La raréfaction de l’eau un enjeu majeur présent et futur de nos sociétés

 La raréfaction de l’eau : un enjeu majeur présent et futur de nos sociétés 

L’eau est un élément essentiel depuis le début du peuplement de la Terre agissant comme facteur de sécurité et de conflits jusqu’à l’heure actuelle (1). Encore aujourd’hui l’accès à l’eau reste une problématique toujours présente notamment dans les pays ayant des prédispositions naturelles négatives. A l’échelle mondiale, elle reste une ressource inégalement répartie sur le globe comme le montre l’annexe 1. En effet selon l’Unesco en 2016, près de 700 millions de personnes n’ont pas eu accès à une eau saine sachant que plus de 1 milliard de personnes vivent dans les régions les plus arides de la planète et connaissent donc régulièrement une pénurie d’eau d’après le WRI (World Ressource Institute). Cependant face à ces prédispositions naturelles handicapantes pour ces régions, viennent s’ajouter un contexte économique et climatique de plus en plus pesant.

Selon le 5ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la ressource en eau fait partie des enjeux les plus importants à prendre en compte dans le cadre d’une lutte/ adaptation face aux conséquences du changement climatique. Parmi les nombreuses conséquences sur le cycle de l’eau, la diminution de la disponibilité de la ressource en eau douce est celle qui ressort comme ayant à l’avenir un impact sur des régions qui jusqu’ici n’étaient pas touchées par un stress hydrique. En tenant compte d’un contexte climatique se dégradant, la ressource en eau est aussi soumise à une pression générée par une croissance démographique dans les régions les plus arides et à une « intensification des usages agricoles, domestiques et industrielles »(2). Dans ce contexte particulier, les différentes régions du monde sont amenées à voir leur ressources en eau disponible diminuer comme le montre la carte mondiale de la projection du stress hydrique d’ici 2040 (voir Annexe 2 ) en utilisant le scénario le plus pessimiste( SSP3 RCP8.5).D’ici 2025, le WRI estime à plus de 3,5 milliard, le nombre de personnes qui seraient confrontés au risque de pénurie en eau. Il apparaît donc plus que nécessaire d’intégrer à la conception des villes durables futures, un système de gestion en eau qui serait adapté à la réduction de la disponibilité de la ressource et qui limiterait par ailleurs, l’existence de conflits d’usage dû l’augmentation exponentielle de la demande (1).

Afin d’envisager au mieux les conséquences du changement climatique sur la ressource en eau, il semble intéressant de se pencher sur le cas des régions qui font face naturellement à une variabilité de la disponibilité en eau et d’y rechercher les adaptations en terme de structures lié à la gestion de l’eau anciennement ou actuellement toujours utilisées. Parmi les régions ayant un handicap naturel concernant la ressource en eau, on constate que les territoires situés entre la parallèle 40°N et le Tropique du Cancer ( voir annexe3) dispose d’un climat plutôt aride mais aussi de système traditionnelle de gestion hydraulique qui diffère de nom selon le pays avec les Qanâts en Iran, les Foggaras en Algérie, les Khettaras au Maroc, les Falj au Sultanat d’Oman…(3,4)

Un système traditionnel de gestion de l’eau se définit comme étant l’ensemble des actions et des acteurs relatifs à la planification, l’extraction et la distribution de la ressource en eau aussi bien d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Le terme «traditionnel » qui le caractérise renvoie à une notion d’usage  prolongé dans le temps et qui nécessite une transmission du savoir et des pratiques d’une génération à une autre(5). Selon Mina Kleiche-Dray, les pays qui disposent actuellement de savoirs  autochtones, qui sont liés par exemple à un système traditionnel de gestion, sont principalement les pays émergents ou en développement. Ces pays se caractérisent par une croissance économique qui reste encore socialement inégalitaire et une transition vers de nouvelles technologies. Ces pays sont aussi dits de « méga-diversité » avec une population issue de différentes communautés.

