La réponse proposée par le « Projet Formation Emploi » face à ces enjeux

L’évaluation comme enjeu à part entière du PFE

L’aspect expérimental du PFE est amplifié par son inscription dans un service public récent de la région Rhône-Alpes : le SPRF. Le peu de recul sur les actions engagées place l’évaluation au cœur de la compréhension des effets des politiques publiques : l’évaluation comme principe d’action. Le cadre juridique du PFE permet d’ailleurs de faire voter chaque année des modifications du cahier des charges du dispositif à partir d’observations empiriques. Des modifications ont ainsi été votées en juillet 2012 sur lesquelles il sera fait allusion plus tard. L’évaluation « chemin-faisant » dépasse ici le cadre du bilan intermédiaire puisqu’elle détermine des évolutions réglementaires de conventions et de contractualisations.
Tous les acteurs de retenir les éléments pertinents des parcours de formation proposés, afin de les reproduire ultérieurement dans d’autres programmes de formation, qui poursuivraient la même exigence mais à du PFE interrogés ont confié l’attente considérable qu’ils mettaient dans les résultats de l’évaluation du dispositif. Cette attente s’expliqué en partie en raison du coût élevé d’un parcours de formation en PFE. Les acteurs interrogés pressentent en effet qu’un tel investissement ne sera pas forcément renouvelé une fois l’expérimentation terminée ; l’enjeu de l’évaluation peut alors être décrit comme l’ambition moindre coût.
Comme nous l’avons vu, le coût conséquent des parcours de formation en PFE est lié aux obstacles nombreux qui tiennent d’ordinaire éloignés de la formation les publics en difficulté. Ce choix volontaire de cibler ces publics relativise la pertinence d’une évaluation purement statistique, basée uniquement sur des résultats constatables. S’il convient d’évaluer les résultats, le travail de démonstration de l’intérêt social et économique du dispositif mis en place apparait tout autant fondamental. Dans la commande politique d’évaluation faite aux techniciens du conseil régional, on peut s’apercevoir qu’il leur a été demandé d’innover sur le terrain de l’évaluation . Le cadre de l’expérimentation oblige notamment à analyser chaque sous-ensemble de manière distincte (effets de l’accompagnement social et pédagogique, effets de l’hébergement et de la restauration, effets d’un parcours de formation de 1200 heures…), sans perdre de vue la cohérence d’ensemble du dispositif. Derrière l’affichage politique d’une évaluation indépendante et originale, une « évaluation de l’évaluation » à venir devrait pouvoir mesurer si les travers bien identifiés de manque d’impulsion politique et de tendance à l’auto-évaluation auront pu être dépassés.
Un autre travers possible de l’évaluation à venir est lié à l’évolution actuelle des politiques de FPC. Cette évolution consacre le passage d’une « politique centralisée axée sur une offre de formation égalitariste et la délivrance de diplômes nationaux, (…) à un modèle décentralisé où les organismes de formation offrent davantage des réponses territorialisées et adaptatives aux demandes de formation des entreprises et des populations locales (…). Les modes d’action et les registres d’argumentation utilisés par les professionnels de la formation tendent (…) désormais à délaisser celui de politiques sociales réparatrices pour passer à celui de politiques de l’emploi axées sur la valorisation par la formation professionnelle du “capital humain” de ces territoires et par conséquent de leur compétitivité économique » . Le PFE, avec ses huit secteurs économiques stratégiques retenus en collaboration avec les forces économiques régionales, semble bien s’inscrire dans cette tendance de la FPC à proposer des réponses « territorialisées et adaptatives ». Avec la problématique de la deuxième chance, sans ignorer la question du développement économique par la FPC, l’étude de la capacité du PFE à se muer en politique sociale réparatrice en inscrivant des jeunes en difficulté dans une dynamique de deuxième chance, s’avère fondamentale et oriente l’évaluation du côté des bénéficiaires du dispositif. En particulier, les dynamiques à l’œuvre observées dans les huit secteurs économiques du PFE, ont vocation à être évaluées à l’aune de l’objectif de facilitation, pour les diplômés du PFE, des mobilités professionnelles choisies, d’un métier à l’autre voire d’un secteur à l’autre, vecteurs d’insertion durable. Cette approche permet de plus de poser la question de ces huit secteurs économiques comme force ou comme faiblesse du dispositif.

