La Poétique de l’histoire dans Le Patriarche des dunes et Sanglots de Sang Grelots de Sueur de Daha Cherif Ba

Les conflits entre autochtones et occidentaux

   Malgré les rapports d’entre- aide, de complémentarité et de bon voisinage qui devaient régner entre les différentes ethnies, les différents royaumes et les différentes tribus, les populations de la vallée du fleuve Sénégal connaissent une cohabitation tendue. Les ruggo, les guerres et les rapts trouvent leur moment d’expression dans cette partie de la Sénégambie. Les expéditions guerrières comme les brigandages, la délinquance, les rapts, les razzias gagnent du terrain dans la vallée du fleuve Sénégal. Ces différents s’éclatent en général entre les Maures Trarza, les Peuls, les Bambaras, les Wolofs et les Soninkés. Les peuls qui sont plus nombreux dans cette contrée, constituent une population riche, sobre, belliqueuse et leste . L’enfant peul est formé en matière de combat et d’autodéfense dès sa tendre enfance parce qu’étant exposé à tous les dangers. C’est un nomade qui évolue toujours en pleine brousse et qui ne cède jamais devant le danger quelle que soit sa complexité. Il est armé d’une tête bourrée de paroles incantatoires, protectrices et propitiatoires. Sa richesse attire l’attention du voisinage sur lui. Il est considéré comme un guerrier qui se nourrit de lait et de viande. Cependant, les peuls constituent la cible de premier choix des razzieurs. Il affronte des attaques en permanence qui tentent de lui arracher son patrimoine. Ces expéditionnaires sont en général les maures et les rois wolofs qui vivent dans la misère et la désolation. Ils ne cessent leurs tentatives de piller le peul, mais, ce dernier ne se laisse pas priver de ses biens sans coup férir. Le peul est frêle, agile et très doué en matière de bataille. Tenter de lui ôter son cheptel est synonyme de provocation. Il ne s’ébranle pas aussi facilement malgré son caractère débile. Et parmi ces prédateurs qui lui rendent la vie infernale, le plus dangereux et le plus féroce c’est le Maure. Ce dernier est considéré comme inhumain et est craint par les résidents de cette partie du pays parce qu’il est un combattant aguerri. La dénonciation de cette situation pénible est présente dans l’ouvrage, Sanglots de Sang Grelots de Sueur. Dans ce roman, il s’agit d’une histoire de vengeance effectuée par les jeunes Fulbe qui considèrent que leur tribu est offensée par la Norlandie qui la chasse de la rive droite et qui lui ôte ses troupeaux. Cette notion de Norlandie est une référence qui renvoie à la Mauritanie, pays des Maures ; cependant, l’auteur a préféré ne pas nommer directement le pays dont il s’agit et qui a connu une tension viscérale entre son peuple et le peuple sénégalais en 1989. Et c’est une histoire attestée dans les annales. En cette période toute nationalité sénégalaise ayant résidée au nord, lieu qui constitue une frontière entre le Sénégal et la Mauritanie a été expulsé, pillé ou razzié. Et pour dévoiler le caractère guerrier de son peuple, l’auteur met en évidence la vengeance effectué par les peuls envers les maures razzieurs, une réaction historique gardée par la mémoire collective dans Sanglots de Sang Grelots de Sueur avec l’engagement du personnage principal, un Peul qui dédaigne le déshonneur et qui s’exprime ainsi :
! « Néanmoins, j’exposais à Demba Sooya les raisons de ma venue dans la ville. Je lui dis simplement que j’ai eu vent dans la ville et ses environs, qu’agissaient et opéraient avec brio et maestria des bandes de héros qui se sont engagés dans la lutte pour la dignité et l’honneur des personnes déplacées et des familles poussées hors de chez elles, c’est à dire de la Norlandie, par le régime sanglant et ignoble de Gorel Ould Laakara. » Dans son roman, l’auteur montre ainsi le caractère féroce de deux peuples qui cohabitent et qui évoluent tous les deux dans le domaine du pastoralisme. Ils sèment la désolation dans cette contrée par des confrontations interminables. Mais également, l’auteur a montré le caractère du Peul qui est toujours prêt pour exposer sa vie dans le but de rester en contact avec ses vaches. Le Peul qui erre sans vache ne signifie rien aux yeux de ses semblables et n’est pas orgueilleux. Etre dépourvu de vache pour est lui synonyme de déshonneur et de frustration ; et que ce dernier se considère comme quelqu’un qui doit vivre dans la dignité jusqu’à son dernier souffle. Dans le but de romancer l’histoire, l’auteur entre dans la psychologie du héros en nous dictant les personnes qu’il aime et qu’il adore et qui lui inspirent des modèles de courage et de bravoure. Ils sont des gens qui ont marqué leur temps avec de hauts faits que chantent toujours les maitres de la parole.
