La sage-femme face à l’annonce d’une mort foetale in utéro

La maternité est certainement, de tous les services hospitaliers, celui où l’on s’attend le moins à être confronté à la mort. La profession de sage-femme est souvent considérée comme « le plus beau métier du monde » par notre société. Elle nous évoque, dans un premier temps, l’accompagnement d’évènements heureux, la mise au monde, et l’entrée dans la vie. Malheureusement, les sages-femmes peuvent, à tout moment, se retrouver face à la mort, qu’elle soit subite, en période anténatale ou post natale, programmée en période anténatale, ou bien qu’il s’agisse d’une mort maternelle. Lors de ces évènements, elles peuvent se sentir vite démunies. Nous nous intéresserons particulièrement à l’accompagnement de la Mort Fœtale In Utéro. Plus précisément, j’ai décidé de m’interroger sur la façon dont une sage-femme peut annoncer au mieux cet évènement tragique. En effet, cette étape est souvent négligée par les professionnels de santé car elle constitue un moment douloureux.

QUAND LA MORT SURVIENT AVANT LA NAISSANCE 

La grossesse et l’accouchement nous font penser, dans un premier temps, à l’entrée dans la vie. Cependant, en tant que sage-femme, nous pouvons être confrontées, à tout moment, au décès d’un fœtus avant même qu’il ne soit né. D’une manière générale, la mort d’un enfant est encore plus traumatisante que toutes les autres morts. En ce qui concerne le vécu d’une mort fœtale in utéro par le couple parental et les sages-femmes, présentes dès le diagnostic, des difficultés viennent s’ajouter. Le contexte est différent. Toute une médicalisation se met en place autour de cet évènement et les parents doivent faire le deuil d’un enfant imaginaire qui n’a pas vécu.

Je vais, dans un premier temps, définir la mort et le processus de deuil qu’elle engendre chez les proches du défunt. Dans un deuxième temps, je m’intéresserai au décès d’un enfant ayant vécu, avant d’étudier le cas particulier de la mort fœtal in utéro et du deuil périnatal.

La mort : généralités 

Définition 

La mort est un fait biologique, social, et culturel. D’un point de vue biologique, elle se définit comme la cessation définitive de toutes les fonctions corporelles. (1) Elle résulte de l’incapacité permanente de l’organisme à résister aux modifications imposées par son environnement. La mort marque la fin de vie et s’oppose à la naissance. Cet évènement est aussi un fait social. La personne décédée est intégrée dans la société en tant que défunt. Elle est habillée et installée. Elle va continuer son existence sociale dans la mémoire d’autrui et dans le culte qu’on lui rend. (2) Aujourd’hui, dans notre société occidentale, la mort est devenue inacceptable et occultée. A l’heure où la performance est érigée en valeur dominante, la mort reste quant à elles synonyme de fin du prestige social. La rupture entre la mort apprivoisée et la mort reniée, a commencé à l’époque du siècle des lumières où l’esprit rationnel et scientifique prend le pas sur l’irrationnel et la pensée magique. (3, 4) L’arrêt cardio-respiratoire est le premier signe physiologique de la mort. Aucun mouvement respiratoire ni aucune pulsation ne sont perçus. La personne ne parle pas, ne bouge pas, et ne réagit ni à la parole, ni au toucher. (2) En France, et dans tous les autres pays développés, la mort d’un être humain est toujours constatée par un médecin. Celui-ci rempli un certificat de décès comprenant la date et l’heure de constatation de la mort, l’identité de la personne décédée, les causes suspectées et l’absence de contre- indication à une inhumation ou à une crémation.

Une des tâches à laquelle nous pouvons être confrontées, est l’annonce de cet évènement. Il s’agit d’un acte important qui déclenche rapidement, chez les proches du défunt ce que l’on appelle le processus de deuil.

Le deuil 

Définition
La notion de deuil a été mise en évidence par Sigmund FREUD, dans son œuvre intitulée Deuil et Mélancolie, en 1915. Il s’agit d’un processus intrapsychique. Selon Freud, « c’est la réaction à la perte d’une personne aimée ». C’est « un mécanisme d’adaptation à la perte d’un objet d’attachement ». Il s’agit d’une expérience individuelle. Chacun ne vit pas les mêmes émotions et les mêmes réactions lors d’un décès.

Les différentes étapes du deuil
Le processus de deuil mobilise beaucoup d’énergie psychique et physique. Durant cette période, il faut reconnaître la perte, souffrir, réagir, se réinvestir, se reconstruire, accepter la vie sans l’être aimé. Il s’agit d’un travail qui se déroule en plusieurs étapes. Nous constatons que certains auteurs comme Sigmund FREUD, Michel HANUS, Ginette RIMBAULT ou encore Janine PILLOT ont chacun décrit leur modèle conceptuel. D’une manière générale, nous retenons quatre étapes principales.

– L’incrédulité et le refus : La personne ne réalise pas ce qui lui arrive. Elle fait comme si, ce qu’elle refuse ou ne parvient pas à admettre, n’existe pas. Cette phase peut durer quelques minutes à quelques heures, voire quelques jours. Elle se caractérise par un état de stupeur, de repli sur soi. Parfois, nous pouvons aussi observer un déni. Cela permet de conserver un espoir.

– La nostalgie et la recherche du disparu : Cela débute lorsque la réalité du défunt commence à s’imposer. La douleur morale est intense et se traduit par des émotions, des attitudes qui peuvent varier d’une personne à l’autre. Généralement, nous observons une tristesse, une colère et une culpabilité. Certains peuvent aussi demander des explications pour trouver un responsable, une cause, une origine. Cette étape s’accompagne d’irritations, de nervosité, avec parfois des reproches et des menaces envers soi même ou envers le professionnel de santé ayant annoncé la mauvaise nouvelle. Le but étant de décharger toutes les tensions.