La khettara : un système de gestion de l’eau témoin physique de l’ingéniosité ancestrale 

Généralités

d’un réseau de puits distants de 5 à 25 m et de galeries souterraines d’une longueur d’environs 45km et à 15 m de profondeur reliées à une nappe d’eau souterraine (Schéma1). Bien que cette technique d’irrigation existait depuis l’Antiquité, l’essor de ce mode d’irrigation au Maroc débute, il y a plus de 1000 ans, avec la dynastie des Almoravides( des nomades Sahariens) à travers une valorisation et amélioration de cette technique par les ingénieurs de l’Islam qui ont favorisé son expansion du VIIIème au IXème siècle (3). Le terme « khattarat » signifie « danger » en arabe et a été attribué à ces aménagements du fait de la dangerosité qu’ils impliquent lors de leur conception (creusement à des profondeurs importantes) qui impliquait uniquement un travail manuel et donc nécessitait une main d’œuvre très importante(6). Ce système d’irrigation est particulièrement typique les régions de Sud-Est du Maroc dans les régions de DraaTafilalet et de Marrakech-Safi (voir carte 1) ou la contrainte concernant la ressource en eau est forte du fait du climat et du contexte pédologique, caractéristique des territoires désertiques. 

Le fonctionnement des khettaras n’utilise que le principe de gravité afin de faire remonter en surface l’eau souterraine issue de la nappe grâce à des galeries drainantes (Voir schéma 1). L’existence de puits en amont des zones irriguées favorisent l’infiltration des eaux de pluie et alimente la nappe qui par conséquent monte de niveau. Cette augmentation du niveau de l’eau et par l’existence de puits d’aération oriente la partie excédante de la nappe vers des canaux qui amènent progressivement l’eau à la surface. La proximité avec la nappe favorise un échange de l’eau et permet d’avoir un débit continu. Cette absence de mécanisme moteur permet ainsi une exploitation « au fil de l’eau » et donc limiterait l’existence de pressions d’usage sur la ressource eau lorsque le niveau de la nappe atteint sa limite critique (3,7).

Ce fonctionnement au fil de l’eau est considéré comme étant un avantage du fait de son adéquation avec l’objectif N°12 du développement Durable (Nations Unies) à savoir « faire plus et mieux avec moins ».Néanmoins selon certains auteurs, par ce fonctionnement, les khettaras de la région du Tata, sensibles aux variations de pluviométrie, ne fourniraient pas un débit important en été là où la demande en eau est la plus importante (8).Au contraire de cela, certains auteurs affirment que la principe d’infiltration et de transport de l’eau conduirait à un débit plus important en été (3). Cette divergence d’opinion s’expliquerait par la longueur des khettaras, plus elles sont longues, plus le débit est important et plus le délai de transport est important (9). Ces aménagements hydrauliques ont grandement participé au développement de la « cité-jardin » de Marrakech et à la viabilisation des zones désertiques. Ils sont à l’origine de l’existence de nombreux paysages qui font la richesse du Maroc à savoir, les palmeraies et oasis ainsi que les jardins fleuris en ville.

