LA PRODUCTION PORCINE EUROPEENNE

LA PRODUCTION PORCINE EUROPEENNE

La mesure de l’inconfort

En complément des mesures de préférence citées ci-dessus, il est nécessaire d’apprécier les conséquences à long terme des conditions de vie non plus choisies par l’animal mais imposées par l’Homme. Le degré d’inconfort ou de souffrance perçu par l’animal sera recherché au travers de différentes mesures : l’état sanitaire de l’animal, sa capacité à produire et à se reproduire, le degré d’activation des systèmes neuro-endocriniens impliqués dans les réactions de stress, son comportement .
1 Notons que les directives européennes visant à protéger les animaux recommandent de fournir un éclairement
naturel ou artificiel devant correspondre au minimum à la photopériode naturelle entre 9h et 17h, soit huit heures. Ce choix ne semble pas reposer uniquement sur des bases scientifiques.
• Les critères sanitaires
L’apparition de pathologies peut révéler un stress. En effet, un individu stressé peut avoir des défenses immunitaires amoindries. Certains agents pathogènes opportunistes vont pouvoir se développer et des symptômes cliniques vont alors apparaître. Certains vont même jusqu’à considérer que des maladies peuvent jouer le rôle de « sentinelles », avertissant une ou des anomalies d’élevage.
L’altération de la santé peut elle-même être source de souffrance. Le comportement des animaux malades, qu’il s’agisse d’isolement d’avec le troupeau ou de posture antalgique, permet de supposer qu’ils perçoivent la maladie comme un événement désagréable, voire
douloureux. Pour juger une installation d’élevage selon des critères de bien-être animal, il convient donc de prendre en compte les risques de maladies et de blessures. Citons, à titre d’exemples, les maladies respiratoires aggravées par une mauvaise ambiance et les blessures causées par un sol glissant. D’une manière générale, l’augmentation de la densité des animaux favorise les pathologies. La mortalité et la morbidité observées dans un système d’élevage doivent toujours être prises en compte, qu’il s’agisse d’impératifs de production ou du bien
être des animaux.
En élevage porcin, des troubles comme les diarrhées de sevrage du porcelet ou le syndrome métrite-mammite-agalaxie des truies reproductrices sont l’expression de facteurs pathologiques non spécifiques dont le pouvoir faiblement pathogène se trouve amplifié par les réactions organiques accompagnant l’inconfort de l’animal au sein du système d’élevage .

Les critères de production

Il est admis que l’état sanitaire des animaux n’est altéré, pour des raisons d’absence de bien-être, que dans des cas extrêmes. Lorsque les contraintes imposées sont moins extrêmes ou qu’elles durent depuis moins longtemps, la baisse de l’état général de l’animal peut être observée au travers de critères de production. Ainsi un stress peut être détecté par une moindre croissance ou des difficultés de reproduction.
Toutefois, comme pour les critères sanitaires, si on peut supposer une souffrance en observant une production amoindrie en dehors de toute variation des facteurs alimentaires, l’inverse n’est pas valable. Certains stress peuvent au contraire être bénéfiques pour la production. Il en va ainsi pour les cochettes chez qui la puberté peut être déclenchée par un transport. On ne peut donc pas conclure à une absence de problème lorsque l’on observe de
bons résultats techniques .

Les critères neuroendocriniens

Ces critères reposent sur les réponses décrites sous le terme de stress. Il existe deux grands types d’activation neuro-endocrinienne communément regroupés sous le terme de réponse de stress : l’activation de la branche sympathique du système nerveux autonome et l’activation de l’axe corticotrope. L’activation du système sympathique aboutit à la libération quasi immédiate de catécholamines, noradrénaline et adrénaline. L’activation de l’axe corticotrope aboutit à la libération de corticoïdes. L’activation de ces deux systèmes permet à l’animal de mobiliser son énergie pour faire face à l’événement qu’il perçoit comme une agression. La libération des catécholamines est difficile à évaluer car les manipulations nécessaires à la prise de sang déclenchent en elles-mêmes une réaction très rapide. Aussi mesure-t-on plus fréquemment l’activation sympathique par ses conséquences sur l’activité cardiaque (augmentation de la fréquence des contractions). Le cortisol, qui est le corticoïde majeur chez les bovins et les ovins, est directement mesurable dans le plasma, la salive ou l’urine. En mesurant la fréquence cardiaque et le cortisol sanguin, on pourra détecter des stress ponctuels tels ceux liés à la contention en cage ou l’isolement d’avec les partenaires sociaux habituels. Le fonctionnement de l’axe corticotrope peut être apprécié en injectant de l’ACTH
exogène. De cette façon, il a été montré par exemple que des veaux maintenus dans des cases de moins de 1,8 m2 sont plus stressés que des veaux plus libres de leurs mouvements, maintenus dans des huttes et disposant d’une aire d’exercice ou maintenus en groupes .

