La prise en charge en kinésithérapie de la gonarthrose non opérée

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La gonarthrose

L’arthrose du genou aussi appelée gonarthrose est donc une pathologie très fréquente qui touche environ 2 millions de personnes, elle touche plus de femmes que d’hommes. L’atteinte est souvent bilatérale.
Le genou étant composé de deux compartiments articulaires, elle peut ainsi toucher l’un ou l’autre de ces compartiments ou les deux, on parlera alors d’atteinte associée. En fonction du compartiment, il peut y avoir une atteinte fémoro-patellaire qui représente environ 35% des cas. Cette atteinte est souvent due à un problème mécanique au niveau du membre inférieur. La deuxième atteinte, la plus représentée (40 à 50% des cas) touche l’articulation fémoro-tibiale, elle est les plus souvent due à un problème d’axe mécanique.
Il existe différents types de gonarthrose :
– Des formes primaires : avec aucune étiologie certaine, mais certains terrains favorisant (facteurs endocriniens/ménopause, les facteurs circulatoires, ou encore la surcharge pondérale).
– Des formes secondaires : au niveau de fémoro-patellaire, elles peuvent être dues à des désaxassions du membre inférieur en genu varum, à des traumatismes. Au niveau fémoro-patellaire, l’origine sera post traumatique, ou structurelle avec une dysplasie patellaire ou une malposition de la tubérosité tibiale antérieure.
La gonarthrose est une pathologie invalidante, car elle touche le train porteur ainsi après plusieurs années, il peut s’installer des désordres et une impotence fonctionnelle majeure. Ce qui donne régulièrement lieu à terme à la pose d’une prothèse de genou afin de retrouver un genou fonctionnel sans douleur. La prothèse est posée le plus tard possible car elle a une durée de vie moyenne de 15 à 20 ans (cela dépend de l’usure de celle-ci), avant de devoir être renouvelée. Actuellement, aucun traitement permet de guérir de l’arthrose. Comme le suggèrent plusieurs directives internationales, il est nécessaire de combiner une prise en charge pharmacologique (y compris la pose de la prothèse) mais également non pharmacologique. Cette prise en charge comprend des exercices en anaérobie, avec résistance, mais aussi de la balnéothérapie. Les exercices de force sont considérés comme le fondement des traitements non pharmacologiques. La kinésithérapie prend alors tout son sens pour cette partie de la prise en charge du patient atteint d’arthrose [11].

Traitements de l’arthrose

• La cure thermale:
Elle consiste en un traitement curatif basé sur les bienfaits de l’eau provenant d’une source naturelle. Elle se réalise donc dans une station thermale où sont effectués des soins à base d’eau thermale, de boue thermale ou encore de gaz thermal.
Les effets de la cure thermale pour les patients atteints d’arthrose sont, une diminution de la douleur ainsi qu’une amélioration de la mobilité et du bien-être du patient. L’arthrose est actuellement la première indication pour une cure thermale. Elle est préconisée pour les symptômes douloureux chroniques. En effet, d’après une étude de Fazaa et al. (2014), une rééducation accompagnée d’une cure thermale montre une amélioration à long terme des symptômes douloureux chez les patients atteints d’arthrose du genou en comparaison avec une rééducation non thermale [12].
• Traitement médicamenteux:
Seuls les traitements symptomatiques visant à réduire la douleur sont disponibles. La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens est prescrite en cas de poussées. Pour lutter contre la douleur, le patient pourra prendre des antalgiques ou des analgésiques. Les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente auront une action à long terme pour diminuer la douleur.
Les patients peuvent également se voir prescrire des infiltrations d’acide hyaluronique ou de glucocorticoïdes [13].
• La prise en charge en kinésithérapie : développée dans le chapitre « 1.2.4. La prise en charge de la gonarthrose non opérée ».
• L’ostéotomie:
Ce traitement est envisagé sur l’arthrose qui est liée à une déformation de l’articulation. Cette technique consiste à sectionner l’os et à le redresser puis le maintenir dans sa position corrigée. Ceci va permettre un réalignement osseux afin de rééquilibrer les pressions. Elle est effectuée pour les patients ayant un genu varum. Cette intervention soulage les douleurs et permet une stabilisation du processus arthrosique [14].
• L’arthroplastie:
Elle sera envisagée si la douleur persiste malgré les traitements et la rééducation et qu’un handicap commence à s’installer. Le médecin propose alors au patient une intervention chirurgicale afin de poser une prothèse totale ou partielle. Elle consiste à remplacer une partie ou la totalité du genou par un implant artificiel afin de redonner au genou une meilleure amplitude afin d’améliorer la marche. Il permet ainsi d’améliorer la qualité de vie du patient [15].

