La professionnalité des travailleurs sociaux

La professionnalité des travailleurs sociaux

Une déontologie

Au niveau national, il existe un Code de déontologie du travail social en Suisse. Celuici est le résultat d’un travail de trois ans, mené par un groupe d’experts issus de la commission de déontologie de l’association AvenirSocial. « Les buts poursuivis par l’association sont prioritairement la mise en réseau des professionnel-le-s du travail social, la représentation et la préservation de leurs intérêts professionnels, économiques et sociaux. » (avenirsocial.ch). En relation à la définition de la professionnalité retenue, nous voici donc à traiter de la « conscience » du métier de travailleur social. Ainsi, le code de déontologie donne un fondement éthique au travail avec les usagers. Il sert à orienter le développement d’une conduite professionnelle et constitue donc, un outil d’aide au positionnement. Le code se compose d’une brochure d’une quinzaine de pages, divisée comme suit : une partie introductive, une présentation des principes fondamentaux du travail social, un inventaire des normes non négociables de déontologie, les principes d’action qui s’en dégagent ainsi qu’une partie conclusive constituée de remarques finales. (Beck & al., 2010). Par conséquent, et en référence à la conscience de la professionnalité d’Abelléa, il semble cohérent d’orienter notre focale sur le chapitre abordant les normes. La chapitre susmentionné, dénommé Valeurs fondamentales du Travail Social, comprend trois titres (définitions du travail social, droits de l’homme et dignité humaine, justice sociale), constitués chacun de trois points pour le premier et huit pour les deux suivants. De ce fait, nous nous attarderons à relever et commenter les valeurs les plus pertinentes au sens du présent travail.

« Les professionnel-le-s du travail social exigent des responsables politiques l’établissement d’une organisation politique qui traite avec le même égard tous les êtres humains. Cette organisation doit correspondre aux droits humains, respectivement aux droits sociaux. » (Beck & al., 2010) Ainsi, au travers des droits de l’homme et de la dignité humaine, se dégagent plusieurs principes. Premièrement, se dégage le principe de l’égalité de traitement. Ce dernier définit une garantie des droits humains pour tous, indépendamment de leurs contributions et efforts, de leurs mérites ou de leur maturité morale. Le principe d’autodétermination quant à lui, promeut le droit des personnes à faire leurs propres choix et de prendre leurs propres décisions en rapport avec leur bien-être. Toutefois, il ne faut pas que cela enfreigne leurs droits, ni ceux d’autrui ou encore les intérêts légitimes d’autrui. Relevons aussi le principe d’empowerment qui indique que pour une participation autonome et indépendante à l’organisation de la structure sociale, il convient que les individus, les groupes et communautés développent leur potentiel propre et soient renforcés dans leur capacité à défendre et faire valoir leurs droits.

Une évolution, un malaise ?

Comme le relève Melchior, toutes générations confondues, les travailleurs sociaux évoquent fréquemment un malaise à l’égard de ce qui va à l’encontre de leur représentation de la profession (2008a). En illustration de cette introduction, en 2008, des travailleurs sociaux de la Sarthe et de l’Orne ont contribué à une enquête portant sur l’écart entre la représentation qu’ils ont du travail social et le travail qu’on leur demande de faire (Melchior, 2011/5). Les résultats de celle-ci sont divisés en trois catégories distinctes. La première, composée de vingt répondants, déclare une absence d’écart ou, pour trois d’entre eux, un écart14 jugé normal. La seconde catégorie, représentée par dix-sept répondants, relève un écart considérable et précisément défini. En effet, pour huit personnes, les causes de cet écart sont issues d’un manque de temps nécessaire pour un accomplissement convenable des missions. Pour les neuf travailleurs restants, l’écart est expliqué par le manque de moyens à disposition (budgets insuffisants, effectifs sous-estimé) ; « il existe un écart qui se creuse de plus en plus entre les résultats demandés, le public reçu et les moyens proposés » (répondant cité par Melchior, 2011/5). Enfin, la troisième catégorie dans laquelle ont été classées les réponses de vingt répondants, repose sur un dénominateur commun relevé dans la diversité d’explications dénonçant un écart. En effet, une tonalité critique, voire très critique à l’égard du renforcement des procédures, de l’institution et du rôle de contrôle social que celles-ci souhaiteraient leur faire jouer est désignée pour argumenter les divergences perçues entre leurs missions et leur perception de leur professionnalité. « On se trouvede plus en plus dans le rendre compte et l’évaluation » (répondant cité par Melchior, 2011/5).

