La prise en charge psychomotrice d’un patient présentant un trouble du spectre de l’autisme

Définition et résumé historique de l’Autisme

   Le terme « autisme » a été introduit pour la première fois en 1911 par le psychiatre suisse E. Bleuler. Ce terme est alors utilisé pour définir le retrait relationnel ou isolement social, la coupure avec la réalité extérieure et le manque d’affectivité que nous retrouvons initialement dans la schizophrénie chez l’adulte. L. Kanner, psychiatre américain, reprend le terme en 1943 afin de désigner un syndrome spécifique à l’enfant qu’il appellera dans un premier temps « perturbation autistique du contact affectif » pour finalement retenir l’appellation « autisme infantile précoce ». Pour L. Kanner (1943) « Il ne s’agit pas, comme chez les enfants ou les adultes schizophrènes, d’une rupture de la relation préalablement établie; il ne s’agit pas d’un retrait succédant à une participation. Il existe d’emblée un repli autistique extrême, qui chaque fois que c’est possible, fait négliger, ignorer, refuser à l’enfant tout ce qui lui vient de l’extérieur » (p.238) En émettant cette distinction entre schizophrénie et autisme, il permet de différencier la psychopathologie chez l’enfant de la psychopathologie chez l’adulte. L. Kanner décrit, dans son article Autistic Disturbance of Affective Contact, le profil clinique de onze jeunes garçons présentant des symptômes communs au niveau relationnel et dans la communication. Selon lui, ces enfants ne peuvent pas s’exprimer en raison de troubles du langage et de la communication et non parce qu’ils sont idiots. Il nous dit que « le trouble fondamental le plus frappant, « pathognomonique », est l’incapacité de ces enfants à établir des relations de façon normale avec les personnes et les situations dès le début de leur vie. » (L. Kanner, 1943, p.238). Après nous avoir narré l’histoire familiale, le développement, les symptômes et les particularités comportementales de ces onze enfants, il nous explique que ce trouble associe deux caractéristiques communes chez chacun d’eux. C’est alors qu’apparaissent les termes d’« aloneness » que nous pouvons traduire par « isolement » et de « sameness » que nous pouvons traduire par « immuabilité ». L. Kanner nous renseigne alors sur la difficulté pour ces sujets, à entrer en communication, ce qui va naturellement les isoler; ainsi que sur leur recherche d’éléments qui sont immuables, leur apportant un certain contrôle sur l’environnement par des gestes et activités répétitives. Nous voyons également apparaître dès cette époque l’évocation des particularités du traitement de l’information sensorielle liées à ce trouble. Néanmoins, les capacités mnésiques, ainsi que les capacités de perception ne sont pas remises en cause. La sphère de l’intelligence n’étant pas mise en cause dans ce trouble, on pense alors que le trouble empêche l’expression des potentialités chez ces patients. Selon L. Kanner le syndrome comprendrait une part organique mais également une part parentale. C’est plus tard que ce syndrome prendra le nom de Léo Kanner. Dans le même temps, H. Asperger reprend également le terme « autisme » pour décrire les enfants présentant un manque d’empathie, isolés, avec un mode d’entrer en communication unidirectionnel, des intérêts forts pour des domaines particuliers ainsi que des mouvements maladroits. Il donne alors le nom de « psychopathie autistique » à ce type de trouble. Pour lui, les enfants présentant un profil comme celui qu’il décrit ont des difficultés d’intégration des règles sociales et des comportements attendus, un fonctionnement au niveau intellectuel différent de la norme, avec de grandes capacités dans certains domaines contrastant avec d’énormes difficultés dans d’autres domaines. Son travail sera reconnu plus tard grâce à L. Wing qui permettra de donner à ce syndrome un nom encore utilisé aujourd’hui : syndrome d’Asperger. Aujourd’hui, nous définissons l’autisme en tant que trouble neuro-développemental répondant à un diagnostic de plusieurs signes cliniques, le DSM-5 mentionne une dyade autistique : « – des difficultés dans la communication et les interactions sociales : Peu ou pas de langage, communication non-verbale inadaptée, répétitions de certains mots ou expressions, faible compréhension des sous-entendus, de l’humour, du langage imagé, difficulté à exprimer ses émotions et à comprendre celles des autres, malaise dans les interactions sociales… – des comportements répétitifs et des intérêts restreints : Mouvements répétitifs ou compulsifs, intolérance aux changements ou à l’imprévu, intérêts ou activités obsessionnels… » (“Qu’estce que l’autisme ?”, s.d) Ces symptômes apparaissent durant la petite enfance et interfèrent dans la vie quotidienne de la personne qui présente ce trouble. De nos jours, l’autisme n’est plus considéré, comme il a pu l’être par le passé, comme une maladie mentale. Il s’agit d’un handicap qui n’est pas à ce jour explicable par un facteur particulier connu, mais plutôt une association de facteurs génétiques, métaboliques, neurodéveloppementaux, environnementaux et relationnels qui mènent à l’apparition d’individus aux fonctionnements singuliers. B. Harrisson (2020) nous dit « L’autisme n’est pas ce que nous avons, mais ce que nous sommes. Votre système de neurotypique n’est pas ce que vous avez, mais ce que vous êtes. Et comme vous n’êtes pas que ça, nous non plus ! » (p.29) Ce mode de pensée et de fonctionnement, bien que différent du nôtre, ne définit pas entièrement la personne autiste, tout comme notre système neurotypique ne nous définit pasentièrement. Il  est donc important de garder à l’esprit que ce trouble limite l’intégration de la personne autiste dans la société mais ne lui enlève pas toutes ses potentialités.

