La pratique physique : un outil au service du bien-être ? 

Le bien-être et ses conceptions

Après de nombreuses lectures sur cette notion, nous avons pu constater que le bien-être dit « objectif » n’est que très peu défini contrairement au bien-être dit « psychologique » et « subjectif ». En opposition à ces derniers, le bien-être objectif ne serait pas lié à un sentiment personnel ou à un ressenti. Celui-ci dépendrait d’avantage des ressources physiques, économiques et matérielles, dont dispose un individu.
La notion de bien-être objectif est liée à la notion de prospérité, d’abondance, de développement et de richesse (Breda et Goyvaerts, 1999). Ainsi, le concept de bien-être objectif est entrevu comme le fait de « disposer de suffisamment de ressources pour réaliser des conditions de vie satisfaisantes selon ses propres préférences. Ici, le bien-être est donc considéré comme une situation de liberté positive: il s’agit des possibilités dont chacun dispose pour opérer des choix concernant l’organisation de sa vie » (Breda et Goyvaerts, 1999, p. 106). Autrement dit, la notion de bien-être objectif englobe non seulement les aspects matériels de la vie comme le logement ou les revenus, mais également les aspects non matériels tels que l’autonomie, ou la participation à la vie économique, politique, et environnementale. L’objectivité consiste finalement à prendre en compte les attributs sociaux et matériels, dans les outils que nous utilisons, qui favorisent ou qui nuisent au bien-être d’un individu.
Michalos (1983), dans son étude sur la satisfaction de vie et le bonheur d’une communauté rurale du nord, tente de mesurer la satisfaction de vie de ses membres, appliquée à une douzaine de domaines de la vie (santé, finance, logement, famille, amis, travail, religion, loisirs, transports et services gouvernementaux etc.), pour les hommes et pour les femmes. Pour cet auteur, la satisfaction de vie peut s’analyser selon trois processus différents :
– Le but d’accomplissement : qui représente l’écart entre ce que nous avons et ce que nous voudrions avoir.
– La comparaison sociale : qui représente l’écart entre ce que nous avons et ce que nous pensons que les autres ont.
– Les expériences passées : qui représentent l’écart entre ce que nous avons maintenant et ce que nous avions dans le passé.
Cette méthode d’analyse de la satisfaction de vie est donc basée sur la consommation actuelle d’un individu et l’écart qui se trouve entre sa consommation passée, la consommation d’autrui et ce que l’individu souhaiterait posséder. Plus l’écart entre les différents paramètres est important, moins le niveau de bien-être sera élevé. A l’inverse, moins l’écart entre les différents paramètres est important, plus le niveau de bien-être sera élevé.
Pour Michalos (1983) le premier processus est le meilleur prédicteur de la satisfaction de vie car il ne prend en compte que l’individu et sa situation actuelle, contrairement aux deux autres processus qui tiennent compte d’autres variables, comme la convoitise, la jalousie, la nostalgie ou le regret, pouvant influencer la satisfaction de vie. Nous pouvons constater que dans les trois cas, bien que certains facteurs comme la consommation, soient des facteurs objectifs, l’auteur tient tout de même compte de facteurs subjectifs. Le processus du but d’accomplissement en est l’exemple même puisque l’auteur prend en compte la perception de l’individu sur sa consommation réelle et sur ce qu’il voudrait avoir. De plus, chaque individu est différent. Ces derniers n’ont pas les mêmes besoins, et ne se satisfont pas des mêmes choses. Ainsi, même si la méthode de Michalos (1983), se base sur des critères d’analyse objectifs, les résultats émergeants de celle-ci prennent en compte des facteurs subjectifs, qui sont constitutifs de la personnalité de chaque individu.
L’utilisation d’indicateurs objectifs repose sur l’hypothèse que le bien-être dépend d’un ensemble de besoins qui sont communs à tous les individus et qui peuvent être identifiés par des experts (Prince et Prince, 2001). En revanche, chaque individu est différent et ne perçoit pas les événements de vie de la même manière. Il semblerait donc que la « subjectivité » soit un concept clé à utiliser dans la mesure du bien-être.
Nous en arrivons donc à la conclusion que dans un cas, ce n’est pas le bien-être en lui-même qui est objectif mais les paramètres utilisés pour le mesurer. En effet, les outils de mesure basés sur des paramètres concrets tels que la qualité du sommeil, l’autonomie réelle, le revenu, ou la consommation, sont des outils ayant une approche objective du bien-être et non des outils permettant de mesurer le « bien-être objectif ». A contrario, dans l’autre cas, il semblerait que les outils de mesures qui s’appuient sur des facteurs qui varient selon les individus tels que les perceptions, les ressentis, les émotions positives ou négatives, sont des outils ayant une approche subjective du bien-être et qui permettraient de mesurer le « bien-être subjectif ». L’objectivité semble dépendre des paramètres utilisés pour mesurer le bien-être tandis que la subjectivité semble être elle-même un paramètre à prendre en compte dans la mesure du bien-être. Et finalement le « bien-être » serait la moyenne des paramètres objectifs et des perceptions personnelles. En d’autres termes l’indice global de « Bien-être » pourrait prendre en compte les paramètres objectifs et les perceptions individuelles.