« Il n’ignorait pas Hamma Aliw Seyni Gakkooy de Jallube Gnangaaji, dans le Maasiina, homme élancé, de teint noir foncé, dernier à mourir de tous les guerriers du Masiina ; il était fou mais centenaire : possesseur de l’arme redoutable, le ngadda kange ou l’entrave dorée, c’est lui qui a razzié les belles vaches d’Ooli Ham Bodeejo qu’il garda à vie. Duroowel Baali Bulo du village de Jibbo, Samba Gelaajo Jeegi, Amadu Saam Poolel, Idrissa Wooydi, Bungooweel, Samba Yalaa, Buubu Ardo Galo, Maamudu Mbuuldi, Bul Kaasum, Buubu Jaaji, sont tous des dundaariyanke. Mbenu a appris à les connaitre et à les aimer. » Ces personnages cités dans la diégèse constituent des références historiques de courage et de bravoure pour le jeune Peul qui ne doit pas faire preuve de couard. Cette histoire de la razzia racontée dans Sanglots de Sang Grelots de Sueur est une longue tradition qui a toujours semé la terreur en milieu peul. Même le héros de l’ouvrage, Le Patriarche des dunes est bien doué en la matière, malgré sa bonté de cœur et sa générosité. L’auteur veut mettre en évidence que s’enrichir par les fruits de la razzia est une gloire en milieu peul. Le père de Gumaalo lui aussi dans ses temps faisait partie de la jeunesse pilleuse ; ce qui montre que ce dernier a le sang guerrier qui coule dans ses veines parce qu’ayant un père combattant et nomade, l’auteur dit dans Le Patriarche des dunes : Le père de Gumaalo fit partie de ces jeunes pillards qui firent rendre gorge le célèbre Scipion qui revenait du Ngalam à Juude Jaabi en 1785. Les conflits entre les résidents de la vallée du fleuve Sénégal est présente dans Le Patriarche des dunes. Et ces confrontations sont à l’origine d’intérêts individuels. Elles sont nourries par des chefs qui devraient s’allier et lutter pour l’intérêt du peuple du Fouta ; cependant ils trouvent rarement un terrain d’entente ; ce qui fortifie la puissance coloniale qui a comme principal système de diviser pour mieux régner. L’auteur ne s’est pas appesanti sur les conflits entre les Wane de Mbumba et les Kane de Daabiya Woodeji, mais ceux sont deux entités qui ont des relations tendues. Et de par ces mésententes, l’auteur met en évidence l’imprudence et l’insouciance de la royauté autochtone qui s’amortisse de manière mutuelle. Et cette haine entre des familles, des ethnies ou des tribus est toujours présente en Afrique. Les deux rives de la moyenne vallée du fleuve Sénégal n’ont jamais connu la tranquillité. Le domaine foncier constitue une source de beaucoup de conflits entre les maures et la population du Fouta. La terre de cette zone est très riche et fertile ; ce qui intensifie les désirs des Maures et des Français à se les emparer au détriment des peuples autochtones. L’auteur de l’ouvrage, Le Patriarche des dunes dénonce ainsi l’égoïsme des peuples étrangers qui veulent tout arracher aux peuples du Fouta. Ils n’ont laissé ni terre ni enfants, ni femmes, ni vache à la population. Dans son histoire, c’est une zone très fréquentée qui est toujours en effervescence et c’est cela qui explique sa précarité. Comme l’auteur l’a souligné dans Le Patriarche des dunes : « En outre , les rivalités inextinguibles qui consumaient les chefferies traditionnelles, la menace permanente des émirats maures qui n’avaient jamais cessé de convoiter aussi bien les riches terres aux argiles limoneuses du waalo que les énormes butins en troupeaux, en femmes, en enfants qu’ils pouvaient arracher au Fuuta Tooro, véritable grenier pour eux, les convois interminables de marchandises qui gonflaient les ventres des navires sillonnaient d’aval en amont le cours d’eau du Sénégal rendaient précaire le vécu quotidien . » L’auteur compare les deux rives à un grenier et cette métaphore dévoile combien cette population a souffert avec la pénétration française sur la terre ancestrale. Donc l’accaparement des biens de l’Afrique et de la zone du fouta est une longue tradition qui enrichi l’intrigue des romans africains qui prennent comme toile de fond l’histoire de la colonisation. Suite à la pénétration française sur les côtes africaines et particulièrement dans la vallée du