La ruralité de demain, un engagement national et local

Le monde rural a changé, il est aujourd’hui bien différent de ce qu’il pouvait être il y a soixante ans. Ces mutations et ces transformations ont été majoritairement induites par un changement sociologique. Ce bouleversement est visible à travers la dynamique territoriale du monde rural qui permet de saisir les réalités spatiales et les évolutions du territoire français. Le monde rural d’aujourd’hui ne se limite plus aux liens qu’il entretenait avec le monde agricole. De plus, il ne fait plus l’objet de représentations négatives basé sur des idées préconçues, le regueulant comme le négatif du monde urbain. Les espaces ruraux aspirent, aujourd’hui, à un futur plus positif dont les frontières ne sont plus aussi distinctes et aussi discriminantes qu’auparavant. Les campagnes françaises sont désormais des espaces pluriels, complexes dont les limites sont de plus en plus floues.

Pierre Georges, géographe français, a écrit, dans son dictionnaire de la géographie parut au début des années soixante-dix, que ce qui définit la campagne c’est principalement le fait qu’elle s’oppose à la ville. Il définissait, tout d’abord, la ville et ses composants pour ensuite proposer une définition de la campagne ou tout simplement ce qui reste lorsque l’on soustrait l’espace urbain. Or, cette définition s’applique à une période qui est aujourd’hui révolue compte tenu de la diversité des espaces ruraux qui existent en France. En effet, ces territoires sont variés tant par leurs paysages et par les différences de fonctions (agricole, touristique et industrielle). En France, l’homogénéisation des territoires tend à faire disparaître l’opposition classique ville-campagne, le processus de périurbanisation et l’étalement urbain ont modifié le paysage du monde rural dont les limites sont sans cesse repoussées. Il n’existe alors plus un type d’espace rural mais une multitude de territoires ruraux présentant des contextes différents et des situations spécifiques et rendant complexes leurs définitions. La ruralité se perçoit davantage comme une représentation, c’est-à-dire, ce que nous considérons comme appartenant à la campagne impliquant par conséquent les pratiques et les usages au sein de ces territoires mais aussi les individus qui l’habite.

La complexité des espaces ruraux réside également dans l’hétérogénéité de la densité des populations. En France, on considère que les espaces à dominante rurale se constituent de moins de deux milles habitants agglomérés (sauf si elles sont rattachées à une unité urbaine) . Or, en fonction des contextes, les campagnes françaises peuvent excéder les deux milles habitants ou au contraire être bien inférieur à ce chiffre, ce constat rend la notion de ruralité difficilement dénombrable. Au-delà du fait que les espaces ruraux semblent de plus en plus difficiles à identifier, ces territoires rencontrent également des difficultés socio-économiques de plus en plus marquées. En effet, les espaces ruraux français sont le résultat d’évolutions passées qui a entrainé, pour un certain nombre de communes rurales isolées une déprise sans précédent.

La ruralité de demain, un engagement national et local

Le but est également de mettre en lumière les préoccupations des pouvoirs publics face à ce problème et les actions menées en faveur de l’égalité des territoires. Nous reviendrons, notamment, sur la question des Zones de Revitalisation Rurale (ZRR), introduites par la Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire dite « loi Pasqua » en 1995 qui permettra de faire un retour historique sur la notion de revitalisation et sur les outils mis à disposition tels que les contrats de ruralité définis par la circulaire du 23 juin 2016. Cet engagement national permet d’aborder, ensuite, la notion de revitalisation, un terme fortement utilisé par les décideurs nationaux et qui fait référence à différents champs d’intervention. Une partie est accordée à sa définition et une autre permettra de faire la comparaison avec d’autres termes utilisés en lien avec la revitalisation.