Le comportement

Le dernier critère à considérer est le comportement de l’animal. Les indicateurs comportementaux sont bien souvent plus sensibles et plus précoces que les autres indicateurs. On distinguera ici deux groupes de modifications comportementales : les modifications de l’activité de l’animal et les modifications de sa réactivité.Lorsque l’animal ne dispose pas des substrats adéquats pour réaliser un comportement pour lequel il est fortement motivé, il va déplacer son activité vers un autre objet. On parle alors souvent d’activité anormale, par référence à l’objet anormal vers lequel cette activité est dirigée. Un des exemples les plus connus d’activité à vide est celui de la nidification. Dans les espèces qui construisent un nid, l’absence de matériau de construction conduit la femelle proche de la mise-bas à s’engager dans des mouvements qui miment la construction du nid. Ce comportement est observable chez les truies. Enfin, dans certains cas où l’environnement ne permet que très peu d’activités, des activités répétées sur un même support peuvent apparaître (stéréotypies). C’est le cas lorsque des truies à l’attache soumises à une sous-alimentation mordent les barres de leurs stalles de façon stéréotypée. S’il est bien admis que des activités anormales sont le signe d’une inadéquation de l’environnement par rapport aux besoins des animaux, il reste difficile de savoir si elles sont le signe d’une inadaptation (dans un environnement donné, les animaux qui présentent des stéréotypies souffriraient plus que ceux qui n’en présentent pas) ou si elles sont au contraire un moyen efficace de s’adapter (les animaux qui présentent des stéréotypies souffriraient moins que les autres). Enfin, l’animal peut s’adapter à son environnement en modifiant sa réactivité. Ainsi, des truies à l’attache peuvent devenir apathiques : lorsqu’on leur applique de l’eau froide sur le dos, elles réagissent moins que des truies en groupe. Cette apathie semble liée au fait que ces truies ont appris qu’elles n’avaient aucun moyen de contrôle sur leur environnement .
Sensibilité des critères d’inconfort

Les critères comportementaux sont généralement les plus sensibles. Lorsque la restriction des mouvements s’ajoute à l’isolement, les critères à la fois comportementaux et physiologiques varient. Toutefois, là encore, la production n’est pas altérée. Les réponses physiologiques et comportementales de stress sont quant à eux des indicateurs beaucoup plus sensibles que les critères de production. Toutefois, le classement des critères comportementaux / physiologiques / zootechniques / sanitaires par ordre de sensibilité décroissante n’est pas toujours vérifié. Enfin, résumer la notion du bien-être en élevage par une relation entre l’animal et ses conditions matérielles de vie, dont le logement n’est pas satisfaisant. L’éleveur a aussi un rôle primordial : par ses interventions sur le bâtiment (le paillage par exemple) et sur les animaux (observations, soins aux animaux malades), il conditionne l’adéquation entre conditions matérielles et animal [77]. Tenant compte de cette diversité de causes et de manifestations de l’absence de bien être, l’Institut de l’Elevage, en collaboration avec l’Institut National de la Recherche Agricole (INRA), a conçu un outil de diagnostic bien-être utilisable dans les élevages commerciaux. Lors d’une visite d’élevage, l’état des animaux est observé ou estimé au travers d’un entretien ciblé avec l’éleveur. Le bien-être est évalué au moyen de cinq scores rendant compte du niveau de satisfaction des cinq libertés de la définition du bien-être par le Farm Animal Welfare Council (1992) évoquées plus haut. Les scores peuvent ensuite être mis en relation avec des critères explicatifs obtenus sur le bâtiment ou les installations (taille des logettes, nature des sols …). Ce diagnostic doit permettre de proposer des solutions dans le but d’améliorer le bien-être des animaux.

Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie L’interdiction de l’avoparcine :

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Table des matières

INTRODUCTION
I- DESCRIPTION DE LA PRODUCTION PORCINE EUROPEENNE
A- INTENSIFICATION DE LA PRODUCTION PORCINE EUROPEENNE
1) L’intensification de la production porcine
– Intensification et changement d’échelle – Intensification et spécialisation – Evolution des techniques d’hébergement des porcs 2) La remise en cause du modèle productiviste
B- ETAT DES LIEUX CONCERNANT LE BIEN ETRE ANIMAL
1) Définition du bien être en élevage
2) Evaluation du bien être en élevage
3) Premiers textes réglementaires sur le bien être en élevage
– Les déclarations et chartes de portée internationale – La législation et la réglementation européenne
C- ETAT DES LIEUX DE L UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES EN ELEVAGE ET REGLEMENTATION
1) Différents types d’utilisation des antibiotiques en élevage
2) Quantité et nature des antibiotiques utilisés
– Quantités d’antibiotiques – Nature des antibiotiques utilisés
3) Avantages des stimulateurs de croissance
– Avantages techniques – Avantages économiques
4) Un usage très réglementé
– Statuts réglementaires des antibiotiques utilisés en alimentation animale – Cadre général de la réglementation sur les additifs en alimentation animale
II- EVOLUTION DU CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE AYANT MENE A LA MODIFICATION DE LA REGLEMENTATION
A- LE CONTEXTE ECONOMIQUE : L’OUVERTURE DES FRONTIERES ET MARCHE UNIQUE
1) Libéralisation des échanges au niveau mondial
– Le nouveau contexte international – La place des normes du Codex dans le contexte international
2) Sécurité sanitaire et Marché Unique
– Le principe de libre circulation des denrées
– L’harmonisation des réglementations nationales – Les compétences de l’Union Européenne dans le cadre du trait
B- LE CONTEXTE SOCIAL : LA MEFIANCE GRANDISSANTE DES CONSOMMATEURS
1) Les risques perçus par les consommateurs
2) Une perception des risques différente de celle des experts
3) Des doutes envers les institutions, le progrès et l’évolution socio-économique
4) Les mouvements de consommateur
5) Les nouveaux impératifs de la production
C- LE CONTEXTE SCIENTIFIQUE : L’AVANCEE DES CONNAISSANCES
1) L’avancée des connaissances au sujet du bien être animal
– Les contraintes imposées aux animaux en élevage intensif
– Les lacunes des textes mises en évidence
2) Les dangers de l’antibiorésistance
– La résistance aux antimicrobiens chez les bactéries
– Les conséquences pour la santé humaine et animale – L’exemple de la Suède et du Danemar
III- EVOLUTION DE LA REGLEMENTATION
A- LA MISE EN PLACE DE MESURES DE BIEN ETRE ANIMAL DE PLUS EN PLUS CONTRAIGNANTES
1) Les actions de lobbying des associations de protection animale
2) La directive de 2001
3) Les principaux domaines dans lesquels des recherches sont nécessaires pour poursuivre l’amélioration de la protection des porcs
4) La procédure d’adoption de la directive 2001/88/CEE
B- L INTERDICTION PROGRESSIVE DE TOUS LES ANTIBIOTIQUES FACTEURS DE CROISSANCE
1) L’interdiction de l’avoparcine : contexte et conséquences
2) L’interdiction de quatre autres antibiotiques facteurs de croissance
– Les positions des groupements d’intérêt sur l’emploi des antibiotiques dans l’alimentation animale – L’action de la Suède, de la Finlande et du Danemark – La décision de la Commission – La remise en cause de cette décision
3) Le Règlement n° 1831/2003
– Les lacunes des textes précédents
– L’interdiction des quatre derniers antibiotiques facteurs de croissance
– La procédure d’adoption du règlement n°1831/2003
IV- APPLICATION DE CES NOUVELLES REGLEMENTATIONS EN FRANCE
A- L’APPLICATION DE LA DIRECTIVE 2001/93/CE CONCERNANT LE BIEN ETRE DES PORCS EN France
1) Les modalités de l’application de la Directive en France
– Les délais d’application du texte – Les aides allouées par l’Etat pour l’application des textes
– Les contrôles de l’application convenable des textes
2) Les problèmes posés par l’application des nouvelles normes de bien être
– L’étude des contraintes technico-économiques dans différents scénarios
– Les désavantages concurrentiels liés aux disparités des normes
– Les aspects socio-économiques liés à l’amélioration du bien être des porcs
B- L’APPLICATION EN France DU REGLEMENT 1831/2003
1) Les problèmes rencontrés lors de l’interdiction des antibiotiques facteurs de croissance
– Les contraintes technico-économiques de l’application des textes – Les désavantages concurrentiels liés à la disparité des normes
2) Les alternatives à la suppression totale des additifs antibiotiques
– L’expérience de la Suède et du Danemark – Les alternatifs aux antibiotiques facteurs de croissance
3) Les contrôles de l’utilisation des antibiotiques et épidémiosurveillance
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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