La répression financière

La répression financière

La stabilité macroéconomique

La stabilité macroéconomique désigne la stabilité du niveau général des prix et un déficit budgétaire modéré. En effet, l‟instabilité des prix augmente la probabilité de crises bancaires et financières, crée un environnement incertain et accroît les taux d‟intérêt. L‟instabilité macroéconomique se caractérise par des taux d‟inflation et des taux d‟intérêt élevés et incertains. Ces derniers faussent les prix relatifs et détruisent les opportunités à long terme des investisseurs. Ils provoquent également une baisse de l‟épargne et une orientation de l‟investissement vers des projets moins productifs qui se répercutent négativement sur la croissance économique.
Plusieurs auteurs tels que Fry (1989), Hanson et Neal (1984) soulignent que le succès du programme de libéralisation financière dépend d‟une politique monétaire, budgétaire et de taux de change approprié, additionné à une politique commerciale adéquate. Fry (1989) considère aussi que la politique qui vise la stabilité des prix, la discipline fiscale et la crédibilité des réformes est le principal facteur qui explique le succès des réformes des pays asiatiques et l‟échec de la libéralisation des pays latino-américains durant les années soixante-dix et quatre-vingt. McKinnon1 (1991) vient renforcer l‟idée de Fry et associe la discipline budgétaire à la discipline monétaire. Il considère que ces deux instruments sont interdépendants et doivent être mis en place avant d‟entamer la libéralisation des taux.Ce comportement a été observé en Indonésie et au Sri Lanka qui ont introduit des réformes monétaires et budgétaires à la même période. À l‟opposé, la Corée a préféré attendre la fin du processus des réformes afin d‟éviter tout risque de dérapage monétaire non souhaitable.

La stabilisation des prix et la baisse de l’inflation

Selon les auteurs de la libéralisation, la stabilisation des prix est bénéfique pour plusieurs raisons :
– si le taux d‟inflation est faible, l‟objectif de taux réels positifs est rapidement atteint.
– Si le taux d‟inflation est modéré, la croissance des taux nominaux ne sera pas très élevée et évitera de ce fait les problèmes de surendettement et de faillite des entreprises.
– Si le taux d‟inflation est élevé cependant le pays est incapable de contrôler la situation.
La question se pose lorsque le pays fait face à une hyper inflation ou une inflation chronique et qu‟il est incapable de contrôler la stabilité des prix, Galbis (1994) propose qu‟il ne soit pas nécessaire d‟attendre jusqu’à ce que l‟économie soit stabilisée, mais qu‟il est préférable de libéraliser le système au moins partiellement afin de le protéger des effets négatifs de l‟inflation.
Afin d‟appuyer son idée, il fait rappeler l‟expérience du Brésil qui a libéralisé son secteur financier en 1975 en présence d‟une hyper inflation et d‟un déficit budgétaire important.Galbis (1994) souligne qu‟avec cette stratégie, le Brésil n‟a pas pu obtenir une solution optimale, mais a quand même pu atteindre un optimum de second rang.Les problèmes d‟instabilité peuvent apparaître, lorsque l‟objectif de baisse de l‟inflation est accompagné de mesures déstabilisantes. En effet, si la baisse de l‟inflation est suivie d‟une baisse de la masse monétaire, elle peut provoquer le ralentissement de l‟activité et la croissance du chômage. Par ailleurs, nous pouvons observer parfois, durant les premières phases de stabilisation, que les gouvernements des pays où le niveau du seigneuriage est très élevé préfèrent préserver le même niveau de seigneuriage. Ce comportement a pour résultat la croissance du financement monétaire du déficit budgétaire et par conséquent la hausse de l‟inflation. Cette situation peut cependant, être évitée si l‟objectif de stabilisation des prix est accompagné d‟une discipline budgétaire.

