La recherche et l’innovation comme levier de développement local

La première vague d’urbanisation a commencé par toucher les pays dits développés, à savoir l’Amérique du Nord et l’Europe principalement. Entre 1750 et 1950, la population urbaine est passée de 15 à 423 millions d’habitants, ce qui correspond à une évolution de 10% à 52% de la population totale (UNFPA, fonds des nations unies pour la population, 2007). A l’échelle de l’Europe, 80% de la population habite de nos jours en ville. L’urbanisation est donc un phénomène mondial et pose aux sociétés contemporaines des défis qui mobilisent notre capacité à concevoir le monde dans lequel nous vivons. Selon le rapport du l’UNFPA, 81% de la population devrait devenir urbaine d’ici l’horizon 2030. La conception de ville durable ouvre la voie à un ensemble d’innovations portées par les différents acteurs des villes.

Vivre en société comporte autant de défis que d’opportunités. Avec la croissance de la population mondiale et le mouvement de celle-ci vers les villes, l’impact des milieux de vie urbanisés se fait sentir globalement sur les changements climatiques tout comme sur la qualité de vie au quotidien. Le type d’urbanisation pratiqué dans les dernières décennies dégrade les milieux naturels, créé des disparités sociales et encourage une économie dépersonnalisée. La concentration de la population dans les villes, la complexité des systèmes qui interagissent et fournissent les biens et services augmentent davantage les dégâts potentiels causés par ces catastrophes pour les êtres humains et l’économie locale. Les accords de Kyoto (1995-2005) visant la réduction des émissions des gaz à effet de serre, les Grenelles de l’Environnement I et II (2009 et 2010), la COP 21 (2015) ; autant de sommets mondiaux qui stipulent que nos modes de vie doivent évoluer afin de préserver l’environnement et donc l’avenir des générations futures.

Plusieurs objectifs d’évolution ont été attachés à la notion de ville durable et liés à diverses fonctions urbaines : environnement, démographie et santé, économie, social, politique et gouvernance, culture, symbolique et éthique, éducation, technique et logistique, urbanisme, ect. Toutes les attentes qui sont associées à la ville durable (qualité de l’eau, de l’air, bruit, paysages, climat, déchets, biodiversité, etc.), sont déclinées par exemple dans un Agenda 21 qui se traduit par de nombreuses propositions, rarement hiérarchiques et parfois contradictoires, ce qui rend le concept peu opérationnel. La notion de «Smart Cities » est alors apparue dans le vocabulaire de la planification durable. Ce concept s’appuie principalement sur le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les réseaux urbains : transport et circulation, production et distribution d’énergie, distribution d’eau, télécommunications et information. La ville intelligente mise sur l’intégration de ces réseaux pour optimiser les flux, les consommations, et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Dans l’optique de création de villes intelligentes, de grands projets urbains ont vu le jour et se définissent comme étant « des opérations de régénération urbaine visant à requalifier des « morceaux » de ville situés souvent dans le centre des agglomérations, […] et à doter la ville d’équipements de prestige lui permettant de se positionner favorablement dans la compétition interurbaine » (Pinson, 2006). Repenser la ville nécessite donc un ensemble d’innovations afin d’assurer le développement économique, social et environnemental harmonieux de celle-ci. La complexité de la mise en œuvre de projets urbains réside dans la multiplicité des acteurs et dans leurs modes de coordination. À la vue de l’ensemble des problèmes soulevés précédemment, il est alors possible de se demander comment se coordonnent les acteurs et comment identifier ce qui est innovant dans les Smart Cities. L’hypothèse de travail est que plus le processus est concerté, plus la ville est durable, ce qui est en contradiction avec la logique « top-down » ou gouvernance par le haut.