La prise en charge en kinésithérapie de la gonarthrose non opérée

D’après l’American College of Rheumatology, datant de 2012 [16], les recommandations de prise en charge non pharmacologique sont la pratique d’exercices cardiovasculaires (aérobie et/ou de résistance au sol), la perte de poids pour les personnes en surpoids, la participation à des programmes d’autogestion, recevoir une thérapie manuelle en association avec des exercices supervisés, recevoir des interventions psychosociales, utiliser un ruban rotulien dirigé médialement, porter des semelles intérieures calées médialement si présence de compartiments ostéo-arthrosiques, porter des semelles latérales à sangles sous taliennes si il y une arthrose du compartiment médial, être formé à l’utilisation d’agents thermiques, recevoir des aides à la marche au besoin, participer à des programmes de tai chi, être traité avec l’acupuncture traditionnelle.
La symptomatologie retrouvée en cas de gonarthrose est une douleur plus ou moins importante, une diminution des amplitudes articulaires du genou et en particulier de l’extension (flexum antalgique), ainsi qu’une diminution de la force des muscles qui encadrent le genou, soit le quadriceps et les ischio- jambiers [17].
Par conséquence, les buts de la prise en charge en rééducation sont la lutte contre la douleur notamment pendant les phases de crise aiguë, la lutte contre l’enraidissement du genou, l’entretien musculaire, la prévention des attitudes vicieuses, prévenir voire traiter l’instabilité ainsi que l’économie articulaire. La rééducation va donc mettre en œuvre un éventail de techniques afin de répondre à ses objectifs.
Ainsi, le renforcement musculaire, est un point central de la rééducation. Il va permettre un effet antalgique et un gain fonctionnel. Les exercices vont être du travail analytique statique ou dynamique contre pesanteur ou contre résistance. On utilisera les types de contraction, concentrique ou excentrique. Suite à cela, il est intéressant de poursuivre avec de la rééducation proprioceptive accompagnée d’une activité physique globale. Il est également important de travailler l’endurance, afin de lutter contre le déconditionnement à l’effort, d’améliorer les gains fonctionnels et moteurs, la proprioception et l’équilibre. [18]
L’études de Kan et Al, conclut sur le fait que divers programmes d’exercices pour la prise en charge non chirurgicale de l’arthrose se sont avérés efficaces pour améliorer la douleur, la fonction physique, la mobilité et la qualité de vie, et ces programmes ont même réduit la nécessité et les délais d’attente pour une arthroplastie [19].
Tous ces objectifs vont permettre au patient d’améliorer ses capacités fonctionnelles, son autonomie et sa qualité de vie.

Description de la Vibration corps entier (WBV)