Approche psychologique et subjective

A travers nos différentes lectures, nous avons pu constater que le bien-être est utilisé sous différentes appellations ce qui ne simplifie pas la clarification de ce concept. Dans la littérature scientifique, les termes les plus fréquemment utilisés sont le « bien-être » (Danna & Griffin, 1999), le « bien-être affectif » (Warr, 1990 ; Daniels, 2000), le « bien-être émotionnel » (Diener & Larsen, 1993), le « bien-être psychologique » (Ryff & Keyes, 1995 ; Massé et al., 1998a) et le « bien-être subjectif » (Diener, 1984, 1994 ; Eid & Larsen, 2008).
L’ensemble des termes évoqués ci-dessus sont parfois utilisés sans qu’ils ne soient tenu compte de leur apport théorique. Par exemple, le bien-être psychologique est parfois utilisé pour désigner un ensemble d’émotions positives et négatives (Berkman, 1971a), or ce concept ne se base pas unique sur les affects. Nous ne retiendrons donc que les termes bien-être psychologique et bien-être subjectif dans un souci de compréhension des processus. En effet, ces derniers sont explicitement utilisés pour illustrer deux conceptions que sont l’approche hédonique et l’approche eudémonique.
Ainsi, au regard des différentes approches qui entourent le « Bien-être », il nous semblait nécessaire d’apporter des précisions sur certains termes inhérents à l’état psychologique. La définition de ces termes est parfois confuse, ce qui nous pousse à les utiliser de manière interchangeable sans forcément respecter leur véritable signification. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les travaux de Voyer et Boyer (2001) qui portent sur une analyse conceptuelle comparative du bien-être psychologique. Ces auteurs ont établis une hiérarchie des différents construits sur l’état psychologique. Nous nous baserons sur cet outil pour expliquer les différents termes et concepts constitutifs de ce dernier.
Cette hiérarchisation est basée sur deux axes. L’axe vertical va d’une évaluation globale à une évaluation spécifique. Ainsi, la qualité de vie serait le concept le plus large, englobant dans sa mesure l’ensemble des différents concepts. A l’inverse, le bonheur nécessiterait l’évaluation la plus spécifique. L’axe horizontal classe les différents concepts selon leur contenu. Ainsi, pour Voyer et Boyer (2001), le bien-être psychologique, la satisfaction de vie, le bien-être subjectif et le bonheur ne sont composés que de dimensions positives. A contrario, la détresse psychologique n’est évaluée que par des dimensions négatives. Au centre se situent la qualité de vie, la santé mentale et le moral. Pour ces auteurs, ces concepts doivent être évalués à la fois par des dimensions positives et des dimensions négatives. Autrement dit, plus le concept est situé vers le haut de la figure, plus celui-ci est global dans son évaluation de l’état psychologique, et plus le concept est situé vers le bas de la figure, plus celui-ci est spécifique dans son évaluation de l’état psychologique. L’axe horizontal quant à lui, détermine si les concepts touchent à des aspects positifs et/ou négatifs.
Dans le cadre de notre recherche, nous nous intéressons principalement au bien-être psychologique, au bien-être subjectif et à la satisfaction de vie. En ce sens, nous souhaitons apporter un éclairage théorique plus particulier sur ces trois concepts. La satisfaction de vie sera définie dans la prochaine partie puisque c’est ce concept qui est au plus proche de notre étude.

