La relocalisation de la production alimentaire : une question d’actualité

La relocalisation de la production alimentaire : une question d’actualité 

Dans le contexte actuel, plus de la moitié de la population de la planète vie dans les centres urbanisés et d’ici 2050 nous atteindrons les deux tiers (Banque Mondiale, 2017). Cette forte croissance des villes s’accompagne d’une demande citadine toujours croissante et diversifié auprès des agriculteurs. Il ne s’agit plus aujourd’hui de s’alimenter, mais d’avoir la possibilité de consommer des produits frais, de qualité et respectueux de l’environnement. De plus, les terres agricoles, victimes de l’urbanisation, sont de plus en plus nécessaires à l’amélioration de la qualité de vie par le maintien d’espace de respiration urbain. Cette ceinture verte autours des espaces urbanisés participe de manière non négligeable à la création de valeur ajoutée sur le territoire. Cependant, la production agricole locale ne couvre qu’une très faible part de la consommation de son territoire. Ce sont, en effet, les grandes surfaces qui couvrent la majeure partie des besoins des consommateurs, via des plateformes d’approvisionnement comme Rungis. (Charvet et Laureau, 2018) .

De nouvelles demandes concernant les produits consommés émergent dans les villes et métropoles. Celles-ci concernent la qualité des produits en améliorant leur traçabilité et leur moyen de production, plus respectueux de l’environnement. On assiste à une augmentation des dépenses pour les fruits, les légumes, les produits de la mer et une diminution pour la viande. Ce phénomène de végétarisation de l’alimentation et d’accroissement de la consommation de produits biologiques est facilité par le développement des circuits-courts, du e-commerce et du locavorisme (Jean-Paul Charvet et Xavier Laureau, 2018). En particulier, le développement du locavorisme s’est vu motivé par une commercialisation des produits à une échelle spatiale et temporelle réduite garantissant la fraicheur et la qualité nutritive et gustative des produits. Cellesci passent par le contrôle de la provenance, gage de qualité et par une éthique de consommation plus responsable et citoyenne en favorisant l’emploi, les interactions sociales et l’économie locale ainsi que l’entretien et l’aménagement des espaces. (Poulot, 2012) .

Actuellement, un tiers de la population française a diminué sa consommation de viande et se tourne vers une consommation moins fréquente mais de meilleure qualité. Cette diminution touche particulièrement la viande bovine. La consommation de volaille a, elle, augmenté. Le complément de protéines se fait par une augmentation de la consommation d’autres produits tels que les produits laitiers, les œufs ou encore les protéines d’origines végétales (FranceAgriMer, 2018).

Depuis les années 80 et en particulier depuis 1990, la consommation de produits biologique s’est fortement développée, largement motivée par des questions de santé. Actuellement, la consommation en produit biologique augmente d’environ 10% par an, et ce malgré des produits de 1,5 à 2 fois plus cher par rapport aux produits plus conventionnels. Entre 2012 et 2017, la filière bio a même doublé son chiffre d’affaire. En outre une production et des produits plus sains et respectueux de l’environnement, elle offre un nombre d’emplois supérieur à l’agriculture conventionnelle pour une surface similaire. En moyenne, l’agriculture biologique emplois 2,41 UTA contre 1,52 dans l’agriculture conventionnelle. Cela s’explique par des pratiques culturales demandant davantage de main d’œuvre et également une activité de transformation et de vente en circuits courts plus importante. (AgenceBio, 2017) Cependant la demande citadine ne s’arrête pas à la fourniture de denrées alimentaires. Elle attend de plus en plus de services et de produits-services de la part des agriculteurs. Ils se traduisent, en premier lieu, sous forme de mesures pour la protection de l’environnement et la gestion des espaces agricole. (Charvet et Laureau, 2018) En constante augmentation, la demande en matière de tourisme « vert » se fait sous forme d’activités de promenade au sein des espaces agricoles, d’hébergement et de restauration à la ferme. Les activités sportives de pleine nature connaissent également un essor. Le rôle éducatif des espaces agricoles, en particulier pour une jeunesse de plus en plus déconnectée du monde réel, prend la forme de fermes pédagogiques, de visites d’exploitations agricoles, de musées, au travers desquels la sensibilisation à la nature et aux écosystèmes représente une dimension majeure. La dimension historique des espaces agricoles n’est cependant pas à négliger. (Charvet et Laureau, 2018) En résumé, cette demande croissante des services et de produits-services appel à une agriculture de plus en plus multifonctionnelle. En réponse à cette demande citadine, les politiques prennent de plus en plus en compte les espaces agricole et naturel dans la planification et les projets urbains. De nouvelles opportunités s’ouvrent aux agriculteurs, leur offrant la possibilité de devenir de véritables partenaires des collectivités. Ces espaces sont considérés par les collectivités comme des priorités en termes de conservation et de valorisation. Ils représentent un véritable atout dans le city marketing. (Charvet et Laureau, 2018) .