Des résultats de l’expérimentation obtenus dans un espace temps singulier

Interactions, interdépendances et rapports de force

Les systèmes d’acteurs auxquels sont confrontés les jeunes lorsqu’ils basculent de la formation initiale à la formation professionnelle continue sont marqués par une distinction très nette. Alors que la formation initiale se singularise par la centralité de l’Education Jeunes sortis de formation initiale Nationale, la FPC est caractérisée par une pluralité d’acteurs influents ; autrement dit, alors que le premier cercle des acteurs de la formation initiale est resserré, le deuxième cercle des acteurs de la FPC est bien plus vaste, comme on peut le voir sur la figure 3, qui servira de support à cette présentation. Ce constat n’est pas propre au PFE, mais il impose dans un travail d’évaluation d’examiner les interactions, interdépendances et rapports de force, qui structurent les relations entre acteurs différents intervenant sur un même dispositif de formation professionnelle postscolaire.
L’arrivée d’un nouveau dispositif est génératrice de modifications dans les interrelations d’acteurs ayant l’habitude de se côtoyer. Le recours à la démarche comparative vise dans cette sous-partie à comparer les rapports entre acteurs dans le cadre du PFE avec les rapports que les acteurs ont « l’habitude d’avoir ». Appréhender comment ces rapports se recomposent avec la mise en place du dispositif met en évidence les intérêts positionnels de chacun, qui modèlent les dynamiques cognitives , dans des dimensions et des modalités qu’il convient d’étudier. Si on a pu voir cela de manière formelle dans la première partie, il s´agit maintenant de connaître le point de vue des acteurs, leur ressenti subjectif, pour comprendre comment cela prend corps dans leur travail respectif et dans leurs interactions.
Une caractéristique majeure du PFE s´est imposée d´emblée suite aux entretiens réalisés avec les acteurs du dispositif. Alors que ce dispositif oblige à ce que collaborent de nombreux acteurs aux registres d´action différenciées, tous semblent s´accorder sur le bienfondé de la stratégie du PFE et sur la nécessité de coopérer ensemble. Tous ont par exemple confirmé que le PFE correspondait bien à une tentative de réponse à la problématique de la deuxième chance. Ainsi, pour un prescripteur interrogé, aucun acteur ne peut dire, à la lecture du programme tel qu´on le lit couché noir sur blanc, que c´est une formation qui n´est pas appropriée, qui n´est pas en lien avec les problématiques évoquées lors de comités de pilotage ou de remontées de besoin. Ce constat vaut aussi pour la mise en place du dispositif puisque le processus de travail, qui nécessite un important travail en commun, est unanimement valorisé malgré les difficultés qu´il comprend. Une personne interrogée d´un organisme de formation exprime très clairement ce sentiment général.