Les signes d’alerte du TSA

   Les premières anomalies apparaissent avant l’âge de trois ans, elles peuvent être observées dès le début de la vie ou s’installer progressivement. Leur apparition peut survenir brutalement alors que l’enfant semblait suivre un développement normal. Les premiers signes peuvent être directement observés par les parents et il s’agit plutôt de l’absence de mise en place de certaines fonctions plutôt que de réels symptômes. Entre six et douze mois des troubles des interactions sociales peuvent émerger :
• des sourires moins fréquents
• un manque de réponse sociale
• des initiatives sociales pauvres
• une absence d’expression faciale
• un manque de modulation des émotions
Nous retrouvons également des troubles au niveau de la communication :
• un retard de babillage
• des vocalisations moins fréquentes
Ainsi que des troubles moteurs :
• un ajustement postural anormal
• un trouble du tonus
• des troubles des diversités des mouvements avec passivité et hypo réactivité
Ces différents troubles des interactions peuvent amener les parents à rencontrer des difficultés pour entrer en interaction avec leur enfant. De plus, les troubles tonico-posturaux peuvent rendre le portage du bébé difficile et donc favoriser des interactions inadaptées entre parents et bébé dans le dialogue tonique. Certaines particularités du développement sont observables avant dix-huit mois :
• un niveau de vigilance inadapté (trop calme, irritable)
• des troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils fréquents)
• au niveau de la diversification alimentaire (sélectivité, rituel, refus de nouveauté)
• au niveau de la régulation émotionnelle (pleures inexpliqués)
• dans les ajustements tonico-posturaux (difficulté dans le portage)
• une exploration inhabituelle des objets (détournement de la fonction initiale de l’objet)
Concernant les signes d’alerte autour de dix-huit mois, il faut compter au minimum deux difficultés parmi les domaines suivants :
• engagement relationnel (parents et pairs)
• attention et réciprocité (initiation, réponse et maintien de l’attention conjointe, regard adressé, sourire partagé, pointage à distance coordonné avec le regard)
• réactivité sociale (réponse au prénom)
• langage réceptif (compréhension des consignes) et expressif (répétition de syllabes et mots)
• jeu socio imitatif et symbolique
• réponses sensorielles
Après dix-huit mois, nous remarquons en plus des signes précédents, des difficultés dans les domaines suivants :
• des difficultés relationnelles persistantes
• des difficultés à comprendre ou interpréter des intentions, des expressions de langage, le second degré
Nous observons également des comportements et intérêts anormaux qui sont stéréotypés, restreints et répétitifs.