Une « renaissance rurale » (Kayser, 1990) contrastée

Le repeuplement relatif des territoires ruraux français 

Un changement démographique
Dès 1975, et malgré une attractivité forte des communes périurbaines, on a assisté à un renouveau démographique au sein des campagnes françaises. Avant cette date, rappelonsle, les territoires ruraux avaient tendance à perdre des habitants : les soldes migratoires étaient négatifs et le solde naturel ne suffisait plus à compenser les départs de population. Les années soixante-dix marquent une période de stabilisation du solde démographique et par conséquent la « renaissance » des espaces ruraux (Kayser, 1990). Progressivement, les campagnes accueillent de nouveaux arrivants, la population arrivante est jeune et active, on assiste à un rajeunissement des profils sociaux en campagne (Bouron, Georges, 2015). Ce changement, entrainant le repeuplement progressif des campagnes, le solde migratoire devient positif, comme on le voit sur le graphique, ci-dessous, le solde démographique est en hausse constante à partir de 1970, la population augmente néanmoins le solde naturel est toujours négatif. Dès les années deux mille, la situation change. On assiste toujours à une augmentation des migrations vers les campagnes et, en plus de cela, le solde naturel redevient progressivement positif. On rentre dans une phase de revitalisation des territoires ruraux.

Un renouveau démographique
A partir de 1975 et après plus d’un siècle d’exode rural, les territoires ruraux ont connu un important renouveau démographique. En effet, dans les années soixante-dix, le monde rural ne perd plus d’habitants mais au contraire en gagne de plus en plus. Ce changement de tendance démographique est visible à travers les chiffres du recensement à cette époque. Entre 1962 et 1968, on remarque que le solde migratoire reste positif en ce qui concerne les pôles urbains français, on enregistre ainsi 1.78 millions d’habitants qui s’installent en ville en six ans . En revanche, entre 1975 et 1982, la tendance s’est inversée, les pôles urbains ne gagnent plus d’habitants et perdent progressivement de l’attractivité alors que les espaces à dominante rurale voient leur solde migratoire devenir positif. Comme on le voit dans le tableau ci-dessous , le solde migratoire, entre 1975 et 1982, atteint les 0.214 millions d’habitants pour les espaces à dominante rurale. On assiste à un maintien de cette tendance entre 1982 et 1999 (+0.2 millions d’habitants en 17 ans). Les chiffres témoignent d’un regain de vitalité démographique en ce qui concerne les espaces ruraux. Mais cette attractivité rurale est à relativiser, compte tenu des chiffres relevés au sein des communes périurbaines. En effet, à partir de 1968, le solde migratoire des communes périurbaines devient positif (0.529 millions d’habitants entre 1968 et 1975) avec un pic qui atteint 1.049 millions d’habitants à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, puis la tendance s’est stabilisée en 1982.

L’explosion démographique des espaces périurbains

Jusqu’aux années quatre-vingt-dix, l’attractivité rurale est dominée par une nouvelle forme d’urbanisation qui attire une part importante de la population urbaine mais également rurale. C’est le processus de périurbanisation et le développement des franges périurbaines qui va être à l’origine de flux migratoires importants. J-B. Bouron et P-M. Georges définissent la notion de périurbanisation comme « la construction de nouveaux bâtiments à l’extérieur de la ville, et des infrastructures pour les relier. Cette construction a lieu sur des parcelles agricoles ou des espaces naturels » (103 p.). Ils précisent également le fait que ce phénomène n’est pas récent mais qu’il est « aussi ancien que la ville elle-même : pour absorber de la population, [on] peut soit gagner en hauteur, soit gagner en densité soit s’étaler » (103 p.) entrainant autrefois l’apparition des faubourgs autour des cités médiévales et des banlieues ouvrières à l’entrée des villes industrielles. La nouveauté en ce qui concerne les espaces périurbains de la deuxième moitié du XXe siècle c’est « la rapidité et l’ampleur du mouvement d’étalement urbain ». En effet, en moins d’une décennie, la construction d’espaces périurbains s’est multipliée et ce phénomène est aujourd’hui encore en marche. Le périurbain considéré comme « ni rural, ni urbain » (J-B. Bouron et P-M. Georges, 2015) se généralise et devient le modèle de préférence des ménages français. Le déclin du monde agricole en campagne et la concentration des activités économiques en ville a entrainé des mutations des modes de vie et changements socio-spatiales. La géographie rurale est alors modifiée faisant émerger une forme d’urbanisation jusqu’alors méconnue au sein des espaces périurbains : le tissu pavillonnaire. Caractéristique de la périurbanisation, il a conduit à d’importants déplacements de population urbaine et rurale vers les périphéries des villes. A cette époque, les flux migratoires vers les pôles urbains sont en baisse. Pour P. Merlin, on assite à une « exode urbain » qui « correspond à un départ de citadins vers les couronnes des pôles urbains (périurbanisation) » (Merlin, 2009). De nombreux ménages actifs, de jeunes couples mais également de personnes actives ou modestes quittent alors les centres-villes mais également les centres-bourgs ruraux pour les campagnes périphériques.