Le corps est naturellement source de vibrations mécaniques, qui permettent de répondre à des fonctions biologiques essentielles cardiaque, pulmonaire, digestive, sanguine lymphatique et les contractions musculaires. Viennent s’ajouter à celles-ci, les vibrations mécaniques de l’environnement extérieur dû à nos activités quotidiennes qui aident à la bonne exécution de ces fonctions. Dans le cadre de personnes ayant une activité restreinte causée par un handicap, une maladie, une douleur, ou les personnes en rééducation, les vibrations mécaniques extérieures dont le corps est naturellement exposé ne se produisent plus. Le dispositif de vibration tel qu’une plateforme vibrante prend alors tout son sens pour remplacer ou pour augmenter les vibrations mécaniques extérieures.
La notion de Whole Body Vibration est basée sur le concept de la vibration mécaniques oscillatoires et sinusoïdales avec un contrôle sur la fréquence transmise dans tout le corps. La vibration est créée par une plateforme vibrante dont on peut faire varier la fréquence, l’amplitude et la force des vibrations. Le patient est généralement en contact avec la plateforme et reçoit la source d’oscillation au niveau des pieds.
La vibration va être transmise à de nombreuses structures composant le corps telles les muscles, les os, les cartilages, le liquide synovial et les articulations. Ces différentes structures ayant des propriétés différentes ne vont pas répondre de la même manière aux différentes oscillations ainsi ne vont pas amortir de manière identique les vibrations mécaniques [20].
Cette pratique peut donc s’appliquer dans le cadre des fonctions biologiques afin de diminuer la fréquence cardiaque et la pression artérielle, améliorer la densité osseuse, compenser des déficits fonctionnels notamment chez les enfants atteints de cancer.
Elle est aussi utilisée depuis quelques années pour améliorer la force musculaire, grâce à deux phénomènes qui sont l’accélération créée par l’oscillation et le mécanisme de réflexe vibratoire tonique qui crée des contractions musculaires involontaires et soutenues.
Le réflexe vibratoire tonique est dû à des vibrations qui vont activer le motoneurone alpha, grâce aux terminaisons primaires des fuseaux neuromusculaires, et ainsi provoquer la contraction.
Il existe deux types de machines, l’une à vibration et rotation et l’autre à vibration verticale cependant dans les deux cas les vibrations se font dans les trois plans de l’espace [21].
La plateforme vibrante ou power plate permet par l’absence de mouvement de réduire le risque de chute, mais également de diminuer le risque de blessure grâce à l’absence de charge. Dans la rééducation, la difficulté des exercices va être induite par la position du patient, et par l’ajout ou non de différents accessoires et de gestes. Lors de la rééducation, la durée de la session sur le plateau va être courte.
Il a été démontré qu’elle améliore les performances neuromusculaires chez les individus en bonne santé et apporte des avantages aux patients souffrant de troubles neurologiques tels que les accidents vasculaires cérébraux, les lésions de la moelle épinière, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques, ainsi qu’aux patients plus âgés dont les options d’exercices sont limitées [22].
En effet, les applications de la plateforme de vibration ou power plate en rééducation sont larges. Elle peut être utilisée dans le cadre d’enfants atteints de paralysie cérébrale, dans la rééducation à la marche dans le cadre de lésions de la moelle épinière, pour des pathologies telles que les AVC ou les scléroses en plaques, chez le sportif, ou les personnes âgés pour améliorer leur équilibre et leur fonction musculaire dans un objectif de gain d’autonomie [23].
Actuellement de nombreuses études sont faites sur les bénéfices que pourraient avoir les exercices de vibration corps entier sur des patients atteints d’arthrose du genou.
Elle pourrait contrer la réduction de l’épaisseur du cartilage potentiellement expliqué par une modulation du tissu squelettique, par l’augmentation de l’oscillation et de l’épaisseur de la couche des chondrocytes. Cela permettrait de diminuer la douleur de l’articulation arthrosique, d’améliorer les performances fonctionnelles, la force et la capacité d’extension du genou ainsi mais également l’équilibre chez le patient atteint d’arthrose du genou [24].

Comparaison avec un renforcement musculaire classique

Dans la plupart des études les WBV sont utilisées dans le but de stimuler le renforcement musculaire du quadriceps, muscle clé dans la rééducation d’une gonarthrose. En effet, la rééducation a pour but de réduire la douleur, de maintenir une bonne mobilité du genou et une intégrité musculaire, celle-ci étant primordiale dans le maintien de la capacité à marcher. La marche est l’élément fondamental de l’autonomie du patient.
Les différents exercices de renforcement musculaire présentés dans les études sont, pour la majorité d’entre elles, le squat.
On retrouve également des séances d’exercices en résistance du quadriceps comme dans l’étude de Wang et Al. (2016)[25] :
– Contraction statique interne du quadriceps (5 secondes et répéter 20 fois aussi fort que possible sans douleur).
– Résistance du quadriceps sur le point d’appui (5 secondes et répéter 20 fois aussi fort que possible sans douleur).
– Extension du genou à l’aide d’une bande en position assise (3 séries de 10 répétitions sans douleur).
– Squats avec ballon Bobath (3 séries de 10 répétitions sans douleur).
Ces séances d’exercices de renforcement mêlent à la fois des contractions statiques, concentriques et excentriques, contre pesanteur ou contre résistance élastique, en chaine ouverte ou fermée.

