La revitalisation des centres-villes : un état du programme national Action Cœur de Ville

Appréhension du sujet et construction de l’objet de recherche

Revitalisation 

La notion de revitalisation suppose une dévitalisation en amont. La définition de cette dernière trouvée dans le dictionnaire en ligne de la langue française (TLFi) renvoie à « l’enlèvement de la pulpe dentaire, élément vital de la dent ». Cela signifie qu’elle est désormais dans un état inerte, inactif. Dans la littérature, la décroissance urbaine a fait l’objet de nombreuses recherches. De l’hypothèse de Van den Berg et al (1982)., au phénomène des Shrinking Cities, toutes les villes semblent destinées à subir un déclin causé par des maux physique et sociaux (MUMFORD, 1970). Dans le contexte actuel, la décroissance urbaine se caractérise par un déclin économique et démographique, mais aussi social (FOL, CUNNINGHAM-SABOT, 2010). Ces trois variables implicitement en lien participent à la dégradation de l’état de la ville. Les fragilités auxquelles elle fait face sont le résultat de différents processus tels que la métropolisation, le vieillissement, la désindustrialisation ou encore les politiques publiques comme indiqué dans une étude pour L’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôt . L’objectif de la revitalisation est donc de résoudre ces problèmes afin d’éviter que les villes françaises affectées ne disparaissent au profit des métropoles. Le but final étant de permettre à ces dernières de retrouver leur dynamisme économique et leur attractivité.

Le centre-ville : définition des termes structurants 

Il paraît pertinent de définir le sujet qui fait l’objet de cette recherche. D’après le glossaire de Géoconfluences, le centre-ville désigne « le noyau central (en général le cœur historique ou le centre décisionnel) de la ville ». Préciser cette notion est nécessaire pour développer des programmes d’actions et des politiques d’aménagement du territoire. À partir d’une recherche bibliographique, nous allons étudier les deux composantes de cette notion pour essayer de lui donner le sens le plus juste possible.

La notion de « centre »
Dans le Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement « le centre n’est pas un point, mais un lieu dont l’étendue et l’importance relative varient suivant certaines conditions. Les caractéristiques du centre peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles. Elles sont variables dans le temps et suivant l’évolution économique, technique et les conditions politiques. Elles s’opposent en général à celles de la périphérie. » (MERLIN & CHOAY, 2005). Le centre est donc une entité spatiale variable ayant des spécificités sociales, économiques et culturelles propres. Cette définition permet d’englober de nombreux espaces puisqu’elle les définie de plusieurs manières : selon l’architecture, l’organisation des espaces ou encore la fonction. Elle montre aussi que le centre est sujet à de possibles évolutions : il peut s’agrandir, diminuer ou tout simplement muter. Le centre attire et accumule des richesses : il assure des prestations en services (santé, commerce…), il favorise les échanges, la diffusion des informations et participe à la distribution et à la consommation des biens (ZUCCHELI, 1983). Quand on parle de centre, il y a aussi la notion de centralité qui apparaît. Cela implique la détention de fonction centrale comme des prestations de service mais aussi une bonne accessibilité quel que soit le point géographique d’où l’on vienne. La centralité suppose donc l’accumulation de différentes richesses, qu’elles soient économiques, sociales ou symboliques. L’attractivité joue un rôle important sur la centralité puisqu’elle permet de la contenir dans le pôle central et ainsi détermine l’efficacité de ce dernier.

La notion de « ville petite et moyenne »
Le centre-ville est donc le cœur d’une ville. En France, plus de deux tiers de la population vit en ville (INSEE, 2016). Selon l’INSEE, la notion de ville ou d’unité urbaine repose sur « la continuité du bâti et le nombre d’habitants ». A l’échelle de l’aire urbaine, c’est-à-dire un pôle urbain et les villes de sa couronne périurbaine (PISTRE & RICHARD, 2018), ce sont 95% des français qui résident sur un territoire sous l’influence d’une ville. Pour autant, il est nécessaire de nuancer ces chiffres, car en effet, « un citadin sur deux réside dans une agglomération de moins de 100 000 habitants » (DEMAZIERE, 2017). Le maillage territorial français présente un faible nombre de régions très urbanisées (SANTAMARIA, 2000) ce qui laisse donc la place à un « espace intermédiaire non métropolisé » (KAYSER, 1969) et dont ces villes moyennes de plus ou moins 100 000 habitants constituent les pôles urbains. Dans notre étude, nous nous intéressons aux villes atteintes d’une dévitalisation de leur centre, et plus particulièrement celles étant bénéficiaires de politiques de revitalisation telles qu’Action Cœur de Ville qui s’adresse aux villes comptant entre 15 000 et 100 000 habitants. Si on se base une nouvelle fois sur les définitions de l’INSEE ce programme s’adresse principalement aux moyennes villes mais aussi à certaines petites villes. Respectivement, ce sont des unités urbaines de 5 à 20 000 habitants et de 20 000 à 100 000 habitants (INSEE, 2011). Cependant, ces dernières ont fait l’objet de nombreuses recherches et c’est pourquoi les définitions sont différentes selon les acteurs les étudiant (chercheurs, élus, État). Bien qu’elles soient sujettes à des politiques d’aménagement, cela ne permet pas de stabiliser une définition.