Revue de littérature

Aspects généraux 

Communément, la recherche se définit comme un « processus d’influence qui conduit au changement social et dont l’effet consiste à rejeter les normes sociales existantes et à en proposer de nouvelles ». (Larousse, 2016). « Les politiques de développement économique locales et régionales portent un intérêt important sur l’innovation : il semble acquis que le développement économique d’un territoire passe par l’innovation au sein de ses entreprises, et que l’innovation des entreprises repose en grande partie sur les dynamiques d’échange et de collaboration au sein du territoire. » (Richard Shearmur, 2010). L’innovation au sein d’une société est définie comme étant un « processus d’influence qui conduit au changement social et dont l’effet consiste à rejeter les normes sociales existantes et à en proposer de nouvelles. » (Larousse, 2016). Le Manuel d’Oslo définit quatre types d’innovation : les innovations de produit, les innovations de procédé, les innovations de commercialisation et les innovations d’organisation. Une innovation de produit correspond à « l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau ou sensiblement amélioré sur le plan de ses caractéristiques ou de l’usage auquel il est habituellement destiné. Cette définition inclut les améliorations sensibles des spécifications techniques, des composants et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou autres caractéristiques fonctionnelles ». Ainsi, il s’agit d’un nouveau produit qui grâce à la technologie apporte des fonctionnalités nouvelles au client. L’innovation de procédés est la « mise en œuvre d’une méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des changements significatifs dans les techniques, le matériel ou les logiciels. » Elle peut avoir pour but de diminuer les coûts unitaires de production ou de distribution, d’augmenter la qualité, de produire ou de distribuer des produits nouveaux ou sensiblement améliorés. L’innovation de commercialisation se définit comme étant « une nouvelle méthode de commercialisation impliquant des changements majeurs dans la conception, le conditionnement, le placement, la promotion ou la tarification d’un produit ». Tandis que l’innovation de procédés est axée sur la qualité et l’efficience de la production, l’innovation de commercialisation est orientée vers les clients et le marché. Elle vise à améliorer les ventes et la part de marché. Il peut s’agir d’un changement dans la conception, le conditionnement, la promotion et le placement d’un produit ou dans les méthodes de tarification de biens et de services. Par exemple, la modification de la conception d’un circuit de vente ou encore les changements de forme et d’aspect de l’emballage d’un produit. Une innovation d’organisation est la mise en œuvre d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de l’entreprise.

Ce type d’innovation influence également les performances de l’entreprise en matière de qualité du travail d’échange d’information, de capacité d’apprentissage et d’utilisation des nouvelles connaissances et technologies. Il implique la mise en place de nouvelles méthodes d’organisation des routines et des procédures d‘exécution des travaux. Comme la création de bases de données sur les pratiques exemplaires de l’entreprise par exemple.

De façon générale, l’innovation est définie dans la littérature comme un processus. En effet, « l’innovation est une série (non linéaire) d’étapes cohérentes entre elles et tendant vers un résultat identifiable, représenté par une activité industrielle nouvelle et ancrée dans son environnement » (Boly, 2004). Néanmoins, l’innovation reste avant tout « un processus intentionnel de changement par l’introduction d’une nouveauté relative à un contexte et ressentie comme telle par les sujets, qui consiste en l’agencement original d ‘éléments préexistants. C’est un agir social finalisé. Social car c’est une action collective qui implique la communication/collaboration entre les acteurs. Finalisé au double sens où a) il est sous-tendu par des valeurs d’amélioration et de progrès ; et b) il est orienté vers l’action et la mise en œuvre opérationnelle des idées ayant présidé à son démarrage » (Barry, 2002).

Bien que la recherche joue un rôle essentiel dans le processus d’innovation des entreprises, d’autres facteurs y contribuent grandement, tels que les interactions avec d’autres entreprises et avec les organismes de recherche, ainsi qu’une structure organisationnelle propice à l’intégration des connaissances. La présence d’un personnel hautement qualifié est également nécessaire pour faciliter l’application des nouvelles technologies au sein de l’organisation. Ces personnes sont sensibilisées aux retombées que peut avoir l’adoption de pratiques innovantes. De Ramecourt et Pons, 2001 affirment : « qui innove aujourd’hui vivra demain ». En d’autres termes, l’innovation consiste à « faire mieux qu’hier, moins bien que demain; faire l’effort de ne pas oublier que nous avons déjà oublié ; connaître pour agir et transformer ». L’innovation apparaît donc comme une façon imaginative de faire face aux changements. Pour cela, elle nécessite la création de nouvelles idées, d’effectuer de la recherche, du développement. Elle est donc souvent le résultat d’une idée nouvelle issue d’une démarche plus ou moins structurée.