– La désorganisation et la dépression. Le sujet réalise et intègre progressivement la perte à laquelle il est confronté. Les projets investis avec le défunt s’effondrent. Il est important que cette étape soit reconnue et respectée par les soignants et l’entourage. A ce moment, des rituels sont importants pour mettre le défunt à distance de soi.

– La réorganisation de la vie en l’absence de la personne décédée. Nous observons une réapparition de rêves et de projets, mais aussi la peur de perdre les nouveaux objets d’attachement.

D’après Ginette RIMBEAUD, quelques conditions sont nécessaires au travail de deuil. L’amour pour l’autre ne doit pas être annulé, il ne faut pas se confondre dans la mort réelle ou symbolique de l’autre. La relation antérieure avec l’être disparu est importante. Il faut accepter sa propre mort comme un destin inéluctable. De plus, elle explique que le travail de deuil met à l’épreuve les capacités d’adaptation à un traumatisme et peut réactiver un deuil ancien.

Le deuil pathologique 

Dans certaines situations, le travail de deuil est modifié en intensité, en durée, et se caractérise par des aberrations de son processus. Dans ce cas, six à douze mois après la perte de l’être cher, nous observons une persistance :
– De l’incapacité à croire à la disparition
– Du refus d’accepter la mort
– Du comportement de recherche active du disparu et de la colère
– Des épisodes soudains et intenses de détresse émotionnelle
– Des préoccupations et ruminations centrées sur la personne disparue
– Des comportements d’évitement
– Des pleurs incoercibles.

Le deuil pathologique concerne 10 à 20% des personnes endeuillées. Le risque est d’autant plus important en cas de mauvais soutien social, d’antécédents psychiatriques, de mort inattendue, de pertes nombreuses, d’immaturité, ou lorsque la personne décédée est un enfant. Il nécessite la mise en place d’un traitement spécifique tel que des antidépresseurs et une psychothérapie.

En tant que professionnels de santé, nous occupons une place importante dans la prévention et le dépistage des troubles chez les patients endeuillés. Un des premiers moyens de prévention consiste à travailler sur la façon dont nous pouvons annoncer au mieux le décès.

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Table des matières

SOMMAIRE
Université Henri Poincaré, Nancy I
Remerciements
Sommaire
Introduction
Partie 1
1. Quand la mort survient avant la naissance
1.1. La mort : généralités
1.1.1. Définition
1.1.2. Le deuil
1.2. La mort d’un enfant ayant une histoire
1.2.1. Le vécu des parents suite à l’annonce du décès de leur enfant
1.2.2. Faire le deuil d’un enfant ayant une histoire dans la vie familiale
1.3. La mort fœtale in utéro
1.3.1. Généralités
1.3.2. Faire le deuil d’un enfant étant décédé avant même d’être né
2. Annoncer une mauvaise nouvelle lorsque l’on est soignant
2.1. Définitions
2.1.1. L’annonce
2.1.2. La mauvaise nouvelle
2.2. L’annonce de la mort d’un proche par les professionnels de santé
2.2.1. Annonce de la mort d’une manière générale
2.2.2. Annonce de la mort fœtale in utéro par les sages-femmes
2.3. Les conséquences de l’annonce d’une mauvaise nouvelle
2.3.1. Les réactions immédiates chez le patient
2.3.2. Les conséquences à long terme
2.3.3. Comportement des professionnels de santé confrontés à l’annonce d’une
mauvaise nouvelle
Synthèse
Partie 2
1. Présentation de l’étude
1.1. Problématique
1.2. Hypothèses
1.3. Objectifs
1.4. Outil d’enquête
1.5. Critères d’inclusion
1.6. Points faibles
1.7. Points forts
2. Présentation des résultats
Partie 3
1. La sage-femme face à la découverte d’une mort fœtale in utéro
1.1. L’annonce : un moment difficile à vivre pour les sages-femmes
1.1.1. Les principales circonstances de découverte d’une mort fœtale in utéro
1.1.2. Le ressenti des sages-femmes lors de cet évènement
1.2. Le comportement des sages-femmes au moment de l’annonce d’une mort
fœtale in utéro et dans les suites immédiates
1.2.1. Les formations complémentaires
1.2.2. La perception de la mort
1.2.3. L’expérience professionnelle
1.3. Les effets de l’annonce d’une mort fœtale in utéro, faite par la sage-femme,
sur le couple parental
Synthèse
2. Pistes de travail
2.1. L’annonce de la mort fœtale in utéro
2.1.1. Des connaissances théoriques sont nécessaires
2.1.2. Pistes de travail pour améliorer l’annonce
2.2. Les suites immédiates de l’annonce : Un entretien avec le couple parental
2.2.1. Une sage-femme disponible et à l’écoute
2.2.2. L’empathie
2.2.3. Ne pas minimiser l’évènement
2.2.4. Déculpabiliser la patiente
2.2.5. Humaniser l’enfant
2.2.6. Des connaissances théoriques sont nécessaires pour d’éventuelles
informations
2.3. Les professionnels de santé
2.3.1. Comprendre que notre place est importante dans ces moments
2.3.2. La gestion des émotions
2.3.3. Un travail d’équipe
2.3.4. Rendre visite à la patiente quelques jours après l’annonce
2.3.5. Mise en place d’un dispositif d’annonce adapté à la périnatalité
Conclusion
Bibliographie
Annexe 1
Annexe 2
RESUME

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