La discipline budgétaire

La discipline budgétaire est considérée comme un outil important dans la réduction de l‟inflation. Celle-ci est même posée comme condition pour l‟obtention d‟aides financières dans le cadre du programme d‟ajustement structurel du Fond Monétaire International.
Le déficit budgétaire important conjugué avec une libéralisation récente favorise d‟une part l‟accroissement de taux d‟intérêt qui tend à gonfler le service de la dette extérieur et à aggraver davantage le déficit existant. D‟autre part les afflux des capitaux extérieurs lesquels faute d‟environnement favorable à l‟investissement étranger s‟inversent et causent la panique des banques.
À court terme, l‟ajustement budgétaire est fondé sur la réduction des dépenses publiques et sur la restructuration des entreprises publiques déficitaires pour éviter l‟effet d‟éviction de l‟investissement privé et faire baisser le taux d‟inflation.
À long terme, la maîtrise du budget de l‟État demande une réforme fiscale favorable. Pour ce faire, les autorités peuvent procéder à l‟élargissement de l‟assiette d‟imposition, à une simplification des structures fiscales et à la correction à la baisse des taux d’impôts pour le rendre plus adéquat1.
Fry (1989)2 souligne en effet que la réussite des réformes monétaires est conditionnée par le contrôle des dérapages budgétaires. La présence d‟un fort déficit budgétaire rend impossible la réalisation d‟une libéralisation financière tant que l‟Etat continue à se financer par création monétaire.
Roubini et S.I Martin1 (1992) soulignent dans ce sens les avantages de la répression financière qui permet aux gouvernements d‟obtenir des financements bancaires à de faibles coûts.
Une discipline budgétaire adéquate qui vise la rationalisation des dépenses et l‟application d‟un système de collecte de recettes approprié augmentera les chances de réussite de la libéralisation financière.
Au total, la stabilité macroéconomique est prise comme une condition nécessaire et non suffisante pour la réussite des réformes financières. Cette mesure donne lieu à une croissance économique saine sans dysfonctionnements et la réalisation d‟un taux de croissance acceptable et un taux d‟inflation faible permettent aux taux d‟intérêt réels de se monter.

Le cadre institutionnel

Les autorités cherchent à superviser leur système financier en utilisant des règles prudentielles d’autant plus strictes que l’instabilité macroéconomique est grande. Ces règles consistent à empêcher la concentration des prêts entre les mains de quelques clients, à surveiller l’entrée dans l’activité bancaire, à exiger les banques à diversifier leurs portefeuilles et à sauver les banques en difficulté.
La libéralisation financière dans la plupart des pays émergents a été entamée dans un contexte institutionnel inadéquat, caractérisé essentiellement par une régulation prudentielle et supervision défaillantes et des institutions sous-développées, aucun des pays émergents ne s‟est en fait, intéressé à améliorer les lois et le contexte de fonctionnement des institutions et à renforcer la supervision prudentielle avant d‟introduire les réformes de libéralisation financière.
La première étape concerne la mise en place de la réglementation prudentielle, cette dernière est considérée comme le seul élément qui peut être introduit dans le processus de supervision puisqu‟elle facilite l’estimation des risques de chaque banque et l’obtention d’information parfaite, elle permet aux autorités d’assurer leur supervision. Le système de supervision renforce les règles prudentielles et permet de détecter à temps les institutions financières en difficulté et de les aider.
La règle prudentielle ne pouvait être bien adaptée aux pays émergents et l’application de ces procédures nécessite des moyens humains et financiers pour atteindre hâtivement cette cible, mais ces moyens sont insuffisants dans les pays émergents. En effet, le secteur bancaire des pays émergents est faiblement ouvert aux marchés internationaux et se caractérise par une rareté de ressources de financement. Ainsi, l’imposition des contraintes de fonds propres aux banques peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance économique.
Selon Plihon (2000), il faut appliquer aux pays émergents un système de supervision bancaire différent, pour lui  » ce système devrait être plus simple, moins exigeant en termes des fonds propres et complétés par un mécanisme de solidarité nationale assurant la solvabilité du système ».
Au total, la réglementation prudentielle tend à limiter la prise du risque excessive de la part des banques et d’assurer un fonctionnement efficient, fiable et efficace des marchés financiers.
En effet, d‟une part, les gestionnaires des banques issus d‟un environnement financier contrôlé ne disposent ni du savoir-faire ni de l‟expertise requise pour évaluer les nouvelles opportunités de crédits offertes et pour maîtriser les nouveaux risques posés par le marché financier libéralisé, dans lequel les restrictions sur les crédits bancaires ont été levées et les réserves obligatoires réduites. D‟autre part, l‟entrée de nouveaux concurrents étrangers et domestiques sur le marché exerce des pressions sur les banques existantes en les poussant à s‟engager dans des activités risquées. Cet engagement audacieux se trouve favorisé davantage par l‟accès facilité aux marchés off-shore.