But du mémoire

L’arthrose est une maladie largement représentée dans la population. Sa prévalence est en hausse et dans les décennies à venir, celle-ci augmentera encore plus en raison de la longévité et de la prévalence croissante de l’obésité. Le traitement de base de la gonarthrose est l’éducation et les exercices, décrits dans les directives cliniques internationales et nationales pour la gestion de gonarthrose.
Elle est invalidante, entraine une diminution de la qualité de vie du patient. Il est essentiel, malgré son absence de traitement curatif, de soulager au maximum ces patients.
La rééducation est très limitée, il est donc intéressant de se pencher sur les différentes possibilités thérapeutiques afin d’augmenter le choix d’outils de rééducation et de les rendre plus complets et efficaces. Il est également intéressant d’analyser les effets de la vibration dans le cadre de la rééducation et le bénéfice que cela peut avoir en comparaison à un renforcement musculaire classique. De plus dans le cas d’une arthrose, les patients ont une tendance à l’enraidissement articulaire. Plus elle va être évoluée, moins le patient aura de mobilité et ainsi moins d’amplitude dans le travail de renforcement musculaire. L’utilisation du plateau de vibration peut donc se présenter comme une opportunité de permettre un meilleur travail musculaire en statique pour des patients ayant des amplitudes articulaires limitées.
De plus, pour la plupart des kinésithérapeutes l’utilisation de la vibration corps entier n’est pas efficace, voir nocive pour le patient. Il est donc pertinent d’étudier les effets que cette technique peut avoir sur une pathologie et éventuellement réconcilier les professionnels avec son l’utilisation en levant les tabous la concernant. En effet, pour la plupart des kinésithérapeutes, son utilisation est inefficace voir délétère. Cependant il me semble pertinent de s’intéresser à ses possibilités d’utilisation car elle peut être un outil de travail différent et éventuellement permettre une amélioration de la prise en charge de l’arthrose.
La problématique serait alors, l’effet que pourrait avoir le renforcement musculaire couplé avec l’utilisation de la vibration corps entier en comparaison avec un renforcement musculaire standard pour les patients atteints de gonarthrose.
Les hypothèses qui découlent de cette problématique donc de l’utilisation de cette technique seraient qu’elle permettrait une amélioration de la force musculaire du quadriceps (mouvement d’extension) et des ischio-jambiers (mouvement de flexion) plus importante qu’avec un renforcement sans vibration. De plus, l’utilisation de la vibration corps entier par cette amélioration de la force musculaire optimiserait de manière significative la capacité fonctionnelle des patients atteints de gonarthrose. Pour finir, on peut supposer qu’elle puisse impacter sur la douleur, en permettant une diminution de la douleur plus importante qu’avec le renforcement musculaire conventionnel.

Critères d’éligibilité des études pour cette revue

Type d’études

Les articles sélectionnés pour cette étude sont de type thérapeutique, c’est-à-dire consistant en l’analyse de l’efficacité d’un traitement. Cette revue consiste en l’analyse de l’efficacité de la vibration corps entier sur la gonarthrose. En effet, la gonarthrose touche une large population, et peut être très invalidante. Il m’a donc semblé intéressant de me pencher sur ce sujet, et notamment sur la rééducation qui entoure cette affection. En faisant des recherches dans la littérature, j’ai trouvé des études sur l’utilisation de la vibration qui montrent l’intérêt que celle-ci pouvait apporter. Pour la sélection des articles, je me suis assurée de leur évidence scientifique en utilisant le tableau des niveaux de preuves et des grades de recommandations ci-dessous.
En vue de ces recommandations, j’ai favorisé les grades A et B en sélectionnant des essais comparatifs randomisés de forte puissance et de faible puissance ainsi que des essais cliniques non randomisés bien menés.
Dans le cadre des essais cliniques randomisés, il y aura un groupe control et un groupe interventionnel dans lesquels la population est répartie de manière aléatoire. A la différence des études non randomisées dans lesquels les sujets ne sont pas répartis au hasard.

Population

La population étudiée est composée d’hommes et de femmes atteints d’arthrose du genou allant de 40 ans à un âge très avancé. En effet, l’un des facteurs de risque de la gonarthrose étant l’âge, elle devient symptomatique et invalidante chez une population d’âge mûr. C’est généralement lors que l’arthrose devient douloureuse ou limitante dans les activités que les patients sont amenés à faire de la rééducation. Les études sont donc majoritairement faites sur cette population, d’où le choix de cette population.

Intervention

Dans le cadre de cette revue de littérature, l’intervention est l’utilisation de la vibration corps entier, qui consiste à positionner le patient sur une plateforme vibrante. Le patient devra ainsi effectuer les exercices de renforcement sur le plateau afin d’associer le renforcement à la vibration. Ces exercices sont essentiellement ciblés sur le quadriceps, étant un muscle clé de l’articulation du genou.

Comparateur

Le groupe control sera représenté par une population effectuant un renforcement musculaire conventionnel sans l’utilisation de la vibration.