Commanditaire

Pour la région à l´origine du dispositif, le PFE est l´occasion d´expérimenter une nouvelle solution de FPC pour un type de public qu´elle accueille déjà dans d´autres dispositifs. Le PFE est un dispositif de moindre taille par rapport aux autres offres de formation proposées (moins de 500 places sur 8 départements). Ce dispositif est pensé par la région très étroitement en lien avec les autres dispositifs, à la fois pour proposer une nouvelle offre, dégager de nouvelles passerelles entre dispositifs, mais aussi dégager une nouvelle expertise des dispositifs déjà en place. Une originalité du PFE est de cibler spécifiquement les publics les plus éloignés de l´emploi tandis que dans d´autres dispositifs, ce type de public est mélangé avec d´autres. Dès lors, pour les fonctionnaires de la Région, il s´agit aussi avec le PFE de dégager une expertise de ce public, point fort de l’expérimentation. La présentation de ces enjeux permet d´expliquer les débats à l´œuvre sur le PFE parmi les élus du Conseil Régional. Ils ont été relaté dans les entretiens comme étant structurés autour de l´alternative suivante : les pro-PFE le voient comme un laboratoire qui améliore les pratiques tandis que les sceptiques considèrent que c´est un dispositif très coûteux par rapport au faible nombre de places de formation à la clé.
Pour les autres acteurs du PFE, les enjeux autour de l´action de la Région ne s´envisagent pas logiquement de la même façon. Pour le réseau prescripteur interrogé, les Missions Locales,le travail avec l´offre de formation de la Région est une habitude. Cette habitude se construit à travers un processus continu d´interactions dans lequel s´inscrit le PFE. Si ce réseau prescripteur est financé en partie par la Région, il conserve son indépendance et n´est pas financé spécifiquement à travers la Région. La mise en place d´un nouveau dispositif sur lequel plusieurs réseaux peuvent prescrire recouvre l´enjeu de l´accès réel du public Mission Locale aux formations proposées dans un premier temps, puis d´adaptation de l´offre de formation à ce public. Ces enjeux comportent des volets techniques que mobilisent les acteurs dans leur discours, notamment du maniement des outils multimédia relatifs au dispositif. Il est probable que ces considérations renvoient à une volonté des missions locales de jouir d´une certaine emprise sur le dispositif en tant que marge de manœuvre ou zone de pouvoir lors des relations entre acteurs.
Pour les organismes de formation, c´est davantage la modalité juridique du PFE, le mandatement par octroi de droits spéciaux, qui retient leur attention sur ce sujet là, car elle détermine la nature de leurs relations. Ils soulignent unanimement à cet égard le surplus de traçabilité engendrée et la grande rigueur de gestion qui en découle, même si le contrôle prend la forme d’un suivi du moment que les consignes sont respectées. Ce haut degré de technicisation administrative n´est pas propre au PFE mais est tout de même jugé « franchement infernal » par une personne interrogée. A l´inverse, les organismes de formation reconnaissent volontiers que l´action de la Région tend à faciliter les choses en s´adaptant aux demandes qui émanent du terrain. Ainsi, le cahier des charges, très précis, apparait être à leurs yeux l´émanation d´une coproduction dont l´application leur appartient.
Si les formations de la région sont susceptibles d’être contrôlées d’un point de vue administrativo-financier, (justifier des feuilles de présence, des justificatifs sur la bonne application du cahier des charges), le contenu pédagogique ne dépend d´après leurs dires que peu de la région qui « vérifie surtout les plannings ». Si la marge de manœuvre des organismes de formation existe, ses contours sont pour autant difficiles à cerner. Elle est expliquée par un responsable d´organisme de formation comme découlant du fait que les organismes de formation retenus dans le cadre du PFE ont dû soutenir les modalités pédagogiques qu´ils allaient mettre en place auprès d’un grand jury d’élus et de personnes qualifiées ; par la suite, des visites de ce jury sont organisées sur site pour vérifier de visu si la réalité était bien celle annoncée, mais ce contrôle « light », qui n’existe pas sur d’autres dispositifs, est pris davantage comme de d’intérêt pour l´action menée par l´organisme de formation que comme du contrôle. C´est là un des paradoxes que le recueil des discours des acteurs a fait émerger. Ce sont davantage les donneurs d´ordre qui parlent en termes de contraintes et les « exécutants » qui parlent en termes de liberté. D´autant qu´ils perçoivent les consignes très claires qui peuvent leur être passées de manière très positive et non comme des carcans indépassables, notamment concernant les accompagnements pédagogiques et sociaux très formalisés et très structurés. Ce paradoxe se retrouve aussi dans l´impatience des organismes de formation quant à l´évaluation à venir, alors qu´il est possible qu´on ne retrouverait pas le même enthousiasme dans le cadre d´un marché public classique, où le financement de l´organisme de formation est en partie liée aux résultats, et donc à l´évaluation.