Bien-être psychologique

Bradburn (1969) considère que le bien-être psychologique correspond à la prépondérance des affects positifs sur les affects négatifs. Le sentiment de compétence, l’estime de soi, les relations affectives, l’optimisme et le bonheur, sont pour lui des dimensions clés pour mesurer le bien-être psychologique d’un individu. Pour Bryant et Veroff (1982), la perception de soi, le sentiment de bien-être, les symptômes de détresse et l’adaptation d’un individu à différents domaines tels que le mariage, la parentalité ou le travail, sont des dimensions qui définissent le bien-être psychologique. Les dimensions citées par ces auteurs sont essentiellement affectives. A la même période, des auteurs comme Andrews et McKennell (1980) vont considérer que la cognition a un rôle aussi important que l’affectif dans l’évaluation du bien-être psychologique et ils vont soutenir que l’évaluation cognitive d’un individu face à ses buts et sa vie est importante pour déterminer le bien-être psychologique. Ainsi, ils suggèrent de distinguer l’affectif et le cognitif pour définir le bien-être psychologique. D’autres auteurs vont apporter leur soutien en proposant des variables telles que le soutien social et l’influence du réseau (House et Khan, 1985) ainsi que la notion de contrôle sur sa vie (Reich et Zautra, 1981) ; considérées comme des variables importantes dans la mesure et la variation du bien-être psychologique. Dans leurs travaux portant sur l’activité, l’autonomie et le bien-être psychologique chez les personnes âgées, Rousseau, Denis et Dubé (1993) ont quant à eux envisagé le bien-être psychologique comme un concept quadridimensionnel. La première dimension fait référence aux caractéristiques personnelles. La deuxième dimension observe le stress personnel et environnemental. La troisième dimension se rapporte au facteur cognitif. Et la quatrième et dernière dimension s’intéresse aux variables relationnelles.
Suite à ces travaux, Ryff et Keyes (1995) proposent une définition du bien-être psychologique composée de six dimensions qui englobe les principales dimensions mentionnées dans les travaux ci-dessus :
– L’acception de soi : Elle se traduit par une attitude positive envers soi, par la reconnaissance et l’acceptation des multiples facettes de soi qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et par le sentiment d’être bien avec son passé.
– Les relations avec les autres : Elles se traduisent par une bonne qualité relationnelle avec son entourage, par le fait d’être capable d’empathie, d’affection et de se préoccuper du bien-être des autres. L’individu doit comprendre le principe de donner et de recevoir au travers de ses relations.
– L’autonomie : Elle est représentée par l’autodétermination et l’indépendance, par la sensation d’être libre de prendre ses propres décisions, et d’être capable de résister aux pressions sociales pour rester soi-même.
– La maitrise sur l’environnement : C’est la capacité qu’a l’individu de gérer et de maitriser les facteurs externes qui influencent son environnement. Par exemple, un individu se doit de saisir les opportunités qui se présentent à lui dans le but de créer des contextes profitables pour ses besoins et ses valeurs personnelles.
– Le but dans la vie : L’individu doit se fixer des objectifs qui donneront un sens à sa vie.
– La croissance personnelle : L’individu doit avoir le sentiment de s’épanouir, de grandir et de se développer. Il fait preuve d’ouverture d’esprit et a le désir de réaliser son plein potentiel. L’individu remarque une amélioration dans sa manière d’être et d’agir. La connaissance de soi et l’efficacité personnelle influencent positivement les changements qui s’opèrent chez un individu.
Ainsi, un individu qui répond positivement à ces six dimensions aura un niveau de bien-être psychologique élevé. A l’inverse, si l’individu ne répond pas positivement à ces six dimensions, il aura un niveau de bien-être psychologique faible.
Cette conception du bien-être est associée à l’approche eudémonique du bien-être. L’approche eudémonique fait référence à des notions de réalisation de son plein potentiel (Ryff, 1995) et d’autodétermination (Ryff & Singer, 1998a). Autrement dit, le fait de vivre en accord avec ses propres valeurs est au coeur du bien-être. L’approche eudémonique conceptualise le bien-être en termes de relations positive avec les autres, de maitrise de sa vie et du contrôle de son environnement, d’acceptation de soi, d’autonomie, de but dans la vie et de développement personnel. A travers la définition de cette approche, nous pouvons constater que celle-ci est en effet fortement influencée pas les travaux de Ryff et Keyes (1995). Cette approche ne considère pas le bien-être comme un concept qui varie simplement selon les affects positifs et négatifs auxquels un individu est exposé mais comme un concept qui prend en compte des composantes aux plans comportemental, psychologique et physiologique. Le bien-être pourrait ainsi être décrit non par l’absence de manifestations négatives, mais plutôt par la seule présence de manifestations positives. Ainsi, les processus conduisant au bien-être consisteraient à créer de bonnes relations interpersonnelles, de bonnes relations d’attachement ou de vivre dans un milieu favorisant le bien-être.

