La question de la microfinance entre opportunités et contraintes

La question de la microfinance entre opportunités et contraintes

Les stratégies internationales de lutte contre pauvreté

Pendant les années 90, la marginalisation croissante des pays à faible revenu dans le processus général de la mondialisation et le creusement énorme de l’écart entre riches et pauvres, ont incité la communauté internationale à rechercher davantage des schémas de coopération plus appropriés.
Ce n’est qu’en 1999, que les institutions de Bretton Woods ont reconsidéré leurs stratégies en se dotant de nouvelles stratégies de financement en vue de réduire la pauvreté dans une optique d’amélioration des conditions de vie des individus et participation citoyenne comme élément clefs dans leur actions.
Les stratégies de réduction de la pauvreté jouent aujourd’hui un rôle central dans l’aide financière et l’appui à la réforme des politiques économiques réalisés sous l’égide des pays en développement, notamment ceux considérés comme pauvres.
Ces stratégies s’articulent généralement autour de 4 piliers principaux qui participent directement ou indirectement à l’allègement de la pauvreté (Montalieu, 2008)111 :
-La création de richesses dans une logique de croissance inclusive (pro-poor growth).
-Un développement accéléré de l’accès aux services sociaux de base.
– Une action sur la vulnérabilité économique par la protection sociale et la gestion des risques
– Une gouvernance renouvelée et plus conforme à un management participatif et décentralisé.
Ces axes de développement font l’objet d’un traitement qui cherche à traduire un équilibre entre la stabilisation macroéconomique, perçue comme une condition nécessaire à la croissance économique, et des réformes micro-structurelles, mieux à même d’enrichir le contenu social de cette croissance.

L’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) : Highly indebted poor C. Hipcs

Cette initiative, renforcée en 1999, repose sur l’idée qu’une réduction globale de la dette est une condition nécessaire au développement des pays les plus pauvres.
Ainsi, selon le FMI, « pour que la réduction de la dette ait un effet tangible sur la pauvreté, les ressources qu’elle libère doivent servir à améliorer le sort des pauvres ».
Conçue pour renforcer le lien entre l’allégement de la dette et la lutte contre la pauvreté, cette initiative s’adressait d’après Massod (2002)113, aux pays ayant démontré leurs capacités de mener à bonne fin des mesures d’ajustement macroéconomiques et structurel en vue de fournir un allégement de la dette plus rapide et plus substantiel. Il est essentiel de rappeler que cette initiative vise également à lever les obstacles au développement et à rendre les pays les plus pauvres apte à mieux accroître les investissements qui s’imposent dans les secteurs sociaux et éducatifs.
Selon la Banque mondiale, 50 pays ont été classés dans la catégorie « pays à faible revenus ».
Le rapport mondial sur le développement humain (RMDH, 2000), énumère sept pays qui ont été admis à bénéficier de l’aide dans le cadre de cette initiative d’une valeur globale d’environ 03 milliards de dollars sur les 127 milliards de dollars dus par l’ensemble des pays pauvres très endettés.
En fin juin 2008114, 23 des 41 pays pauvres très endettés avaient atteint « le point de décision » visé par l’initiative PPTE « renforcée » pour des engagements d’allégement de la dette qui s’élevait à plus de 34 milliard de dollars.
Pour être éligible au point de décision, les pays intéressés par l’initiative PPTE doivent par conséquent satisfaire les conditions suivantes :
– Etre membre de l’association internationale pour le développement (AID, filiale de la Banque mondiale).
– Avoir un niveau d’endettement soutenable
– Ayant suivi avec succès des programmes de réformes préconisés par le FMI et la Banque mondiale depuis au moins trois ans.
– Définir une stratégie globale de lutte contre la pauvreté (aspect multidimensionnel) présenté dans un document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).
Par conséquent, il est à noter qu’en 2004, le mécanisme PPTE a abouti à des allégements évalués à 52 milliards de dollars (soit 2.6% de la dette extérieur des PED) pour 27 pays dont 23 pays africains, qui allouent aujourd’hui prés de quatre fois plus de ressources, en moyenne, au service sociaux (santé, éducation) qu’au service de la dette.
Malgré ceci, des critiques de cette initiative portent sur le nombre de pays bénéficiaires, le faible montant des allégements et la lenteur du processus.
En fait, si cette initiative a tout l’air d’être une nouvelle conditionnalité qui s’ajoute à celle des programmes d’ajustement structurel, il n’en demeure pas moins qu’elle peut contribuer relativement à la réduction de la pauvreté si les fonds lui sont destinés convenablement.
En 2005, d’autres initiatives sont venu s’ajouter à l’initiative PPTE, a savoir l’initiative d’allégement de la dette multilatérale IADM116, en vue d’accélérer les progrès dans la voie des objectifs du millénaire pour le développement.
Selon les estimations du dernier rapport sur l’avancement de l’Initiative PPTE (mars 2008), les mesures d’allégement de la dette accordées sous leurs différentes formes (PPTE, IADM, mesures classiques d’allégement de la dette et autres mesures «volontaires » d’allégement de la dette bilatérale) ramèneraient le montant total de la dette des 33 pays parvenus au point de décision de 105 milliards à 9 milliards de dollars, soit une réduction de plus de 90 %
Nous avons pu constater à travers ces actions, que le fardeau de la dette constitue un frein déterminant dans le processus de développement notamment humain de la plupart des PED. C’est pour cette raison, que les pays pauvres n’arrivent pas à s’intégrer dan s cette mondialisation par ces échanges et flux divers, vu la lourdeur de la dette qui pèse et pèsera sur l’équilibre macroéconomique de ces pays.