fleuve Sénégal, la métropole cherche une extension territoriale afin de fortifier sa puissance économique, politique, culturelle et militaire mais sous prétexte de civiliser les dominés. Cependant, certains habitants de cette contrée n’ont pas fait preuve de tendresse visà-vis des colonisateurs. Ils commettaient des actes d’insubordination à l’empereur. Ces impérialistes français ont subi la délinquance des noirs qui sont auteurs de beaucoup de pillages envers ces derniers qui sillonnaient les deux rives de la vallée du fleuve Sénégal. Pour fictionnaliser l’histoire, l’auteur dévoile l’outrecuidance des autochtones qui osent attaquer les chalands français qui disposent de beaucoup de matériaux. Et à une période de l’histoire ou l’homme blanc est très craint et considéré comme race supérieure aux autres. Et parmi ces razzieurs audacieux, on peut citer Gumaalo le héros de l’ouvrage, le Patriarche des dunes qui est mis sur la scène des razzieurs par l’auteur pour mettre à nu son caractère guerrier : « chef maure, Uld Heyba, allié des Bosoyaabe, auprès desquels il était très influent, vint sur la rive rejoindre, Samba Umahaani de Gede et Le quelques hommes de Gumaalo conduits par Samburu le Teigneux, à la tête de 200 à 300 guerriers, attaquer les embarcations qui ne disposant que d’un petit nombre de fusils à bord, purent, néanmoins, résister pendant plusieurs heures. » Les populations des deux rives ne sont pas de connivence avec les administrateurs coloniaux. Les deux races ne partageaient pas certains points de vue. Les occidentaux viennent s’implanter sur des territoires où ils sont étrangers. Malgré leur statut exotique, ils veulent dicter la loi aux autochtones qui ne se laissent pas faire assujettir ; ils veulent modifier entièrement l’existence des Africains, les modes de vie et de fonctionnement. Dans l’un des deux romans de notre corpus, Sanglots de sang Grelots de sueur, le nommé Zimmerman, administrateur colonial, tente de faire abandonner à ses gouvernés certaines pratiques et même les modes de construction des concessions. Comme il est dit dans la loi du 09 janvier 1856 sur les concessions et l’arrêté local du 30 mai sur les tam-tams nocturnes : « Ne plus battre tam-tam, ne plus danser la nuit, combler tous les trous et toutes les crevasses, ne plus ériger des palissades autour des maisons et, en plus de ce vaste investissement humain, ne pus organiser le tam-tam dans le village car les habitants du fort militaire sont littéralement perturbés par ce tintamarre sauvage et insupportable. »

La criminalité

   Les deux rives de la vallée du fleuve Sénégal sont des zones ou la criminalité a connu un essor fulgurant. Ce désagrément qui perturbe le quotidien des habitants de cette circonférence est à l’origine de plusieurs facteurs. Les ruggo et les razzias qui sont l’œuvre des délinquants, font que les personnes sont massacrées comme des chiens errants. Dans le roman Sanglots de sang Grelots de sueur, l’auteur a perduré sur la description de l’atrocité de confrontations sanglantes qu’a connues l’histoire de la vallée du fleuve Sénégal. Mbenu, le héros du roman et sa bande guerrière sont obnubilés par le désir de vengeance face à l’affront que leur ont fait subi les norlandients. A travers ce soulèvement, des rixes sanglantes ont été enregistrés et des pertes humaines surtout dans le camp adverse. Conscient qu’il était que son entreprise verra beaucoup de tueries, Mbenu n’est pas directement basculé dans le but. Ce dernier a sollicité l’aide des marabouts et charlatans qui sont des sources intarissables en connaissance magique. Comme il est cité par l’auteur : Au demeurant, Mbenu savait que sa seule force herculéenne ne pouvait suffire, il fallait aussi se préparer sur le plan mystique et chercher des hommes et des femmes sincères qui sont dépositaires de connaissances noires ou gannde baleebe. 