Bien-être subjectif

Plus tard, Diener (1984) va introduire la notion de « bien-être subjectif », non pas en opposition au bien-être psychologique mais comme un approfondissement du concept. C’est d’ailleurs un concept qui intéresse de nombreux chercheurs. Nous disposons donc d’une large documentation sur ce propos grâce aux travaux de chercheurs comme Brief et al. (1993), Diener (1984, 1994), Diener et al. (1999), Feist et al. (1995) ou encore Lucas et al. (1996), qui ont travaillé non seulement sur une définition du bien-être subjectif mais également travaillé sur le développement d’outils permettant de le mesurer.
Ce sont les travaux de Diener débutés dans les années 80 qui font aujourd’hui référence et qui ont permis de mettre en avant la notion de bien-être subjectif. Selon cet auteur, le bien-être subjectif apparait comme un phénomène tridimensionnel dont les dimensions ne sont pas corrélées. La première dimension concerne la satisfaction dans la vie, c’est-à-dire le jugement d’ensemble d’une personne sur sa vie à un moment donné (vécu personnel). La deuxième dimension concerne la présence de sentiments ou d’affects positifs ressentis sur un intervalle de temps. Puis la troisième dimension concerne l’absence de sentiments ou d’affects négatifs sur un intervalle de temps. « La mesure des réactions négatives telles que la dépression ou l’anxiété donne une image incomplète du bien-être des personnes et il est impératif de mesurer également la satisfaction de la vie ainsi que les émotions positives » (Diener, 1994, p. 103). Même si ces trois dimensions sont des composantes séparées du bien-être subjectif, elles nécessitent toutes trois de juger, de mesurer et/ou d’évaluer les réussites de sa vie (pour la satisfaction de vie) et les expériences gratifiantes (pour les affects positifs ou l’absence d’affects négatifs).
D’autre part, Diener (1984) insiste sur le fait que ces dimensions sont bien distinctes. En effet, une même personne peut ressentir des sentiments désagréables et pour autant se satisfaire de sa vie grâce à l’accomplissement d’objectif personnel. La présence d’affects positifs ne sous-entend pas l’absence d’affects négatifs. Le bien-être subjectif, c’est donc l’évaluation cognitive et affective faite par l’individu de son existence, comprenant trois composantes relativement indépendantes (l’affect positif, l’affect négatif et la satisfaction avec la vie) (Diener, Lucas & Oishi, 2002). Néanmoins Miller (1980) et Kammann (1983) nuancent ces propos. Pour ces auteurs, les fluctuations des émotions auxquelles est soumis un individu peuvent avoir un impact sur la détermination de la satisfaction de vie.
Andrews et Withey (1976) ont également défini le bien-être subjectif comme un ensemble composé à la fois d’une évaluation cognitive et d’affects positifs et négatifs. Veenhoven (1984), prend également part à ce postulat puisqu’il soutient l’idée que dans l’évaluation de sa vie, un individu combine deux éléments que sont les cognitions et les affects. La composante affective est représentée par les émotions, les affects et les humeurs. Tandis que la composante cognitive est représentée par la satisfaction. Nous retrouvons ici l’idée de Campbell, Converse & Rodgers (1976) pour qui la satisfaction implique un jugement ou une expérience cognitive. Ainsi, la satisfaction représente une dimension autonome à l’intérieur du construit du bien-être subjectif dans le sens où ces études montrent la séparation entre la dimension cognitive et la dimension affective qui composent le bien-être subjectif.
L’ensemble des idées émanant de ces différents travaux seront reprises par Diener (1994) et donneront lieu à la définition selon laquelle « Le bien-être subjectif réfère à l’expérience globale des réactions positives envers sa propre vie et inclut toutes les composantes d’ordre inférieur telles que la satisfaction de la vie et le niveau hédonique. La satisfaction de la vie renvoie à un jugement conscient et global de sa propre vie. Le niveau hédonique renvoie à l’équilibre entre le caractère agréable et désagréable de sa propre vie émotionnelle » (Diener, 1994, p.108). En effet, cette conception du bien-être est associée