Critères de jugement

Les critères de jugement principaux seront la capacité fonctionnelle et la force musculaire. En effet, l’utilisation de plateforme vibrante devrait stimuler le travail de renforcement musculaire. Ce renforcement musculaire étant un des axes clé de la prise en charge d’un patient atteint de gonarthrose.
Afin d’évaluer ce critère, nous utiliserons des échelles de mesure. Pour évaluer la capacité fonctionnelle, les outils de mesure seront le Timed up and Go (TUG) et la distance de marche de 6 minutes (6MWD). Pour la mesure de la force musculaire, nous prendrons comme outil de mesure de référence toutes machines permettant de mesurer l’isocinétique telles que les machines d’isocinétique ou encore le dynamomètre. Le dynamomètre permet d’évaluer uniquement la force musculaire en traction ou en compression. La machine d’isocinétique ou dynamomètre isocinétique permet, quant à elle, une évaluation plus précise de la force musculaire, car elle évalue à la fois la force, la vitesse, le travail et la puissance musculaire en tout point de l’amplitude [26].
Le critère de jugement secondaire, est la douleur donc l’évaluation se fera grâce à la l’échelle visuelle analogique (EVA). Le choix de ce critère de jugement s’explique par le fait que le renforcement musculaire du quadriceps dans la cadre de l’arthrose de genou devrait avoir un effet antalgique.

Méthodologie de recherche des études

Sources documentaires investiguées

Les sources de données investiguées sont la littérature que constitue les cours dispensés lors de la formation à l’Institut de formation en Masso-Kinésithérapie, les recherches informatiques sur la gonarthrose mais également sur la vibration corps entier.
Afin, de préciser ma problématique et le thème de la revue, il a fallu faire des recherches dans les bases de données informatiques grâce à une équation de recherche définie par la suite. Les bases de données investiguées ont été :
– Pubmed.
– PEDro.
– Cochrane.
– Google Scholar.

Méthode d’analyse et d’extraction des données

Méthode de sélection des études

La sélection des articles, s’est faite premièrement par l’utilisation de mots clés lors de mes recherches. Le nombre d’articles étant trop important, il a été nécessaire de définir des critères d’inclusion et des critères d’exclusion. Suite à ça, une lecture plus approfondie des articles répondant à ses critères a permis de sélectionner préférentiellement certains articles étant de meilleure qualité méthodologique afin d’obtenir une sélection d’articles plus affinée. Grâce aux recherches initiales sur les différents sites avec l’équation de recherche définie précédemment ainsi que l’élimination des doublons, le nombre d’études est de 51.
Sélection par le titre :
Lors de la sélection par le titre, j’ai gardé un choix d’articles le plus large possible afin de n’oublier aucun article pouvant répondre à la problématique. J’ai donc exclu toutes les études donc le titre n’abordait pas la bonne population notamment les animaux comme les rats (N=3). Ensuite, j’ai éliminé toutes les études qui ne parlaient pas de gonarthrose comme par exemple les études sur les ligaments croisés (N=6) ou encore sur la densité osseuse (N=5) et les modifications moléculaires ou enzymatiques (N=9). J’ai enlevé les études qui associaient l’utilisation de la plateforme vibrante et de l’auriculothérapie (N=5). A la suite de cette première sélection, il y avait encore 23 études.
Sélection par l’abstract :
Pour cette sélection, j’ai éliminé les études associant la vibration corps entier suite à une arthroplastie de genou (N=2) ou celle qui parlaient d’un simple risque de gonarthrose (N=3). A ce niveau-là, j’ai également retiré, toutes celles qui ne concernaient pas des essais cliniques randomisés, telles que les revues de littérature (N=3), ou les protocoles d’étude (N=1).
Évaluation en texte intégral pour éligibilité :
Pour cette étape, j’ai supprimé toutes les études ne concernant pas l’effet de la vibration sur le renforcement musculaire. Ainsi toutes les études dont le critère de jugement n’était pas bon, ont été éliminées (N=3)

Effets de l’intervention sur les critères de jugements

En vue d’évaluer les différents critères de jugement, il est nécessaire d’avoir une analyse statistique intergroupe, s’illustrant par la valeur de p (coefficient de signification), qui permettra ensuite de contrôler la taille de l’effet. Cela nous indiquera si les résultats de l’étude sont significatifs et peuvent être interprétables.
Pour que les résultats soient significatifs, il faut que la valeur du p soit inférieure à 0,05, ce qui veut dire que l’on a moins de 5% de chance que les résultats obtenus soient dus au hasard. Concernant l’estimation de la taille de l’effet, il sera calculé de la manière suivante :
Taille de l’effet = Moyenne du groupe expérimental – Moyenne du groupe témoin à un instant.
En second lieu, il est important de prendre en compte l’intervalle de confiance à 95%, qui sera donné ou calculé seulement si les écarts-types sont précisés. Il nous permettra d’avoir une représentation des effets dans la population globale. Ainsi, si les deux bornes sont de signes opposés ou l’une d’elle est égale à 0, l’effet obtenu ne sera pas significatif.
Tous les résultats obtenus dans les tableaux sont des analyses intergroupes faites à partir de résultats intragroupes afin de limiter les biais.