35 Ces guerriers, déterminés à aller répondre par la force et la violence à l’œuvre sale des norlandiens qui n’est que la délinquance a aussi la complicité et le soutien des magiciens de la parole. Ces derniers leurs comptent la bravoure de leurs ancêtres qui ont réalisé beaucoup d’exploits que la mémoire collective n’oubliera jamais. Ces louanges, une fois proférées donnent l’envie de combattre et mettent les guerriers dans un état d’un lion enragé. Les griots, eux aussi ont une participation non négligeable aux combats. De tels propos panégyriques sont prononcés par un d’entre eux dans le but de réveiller l’âme courageuse qui dort au sein des guerriers : Njaltee ndaaree cooynee Sortez et venez admirer les braves hommes. 36 Ces paroles élogieuses sont accompagnées D’une musique dédiée uniquement aux hommes de gloire qui prennent toujours le devant lors des combats. Mais cet engagement est très complexe et sérieux ; de ce fait, pour transcender de telles épreuves, il a fallu un groupe de jeunes déterminés et soudé. Les combattants ne feront pas face à des couards ni à des lâches. Ils sont affaire à de vrais hommes qui ne reculent jamais devant le danger quel que soit son ampleur. Ces guerriers ignorent le terme peur. C’est pour cette raison que l’auteur de l’ouvrage n’a ménagé aucun effort pour faire leur description « Le guerrier norlandien se transforme en un lion enragé, en une véritable machine de la mort et de la dévastation avec la présence des femmes qui l’encouragent et l’exhortent au combat par les cris stridents et perçants : les kuljinaali. L’on raconte que ces belles rappellent les coquettes Senoras d’Andalousie au regard doux et gracieux et qui lorsque le cri de guerre retentit dans le tribut ou dans le clan et a l’heure du combat, se muent en des créatures farouches. »  Ces derniers, non seulement ont l’art de la lutte dans le sang mais aussi ont le pouvoir de se métamorphoser, leurs belles femmes incitent au combat une fois repérées sur le champ de bataille et participent à la guerre à leur manière. Faire face à des gens dont la seule gente féminine peut légitimer la défense du peuple n’est pas chose dérisoire. Comme il est précité, ces confrontations font l’objet de beaucoup de dégâts en vie humaine. Les combattants sont détenteurs de machines sophistiquées en matière de guerre dont un seul tir peut ravager la presque totalité d’une armée. Même la flore ressent les affres de la bataille sanglante. Les dégâts engendrés par certains combats sont rapportés par le narrateur : Toute la végétation aux alentours fut malmenée, les hautes herbes se courbèrent et s’arrachèrent sous les acrobaties des lutteurs, les arbustes perdirent leurs feuillages, les arbres, les écorces ; on aurait parié que des soucoupes volantes avaient atterri dans la zone.  Ce tableau du champ de bataille nous est conté pour mettre en exergue le degré d’atrocité exponentiel de la lutte. Mener de telles confrontations demande une certaine ruse et de l’endurance. La connaissance magique n’est pas négligeable. Mais aussi le vrai guerrier doit pouvoir braver la famine et la soif car les rixes durent pendant des heures : « Les échanges durèrent trois heures ; le feu nourrit s’accompagnait des cris des femmes et des hommes blessés à mort par les balles de Mbenu et de ses comparses, ils ne cessèrent de tirer que quand ils n’entendirent aucun bruit (…) » Pour faire preuve de prudence et éviter d’éventuelles embuscades, il faut une assurance d’une table rage, c’est-à-dire tuer tous les partisans de l’équipe adverse. Cette bande peule guerrière ne pouvait rester insensible face aux hontes qu’a connues l’histoire de son peuple. Cette population qui s’est vue menacée, privée de ses biens, les enfants massacrés, les hommes réduits en captifs, les femmes violées et enlevées ; alors le peul doit rester un homme libre, digne qui ne doit pas vivre dans la soumission. Mais également, ce dernier ne doit pas connaitre ni la disette, ni la pauvreté et la famine non plus. C’est une créature devant nager dans un fleuve d’abondance. Comme il est révélé par le narrateur : Le pullo est né libre et doit le demeurer durant toute sa vie et il doit lutter de toutes ces forces pour préserver sa famille et tout membre de sa descendance contre les dangers que sont la misère, baasal, la captivité, maccungaagu, pour qu’il puisse rester parmi ces fasiraabe.