Prescripteurs

L´arrivée d´une nouvelle offre de formation est perçue comme une nouvelle solution à proposer aux public accueillis par les réseaux prescripteurs, d´autant plus lorsque ces derniers considèrent comme ici que cette offre de formation est particulièrement adaptée aux publics. En participant pleinement à la réussite du dispositif PFE, les réseaux prescripteurs s´inscrivent non seulement dans leur vocation à trouver des solutions adaptées mais disposent aussi d´une opportunité d´améliorer leur image de marque auprès d´un financeur. Si les organismes prescripteurs présentent leur engagement dans le dispositif de cette manière, ils gardent pour autant un œil attentif sur ce que pourrait être les conséquences pour eux d´une certaine interprétation de la réussite éventuelle du PFE. En effet, comme l´indique un acteur, si le PFE marche bien, s´il recadre les jeunes et qu´ils gagnent bien en autonomie (raison d´être des missions locales), cela pourrait inciter le commanditaire financeur à recadrer les moyens sur les organismes de formation face au constat que le temps de la formation en tant que tel est plus bénéfique que le temps de l´accompagnement des publics réalisé par les réseaux prescripteurs. Face à ce danger potentiel, un enjeu pour les missions locales dans ce dispositif comme dans d´autres est bien de souligner l´importance de l´articulation entre les acteurs dans la réussite des parcours de formation. Pour mieux présenter son propos, la personne interrogée a mentionné ce qui se passe selon elle avec d´autres acteurs de la deuxième chance de jeune. Les écoles de la deuxième chance (E2C), qui délivrent des formations, ont ainsi demandé et obtenu le statut de prescripteur et choisissent eux-mêmes leurs jeunes avec l´objectif d´un diplôme en alternance. Pourtant, les E2C renvoient fréquemment vers les missions locales des jeunes qu´elles ont formé et en ce moment des accords sont en train d´être trouvés pour inscrire les bénéficiaires des E2C à la mission locale. Les missions locales jugent cela nécessaire car elles ne voient pas dans les E2C des professionnels de l´accompagnement des publics. L´enjeu de coordination des acteurs, notamment à la sortie des dispositifs de formation, est souligné à travers cet exemple, et il s´insère dans les interdépendances complexes à l´œuvre dans le PFE.
Commanditaire et organismes de formation sont conscients de l´intérêt pour les réseaux prescripteurs de participer au PFE, notamment car son bénéficiaire est « chouchouté » dans le PFE. Les réseaux prescripteurs sont considérés comme des rouages essentiels du dispositif, ainsi on dit écouter les missions locales, leurs conseillers et leurs référents. Les réflexions qu´ils émettent à ce sujet là concernent surtout le niveau de maîtrise du dispositif par les prescripteurs, décrit comme une condition de réussite importante. A ce titre, certains distinguent les têtes de réseaux des organismes prescripteurs et les conseillers qui accueillent les publics, car la bonne appropriation du PFE par les premiers ne signifie pas forcément que le nouveau dispositif constitue un réflexe pour ces derniers face à un jeune à qui ils doivent proposer une solution. Preuve en est la récente distribution de supports de communication relatifs au PFE à afficher en mission locale, dotés d´un caractère quasi obligatoire. Pour les organismes de formation, la mise en place du dispositif est l´occasion d´apprendre à connaître les réseaux prescripteurs et d´apprendre à travailler en intelligence, source de satisfaction malgré un démarrage difficile lié au temps d´intégration du dispositif.