Le document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) : Poverty réduction strategy papers

Les pays à bas revenu qui souhaitent bénéficier d’une aide financière a des taux concessionnels émanant des institutions financières internationales, ou d’un allégement de leurs dettes dans le cadre de l’initiative PPTE « renforcée » doivent préparer un programme conçu pour la lutte contre la pauvreté à moyen et long terme, appelé communément DSRP, développé par la Banque mondiale en septembre 1999.
En tant que nouveau cadre conceptuel de développement, visant à accorder une importance accrue à la réduction de la pauvreté, les DSRP sont des documents de référence pour les opérations d’allégement de la dette dans le cadre de l’initiative PPTE. En fait, ils contiennent quatre éléments fondamentaux :
1 – Une description du processus de préparation, fondé sur la participation.
2 – Un diagnostic de la pauvreté, avec l’identification des obstacles ou recul de la pauvreté et à la croissance.
3 – Des objectifs, des indicateurs (par exemple des taux annuels de croissance ou scolarisation primaire).
4- Des mesures prioritaires que les pays s’engagent à prendre dans les limites imposées par leur budget pour atteindre les objectifs établis.
Ainsi, le succès des stratégies de réduction de la pauvreté dépend des mesures prises par les pays eux même et de l’aide concertée de tous leurs partenaires.
Pour permettre à ces pays de concrétiser leurs volontés, le DRSP produit quatre résultats essentiels à savoir :
*Une internalisation progressive des stratégies pour la réduction de la pauvreté par presque tous les gouvernements.
*Une place plus importante accordée à la réduction de la pauvreté dans les débats sur les politiques gouvernementales.
* Un dialogue plus ouvert qu’auparavant au sein des gouvernements et entre les autorités gouvernementales et certaines organisations de la société civile.
* Une acceptation des principes qui sous-tendent le dispositif DRSP au sein de la communauté des donateurs.
Ce dispositif, successeur de l’ajustement structurel, est appelé aussi à devenir un nouvel instrument de partenariat essentiel pour les relations des autorités nationales des pays concernés avec les donateurs set la société civile.
Par ailleurs, la consultation de la « société civile » lors de l’élaboration par les gouvernements d’un DSRP, est une condition primordiale pour obtenir des crédits que ce soit de la banque mondiale ou du FMI.
En fait, la Banque mondiale considère que trois critères sont essentiels pour assurer une participation effective de la société civile dans un cadre national :
1- La légitimité (reconnu par l’ensemble du public).
2- La représentativité (représente et défend les intérêts et les besoins d’un groupe de population.
3- La capacité (ayant les capacités organisationnelles pour déterminer les objectifs, et pour participer au dialogue ouvert au niveau national).
A vrai dire, les cadres stratégiques de réduction de la pauvreté, d’un point de vue théorique, sont appelés à servir les pauvres sur la base de cinq éléments qui doivent être intégré dans leur composition :
* En optant pour une stratégie axée sur les résultats, les pays doivent fixer la nature de la pauvreté et déterminer efficacement les interventions qui ont le plus d’impact sur elle.
* La pauvreté étant dimensionnelle, les stratégies optées doivent être globales.
* Les stratégies énoncées doivent être adaptées à la situation de chaque pays.
* Les gouvernements doivent faire preuve d’un engagement à long terme afin de rendre les résultats plus tangibles.
* Les stratégies doivent être orientées vers la recherche de partenariats avec les différents acteurs de l’aide au développement.
Dans un contexte comparatif, les nouveaux éléments introduits par les DRSP vis-à vis des politiques d’ajustement structurel peuvent être décrits à travers la figure suivante :
Pratiquement, dans tous les pays concernés par les DSRP, c’est le ministère de finances qui prend en charge l’élaboration du dispositif, bien qu’auparavant la prise en charge des politiques de lutte était assuré par les ministères sectorielles, qui n’avaient que de peu d’autorité et de moyens à mettre en oeuvre leur politiques.