Les faits historiques

   Dans les deux romans, constituant le corpus du sujet, beaucoup de faits sont historiquement attestés. L’auteur fait preuve de réalisme en s’inspirant de l’histoire. Ce souci d’objectivité est beaucoup plus connu dans la deuxième moitié du 19e siècle avec les écrivains français comme : Balzac, Stendhal, les frères Goncourt et Flaubert. Ces romanciers font la peinture de la société dans laquelle ils évoluent. Cependant, les écrivains qui s’inspirent de l’histoire traduisent des évènements du passé proche ou lointain. Le point de ressemblance est le souci d’être véridique dans ses dires. Mais aussi, il est un secret de polichinelle que certains de ces romanciers historiques donnent leur position sur ce qu’ils écrivent à travers la voix d’un narrateur. Ce qui est certainement l’héritage, venant de certains réalistes comme : Balzac et Stendhal. Dans ses romans, Le Patriarche des dunes et Sanglots de Sang Grelots de Sueur, l’histoire des peuls du Fouta est romancée. Daha Cherif Ba décrit les guerres intestines, les razzias, les ruggos mais surtout le contact des peuls avec les puissances européennes et les différentes conséquences engendrées. L’implantation de la France dans les deux rives de la vallée du fleuve Sénégal est à l’origine de profondes mutations dans la société agropastorale du Fouta. Par le truchement de la réminiscence, dans Le Patriarche des dunes, le père de Soona raconte à sa fille la vie de Gumaalo, Le Patriarche des dunes pour mettre en évidence les conséquences de la rencontre des blancs avec la population du Fouta. Avec le contact des occidentaux, beaucoup de pratiques traditionnelles dans la société du Fouta ont connu de profondes mutations. Sur le plan agropastoral, les Français dès leurs installations sur les deux rives de la vallée du fleuve Sénégal ont tracé des lignes imaginaires constituant de frontières. Ce phénomène perturbe les pasteurs nomades qui sont contraints de franchir leur domaine pour empiéter sur celui de l’autre. Et malgré ces mesures prises par les dominateurs ; les éleveurs continuent leur vie nomadisante. Et l’auteur de l’ouvrage, Le Patriarche des dunes enrichi l’histoire par ce caractère incrédule du Peul qui persiste dans sa tradition en bravant l’autorité : « Dans le Laaw et plus précisément à quelques jets de pierres de la capitale, Mbumba, les Babaabe de Mery persistent à vivre dans l’indépendance quasi-totale, dans la liberté d’aller et de venir sur les deux rives du fleuve Sénégal, invariablement, ils conduisent leurs longs et imposants troupeaux entre les provinces du Tooro et les vastes espaces mauritaniennes. » Cette partie de la région du Sénégal a connu une occupation par des étrangers. Cette occupation étrangère est prématurée parce que datant du 7e siècle avec le débarquement des maures qui est mère de la civilisation musulmane mais, qui a fait vivre aux autochtones l’enfer avec les brimades et autres actes vils et barbares. Les premiers explorateurs faisaient des navigations dans l’unique but de découvrir d’autres cieux avec leurs cultures. Cependant, les motifs de ces voyages se métamorphosent de plus en plus. Le souci de la découverte s’est finalement transformé en des fins mercantiles. Comme l’a souligné Eric Ndione dans sa thèse : (…) Il s’agissait de l’exploration à l’état pur, la recherche pour la recherche. Mais petit à petit, des voyages furent entrepris à des fins mercantiles, commandés par des sociétés ou des instances religieuses. Les circulations des bateaux français sur les deux rives du