« Les données textuelles recueillies renvoient in fine à deux grands types de contraintes. Il y a, d’une part, l’intensification du travail et les contraintes temporelles qui découlent de l’insuffisance de moyens dont disposent les institutions pour faire face à l’augmentation de la pauvreté et de la précarité à laquelle on assiste depuis les années 1980. D’autre part, on observe les contraintes directement liées au processus de “rationalisation“ des politiques publiques. » (Melchior, 2011/5) Melchior relève encore que la recherche d’efficacité, prescrite par les pratiques de management venant du secteur privé, s’inscrit dans une logique de service focalisée sur le court terme. Gérard Creux résume ceci comme suit : « les logiques institutionnelles et organisationnelles prennent le pas sur des logiques professionnelles » (cité par Melchior, 2011/5). Vrancken et Macquet s’accordent avec Creux en abordant la thématique des politiques sociales d’activation comme suit : « On se soucierait dorénavant plus des modalités de gouvernement des populations (comment assurer la cohésion sociale ? Comment inciter, mobiliser, mettre en mouvement, accompagner les trajectoires ?) que des populations elles-mêmes, comme s’il s’agissait plus de gérer des dispositifs et d’administrer une question sociale que d’entendre réellement les plaintes formulées. Les nouvelles politiques se sont procéduralisées, arc-boutées sur les processus d’enchaînement des interventions professionnelles et des actes posés par les usagers. » (2012/1). En ce sens, nous parvenons à ce stade à relever un paradoxe entre ce que la conscience de la professionnalité dit du travail social en Suisse et les propos de Vrancken et Macquet. « …une nouvelle gouvernance libérale aux bases méritocratiques plutôt vagues se met ainsi en place, en maintenant de fortes inégalités. » (2012/1). De fait, « l’égalisation redistributive », spécifique aux États providentiels, semble avoir laissé place à « des politiques d’égalisation par les chances » (Vrancken & Macquet, 2012/1).

En effet, sous l’effigie des politiques sociales d’activation, ces politiques méritocratiques seraient cautionnées et portées, tant elles viseraient à récompenser l’investissement et efforts de chacun (Dubet cité par Vrancken & Macquet, 2012/1). Or, cela va à l’encontre des propos figurant dans les valeurs fondamentales du Code de déontologie du travail social en Suisse. Effectivement, le principe de l’égalité de traitement déclare que « les droits humains doivent être garantis pour toutes les personnes, indépendamment de leurs contributions et efforts, de leurs mérites, …. » (Beck & al., 2010). Aussi, Vrancken et Macquet pourraient conclure ceci par : « Il n’est pas certain que ces politiques parviennent à leurs fins, si elles ne continuent pas à offrir et à garantir des droits sociaux à visée universaliste …» (2012/1). Ainsi, le renforcement de ces contraintes pourrait empêcher le professionnel d’exercer et de répondre aux besoins inhérents au mandat, dans le respect de ses valeurs – qui sont généralement celles de la profession. Cela engendre en conséquence, l’amplification d’un malaise et/ou de souffrance au travail « dans un secteur tiraillé entre des paradigmes qui apparaissent, …, de plus en plus contradictoires. » (Melchior, 2011/5). Les incidences de ces écarts sur la santé portent un nom : la souffrance éthique. En effet, dans un rapport rendu en 2009 à la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et à la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees), par le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail, les conflits de valeurs apparaissent comme constitutifs d’une catégorie spécifique de facteurs à risques (Melchior, 2011/5).

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Table des matières

Introduction
1.1 Thème et motivations du Travail de Bachelor
1.2 Questions de départ et objectifs de recherche
2 Cadre théorique
2.1 Contexte de départ des politiques sociales et des dispositifs d’insertion
2.2 L’insertion
2.2.1 L’intervention et son évolution
2.3 La professionnalité des travailleurs sociaux
2.3.1 Un savoir
2.3.2 Une déontologie
2.4 Une évolution, un malaise ?
2.5 Des stratégies
3 Problématique
3.1 Synthèse et articulation des concepts
3.2 Question de recherche
3.3 Hypothèses
3.3.1 Hypothèse I
3.3.2 Hypothèse II
4 Démarche méthodologique
4.1 Le terrain
4.1.1 Le SEMO
4.2 L’échantillon
4.3 Les techniques de récolte des données
4.4 Les difficultés rencontrées
5 Analyse
5.1 Principes d’analyse
5.2 Portrait-robot de la mesure
5.3 Hypothèse I
5.3.1 Le mandat et ses exigences
5.3.2 Les valeurs professionnelles
5.3.3 Les tensions
5.4 Hypothèse II
5.4.1 Les stratégies
5.5 Synthèse de l’hypothèse I
5.6 Synthèse de l’hypothèse II
5.7 Réponse à la question de recherche
6 Conclusions
6.1 Bilan de la démarche
6.1.1 Bilan méthodologique
6.1.2 Apprentissages réalisés
6.1.3 Vérification de l’atteinte des objectifs fixés
6.2 Limites de la recherche
6.3 Liens et perspectives professionnelles
6.4 Nouveaux questionnements
7 Références
7.1 Bibliographie
7.1.1 Ouvrages
7.1.2 Articles
7.2 Cyberographie
7.3 Modules
8 Annexes
8.1 Annexe A : Tableau Opérationnalisation de la recherche
8.2 Annexe B : Grille d’entretien
8.3 Annexe C : Extrait de prescriptions cantonales LMMT
8.4 Annexe D : Référentiel de compétences du PEC06
8.5 Annexe E : Extrait de transcription, entretien n° 5

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