à l’approche hédonique du bien-être. L’étude du bien-être selon une approche hédonique a émergée suite au courant de recherche qui visait à mesurer la qualité de vie d’un point de vue subjectif (Keyes, Shmotkin, & Ryff, 2002). Les partisans de cette approche considèrent que le bien-être est composé de la prévalence des émotions positives par rapport aux émotions négatives et de la satisfaction de vie. Selon cette approche, le bien-être est considéré comme un construit à la fois cognitif, puisqu’il est lié à la satisfaction et affectif, puisqu’il touche aux émotions. Au travers de cette définition, nous pouvons constater que, contrairement au bien-être eudémonique qui s’inspire essentiellement des travaux portant sur le bien-être psychologique, l’approche hédonique est quant à elle fortement influencée pas les travaux de Diener sur le bien-être subjectif.
Même si ce sont avant tout les travaux de Diener qui font référence dans la clarification du concept de bien-être subjectif, nous pouvons constater qu’il est difficile de définir clairement et opérationnellement cette notion puisque comme l’avaient souligné Diener et al. (1999), le bien-être subjectif représente davantage un champ d’intérêt scientifique plus qu’un construit théorique spécifique. Malgré cela, il a tout de même était possible d’identifier les diverses dimensions de ce construit qui se fragmente en deux grand aspects, comme nous avons pu le constater précédemment, soit la dimension affective et la dimension cognitive/évaluative.
Le constat est simple, au travers de nos différentes lectures, la dichotomie qui semblait exister entre le bien-être psychologique et le bien-être subjectif ne semble pas si radicale. En effet, ces deux notions se complètent et se rejoignent plus qu’elles ne se divisent malgré une différence d’approche notable. En effet, les auteurs en faveur de l’approche hédonique, considèrent que l’approche eudémonique ne laisse pas place à l’expression des individus quant à l’évaluation de leur propre vie (Diener et al., 1998). En d’autres termes, que l’approche eudémonique ne prend pas en compte les composantes émotionnelles du bien-être puisqu’elle se baserait uniquement sur une approche purement théorique pour construire une compréhension du bien-être psychologique (Diener et al., 1998).
En effet, l’approche hédonique considère que le bien-être est composé de deux grands axes : la prévalence des émotions positives sur les émotions négatives et la satisfaction dans la vie (Bradburn, 1969, Diener 1984). Ainsi, le bien-être inclut la satisfaction du maximum d’attentes et l’obtention de tout ce que l’on peut souhaiter dans les différentes sphères de la vie (Ryan et Deci, 2001). Il renvoie également aux émotions plaisantes ressenties par la satisfaction de ces attentes. Selon cette perspective, le bien-être est un construit à la fois affectif, puisqu’il touche aux émotions, et cognitif et évaluatif puisqu’il est lié à la satisfaction que se fait un individu de sa vie. En termes opérationnels, les auteurs utilisent le plus souvent une combinaison d’indicateurs permettant de mesurer les affects positifs, les affects négatifs et la satisfaction. La somme de ces indicateurs donnera une mesure du bien-être. Ainsi, les tenants de l’approche hédonique considèrent que la satisfaction fait partie intégrante du bien-être, ce qui n’est pas le cas dans l’approche eudémonique qui se base avant tout sur des composantes comportemental, psychologique et physiologique. Diener et al. (1998), dont les travaux s’appuient sur une approche hédonique, reconnaissent néanmoins que les affects positifs et la satisfaction découlent souvent de manifestions eudémoniques telles que les relations interpersonnelles ou de l’existence de buts significatifs pour soi (Dagenais-Desmarais, 2006). Ainsi, les deux approches semblent être complémentaires dans la mesure du bien-être globale. Le bien-être hédonique associé aux aspects psychologiques et sociétaux du bien-être eudémonique constituerait donc la définition du bien-être global.
Toutefois, deux modèles hiérarchiques se distinguent dans l’analyse du bien-être subjectif, et ne perçoivent pas ce concept de la même manière.

