La politique microprudentielle et la gestion des risques bancaires

Les hypothèses de la théorie néo-quantitative

La croyance en l’existence de mécanismes régulateurs des variables réelles de l’économie

Dans leur ensemble, les monétaristes conservent la croyance fondamentale en l’existence de mécanismes régulateurs jouant à long terme, dont le principal reste le mécanisme des prix.
En conséquence, tout déséquilibre est considéré comme momentané à la condition que ces régulateurs puissent jouer librement sans faire l’objet de blocage de la part des groupes ou de l’État.
L’école néo-classique libérale considère donc la dynamique de longue période comme mue par les forces réelles de l’Économie et présente la monnaie comme un facteur perturbateur à court terme de l’équilibre qui se réalise à long terme. Ceci explique certaines contradictions quant aux rôles respectifs des facteurs réels et monétaires dans le fonctionnement de l’Économie à court et à long terme.
a) Le volume de production reste à long terme lié aux ressources disponibles et à l’état de la technique, mais à court terme, il peut rester inférieur au volume réalisant le Plein Emploi, parce qu’il dépend de la demande qui, elle-même, subit l’influence des comportements monétaires. La loi des débouchés de Jean-Baptiste Say est ainsi rejetée parce que l’on reconnaît à la monnaie un rôle d’actif de patrimoine pouvant provoquer la formation d’encaisses oisives. b) De même, la structure de la production et les prix relatifs sont, à long terme, commandés par l’état des préférences et la rareté relative des biens, alors qu’à court terme ils subissent l’influence des variations de la Masse Monétaire (Mo) et du niveau général des prix (P). Tous les marchés ne sont pas, en effet, affectés au même moment, ni au même degré, par les effets liquidités et d’encaisses réelles, ce qui aboutit à une modification temporaire de la structure de la production et des prix. c) Il existe ainsi, dans le court terme, une relation de causalité entre monnaie et facteurs réels.
Les monétaristes, contrairement aux quantitativistes purs, admettent que la monnaie influence le volume et la structure de la production, modifie même les prix relatifs. Toute variation de l’équilibre sur le marché des encaisses se répercute sur le marché des titres ainsi que sur celui des biens et services et, par eux, sur le marché des facteurs, notamment du travail. Cette influence cependant s’exerce uniquement à court terme; à long terme, on en revient généralement à un simple effet sur le niveau général des prix.
Il faut ajouter que les marchés n’apparaissent pas véritablement interdépendants, même à court terme, parce que les effets de « feed back » des marchés réels vers les marchés monétaires sont limités par les hypothèses concernant la monnaie.

Les hypothèses monétaires

La demande de monnaie en valeur réelle M est une fonction stable du Patrimoine représenté par le Revenu Permanent en valeur réelle . Les facteurs déstabilisants tels que le taux d’intérêt ou le niveau des prix ne doivent donc jouer qu’un rôle marginal.
Friedman s’efforce donc de montrer, afin d’éliminer l’hypothèse de la trappe à monnaie keynésienne, que l’élasticité-intérêt de la demande de monnaie est faible. De même, il doit limiter l’influence des variations du niveau général des prix aux périodes, considérées comme exceptionnelles, d’inflation déclarée, afin d’éliminer la possibilité d’une préférence absolue pour les actifs réels et certaines conséquences découlant de l’hypothèse d’absence d’illusion monétaire. b) Pour Friedman, les agents ne sont pas sujets à l’illusion monétaire, ils raisonnent en valeur réelle et non en valeur nominale. Cette hypothèse n’a cependant pas les mêmes conséquences pour les monétaristes que pour les quantitavistes purs, puisque la monnaie peut, tout au moins à court terme, modifier les prix relatifs.
En conséquence, si la fonction de demande de monnaie par rapport aux prix absolus reste homogène de degré un, ce qui signifie que la Demande de Monnaie n’est stable qu’en valeur réelle, si les prix doublent, la demande de monnaie double, par contre, les offres et demandes de biens et d’actifs financiers ne sont plus homogènes de degré zéro par rapport au niveau des prix, lorsque les prix montent, il se produit une variation de la structure de la demande et du patrimoine qui accompagne la variation des prix relatifs, préférence envers les actifs réels et les titres dont la valeur réelle reste constante, défiance envers les actifs monétaires et les actifs financiers dont seule la valeur nominale reste constante.
Comme il existe une contradiction entre l’idée d’une fonction de demande de monnaie homogène de degré un et le comportement entraîné par la dépréciation de la monnaie, Friedman minimise au maximum ce dernier. c) L’Offre de Monnaie est considérée comme une variable exogène comme dans les schémas néo-classiques et keynésiens. Elle est supposée déterminée de façon autonome par les Autorités Monétaires sans subir l’influence de la Demande de Monnaie, ce qui implique que soient réalisées deux conditions:
– d’une part, que la Banque Centrale soit parfaitement maîtresse du réglage de la liquidité bancaire grâce à des instruments de politique monétaire tels que les réserves obligatoires ou l’Open Market permettant de compenser l’effet des facteurs autonomes de la liquidité bancaire;
– d’autre part, que le multiplicateur de crédit soit stable et joue de façon automatique, établissant un lien rigide entre la monnaie centrale et la masse monétaire totale. Friedman ayant affirmé que les élasticités-intérêt des agents sont faibles, limite les effets de ces réactions et établit la quasi-automaticité du multiplicateur de crédit.
De ces hypothèses, Friedman va tirer deux idées directrices :
– Si l’on accepte que, malgré l’influence perturbatrice des variations de prix, la vitesse de circulation de la monnaie qui permet de déterminer un flux de dépenses à partir d’un stock monétaire donné, soit considérée comme stable, il existe une relation directe et elle-même stable entre les variations de la quantité de monnaie (Mo) et les variations de la Demande Globale (effet liquidité).
– Puisque les Autorités Monétaires ont le pouvoir de déterminer la Masse Monétaire (Mo) grâce à la base monétaire et à l’existence d’un multiplicateur de crédit stable, elles ont également le pouvoir d’agir sur la Demande Globale grâce à la politique monétaire afin de l’ajuster àl’offre potentielle ou production de Plein Emploi.

