouve en abondance (S. Fainzang 2010). Les études et les recherches sur l’automédication sont axées sur la consommation des médicaments pharmaceutiques. Dans les pays Sud, qui sont riches en biodiversité, l’usage des remèdes traditionnels entre aussi dans le cadre de l’automédication. Ainsi, ce travail va considérer ces deux aspects de l’automédication (J.-P. Olivier de Sardan 2006) .

CONCLUSION GENERALE 

Les informations sur la santé liées à la pratique de l’automédication présentent des enjeux cruciaux au vu du contexte. Ces informations méritent une attention particulière de la part des professionnels de l’information, spécifiquement les journalistes, lors des traitements. Leur tâche première serait de faire une lecture des réalités sociales en matière de santé, donner la parole à différentes catégories d’acteurs dans la société avant de les confronter aux points de vue des spécialistes. Cette démarche nécessite la considération et l’adoption de nouvelles méthodes journalistiques privilégiant l’interaction sociale.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE 
PREMIERE PARTIE
1. LA SANTE ET L’AUTOMEDICATION A MADAGASCAR
2. CADRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
3. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE
1. ANALYSE DE L’EXISTANT
2. PREMIER NIVEAU D’ANALYSE : EXPLICATIVE
3. DEUXIEME NIVEAU D’ANALYSE : TRAITEMENT DU CORPUS
TROISIEME PARTIE
1. DEMARCHE DE CONCEPTION D’UNE EMISSION RADIOPHONIQUE
SUR LA SANTE
1.1. Typologie d’informations issues des interactions sociales
1.2. Les médias comme influence de la pratique de l’automédication
1.3 Aspect technique du produit
CONCLUSION GENERALE

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