Critères de jugement principaux

Les critères de jugement principaux étudiés dans cette revue de littérature sont la capacité fonctionnelle et la force musculaire. Différents outils seront utilisés pour les mesurer. Les résultats seront retranscrits, étude par étude, sous forme de tableaux comparatifs intergroupes.
Lai et Al 2020 :
• Capacité fonctionnelle :
Elle est évaluée grâce à l’utilisation du Timed up and go (TUG) et de la distance de marche de 6 minutes (6MWD). L’évaluation s’effectue au bout des 8 semaines d’exercices que ce soit dans le groupe contrôle avec le renforcement musculaire (ST) ou dans le groupe d’intervention avec l’utilisation de la vibration corps entier couplée au renforcement musculaire (WBV+ST).
Les résultats à l’issue des 8 semaines montrent, que ce soit dans le groupe WBV+ST ou ST, une diminution du temps pour effectuer le TUG et une augmentation de la distance parcourue lors du 6MWD.
Pour le TUG, la taille de l’effet est de 0,38. La vibration montre une amélioration de 0,38s en moyenne par rapport au renforcement seul. Pour le 6MWD, la taille de l’effet est de -9,22 mètres, ce qui signifie que dans le groupe avec les vibrations, la distance parcourue était de 9,22 mètre inférieure par rapport au groupe de renforcement classique. Cependant en regard des intervalles de confiance (-0,21 à 0,97) pour TUG et (-62,66 à 44,22) pour 6MWD, nous ne saurons jamais (avec simplement cette étude) si dans la réalité, les résultats obtenus seraient positifs (en faveur de la vibration), proche de 0 (donc nul) ou négatifs (en faveur d’un renforcement seul). De plus l’auteur dans l’étude précise que la valeur de p intergroupe est supérieure à 0,05, les résultats ne sont donc pas significatifs.
• Force musculaire :
Celle-ci est évaluée à l’aide d’un dynamomètre, les mesures sont prises après 8 semaines d’exercices à des vitesses angulaires de 90°/s et à 180°/s. Les paramètres évalués sont le couple de pointe (PT) en Nm/kg et le travail total (PW) en J/kg pour les muscles fléchisseurs et pour les extenseurs.
A la fin des 8 semaines, aucun n’effet n’a été significativement prouvé. On ne retrouve pas de franche augmentation de la puissance ou du couple de pointe que ce soit à une vitesse angulaire de 90°/s ou de 180°/s pour les muscles fléchisseurs et extenseurs.
Tout d’abord à une vitesse angulaire de 90°/s, la taille de l’effet du couple de pointe des fléchisseurs montre une amélioration de 0,04 Nm/kg pour le groupe ST par rapport au WBV+ST. Quant aux fléchisseurs, la taille de l’effet est nulle donc il n’y a pas de différence entre les deux groupes. Concernant le travail de pointe, le groupe WBV+ST a obtenu des résultats supérieurs au groupe ST (0,17J/kg pour les fléchisseurs et 0,18J/kg pour les extenseurs). De plus, les intervalles de confiance se rapportant à ces données montrent que les résultats obtenus ne sont pas significatifs dû à la présence de deux bornes de signes opposés.
Pour une vitesse angulaire de 180°/s, la taille de l’effet du couple de pointe des extenseurs, du travail de pointe des fléchisseurs et des extenseurs montre une amélioration plus importante dans les groupes WBV+ST. En opposition l’amélioration du couple de pointe des fléchisseurs est plus importante dans le groupe ST en comparaison avec le groupe WBV+ST. En regard des intervalles de confiance, la seule donnée significative est le couple de pointe des extenseurs.