Le mécanisme du multiplicateur monétaire

Le mécanisme du multiplicateur monétaire est une généralisation des effets liquidité (variation de Mo) et d’encaisses réelles (variation de P).
Pour Friedman, chaque agent considère comme optimale une certaine répartition de son patrimoine entre actifs réels, financiers et monnaie, cette dernière étant un actif parmi d’autres. En conséquence, toute variation des encaisses effectives réelles Mo/P due :
– soit à une variation de la quantité de monnaie en circulation (Mo) modifiant la valeur des patrimoines en même temps que leur structure, puisque le pourcentage de monnaie dans le total s’accroît,
– soit à une variation du niveau des prix (P) modifiant les prix relatifs des actifs et donc la structure en valeur du patrimoine puisqu’en cas de hausse de prix par exemple, la valeur des actifs financiers non indexés et celle de la monnaie diminuent par rapport à celle des actifs réels et des actifs financiers indexés, provoquera une réaction des agents en vue de rétablir la structure désirée de leur patrimoine. Cette réaction consistera en une réallocation, c’est-à-dire en des échanges d’actifs mettant en oeuvre l’ensemble des marchés et provoquant, par là même, expansion de l’activité économique et mouvement des prix.

Effets d’une modification du taux de croissance de la Masse Monétaire sur le Patrimoine des agents

Supposons une économie en évolution équilibrée dans laquelle le stock de monnaie croisse à un taux légèrement supérieur au taux de croissance du revenu permanent afin de tenir compte d’une élasticité-revenu de la demande de monnaie supérieure à l’unité. Le niveau général des prix est stable.
La Banque Centrale élève le taux de croissance de la Masse Monétaire en augmentant le taux de ses achats à l’Open Market.
Si l’on raisonne, comme Friedman, dans le cadre du système monétaire américain, ces achats s’effectuent sur un marché monétaire « ouvert » auquel ont donc accès non seulement les banques, mais également les agents non monétaires. Il s’ensuit que l’effet sur la Masse Monétaire de la politique d’Open Market est en partie directe (opérations avec le Public), en partie indirecte mais effective du fait de l’hypothèse d’un multiplicateur de crédit automatique (opérations avec les banques).
La politique de l’Open Market de la Banque Centrale modifie la valeur et la structure du patrimoine des agents.  Le pourcentage des actifs monétaires s’est accru à la fois en valeur nominale et en valeur réelle si les prix sont restés stables. En conséquence, le rendement d’usage de la monnaie tend à baisser (application de la loi des utilités décroissantes). Le pourcentage des actifs financiers a baissé en quantité de titres, mais tend à rester relativement constant en valeur nominale et réelle puisque les achats de la Banque Centrale exercent une pression à la hausse de leur cours. Cette hausse des cours tend à déprimer le rendement de ce type d’actifs, puisque cours et rendement des titres varient en sens inverse.  Le pourcentage des actifs réels diminue puisqu’en quantité, en valeur nominale et réelle, ils n’ont pas bougé dans un patrimoine qui s’est gonflé des nouveaux actifs monétaires sans que la valeur du patrimoine sous forme d’actifs financiers diminue pour autant.