Des actions en faveur de la relocalisation de la production alimentaire 

Notion du local ? 

Un groupe de travail, constitué de représentants de la société civil et de professionnels, s’est réuni en 2009 afin d’élaborer le Plan Barnier qui est un plan d’action pour le développement des circuits-courts. Le 14 avril 2009, Michel Barnier, ministre de l’agriculture et de la pêche, a déclaré « Les circuits courts, qui recréent du lien entre les consommateurs et les agriculteurs, contribuent au développement d’une agriculture durable et d’une consommation responsable. Ils recèlent un potentiel d’écoute et de développement important permettant de mieux valoriser les productions, de créer des emplois et de mettre en place une nouvelle “gouvernance alimentaire” à l’échelle des territoires ».Dans le cadre de ce plan, Le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Pêche (MAAP) a donné en avril 2009 la définition suivante : « Un circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire. » (RnPAT, 2017) Cependant, cette définition est assez controversée. En effet, la notion géographique de proximité en est absente. La notion de circuit de proximité a donc été définie. Ils ont pour objectif de réduire la distance entre lieu de production et lieu de vente dans le but de développer l’agriculture local grâce à un approvisionnement alimentaire local. Cette définition pose un autre problème : les notions de proximité géographique ou de local ne sont pas clairement définies. (RnPAT, 2017) Les limites géographiques du « local » apparaissent très mouvantes, en l’absence d’une définition consensuelle. Elles varient d’un territoire à l’autre et sont souvent définies de manière à inclure tous les lieux permettant une cohérence territoriale. De manière générale, les distances de 50 à 80 km sont retenues. (RnPAT, 2017).

Dans le Projet Alimentaire Territorial de Tours, qui va nous intéresser par la suite, c’est la définition de circuit-court énoncé précédemment qui à été retenue lors du diagnostic. Elle a permis de définir un périmètre de proximité de 15 km autour du centre de la métropole pour le maraichage et de 80 km pour la production de viande. Le choix du cœur de la métropole comme point central s’explique par sa forte densité de population et donc un bassin de consommation majeur. (Tours Métropole, 2017) La mise en place d’un projet de relocalisation de l’alimentation ne peut se faire sans une gouvernance alimentaire.

La gouvernance alimentaire 

Les gouvernances alimentaires, de l’Antiquité à la Renaissance, se sont avant tout caractérisées par une dépendance forte entre zones urbaines et zones agricoles. Les villes s’approvisionnaient exclusivement dans leur campagne proche. Les lieux de commerces étaient nombreux et permettaient à la population de se procurer les denrées alimentaires produites à proximité. (Charvet et Laureau, 2018) Etablie lors de première moitié du XIXe siècle, le modèle spatial du prussien Johann Heinrich Von Thünen représente de manière schématique la localisation des différentes productions agricoles par rapport aux villes. A cette époque, le coût du transport constitue le facteur influençant majoritairement la disposition des aires de production agricole, d’où une organisation sous forme d’auréoles concentriques successives autour de la ville :
• Culture maraichère
• Production laitière
• Forêt (chauffage et construction)
• Culture céréalière intensive
• Culture mixte incluant la jachère (Charvet et Laureau, 2018) .