La stabilité politique

La stabilité politique est une condition nécessaire pour l‟application d‟une politique de libéralisation financière. Donc l‟instabilité politique d‟un pays affecte négativement la croissance économique.
L‟instabilité politique influe négativement sur les principales décisions des agents économiques. Ce qui conduit à adopter une attitude attentiste en reportant ou en annulant toit initiative susceptible d‟accroître le volume des activités économiques. Cette situation ne peut que favoriser la fuite des investisseurs étrangers locaux et la répulsion des entrepreneurs étrangers, préférant se diriger vers les états plus stables.

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Table des matières

Introduction Générale 
Chapitre I De La Répression Financière A La Libéralisation Financière 
Introduction
Section I : Le Concept De La Répression Financière 
1-Définition de la répression financière :
1.1. La répression financière selon McKinnon et Fry :
1.2. La répression financière selon Stiglitz et Shaw:
1.3. La répression financière selon les structuralistes :
2- Les caractéristiques et les instruments de la répression financière :
2-1- Les caractéristiques de la répression financière
2-2 Exemple d’intervention réussie :
3- les instruments de la répression financière :
3.1 La politique des réserves obligatoires :
3.2 La technique de réescompte :
3.3 L’administration des taux :
4- Les effets de la répression financière
4.1. La fixation du taux d’intérêt
4-2 La hausse des taux d’inflation et le déficit budgétaire:
4-3 L’orientation des crédits et la constitution de réserves obligatoires trop élevées engendrent l’inefficacité:
Section II : de la répression financière à la libéralisation financière 
1-Définition de la libéralisation financière : Aspects fondamentaux:
2- les objectifs de la libéralisation financière :
3-Les formes de la libéralisation financière.
3-1 La libéralisation financière interne :
3-2 La libéralisation financière externe :
4-Les étapes de la libéralisation financière :
4-1 La libéralisation totale :
4-2 La libéralisation graduelle :
Section III : les conditions préalables à la réussite de la politique de la libéralisation financière 
1- Les conditions préalables à la libéralisation financière :
1-1 La stabilité macroéconomique :
1-2 le cadre institutionnel :
1-3 La stabilité politique :
2) La séquence de libéralisation financière optimale:
3) Le rythme et l’enchaînement des réformes:
Chapitre II Une Revue De Littérature Sur La Politique De Libéralisation Financière 
Introduction :
Section I : les travaux élaborés sur la théorie de la libéralisation financière. 
1- L’approche de McKinnon et Shaw :
1-1 L’approche de McKinnon :
1-2 L’approche de Shaw :
2- Les travaux des partisans de la libération financière :
3- Les critiques de la libéralisation financière :
3-1) Le taux d’intérêt et l’épargne :
3-2) L’école néo structuraliste
3-3) Les critiques apportées aux néo-structuralistes :
3-4) l’imperfection des marchés financiers :
3-5) – critique d’inspiration Keynésienne :
Section II : la libéralisation financière et les crises bancaires. 
1- La libéralisation financière et les crises bancaires :
2-La relation entre crises bancaires et crises de change :
3-Le degré de libéralisation financière doit être en fonction du niveau de développement :
Section III : la libéralisation financière de la théorie à la pratique 
1- Échec de libéralisation financière :
1-1) La version intégrale de la libéralisation financière : le cas du Chili
1-2) La libéralisation financière le cas de la Thaïlande :
2)Des expériences de la réussite de la libéralisation financière :
2-1) Libéralisation financière contrôlée cas de la Chine :
2-2) L’expérience de la Corée du Sud :
Conclusion du chapitre
Chapitre III La libéralisation financière et la croissance économique
Introduction du chapitre :