En effet, il est compliqué de théoriser la notion de ville petite ou moyenne. En 1997, Roger Brunet les qualifie d’« objets réels non identifiés » car elles se différencient facilement des métropoles et villages par leur démographie cependant il est impossible de les définir de façon précise tant elles sont variables selon les pays. Elles ne s’apparentent ni à des centres d’intérêt locaux ni à des agglomérations jouant un rôle d’organisation régionale (SANTAMARIA, 2000). Il serait incorrect de les définir par leur taille démographique uniquement, à ce paramètre peuvent donc être associés d’autres critères que l’on fera varier en fonction des résultats souhaités (CARRIER & DEMAZIERE, 2017). En effet, selon l’aire urbaine « telle ville de petite taille […] devra être considérée comme une ville moyenne dans une région peu peuplée et peu urbanisée, alors qu’une ville deux ou trois fois plus peuplée, noyée dans le tissu urbain d’une région à haute densité démographique, ne joue pas nécessairement ce rôle et ne répond pas toujours à cette vocation » (LAJUGIE, 1974, p.18).

Avant de réfléchir à une définition statistique, on préférait parler des villes petites et moyennes en leur donnant une définition affective (MICHEL, 1997). Ce sont des villes possédant un patrimoine et des services facilement accessibles (châteaux, marchés…), de ce fait elles sont de « taille humaine », offrent un bon cadre de vie et portent une « grande partie de l’identité du pays ». D’après la circulaire ministérielle du 30 novembre 1971, on reconnaît déjà le rôle d’équilibre qu’elle possède concernant les futurs aménagements. Ainsi, elles « représentent dans le système urbain un type d’urbanisation dont l’intérêt, en ce qui concerne le cadre et le mode de vie, la valeur esthétique et l’environnement, est très grand. Dans l’avenir elles devront contribuer au maintien d’un certain équilibre dans le développement de l’urbanisation ».

Depuis les années 70, les pouvoirs publics portent leur attention sur ces villes petites et moyennes. Ainsi les recherches sur ces dernières se sont multipliées afin de pouvoir qualifier les villes petites et moyennes et de ce fait les différencier. C’est l’hétérogénéité de ces territoires qui pose une réelle contrainte. Chaque ville moyenne a ses traits distinctifs et ses ressources localisées (CARRIER & DEMAZIERE, 2012 ; DEMAZIERE, 2007), on ne peut donc leur appliquer les schémas d’analyse tirés des études de métropoles et les travaux sont souvent menées à l’échelle d’un territoire par des chercheurs impliqués dans ce dernier à une certaine échelle (DEMAZIERE, 2017) En effet, selon les acteurs, la notion est appréhendée de façon différente. On observe une grande diversité d’échelle au sein des villes moyennes, que ce soit le nombre de municipalité qu’elle contient ou sa population. Cependant les critères permettant de définir les villes sont aussi valables pour définir les villes petites et moyennes. Ainsi des critères de tailles, des critères fonctionnels, des caractéristiques socio-économiques et des représentations permettent de les différencier (SANTAMARIA, 2012). En France, la ville moyenne représente les communes-centres pour les associations d’élus (Ville de France), et les unités urbaines pour les chercheurs, de 20 000 à 100 000 habitants (LAJUGIE, 1974). Pour l’État, la ville moyenne représente toutes les aires urbaines de 30 000 à 200 000 habitants . Du côté des petites villes, elles représentent les communes de 2 500 à 25 000 habitants pour les associations d’élus et les unités urbaines de 5 000 à 20 000 habitants pour certains chercheurs (LABORIE, 1979 ; EDOUARD, 2003). Différencier les villes petites et moyennes est délicat et certains chercheurs trouvent pertinent de les étudier en les prenant comme « formant un continuum » (CARRIER, DEMAZIÈRE, 2012, p.5). Concernant leurs fonctionnalités, elles possèdent le rôle de « desserte d’un espace infrarégional dépassant cependant le rayonnement strictement local. » (SANTAMARIA, 2012, p. 1), ce qui montre qu’elles sont en lien avec plusieurs niveaux urbains. Ces dernières forment ainsi des pôles urbains de « l’espace non métropolisé » (KAYSER, 1969). Leurs évolutions socio-économiques remontent à l’époque des Trente Glorieuses où l’État a vu dans ces villes possédant des services administratifs, la possibilité de les moderniser en implanter des industries (DE ROO, 2007). L’évolution de l’appareil de production dont elles ont hérité est aussi un critère socio-économique. Les systèmes de production sont vastes, ils comprennent « la résistance de l’appareil industriel, la participation de certaines entreprises locales à un réseau (comme un pôle de compétitivité), l’essor des services aux entreprises, la force de l’économie résidentielle (DAVEZIES, 2009) ou encore l’appui sur une fonction universitaire. » (CARRIER, DEMAZIÈRE, 2012, p.15).

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Table des matières

Introduction
Appréhension du sujet et construction de l’objet de recherche
1. Revitalisation
2. Le centre-ville : définition des termes structurants
2.1. La notion de « centre »
2.2. La notion de « ville petite et moyenne »
3. Le programme Action Cœur de Ville : une stratégie sur mesure
Méthodologie de recherche
1. Structuration du travail par la définition des axes de recherche
2. Recherche d’informations et collecte de données
Action Cœur de Ville : un programme en demi-teinte
1. Diagnostic : des villes moyennes aux profils variés
1.1. Chartres : un centre qui perd en attractivité démographique et commerciale
1.2. Cahors : un centre expérimenté en politiques de revitalisation
1.3. Blois : un centre patrimonial à double tranchant
1.4. Pau : un centre-ville en déclin contrastant fortement avec sa périphérie
2. La politique des villes moyennes calquée sur les métropoles ?
2.1. Un cadre unique pour 222 centres singuliers
2.2. Une politique développementaliste
Conclusion
Pour conclure
Annexes
Sources

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