Une grille de lecture (annexe 4) nous permettra de mieux saisir le processus participatif des nouvelles stratégies de lutte contre la pauvreté dans le cadre d’un nouveau dispositif de partenariat des relations entre les acteurs qui implique les bailleurs de fonds, société civile et l’état.
C’est dans ce sens que les aides internationales sont conditionnées par l’existence d’un fort niveau de décentralisation120, et de collaboration avec les sociétés civiles dans leurs mises en oeuvre, pour une meilleure adaptation et harmonisation de l’aide en fonction des DSRP.
A cet effet, aux yeux des bailleurs de fonds, les DSRP deviendront des instruments efficaces aux pays pauvres pour mieux contrôler l’aide extérieur.
Ainsi, la lecture de la grille nous permet de montrer que :
Le (+) représente les différents facteurs qui oeuvrent dans un objectif de coordination approprié des stratégies de lutte contre la pauvreté.
L e (-) représente les différents facteurs qui oeuvrent à contre courant dans un cadre de coordination équilibré des politique de lutte contre la pauvreté.
A travers cette analyse, on remarque que les cadres stratégiques représente une amélioration par rapport aux politiques d’ajustement structurel par :
1/- La lutte contre la pauvreté y réellement mise en avant.
2/- Des dispositifs de protection sociale sont prévus (notamment le développement des filets de sécurité).
3/- Développement des services sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau..).
4/- Instauration d’un cadre macro économique adéquat pour favoriser la croissance.
5/- Accroître les opportunités d’emploi et de revenus des pauvres (développement rural, promotion des micro et petites entreprises, renforcement des systèmes des microcrédits…).
C’est pourquoi la plupart des pays africains ont développé, dans leur Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DRSP), des actions impliquant la microfinance (Kobou et al, 2009).
6/- Introduction du processus de participation citoyenne.
La participation des pauvres au coeur de ces stratégies internationales est censée jouer plusieurs rôles, à savoir ;
7/ – En amont, elle doit permettre de mieux cerner les différentes dimensions de la pauvreté sur lesquelles la politique peut être menée, afin de déterminer à la fois les objectifs et les méthodes de la lutte contre la pauvreté (les stratégies). En aval, elle contrôle que les politiques engagées correspondent aux attentes et que les ressources mobilisées y sont effectivement affectées.
A l’évidence, les DSRP ont été crées en réponse directes aux absences concernant le centrage autour du citoyen pauvre et l’efficacité de l’aide.
Nonobstant ce constat, l’amélioration de la question de la pauvreté et la maniéré de la traiter dans cette nouvelle architecture financière, l’absence d’une véritable réflexion sur la façon aussi de rendre la croissance pro-pauvre peut engendrer un processus d’inégalité.
Pour lier la pauvreté à la microfinance, le rôle imparti à cette dernière dans les « documents stratégiques de lutte contre la pauvreté » serait d’après ses initiateurs un « moyen » [means] ou un « outil » [tool] permettant d’atteindre les objectifs de diminution de la pauvreté, par une contribution à la génération des revenus.

La facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC)

(Poverty réduction growth facility)

Le remplacement de la facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) par la facilité de réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), a fait naître une nouvelle vision de la part du FMI dans le domaine de la pauvreté.
La spécificité de la nouvelle démarche (FRPC) par rapport à l’ancienne démarche (FASR) consiste en l’apparition de la notion de « lutte contre la pauvreté »123 dans une stratégie économique globale, durablement axée sur la croissance.
Parmi les principales caractéristiques de la FRPC, on note :
– Premièrement, quelle repose sur le principe fondamental d’une large participation citoyenne et d’une plus grande internalisation du programme par le pays bénéficiaire de cette mesure.
-Deuxièmement, que les priorités nationales de chaque pays en matière de réduction de la pauvreté sont mieux reflétées à partir programmes appuyés sur la FRPC.