Section 1: l’impact du système financier sur la croissance économique. 
1-Le système financier
1-1 la définition du système financier :
1-2 les composantes du système financier :
1-3 Le financement des activités :
2-L’intermédiation financière et croissance économique :
2-1) les études théoriques :
2-2) les travaux empiriques :
3-Le marché financier et la croissance économique :
3-1) les études empiriques :
4-L’impact de la structure du système financier sur la croissance économique :
4-1) la vision des intermédiaires financiers :
4-2) la vision des marchés financiers :
4-3) La vision des services financiers :
Section II : développement financier et croissance économique. 
1-Le lien théorique entre développement financier et croissance économique:
1-1) L’impact de développement financier sur l’accumulation du capital :
2-Le degré de développement financier et la croissance économique :
2-1) le développement financier comme stimulateur de la croissance économique :
2-2) la relation de double causalité entre développement financier et croissance économique :
2-3) les études ayant trouvé un impact mitigé entre développement financier et croissance économique
Section III : la libéralisation financière et croissance économique.
1-Les canaux de transmission de la libéralisation financière vers la croissance économique :
1-1) Les canaux directs:
1-2) Les canaux indirects
2- Revue de la littérature empirique
3-Les études empiriques traitant l’effet de la libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie
Conclusion du chapitre
Chapitre IV Etude empirique sur l’impact de la politique de libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie
Introduction du chapitre :
Section I : le système bancaire et financier algérien Introduction 
1)Le système bancaire Algérien pendant la répression financière
1-1)Les effets de la répression financière sur le système bancaire et financier Algérien
2)La politique monétaire pendant la période de répression financière (1970-1989)
2-1) l’évolution de la masse monétaire
2-2) comparaison entre l’évolution du taux de la masse monétaire et du PIB
3)Période des réformes économiques entre (1986-1989)
3-1) Les premiers pas de la réforme : la loi 86/12 du 19-08-1986 relatives au régime de anque et de crédit
3-2) La loi 88/06 du 12-01-1988
4)La réforme du système bancaire algérien et la transition vers l’économie de marché : (la loi 90-10 et les réformes de 1990)
4-1) Principes et objectifs de la loi n° 90-10 sur la monnaie et le crédit
4-2) La nouvelle ordonnance relative à la monnaie et au crédit du 26 Août 2003
4-3) L’ordonnance n° 10-04 du 26 Aout 2010 sur la monnaie et le crédit
Section II : les effets des réformes de la libéralisation bancaire et financière sur les indicateurs monétaires et financiers.
1)L’évolution de la situation monétaire et macroéconomique après 1990 :1-1) L’évolution de la masse monétaire
1-2) L’évolution du produit intérieur brut
2)L’évolution du système bancaire et financier algérien après les réformes
2-1) la libéralisation progressive des taux d’intérêt:
2-2) La suppression de l’encadrement et de la sélectivité des crédits bancaires:
3)Le marché financier en Algérie
Section III : étude empirique sur l’impact de libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie.
1)Détermination des variables
2)Le test de stationnarité des séries temporelles
2-1) le test de racine unitaire ADF (Dickey fuller Augmented)
2-2) Les résultats du test ADF
3)Le test et le résultat de causalité de Granger
3-1) le test de causalité de Granger
3-2) Les résultats de test de causalité de Granger
4)Détermination du nombre de retards
5) L’estimation du modèle VAR
5-1) le choix du modèle de l’étude
Le modèle VAR
5-2) La décomposition de la variance :
5-3) Les fonctions de réponses impulsionnelles
Conclusion 
Conclusion Générale 
Annexes 
Références Bibliographiques 

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