P. Merlin souligne également le fait que cet exode urbain ne s’effectue pas seulement vers les espaces périurbains « mais aussi vers des espaces à dominante rurale » (Merlin, 2009). D’un point de vue quantitatif, « Les espaces à dominante rurale ou espaces ruraux, regroupent l’ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées). Cet espace est très vaste, il représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. » (INSEE, 2011). C’est la notion de rurbanisation que l’auteur met en valeur dans cette phrase, ce néologisme « désigne le processus d’urbanisation rampante de l’espace rural, d’imbrication des espaces ruraux et des zones urbanisées. La rurbanisation doit être distinguée de la périurbanisation qui suppose la continuité physique de l’espace bâti aux franges des villes et des agglomérations.» (Géoconfluences, 2005). En 1976, J-M Roux et G. Bauer parlaient de rurbanisation comme de la « ville éparpillée », « […] des fragments d’espaces urbains émiettés dans la campagne autour des villes » ou encore « d’un éparpillement de la ville sur un territoire qui perd par là son caractère rural ». Ce phénomène de rurbanisation a contribué au progressif réinvestissement des espaces ruraux et a entrainé leur «renaissance » (Kayser, 1990).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : La ruralité de demain, un engagement national et local
1. Une « renaissance rurale » (Kayser, 1990) contrastée
1.1. Le repeuplement relatif des territoires ruraux
1.2. Le constat d’une dévitalisation persistante
2. La volonté étatique récente d’une reconquête des campagnes
2.1. Les difficultés rencontrées par les territoires ruraux face aux changements législatifs
2.2. Les évolutions politiques du monde rural
2.3. Les années 2000-2010 : un renforcement de l’action étatique
3. Les outils de revitalisation en faveur des espaces ruraux
3.1. Les zones de revitalisation rurale : un nouvel outil des politiques publiques rurales
3.2. Les contrats de ruralité pour coordonner les actions publiques
CHAPITRE 2 : Le programme de revitalisation centres-bourgs comme impulsion ?
1. L’AMI « revitalisation centre-bourg » : un défi à relever
1.1. Qu’est-ce qu’un appel à Manifestation d’intérêt ?
1.2. Les territoires ciblés par l’AMI
1.3. Les partenaires associés à l’AMI
1.4. Les financements mobilisés
1.5. La programmation de l’AMI
2. Des objectifs transversaux pour un projet commun
2.1. « Restaurer l’attractivité du bourg »
2.2. « Dynamiser l’économie »
2.3. « Engager la transition énergétique du territoire »
2.4. « Pérenniser les solidarités à l’échelle du bassin de vie »
3. Les difficultés rencontrées par le programme
3.1. La temporalité de l’AMI : un dispositif établi à court terme
3.2. Une sélection « discriminante » au profit des communes lauréates ?
3.3. Le financement de l’ingénierie : des crédits limités
3.4. La pérennité de l’AMI, un avenir incertain
CHAPITRE 3 : Les actions locales du projet de revitalisation et les dynamiques à maintenir
1. L’illustration de trois thématiques phares du programme de revitalisation à travers trois exemples de projet
1.1. Guillestre, une commune fortement dégradée
1.2. Pont-Saint-Esprit : la cité aux 16 monuments historiques
1.3. Castellane, un haut touristique aux difficultés socio-économiques
2. Les dynamiques indispensables au projet
2.1. L’implication des partenaires locaux
2.2. La participation habitante dans les projets de revitalisation
2.3. L’approche positive des Parcs Naturels Régionaux
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLES DES FIGURES
ANNEXES

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