Organismes de formation

Le premier élément que les organismes de formation (désormais OF) avancent pour expliquer leur participation au dispositif est l´adéquation philosophique entre le PFE et les valeurs de l´organisme. Par exemple, un organisme qui avançait sa vocation de promotion sociale voyait le PFE comme un bon moyen de la poursuivre. Pour un autre organisme, le PFE s´inscrivait bien dans sa recherche de deuxième chance, de reconversion et d’entraînement professionnel : « on s´y retrouve en termes de valeurs. » Un problème se pose suite à ce constat pourtant partagé. Suite à la citation reprise précédemment, une personne travaillant en OF mettait en avant les différences d´histoire, de modèle de fonctionnement et de pratiques des OF intervenant sur le PFE. Si tous les OF interrogés, malgré leurs différences, prétendent que le PFE correspond à leur vocation habituelle, c´est bien que ce dispositif peine encore à imposer sa philosophie propre. Pour le dire autrement, la philosophie prônée par le PFE semble passer au second plan par rapport aux modes de faire habituels, quand bien même les OF ont largement adapté leur pédagogie pour le PFE. Un point qui tendrait à confirmer cette hypothèse est le fait qu´aucun acteur interrogé n´a parlé de conflit d´intérêt entre l´action nouvelle (le PFE) et les politiques traditionnelles des OF ; c´est ce qui arrive pourtant dans le dispositif étudié par Jérôme Godard et Fabien Desage.
D´autre part, les organismes de formation expliquent leur engagement par les moyens supplémentaires obtenus, qui leur permettent de mettre en `place des moyens pédagogiques qu´ils n´auraient pas pu forcément mettre sur d´autres actions de formation.
Ce lien opéré par les OF entre moyens supplémentaires grâce au PFE et nouveautés pédagogiques va de paire avec un enthousiasme affiché quant au travail en groupement d´OF recherché par le PFE, vu comme une source d’enrichissement et non pas comme une menace, même s’il n’est pas forcément aisé de collaborer avec organismes à la culture et à la pratique différente.
L´aspect expérimental du PFE plait aussi aux professionnels issus des OF, qui le citent comme motivation à y participer, par exemple car ils donnent un rôle aux OF « d’acteur de l’amélioration ». Même si l´aspect expérimental comporte son lot d´inquiétudes car ce n´est pas quelque chose forcément bien maitrisé et qu´il est difficile de savoir où l´on va, cela correspond à un surplus d´intérêt et de motivation. Tous les acteurs interrogés, même en dehors des OF, s´accordent à dire que l´aspect expérimental plait beaucoup aux formateurs qui sentent qu´ils sont entendus et qu´ils peuvent faire évoluer les contenus pédagogiques par leurs remarques, même si l´absence d´entretien avec des formateurs au contact des jeunes n´a pas permis de s´assurer que ce n´était pas une projection sur la réalité de ces professionnels. Un paradoxe est à relever cependant. Si les OF plébiscitent le PFE car il s’inscrit dans le désir de leur structure de faire évoluer les manières de faire, ils disent également qu’ils se sont positionnés sur le PFE car ce sont des formations auxquelles ils préparaient déjà mais surtout, et ce constat est valable pour les trois acteurs d’OF interrogés, ils raccrochent les originalités du PFE à des initiatives déjà lancées dans leur OF depuis une quinzaine d’années, qui sont toujours en place ou qui ont été abandonnés faute de moyens ou de convictions suffisantes.

Les différentes réalités du dispositif selon ses acteurs et ses lieux

Les matériaux recueillis permettent de voir comment l´endroit depuis lequel les acteurs parlent influent sur leur vision du dispositif. Par endroit, il faut entendre à la fois lieu géographique mais aussi situation positionnelle des acteurs, ces deux aspects constituant les deux temps de cette sous-partie. Après un an de mise en place du dispositif, les matériaux recueillis reflètent le fait que la vision des acteurs, même si elle se transforme au contact des autres acteurs, demeure bel et bien liée à l´endroit depuis lequel ils parlent.