Critère de jugement secondaires

Le critère de jugement secondaire, dont l’analyse sera exhaustive, est la douleur. Il est mesuré dans les cinq études sélectionnées pour la revue de littérature. Son évaluation est faite grâce à l’échelle visuelle analogique (EVA) pour les cinq études, et par le Western Ontario and McMaster Universities Osteoarthritis Index (WOMAC) dans les études de Wang et Al. (2016) [25], Bokaeian et Al. (2016) [28] et Wang et Al. (2016) [24].
Lai et Al 2020 : Dans cette étude, on observe une diminution sur l’échelle de la douleur dans le groupe d’intervention (WBV+ST) et dans le groupe témoin (ST). Cependant en effectuant les calculs afin de déterminer la taille de l’effet et l’intervalle de confiance, la valeur suivante : 0,41 (-1,37 ; 2,19) est obtenue. Nous pouvons donc en conclure que l’utilisation de la vibration corps entier couplée au renforcement permet d’améliorer la douleur. Cependant l’intervalle de confiance montre que ce résultat n’est pas forcement applicable à toute la population.
Lai et Al 2019 : Concernant l’évaluation de la douleur avec l’échelle visuelle analogique EVA), l’auteur n’indique pas la valeur du test post-intervention. Cependant il précise que les résultats ne montrent pas de différence significative entre les groupes et au sein de chaque groupe. Ce qui nous intéresse est l’effet intergroupe, dont les seules valeurs que nous avons à notre disposition sont les valeurs de F=0,001 et p=0,998. Ainsi, étant donné que p>0,05, quel que soit le résultat obtenu, il ne sera pas interprétable au regard d’une plus large population.
Wang et Al 2016 : Dans cette étude, la douleur est évaluée à l’aide de l’échelle visuelle analogique (EVA) et de WOMAC (la partie concernant la douleur). Suite aux résultats intragroupe, une diminution de la douleur avec un diminution du résultat obtenu à l’EVA et à WOMAC que ce soit dans le groupe avec vibration (WBV+QRE) ou dans le groupe sans vibration (QRE) est notée. Néanmoins, seuls les résultats intergroupes vont nous intéresser. En effet pour l’EVA, la taille de l’effet, et l’intervalle de confiance obtenu, est 0,6 (-0,32 ; 1,52) et pour le WOMAC il est de 0,9 (-1,89 ; 3,69). Ces résultats montrent que la vibration, comparativement au renforcement sans vibration, permet une diminution plus importante de la douleur. Cependant en regard de l’intervalle de confiance, nous ne sommes pas sûrs que cette conclusion soit extrapolable à la population réelle.
Bokaeian et Al 2016 : L’évaluation de la douleur est effectuée à l’aide de l’échelle visuelle analogique (EVA) et du Western Ontario and McMaster Universities Osteoarthritis Index (WOMAC). À l’issue de l’intervention, une taille d’effet intragroupe de 4,1 pour l’EVA et de 9,7 pour le WOMAC dans le groupe couplant vibration avec renforcement musculaire (WBV+QRE) sont relevés. Cette diminution de la douleur s’observe également dans le groupe de renforcement musculaire sans vibration (QRE) avec un effet intragroupe de 2,6 pour l’EVA et de 8,9 pour le WOMAC.
Il faut maintenant s’intéresser à la taille de l’effet intergroupe, qui est égal à 1,5 pour l’EVA et de 0,8 pour le WOMAC. Ces valeurs montrent une meilleure efficacité de la vibration associée au renforcement en comparaison avec un renforcement sans vibration. Cependant les intervalles de confiance (pour l’EVA : (-0,91 ; 3,91) et pour WOMAC : (-3,32 ; 3,92)) comptent des bornes de signe opposé, ce qui signifie que le résultat n’est pas nécessairement généralisable à population réelle.
Wang et Al 2016 : L’étude évalue la douleur grâce à l’EVA et à WOMAC, les résultats intergroupes sont directement présentés. En effet nous observons, pour l’EVA, à partir de la 4ème semaine une taille d’effet de -0,52 avec un intervalle de confiance (-1,00 ; -0,05). Il y a donc une diminution plus importante dans le groupe de vibration associée au renforcement musculaire (WBV+QRE) en comparaison avec le renforcement sans vibration (QRE) avec des données significativement exploitables au regard de la population globale. À la 16ème et 24ème semaine, les conclusions sont les mêmes en ce qui concerne l’efficacité de la vibration. La taille de l’effet se voit même augmenté à la 16ème semaine puis légèrement diminué en gardant toujours une taille d’effet significative.
Le test WOMAC, montre une taille d’effet intergroupe, entre le groupe WBV+QRE et le groupe QRE, significative à partir de la 16ème semaine avec la taille d’effet de -1,23 (-2,20 ; -0,26). La taille de l’effet augmente encore à la 24ème semaine.
Conclusion : En résumé, sur les 5 études, quatre d’entre elles ne montrent pas d’avantage statistiquement significatif de l’utilisation de la vibration corps entier en complément d’un renforcement musculaire par rapport à un renforcement musculaire sans vibration sur la diminution de la douleur. Seul l’étude de Wang et Al. (2016)[25], montre un effet sur la douleur plus important de la vibration, comparé au renforcement sans vibration.