La définition d’une Smart Cities

Le terme de « Smart Cities » ou encore, villes intelligentes, est apparu dans les années 2000 et se définit grossièrement comme « une ville qui s’appuie sur les TIC pour une gestion plus efficiente ». (Rudolf Giffinger, 2012). Les TIC sont un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger des informations, plus spécifiquement des données numérisées. Le développement, l’optimisation des réseaux ainsi que la gestion des quantités de données et d’informations qu’ils produisent sont au cœur de cette recherche d’efficacité. Toutefois, comme souvent avec les termes à connotation marketing, la réalité qu’ils recouvrent n’est pas entièrement nouvelle puisque les cités n’étaient pas « bêtes » avant. (Club Technique La Gazette, 2014)

La smart city s’inscrit dans la lignée de l’urbanisme planificateur né au XIXème siècle, qui coïncide avec l’arrivée de l’électricité. L’idée est de mieux gérer la ville, mieux la contrôler, dans la logique « top-down », c’est-à-dire que les décisions sont prises par une poignée d’acteurs en haut de la pyramide et répercutées aux échelons inférieurs, à sens unique. « Si la ville peut s’assimiler à un organisme complexe, à une mixte d’organisation humaine et d’infrastructure technique, pourquoi ne pas envisager de la gérer et d’orienter son développement à la façon dont on peut conduire un char, piloter des avions ou mener des politiques d’équipements stratégiques ? », Résume Antoine Picon, ingénieur architecte et docteur en histoire dans son ouvrage « Smart Cities ».

En fonction des intérêts des acteurs, la définition connaît toutefois des nuances notables. D’un côté, les gros opérateurs économiques se situent plutôt dans le prolongement de la ville comme salle de contrôle. De l’autre, beaucoup d’élus ou de citadins s’accordent sur le fait que les qualités uniques d’une ville sont d’un tout autre ordre : la cohésion sociale et le rapport entre les communautés, la souffrance sociale, le prix du foncier et la ghettoïsation, la sécurité, la désaffection démocratique, la vie culturelle ou encore le maintien des commerces dans les quartiers sont les principaux enjeux d’une ville. Une ville intelligente serait une ville qui part des citoyens pour devenir plus humaine, la nouveauté se trouve donc dans une intelligence collective d’un nouveau type qui permet une réflexion et une action collective, la ville apparait alors comme un organisme vivant d’un genre nouveau.

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Table des matières

INDICE DES SIGLES
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I REVUE DE LITTERATURE, PROBLEMATISATION ET METHODOLOGIE
I. REVUE DE LITTERATURE
1. Aspects généraux
2. La définition d’une Smart Cities
3. Ville intelligente et ville durable
1. La notion de « bien -vivre ensemble » et de la qualité de vie
2. Des concepts communs
3. Les écoquartiers : l’intelligence collective à l’œuvre
4. Gouvernance, partie prenante et modes de coordination
1. Définitions
2. La participation citoyenne
II. PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE
1. Problématique
2. Hypothèse de travail
III. METHODOLOGIE
1. Récupération des données
2. Lyon, Bordeaux, Québec et Montréal comme cas d’étude
1. Les cas français
2. Les cas québécois
3. Analyse des données par la méthode de la grille d’évaluation multi critères
1. Méthodologie initiale
2. Evolution de la méthodologie lors de l’application aux cas d’étude
3. Mesure des données
4. Analyse générale des données suite à l’évaluation
5. Mesure du potentiel d’innovation des cas d’étude
CHAPITRE 2 LES ETUDES DE CAS
I. FRANCE
1. Lyon et le quartier confluence
1. Présentation de Lyon et du quartier confluence
2. Les modes de coordination pour la réalisation du quartier confluence
3. Grille d’évaluation appliquée au quartier confluence
4. Résultats et analyses
2. Bordeaux et le quartier Ginko
1. Présentation de Bordeaux et du quartier Ginko
2. Les modes de coordination pour la réalisation de l’écoquartier Ginko
3. Grille d’évaluation appliquée au quartier Ginko
4. Résultats et analyses
II. CANADA
1. Québec, le quartier de la pointe-aux-Lièvres
1. Présentation de Québec et du quartier de la pointe-aux-Lièvres
2. Les modes de coordination pour la réalisation du quartier de la pointe aux Lièvres
3. Grille d’évaluation appliquée au quartier de la pointe aux Lièvres
4. Résultats et analyses
2. Montréal, le quartier des spectacles
1. Présentation de Montréal et du quartier des spectacles
2. Les modes de coordination pour la réalisation du quartier des spectacles
3. Grille d’évaluation appliquée au quartier des spectacles
4. Résultats et analyses
III. COMPARAISONS
1. Mesure du potentiel d’innovation
2. Les différences
1. Les documents d’urbanisme utilisés
2. La mixité sociale
3. Les partenariats
3. Les points communs
1. Le développement durable
2. La concertation
4. Critiques
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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