Les différences selon le lieu

Les différences géographiques sur le PFE se calquent sur deux réalités qui diffèrent selon le lieu. La première, classique, est qu´un dispositif est mis en place par des personnes qui ne sont pas les mêmes selon les territoires, or ces personnes conservent une influence sur le dispositif en dépit des figures imposées. La deuxième, propre au PFE, vient du fait qu´à chaque département correspond un secteur d´activité, or la spécificité des secteurs d´activité est un élément d´explication des réalités constatées sur le PFE dans bien des cas. Sur les secteurs d´activité, les acteurs sont unanimes pour dire que l´attractivité des secteurs auprès des jeunes conditionne fortement les réalités observées. Si certains secteurs se sont retrouvés avec un nombre de prescriptions bien supérieur au nombre de places, d´autres connaissent une relative pénurie de candidats, conformément aux inégalités d´attractivité constatées dans d´autres programmes de formation pour ces mêmes secteurs d´activité. Ces tendances sont encore plus criantes quant à la volonté des publics de s´inscrire dans la mobilité, puisque les certifications les plus demandées sont celles qui concentrent l´écrasante majorité des projets de mobilité. Ce serait ainsi les métiers les plus recherchés qui poussent les jeunes à accepter la mobilité. Les différences de secteur expliquent sans surprise quelques caractéristiques des profils des publics accueillis, comme la répartition hommes/femmes. Dans l´Ain, où le PFE prépare aux métiers des services à la personne, on y retrouve un public très majoritairement féminin, où sont prégnantes des problématiques qu´on ne retrouve pas avec la même vigueur ailleurs, comme la garde d´enfants. En tout état de cause, on peut avancer sans trop se risquer que les problématiques propres au PFE se superposent aux problématiques propres à chaque secteur d´activité. En l´absence de résultats encore exploitables à l´heure actuelle sur le PFE, il semble difficile d´aller plus loin dans l´exploitation des différences de secteurs d´activité.
Sur les différences entre les personnes, nous nous concentrons ici sur les différences chez les organismes de formation. Les différences entre les personnels du Conseil Régional existent, chaque acteur peut avoir une perception différente des enjeux et des phénomènes à l´œuvre, cependant ces personnels sont en phase sur les sujets cruciaux. D´ailleurs cette unité chez ce groupe d´acteurs est illustrée par le fait qu´ils travaillent en un même lieu géographique. Cette unité serait probablement fragilisée si le personnel politique du Conseil Régional avait été interrogé (on a eu précédemment un aperçu de la controverse que pouvait susciter le dispositif). Chez les réseaux prescripteurs, les différences viennent avant tout du fait que chaque réseau accueille un public spécifique, par exemple les jeunes pour les missions locales. Comme cette étude porte sur les jeunes, l´investigation s´est resserrée sur les missions locales et il n´est donc pas possible de comparer le point de vue des différents prescripteurs, même si on a vu précédemment que les missions locales liaient volontiers leur point de vue à celui d´autres réseaux prescripteurs sur le PFE. Pour en revenir aux OF, les temps de travail en commun ont permis de faire ressortir, selon un acteur interrogé, que tout le monde se rend compte que chacun est confronté « aux mêmes questions, aux mêmes problèmes, aux mêmes constats ». Cette mise en commun est tout de même peu dense puisque ce même acteur rend compte qu´aucun temps d´échange régional n´a eu lieu sur les pratiques depuis janvier, soit depuis 8 mois. Les acteurs de la formation dans le PFE se rencontrent en revanche plus fréquemment à un niveau départemental, ce même acteur considérant que sur le département qui est le sien, « on est sur la même longueur d´onde ». Pourtant, un autre acteur fait état de différences de pratiques importantes sur le PFE, puisqu´il relate des pratiques de certains OF qu´il décrit puis juge comme inadaptées à une problématique de deuxième chance, car trop proches des modes de faire de l´Education Nationale. Il assure que lui ne ferait jamais ça dans le cadre du PFE.
En tout cas, le discours des acteurs montre qu´il est difficile de concevoir le PFE comme un bloc monolithique, puisqu´ils n´hésitent pas à parler du PFE de la Loire ou du PFE de l´Ain par exemple, ou à mettre en avant les destins inégaux des bénéficiaires du PFE selon la formation poursuivie. Le réseau prescripteur des missions locales plaide par exemple sur cette question pour une présentation simplifiée et unifiée de l’offre de formation.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PRESENTATION DE LA DEMARCHE 
I) DE L’APPORT MODESTE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DANS LES DYNAMIQUES DE SECONDE CHANCE A LA LOGIQUE PRONEE PAR LE DISPOSITIF « PROJET FORMATION EMPLOI » (PFE)
a) Les jeunes les moins dotés peinent à bénéficier de la formation professionnelle comme
moteur de leur deuxième chance
b) La réponse proposée par le « Projet Formation Emploi » face à ces enjeux
II) UN AN D’EVALUATION EMBARQUEE DU DISPOSITIF: DE NOUVELLES QUESTIONS EMERGENTES
a) Des résultats de l’expérimentation obtenus dans un espace temps singulier
b) Les différentes réalités du dispositif selon ses acteurs et ses lieux
c) Des transformations liées à l’apprentissage du dispositif
III) TRAVAILLER A L’EVALUATION DU DISPOSITIF: REINTERROGER LES QUESTIONS DE DEPART
a) Des indicateurs à construire et à interpréter
b) Les trajectoires de la deuxième chance proposées aux jeunes par le PFE
CONCLUSION

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