Fonction tonique

   Le tonus est défini comme « un état de tension permanente des muscles : tension active, involontaire, variable dans son intensité selon les diverses actions syncinétiques ou réflexes qui le renforcent ou l’inhibent » (J-C. Carric et B. Soufir, 2014, p.253). Le tonus est très variable chez les enfants présentant un TSA, mais nous pouvons ressentir des tensions corporelles très présentes avec deux pôles toniques : soit une hypertonie, soit une hypotonie. Les enfants présentant un TSA ont des difficultés de régulation tonique dans leur vie quotidienne et d’accordage à travers le dialogue tonico-émotionnel, dans leurs interactions relationnelles. Les difficultés de régulation tonique se répercutent à travers la fonction posturale lors des ajustements posturaux.

Fonctions perception et représentation du corps

   Les personnes présentant un TSA ont une mauvaise construction de la conscience de soi et ne perçoivent pas leur corps unifié. Ils présentent des limites corporelles fragiles ou inexistantes. Ils présentent des difficultés à distinguer les différentes parties du corps. Les sentiments d’individuation, de séparation et de différenciation corporelle sont absents, ce qui pourrait expliquer le fait qu’ils ne prêtent pas attention aux autres. Les personnes présentant un TSA ont besoin d’être contenus pour se sentir unifiés.

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Table des matières

Introduction
PARTIE THEORIQUE 
I) L’Autisme 
1) Définition et résumé historique de l’Autisme
2) Classifications
a) La CFTMEA
b) La CIM-10
c) Le DSM-V
3) Hypothèses étiologiques
4) Les signes d’alerte du TSA
5) Sémiologie du TSA
6) Sensorialité particulière des patients TSA
a) Intégration sensorielle chez les enfants TSA
b) L’hypo-sensibilité et l’hyper-sensibilité
II) Concept d’enveloppe 
1) Les premières enveloppes
2) Le Moi-peau et l’enveloppe psychique
3) La fonction contenante du Moi-peau
4) Une enveloppe pathologique
5) Enveloppes défaillantes dans l’autisme
III) L’utilisation de l’eau comme médium 
1) Les propriétés de l’eau
2) L’eau, médium malléable
3) L’eau en thérapie
IV) Histoire et définition de la pataugeoire
1) Historique de la pataugeoire
2) Définition et objectifs de la pataugeoire
3) Cadre thérapeutique et pataugeoire
a) Qu’est-ce qu’un cadre thérapeutique ?
b) Cadre de la pataugeoire
4) Que travailler à la pataugeoire ?
PARTIE CLINIQUE 
I) Présentation de mon lieu de stage 
1) Organisation d’un CMP
2) L’initiation des prises en charge
3) Le lien entre professionnels
4) La pratique psychomotrice au CMP
II) Présentation d’un cas clinique : Aubin 
1) Anamnèse et parcours de soin
2) Organisation psychomotrice d’Aubin
3) Première rencontre avec Aubin
4) Description d’une séance type à la pataugeoire
III) Discussion clinique : évolution des pataugeoires sur l’année 
1) Les particularités toniques et sensorielles
a) La carapace hypertonique
b) La recherche sensorielle
c) L’évitement sensoriel
2) Le mode d’entrée en relation
3) Le rapport de force dans le dialogue tonico-emotionel
4) Les troubles du comportement
5) La mise en jeu des enveloppes psycho-corporelles
a) Le cadre institutionnel constituant une première enveloppe
b) Le cadre physique faisant enveloppe
c) Le cadre de la séance faisant enveloppe
d) Analogies entre corps et espace
e) L’exploration des espaces
6) Des représentations corporelles plus précises
IV) Limites de la prise en charge
1) La mise à mal du cadre
2) Transfert et contre-transfert
3) L’alliance thérapeutique
a) L’alliance thérapeutique avec Aubin
b) L’alliance thérapeutique avec les parents
V) Ma place de stagiaire 
Conclusion
Bibliographie

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