Financement du développement durable DD

Le rapport étroit entre le phénomène de la pauvreté et la dégradation de l’environnement, qui a été reconnu officiellement par la communauté internationale depuis 1972, a marqué un tournant important, dans la prise de conscience à l’échelle planétaire, des divers stratégies consacrées à la lutte contre la pauvreté essentiellement dans les zones rurales.
Ainsi, dans ces zones rurales, ou vivent actuellement plus de 75% des pauvres des PED, qui se trouvent menacés par le phénomène de la pauvreté, voient leurs moyens de subsistance et d’emploi liés directement aux ressources naturelles.
A ce moment, la pollution causée par les pays industrialisés, la dégradation de l’environnement, l’épuisement des ressources naturelles et forestières, des ressources en eau, des pâturages, se répercutent d’une façon négative sur le sort des pauvres.
Pour cette raison, la deuxième conférence mondiale des Nations Unies sur l’environnement tenue à Rio de Janeiro en 1992, sous le thème « Sommet planète terre », a affirmé une fois de plus que la responsabilité historique dans la dégradation de l’environnement et des ressources de la biosphère, incombe aux pays industrialisés de financer les moyens d’assurer un développement durable, puisque les couches pauvres sont les premières victimes de la dégradation de naturelles et la détérioration de l’écosystème et l’environnement sous ses différentes formes, notamment l’épuisement des ressources

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Table des matières

Introduction génerale
Chapitre I : Considérations générales sur le phénomène de la pauvreté
Introduction
Section 1 : Définition de la pauvreté
Section 2 : L’émergence des trois écoles sur la définition de la pauvreté
Section 3 : Différents types de pauvreté
Section 4 : Les lignes de la pauvreté
Section 5 : Pauvreté et inégalité
Section 6 : vulnérabilité et pauvreté
Section 7 : La pauvreté : d’un concept à un processus
Conclusion
Chapitre II : Mesure et état des lieux de la pauvreté
Introduction
Section 1 : Les indices de pauvreté
Section 2 : Les indices d’inégalité
Section 3 : Le bien-être comme continuum : l’apport de la logique floue
Section 4: La pauvreté dans les pays en développement
Section 5 : les stratégies internationales de lutte contre la pauvreté
Section 6 : Caractéristiques et évolution de la pauvreté en Algérie
Section 7 : Stratégie nationale et politiques de lutte contre la pauvreté en Algérie
Conclusion
Chapitre III : Les grands courants de pensées se rapportant à la microfinance
Introduction
Section 1 : Les origines de la microfinance
Section 2 : Une explication de l’émergence de la microfinance
Par le marché à travers la théorie financière
Section 3 : Le contexte de la microfinance
Section 4 : La nature de la microfinance : entre médiatisation et critique
Section 5 : Le paradigme de l’Empowerment
Section 6 : définition de l’exclusion financière
Section 7: La microfinance entre logique de marché et logique de solidarité : L’émergence de deux écoles de pensée
Section 8: Articulation entre les activités bancaires et microfinanciéres : une Nouvelle sphère d’intermédiation
Section 9 : Inclusion financière et responsabilité sociale
Conclusion
Chapitre IV : La question de la microfinance entre opportunités et contraintes
Introduction
Section 1 : Etat de l’art en matière d’évaluation de l’impact et de l’effet de la de la microfinance sur la réduction de la pauvreté
Section 2 : Revue sur les études d’évaluation d’impact de la microfinance sur la pauvreté
Section 3 : Etat de la microfinance dans le monde
Section 4 : le prêt de groupe : L’exemple du Self Help Group
Section 5 : Le contexte d’évolution de la micro-finance en Algérie
Section 6 : Approche descriptive des différents dispositifs d’insertion
économique en Algérie
Conclusion
Chapitre V : Essai d’évaluation d’impact du microcrédit sur le niveau de pauvreté
à partir le l’Agence Nationale de gestion du Microcrédit (ANGEM) de Tlemcen
Introduction
Section 1 : Description du dispositif ANGEM
Section 2 : Les sources de données, contexte de l’étude et méthodologie d’enquête
Section 3 : Structure du questionnaire
Section 4 : Analyse descriptive
Section 5 : Méthode d’analyse et spécification des variables retenues
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Liste des sigles
Liste des tableaux et figures
Tables des matiéres

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