Discussion

Cette revue de littérature avait pour objectif d’analyser les bénéfices, sur le plan fonctionnel et musculaire, de l’utilisation de la vibration corps entier en complément du renforcement musculaire en comparaison au renforcement musculaire sans vibration.

Analyse des résultats des critères de jugement principaux

Afin de répondre à la problématique, 5 études ont été sélectionnées, étant toutes des essais cliniques randomisés en simple aveugle.
Trois études [25, 27, 28] présentent un score PEDro de 7, et une étude un score PEDro de 8 [24]. Compte tenu de leurs scores, ces études présentent des qualités méthodologiques de haut niveau. En revanche une étude [29] présente un score PEDro de 6, ce qui augmente le risque de biais pour les résultats.
Il faut également noter que toutes les études étaient en simple aveugle. Les résultats ont donc pu être influencés par les croyances et/ou adhérences des patients et kinésithérapeutes. Ce facteur va être à prendre en compte dans l’interprétation des résultats.
En ce qui concerne les séances, que ce soient de renforcement musculaire ou les séances sur plateforme vibrante, elles s’effectuent dans les 5 études sous la supervision de kinésithérapeutes diplômés et formés sur l’utilisation de la plateforme vibrante. Cela limite, les risques de mauvaise observance du traitement, et cette supervision permet d’éviter des erreurs dans la réalisation des exercices de renforcement ou une mauvaise position sur la plateforme vibrante.
Toutes les études, sont décrites comme ayant des groupes homogènes en début d’étude. Cependant les calculs des tailles d’effet intergroupe ont été réalisés sur la base de la taille d’effet intragroupe afin de minimiser le biais lié au fait que les résultats moyens obtenus pour certains tests avant l’intervention étaient parfois très différents d’un groupe à l’autre. L’interprétation se fera donc à partir des tailles d’effet intergroupe et intervalles de confiance à 95% des différentes études. L’analyse comparative des différentes études se fera séparément pour chaque critère de jugement.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1. Introduction
1.1. Physiologie du genou
1.1.1. Biomécanique du genou
1.1.1.1. Généralité
1.1.1.2. Axes de l’articulation du genou
1.1.1.3. Contraintes exercées sur les articulations
1.1.2. Complexe musculo-ligamentaire du genou
1.1.2.1. Moyens d’union :
1.1.2.2. Le complexe musculaire :
1.2. Description de l’arthrose du genou
1.2.1. Phénomène de l’arthrose :
1.2.2. La gonarthrose
1.2.3. Traitements de l’arthrose
1.2.4. La prise en charge en kinésithérapie de la gonarthrose non opérée
1.3. Description de la Vibration corps entier (WBV)
1.4. Comparaison avec un renforcement musculaire classique
1.5. But du mémoire
2. Méthodologie
2.1. Critères d’éligibilité des études pour cette revue
2.1.1. Type d’études
2.1.2. Population
2.1.3. Intervention
2.1.4. Comparateur
2.1.5. Critères de jugement
2.2. Méthodologie de recherche des études
2.2.1. Sources documentaires investiguées
2.2.2. Équation de recherche utilisée
2.3. Méthode d’analyse et d’extraction des données
2.3.1. Méthode de sélection des études
2.3.2. Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.3. Extraction des données
2.3.4. Méthode de synthèse des résultats
3. Résultats
3.1. Description des études
3.1.1. Études exclues
3.1.2. Études incluses
3.2. Risques de biais des études incluses
3.2.1. Grille d’analyse utilisée
3.2.2. Synthèse des biais retrouvés
3.3. Effets de l’intervention sur les critères de jugements
3.3.1. Critères de jugement principaux
3.3.2. Critère de jugement secondaires
4. Discussion
4.1. Analyse des résultats des critères de jugement principaux
4.1.1. La capacité fonctionnelle
4.1.2. La force musculaire
4.2. Analyse des résultats du critère de jugement secondaire
4.3. Analyse critique des résultats
4.4. Applicabilité des résultats en pratique clinique
4.5. Qualité des épreuves
4.6. Biais potentiels de la revue
5. Conclusion
Bibliographie

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