Bien que critiqué, le modèle de Von Thünen représente des idées clés que l’on retrouve encore aujourd’hui : compétition pour l’utilisation des sols, effet de la proximité au marché, effets positif de la présence urbaine… (Bryant, 1997) .

Cependant, ce modèle fut remis en cause lors de la révolution du transport. Celle-ci provoqua de grands bouleversements dans l’organisation de l’espace à partir du milieu du XIXe siècle. Ils se sont traduits par une déconnexion entre les centres urbains, lieux de consommation, et les campagnes proches, lieu de production. Ils ont été encore accentués par l’exode rural et la révolution industrielle. Aujourd’hui pourtant ce modèle trouve encore un sens, non plus pour des raisons de coût de transport mais pour un développement des circuits courts et un approvisionnement de proximité. En France, la politisation de la question alimentaire, trouvant sa source dans l’agriculture péri-urbaine développée à partir des années 70, dépasse la simple agriculture ultra-productive pour se focaliser sur des questions d’ordre sanitaires. Depuis les années 2000, les métropoles se préoccupent davantage des productions agricoles présentes sur leur territoire (Bonnefoy, 2011). Ce phénomène a trouvé un premier acte fort lors de la signature du « Pacte alimentaire » en 2015 à Milan par une centaine de villes et métropole dans le monde entier, dont 8 collectivités françaises. Il a pour but de contribuer à la mise en place d’actions locales autour de 6 axes prioritaires :
• Gouvernance alimentaire locale -Assurer un environnement propice à une action efficace
• Promouvoir une alimentation durable et une bonne nutrition
• Assurer l’équité sociale et économique
• Appuyer la production alimentaire (liens rural – urbain)
• Approvisionnement et distribution alimentaires
• Prévenir le gaspillage alimentaire (Pacte de Milan, 2015)
Ce pacte montre ainsi qu’il s’agit d’une véritable volonté d’évolution et pas seulement d’une simple mode.

Un certain nombre de villes et métropoles développent des stratégies en faveur d’une relocalisation et reterritorialisation de leur production. Ces initiatives sont largement soutenues par les citoyens, également consommateurs, en faveur des produits locaux et respectueux de l’environnement. Elles s’inscrivent dans une politique de développement durable mais également dans une politique de sécurité alimentaire, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs. (Charvet et Laureau, 2018). De tels dispositifs impliquent de nouvelles coordinations entre les acteurs d’un territoire ainsi que des changements en matière de gouvernance. (Billion, 2017) .

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Etat de l’art
La relocalisation de la production alimentaire : une question d’actualité
Des actions en faveur de la relocalisation de la production alimentaire
Notion du local ?
La gouvernance alimentaire
Outils à disposition des collectivités pour une reterritorialisation de l’alimentation
Une grande diversité des initiatives, des modes d’actions et des gouvernances alimentaires
métropolitaines
La place du bio dans la reterritorialisation de l’alimentation ?
Partie 2 : Etude de cas : Le projet alimentaire territoriale de la Métropole Tours – Val-de-Loire
Protocole de recherche
Le PAT de Tours
Historique du projet
Les ateliers du groupe projet partenarial (ATU, 2017)
Réalisation du diagnostic territorial (ATU, 2017)
La réalisation d’une enquête sur les maraîchers (Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire, 2018)
Le travail des trois groupes thématiques (ATU, 2017)
Le stade actuel du projet
Entretiens
Les résumés des entretiens
Synthèse des entretiens
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : Un projet alimentaire territorial à l’échelle métropolitaine
Annexe 2 : Lettre de mission « agriculture métropolitaine » adressé à Jacques LE TARNEC
Annexe 3 : Les acteurs du PAT
Annexe 4 : Résultats du vote pour prioriser 8 actions

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