Modèles hiérarchiques du bien-être subjectif

Il existe deux modèles hiérarchiques du bien-être subjectif qui nous permettent d’analyser les rapports du bien-être et ses conditions extérieures : l’approche inductive : le modèle « Bottom-Up » et l’approche déductive : le modèle « Top-Down ».
Le modèle « Bottom-Up » défend le postulat selon lequel le sentiment global de bien-être est la résultante d’événements et de conditions de vie favorables. Autrement dit, la satisfaction et le bonheur résultent de moments heureux et de bonnes conditions de vie dans différents secteurs (famille, couple, revenus, travail, lieu de résidence, etc.) (Campbell, Converse & Rodgers, 1976), combinés à l’absence de désagréments divers. Ici, les événements et les conditions objectives de vie sont les facteurs déterminants du bien-être et ce dernier est considéré comme un « effet ». En d’autres termes, c’est l’accumulation de conditions favorables et d’événements positifs qui engendre le bien-être.
Le modèle du « Top-Down » défend le postulat inverse. Ici, les individus auraient une prédisposition stable à interpréter les expériences de la vie, et à y réagir soit de façon positive, soit de façon négative (Brief et al., 1993). Indépendamment des conditions de vie, cette prédisposition générale affecte l’évaluation que se fait l’individu des différents événements survenant dans différents domaines de la vie. Dans ce modèle, ce sont les interprétations subjectives des événements qui déterminent le bien-être subjectif et non les événements objectifs eux-mêmes. Le bien-être apparait donc comme un « cause ». Costa et al. (1981) illustrent ce postulat en expliquant que les personnes heureuses sont heureuses parce qu’elles prennent plaisir face aux événements de la vie et non pas nécessairement parce qu’elles rencontrent plus de moments favorables. « En dépit des circonstances, certains individus semblent être des personnes heureuses [happy people] et d’autres des personnes malheureuses [unhappy people] » (Costa, McCrae & Norris; 1981, p.79). Diener (1996) rejoint également cette théorie : « dans le champ du bien-être subjectif, la personnalité contrôle la plus grande partie de la variance du bien-être, et les situations semblent n’avoir virtuellement aucun impact à long terme. Si l’on examine le bien-être subjectif, l’on peut même conclure que c’est un trait et qu’il est déterminé par le tempérament à la naissance » (p. 391). En d’autres termes, certains individus auraient plus de prédispositions à être heureux que d’autres, et seraient moins affectés par des conditions de vie difficiles.