fleuve Sénégal n’est pas facile pour les étrangers. Ils subissent les exactions de la population peule qui voie la razzia comme un fait honorable pour le guerrier. C’est pour cette raison qu’ils attaquent les cargaisons françaises pleines de marchandises les dépouillent et massacrent les personnes qui sont à bord. Dans Le Patriarche des dunes, l’auteur fait la peinture de cette histoire tragique à travers sa fiction : « Le 31 du même mois, la péniche fut arrêtée par des Diadubées( nation de Poules nomades)Jaawbe, entre Walalde et Kaska Kasga ; ils s’emparèrent de la cordelle et une quinzaine de ces gens vinrent à bord, ou ils prirent presque toute la poudre , mon sucre et du papier, trois mânes de verroterie et une infinité d’autres petits objets et m’empêche de continuer mon chemin. » Cependant, les colons répondent à l’outrecuidance des Noirs par l’usage de la force. Même les guerriers de Gumaalo hantent le sommeil des navigateurs par les violences intempestives qu’ils les infligent. Gagner son peint par le biais de la razzia constituent un grand honneur pour le guerrier peule. C’est pour cette raison que l’armée de Gumaalo, avec leurs frères razzieurs attaquent les bateaux français qui débarquent sur les terres du Fouta pour écouler leurs marchandises. L’auteur de l’ouvrage Le Patriarche des dunes veut mettre en évidence l’acceptation difficiles des occidentaux par les populations du Fouta qui considèrent que les français doivent demeurer chez eux, avec la peinture de l’attaque que font les Peuls aux bateaux français et qui provoquent de nombreuses confrontations : « Le chef maure Uld Heyba, allié des Bosoyaabe, auprès desquels il était très influent, vint sur la rive gauche rejoindre Samba Umahaani de Gede et quelques hommes de Gumaalo conduits par Samburu le Teigneux à la tête de 200 à 300 guerriers, attaquer les embarcations qui, ne disposant que d’un petit nombre de fusils à bord, purent, néanmoins, résister pendant plusieurs heures. » Quelques siècles après l’occupation des côtes africaines par les arabes, naitra celle européenne. Les européens se sont installés sur les côtes du continent noir pour vulgariser leur langue, leur culture et leur civilisation mais également pour annexer des terres nouvelles. Ces impérialistes se sont voilés sous les masques de philanthropes qui sont venus pour sauver l’homme noir et son âme. Ils sont venus sous le prétexte de civiliser, annuler les guerres intestines et installer définitivement la paix. Sur le plan religieux, les Occidentaux ont développé l’idée selon laquelle, le noir est un mécréant qui ne croit pas en Dieu et dont on a le devoir de sauver l’âme.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA SURVIVANCE DE LA VIOLENCE
CHAPITRE I : L’IMPERIALISME EUROPEEN
I.1. Les conflits entre autochtones et occidentaux
I.2 Les mutations du pouvoir
CHAPITRE II : LA RAZZIA
II.1 La criminalité
II.2 Le banditisme
II.3. Le mutisme coupable des autorités
DEUXIEME PARTIE : L’INSCRIPTION DE L’HISTOIRE DANS LE ROMAN
CHAPITRE III LA VOIX HISTORIQUE
III.1 Les faits historiques
III.2 Les personnages historiques
CHAPITRE IV : LA VOIX ROMANESQUE
IV.1 Les personnages fictifs
IV.2 Le récit épique
TROISIEME PARTIE : LES FINALITES DE LA FICTIONNALISATION DE L’HISTOIRE
CHAPITRE V : PERFECTIONNER LES CONNIASSANCES SUR LE PASSE HISTORIQUE
V.1. Les aspects culturels
V.2. L’hospitalité
CHAPITRE VI : L’ENGAGEMENT
VI.1 La cause fulbé
VI. 2. La critique mœurs
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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