Comme dit précédemment les khettaras ont initialement été mises en place à des fins agricoles mais elles ont été parfois développées pour un usage domestique de l’eau, notamment à Marrakech(3,8,9). Les khettaras étaient la propriété du Sultan du Maroc avant la mise en place du protectorat Français et à des grands propriétaires du fait du coût important que représentait l’édification des khettaras (9) Au fil du temps, l’accès à la propriété des khettaras est devenu moins contraignante offrant ainsi à des petits propriétaires et des communautés, la possibilité d’en acquérir. De ce fait, la khettara était donc la propriété de la communauté qui l’avait édifié et le lieu de l’application du droit coutumier que l’on retrouve globalement chez les communautés pastorales (10). La gestion de son usage en milieu rural était définie selon l’engagement des individus concernant la construction ou l’entretien de l’aménagement. La durée d’usage de l’aménagement était donc proportionnelle au temps dédié par l’individu celui-ci. Dans le cas où un individu non-impliqué souhaiterait utiliser la khettara, il doit payer, la durée de l’usage qu’il prévoit. La gestion est donc collective et la propriété de « groupe » s’apparente celui des «tandas » en Espagne dans les huertas de Murcie et Orihuela (11). Avec la fin du protectorat français et une période de sécheresse importante, l’arrêt de l’usage des khettaras pour l’irrigation par le Maroc en 1985 conduira progressivement à l’abandon de ces aménagements. Cette abandon en tant que technique d’irrigation va peu à peu provoquer la disparition de certaine khettaras au profit de nouvelles technologies . Néanmoins dans certaine région et particulièrement celle de Draa-Tafilalet, des khettaras actives subsistent mais leur fonction a évolué. En effet actuellement les khettaras de cette région sont valorisées dans le cadre du développement du secteur touristique notamment autour des Palmeraies et oasis marocaines. Leur gestion est privée, à savoir celle du propriétaire de la palmeraie avec un usage uniquement à des fins touristiques paysagers (6). Le dénombrement des khettaras sur le territoire marocain reste difficilement évaluable du fait du manque de visibilité de l’aménagement qui est essentiellement souterrain mais aussi du fait de la contrainte que les khettaras peuvent représenter pour les aménageurs dans le cas où celles-ci seraient clairement identifiées. Par ailleurs le nombre de khettaras dans toute la région de Marrakech-Safi a été estimé à environ 600 dans les années 70. Cependant du fait de l’arrêt de l’usage des khettaras comme mode d’irrigation par l’Etat marocain en 1985, ce nombre n’a cessé de diminuer du fait de l’urbanisation du territoire où « l’inertie structurelle » et l’ampleur de l’aménagement ont conduit certains aménageurs à détruire par comblement les khettaras(3,8).Selon une étude menée sur un échantillon de 37 khettaras par la Direction de la région hydraulique de Marrakech entre 85 et 86, près de 80 % des khettaras ont été détruites ou hors d’usage (asséchées).

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Table des matières

INTRODUCTION
LA RAREFACTION DE L’EAU : UN ENJEU MAJEUR PRESENT ET FUTUR DE NOS SOCIETES
GENERALITES
EVOLUTION DE L’USAGE JUSQU’A NOS JOURS, DE LA GESTION ET STATUT JURIDIQUE DES KHETTARAS
LES RAISONS DE L’ABANDON D’UN SYSTEME DE GESTION
L’INTEGRATION DU SAVOIR AUTOCHTONE
LE PLAN MAROC VERT : UN PROJET DE DEVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE MAROCAINE
PRESENTATION ET OBJECTIFS
BILAN DU PLAN MAROC VERT 2008-2018, UN DEVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNIQUES DE GESTION DE L’EAU ET D’IRRIGATIONS
LE PLAN MAROC VERT : UN PLAN DE MODERNISATION DE L’AGRICULTURE MAROCAINE AU DEPEND DE LA CONSERVATION DES KHETTARAS
LE PACO : UN PROJET DE PROTECTION ET DE VALORISATION DE L’ENSEMBLE DE L’ECOSYSTEME OASIEN
PRESENTATION ET OBJECTIFS
BILAN DU PACO : DES MICRO-PROJETS DE REHABILITATIONS DE KHETTARAS TEL QUE CELUI DU KSAR AGOUDIM
LE PACO, UN PROJET DE VALORISATION DE LA KHETTARA EN TANT QU’AMENAGEMENT DURABLE DE GESTION DE L’EAU DANS LES MILIEUX OASIENS
L’INSCRIPTION DES KHETTARAS AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO : UN TEMOIN DE L’URGENCE DE LA PATRIMONIALISATION
UNE CANDIDATURE DES KHETTARAS AU PATRIMOINE MONDIALE DE L’UNESCO
LA PATRIMONIALISATION PAR LE LABEL UNESCO : UN OUTIL D’INFORMATION ET DE MEMOIRE POUR LES JEUNES GENERATIONS MAROCAINES
ET LE MONDE MAIS UNE REDUCTION POSSIBLE DE LA REPRESENTATION SOCIALE DES KHETTARAS EN TANT QU’AMENAGEMENT DURABLE ET INTEGRE
CONCLUSION

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