Focus sur la satisfaction de vie

La satisfaction de vie est un indicateur central de bien-être subjectif. Celle-ci s’appuie sur le système de valeurs d’un individu qui le conduit à évaluer ce qu’est une vie satisfaisante, de son propre point de vue. Comme nous l’avons évoqué précédemment, la satisfaction de vie est une résultante cognitive induite par les différentes évaluations qu’un individu se fait de sa vie. Elle peut être définie comme « une évaluation globale de la qualité de vie d’une personne selon ses propres critères. » (Shin & Johnson, 1978, p. 478). Nous retrouvons dans cette définition l’importance d’une évaluation subjective de sa propre vie.
La satisfaction dans la vie se détermine par l’évaluation générale des conditions de vie d’un individu. Voyer et Boyer (2001) soutiennent l’idée que les concepts de satisfaction de vie et de bien-être subjectif sont les concepts dont la distinction est la plus difficile à circonscrire. Cette pensée avait d’ailleurs déjà été mise en avant dans les années 90 « le bien-être subjectif […] et la satisfaction de vivre sont des notions qui diffèrent l’une de l’autre à quelques nuances près, mais elles ont beaucoup de points en commun » (Myers et Diener, 1997, p. 14). Malgré cette similarité des concepts, il existe bien des différences, notamment au niveau de l’orientation des concepts et de leurs attributs.
Le bien-être subjectif, lui, est estimé à partir de domaines spécifiques prédéterminés tels que la vie de couple ou le travail. Par exemple, « le bien-être subjectif se prête mal à l’étude d’une femme, cheffe de famille monoparentale et sans emploi. » (Voyer et Boyer, 2001, p. 285). Le bien-être subjectif étant un concept multidimensionnel, l’intégration de divers domaines semble nécessaire dans son évaluation. La spécificité du concept de satisfaction de vie est que celui-ci est orienté vers la réalisation d’objectifs et de désirs fixés par la personne elle-même (Kozma & Stones, 1980). Ainsi, la comparaison entre les aspirations d’une personne et ses réalisations permet d’évaluer la satisfaction de vie d’un individu (Andrews et Withey, 1976 ; Campbell et al., 1976). Pour d’autres, la satisfaction de vie est un concept multidimensionnel. C’est le cas de Neugarten et al. (1961), pour qui la satisfaction dans la vie se définit par la vitalité, le courage, l’atteinte de ses objectifs, le concept de soi et l’humeur. Dans cette dernière définition, la dimension cognitive semble être prépondérante sur la dimension affective, même si cette dernière n’en est pas écartée pour autant. De plus, Ryan et Déci (2001) montrent que la satisfaction de vie est directement liée au bien-être et que des variations de la satisfaction de vie peuvent prédire des variations de bien-être. Pour ces auteurs, la satisfaction de vie représenterait une dimension autonome à l’intérieur même du construit du bien-être subjectif. Les études de Lucas, Diener et Suh (1996) ainsi que d’Andrews et Withey (1976) soutiennent ce postulat. Dubé, Kairouz et Jodoin (1997) iront dans le même sens en affirmant : « tandis que le bonheur renvoie à l’aspect émotionnel du bien-être et représente la prépondérance des émotions positives durant une certaine période de temps, la satisfaction représente l’aspect cognitif et identifie une évaluation plus durable de sa vie. » (p. 215).
Tous ces auteurs sont donc d’accord pour dire qu’il est important de faire une distinction entre ces deux notions. L’analyse de ces différents concepts nous amène à la conclusion qu’il est important, d’une part, de les mesurer différemment, même si les deux concepts se mesurent à partir d’une évaluation subjective de l’individu, et d’autre part, de bien comprendre qu’ils n’expliquent pas les mêmes phénomènes.