La réaction des agents face à la modification de leur patrimoine

Les agents constatent un excédent de leurs actifs monétaires par rapport à leurs actifs financiers, mais surtout, compte tenu de ce qui a été expliqué précédemment, par rapport à leurs actifs réels. En conséquence : • Les ménages vont échanger leurs liquidités excédentaires de préférence contre des actifs réels, biens de consommation durables et immobiliers. La décision de dépense est fonction des encaisses. • Les entreprises face à l’accroissement de leur trésorerie procèdent à des investissements autofinancés. Ceux-ci pourront d’ailleurs les entraîner à des émissions ou à des emprunts bancaires pour complément de financement. Cet endettement est favorisé par la baisse des taux d’intérêt induit de l’Open Market sur le marché monétaire et de la baisse des rendements sur le marché financier. • Les banques dont les emplois en actifs réels sont limités utiliseront leur monnaie centrale excédentaire en achats d’actifs financiers et en crédits supplémentaires aux entreprises, renforçant ainsi le mécanisme amorcé par la Banque Centrale.
b) L’ensemble de ces comportements exerce des effets sur le niveau de production et, par conséquent, sur l’emploi.
Pour Friedman, l’expansion de la masse monétaire (Mo) se répercute sur l’ensemble des marchés. Il généralise l’effet liquidité aussi bien par rapport aux quantitativistes (monnaie-output) que par rapport aux keynésiens (monnaie-marché financier). Dans l’expansion due à une politique d’Open Market, le marché de 1’output est favorisé du fait de la réaction du cours des actifs financiers. Cependant si l’accroissement de Mo était dû à un déficit budgétaire ou à un excédent de la balance des transactions courantes, le résultat serait le même avec un cheminement différent, accroissement simultané de la demande d’actifs réels et financiers, puis baisse du rendement des titres favorisant la demande de biens et services. • De toute façon, la Production de biens et services est encouragée par l’expansion de la demande et éventuellement par la hausse de prix qui l’accompagne et facilitée par les possibilités de financement offertes par les banques et par les ménages.
L’expansion de la Production entraîne un accroissement de la demande de facteurs de production, une hausse du niveau de l’emploi. La niasse des revenus distribués se gonfle, le processus est cumulatif et entraîne un accroissement plus que proportionnel du Revenu National monétaire.

Le multiplicateur monétaire, conséquence de la généralisation de l’effet liquidité

 Le multiplicateur monétaire exprime la relation stable entre les variations de la Masse Monétaire et la variation corrélative du Revenu National nominal. • Cette relation est de la forme : dYm – k n Mo dans laquelle la valeur du multiplicateur monétaire k est :
– une fonction directe : de la vitesse de circulation de la monnaie, de la sensibilité de la consommation à la variation des encaisses effectives, de la sensibilité de l’investissement à la fois aux encaisses réelles et au taux d’intérêt,
– une fonction inverse : de l’élasticité-intérêt de la demande de monnaie.
• Il faut remarquer que Ym est le Revenu National Nominal. Friedman dit expressément que l’augmentation de la quantité de monnaie agit à la fois sur le volume de production et sur le niveau général des prix. En ceci, il diffère des quantitativistes pour lesquels l’effet liquidité ne s’exerce que sur le niveau des prix, et des keynésiens pour lesquels l’action indirecte de Mo par le taux d’intérêt s’exerce sur le seul Revenu Réel, les prix étant supposés constants.
a) Il reste cependant à préciser l’importance respective des variations en volume et des variations nominales pures dans le mécanisme. De ce point de vue, les monétaristes opposent courte et longue périodes.
• Une étude statistique de Philippe Cagan portant sur la période 1875-1960 semble montrer qu’en longue période l’influence des facteurs monétaires se ferait essentiellement sentir sur les valeurs nominales, soit sur le niveau général des prix comme dans la relation quantitative classique. La croissance en volume du produit réel dépendrait des ressources disponibles et de la technique. A court terme, par contre, une étude de M. Friedman et Anna Schwartz établit clairement l’influence des facteurs monétaires sur le volume même de la production, le niveau des prix dépendant du degré d’utilisation des capacités de production, du rapport entre évolution des salaires et de la productivité, des prix étrangers.

Le multiplicateur de crédit traditionnel

Le multiplicateur de crédit permet de mesurer les possibilités de création monétaire des banques commerciales à partir d’une liquidité bancaire effective donnée ou, à l’inverse, le besoin de liquidité effective provoqué par une création de monnaie scripturale ex nihilo.
L’idée directrice est donc qu’il existe un lien rigide entre la monnaie centrale mise en circulation par la Banque Centrale et la quantité de monnaie scripturale créée par l’ensemble des banques commerciales. Les autorités monétaires peuvent, en conséquence, contrôler la masse monétaire totale en réglant quantitativement la base monétaire. En théorie, la politique monétaire apparaît simple et efficace.
Le multiplicateur de crédit est un outil d’analyse qui a été forgé aux États-Unis, pays dans lequel l’organisation et le fonctionnement du système bancaire sont très différents des nôtres. La formule américaine devra donc être adaptée à d’autres structures. Enfin, le mécanisme du multiplicateur de crédit comporte certaines limites qu’il faudra préciser.

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Table des matières

Première partie: Revue de littérature
Introduction 
1. Les crises financières
2. La théorie bancaire
3. Les acteurs de la stabilité financière
4. La politique macroprudentielle
5. Les principes fondamentaux du contrôle bancaire
6. Rentabilité et risque bancaire
7. La politique microprudentielle et la gestion des risques bancaires
8. Les tests de résistance
9. La réglementation bancaire
Conclusion
Deuxième partie: Etudes empiriques
Introduction 
1. Modélisation des tests de résistance
2. Construction de modèle de système d’alerte avancé
3. Système de notation
Conclusion 
Troisième partie: Etude de cas
Introduction
1. Aperçu sur le système bancaire algérien
2. Développement de l’infrastructure bancaire algérienne
3. Aspects méthodologiques
Conclusion 
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des schémas et abréviations
Annexes

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