Les modèles hiérarchiques du « Bottom-Up » et du « Top-Down » associés à la satisfaction de vie sont tous deux très similaires de la définition que nous avons précédemment donnée sur ces deux modèles associés au bien-être subjectif. Ce constat n’a rien d’étonnant puisque, comme nous le mentionnions précédemment, le concept de bien-être subjectif et le concept de satisfaction de vie sont très proches. Ainsi, selon l’approche inductive (Bottom-Up), la satisfaction de vie est la résultante de la somme des aspects positifs et des aspects négatifs auxquels est confronté un individu. La somme des événements se manifestant dans les différents domaines de la vie d’un individu constitue le niveau de satisfaction de vie que ressent celui-ci. A l’inverse, selon l’approche déductive (Top-Down), la satisfaction de vie est la résultante de la personnalité et des prédispositions que possède un individu. Ces prédispositions influencent l’évaluation que se fait l’individu des différents événements survenant dans différents domaines de la vie, et lui permettent d’y réagir positivement ou négativement (Brief et al., 1993). De par sa personnalité et ses prédispositions, l’individu transformerait la réalité objective en une réalité subjective qui influence positivement ou négativement la satisfaction de vie (Gosselin, 2005).
L’approche inductive conceptualise la satisfaction de vie comme une résultante contrairement à l’approche déductive qui lui affecte un rôle de variable indépendante. Dans cet esprit, nous pouvons nous demander si la satisfaction de vie doit-être considérée comme un « trait » comme le suggère le modèle du « Top-Down », ou être considérée comme un « état » comme le suggère le modèle du « Bottom-up » ? L’ambiguïté entre ces deux conceptions est reconnue (Feist et al., 1995), et la littérature récente sur la satisfaction de vie tente d’unifier les deux conceptions afin de minimiser leur opposition (Diener, Lucas, Oishi et Suh, 2002). Dans le cadre de notre recherche nous utiliserons l’Échelle de Satisfaction (ESV) de Vie de Diener et al. (Satisfaction With Life Scale (SWLS); 1985), traduite en français par Blais et al. (1989), dont la mesure se base sur le modèle du « Top-Down ». Nous détaillerons cet outil dans la partie méthodologique de notre étude.
En conclusion, le bien-être subjectif et notamment la satisfaction de vie font l’objet de diverses considérations. Ces deux notions découlent à la fois de facteurs objectifs et de facteurs subjectifs. Le bien-être subjectif dépend des conditions de vie d’un individu, du jugement personnel qu’il porte sur sa vie et sur lui-même, et la satisfaction qu’il tire de sa condition. Nous avons fait le choix d’utiliser l’Echelle de Satisfaction de Vie pour évaluer le niveau de satisfaction de vie des bénéficiaires du DIPS.

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Table des matières

Remerciements 
INTRODUCTION 
PARTIE 1 : LE CADRE THEORIQUE 
CHAPITRE 1 : La vulnérabilité
CHAPITRE 2 : Qualité de vie : l’influence de concepts psychologiques
1. Le bien-être
2. L’Estime de Soi
CHAPITRE 3 : La pratique physique : un outil au service du bien-être ?
CONCLUSION CADRE THEORIQUE
PARTIE 2 : METHODOLOGIE 
1. Participants
2. Les instruments de mesure
3. Protocole expérimentale
PARTIE 3 : RESULTATS
DISCUSSION
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES 
Abstact

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